Jean VALENTIN – (46166 ?)

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© Collection Max Valentin. Droits réservés.

Jean, Augustin, Valentin naît le 10 septembre 1907 à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] – 76), fils de Léon Valentin et de Nadia Barbier. Jean est l’aîné de neuf enfants, dont son frère Max, né en 1926.

Le 9 novembre 1929, au Houlme (76), Jean Valentin se marie avec Yvonne Bachelet. Ils n’ont pas d’enfant.

Au moment de son arrestation, Jean Valentin est domicilié au 68, rue des Prévoyants à Grand-Quevilly (76), au sud-ouest de l’agglomération de Rouen, dans la boucle de la Seine.

Jean Valentin est ouvrier de la chimie, manœuvre spécialisé, à l’usine Saint-Gobain.

Communiste et syndicaliste, il participe « aux mouvements de grève de 1936 et 1938 ».

Le 12 septembre 1939, son domicile est perquisitionné par la police qui y trouve des tracts, des prospectus et des brochures communistes. Une inculpation pour menées antinationales est prononcée (suite à vérifier…).

Sous l’occupation, Jean Valentin reste actif au sein du parti communiste clandestin.

Le 3 octobre 1940, il fait l’objet d’une notice individuelle établie par le commissariat central de Caen, qui note : « Élément dangereux en cas de mouvement social. À surveiller. » À la fin de l’année 1940 et au début de 1941, Jean Valentin est agent de liaison dans la région rouennaise, chargé du transport et de la diffusion des tracts, principalement dans le département de l’Eure.

À plusieurs reprises, il se rend au domicile d’Arthur et Marie-Louise Lefebvre, à Montigny (commune rurale située près de Maromme), pour prendre possession du journal clandestin La Vérité, rédigé par André Pican et imprimé avec l’aide de Lucie Guérin sur la Ronéo cachée dans la maison du couple. Arthur Lefebvre sera arrêté à son domicile le 20 novembre 1940 [2].

Le 15 mars 1941, alors qu’il circule en tandem avec Maurice Guillot, Jean Valentin est arrêté à Grand-Couronne par des gendarmes français de la brigade de Bourgtheroulde (Eure). Deux jours plus tard, le 17 mars, il est incarcéré à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen.

Le 31 mars, un inspecteur principal adresse au commissaire divisionnaire de police spéciale de Rouen un rapport sur l’ « Activité communiste dans le canton de Grand-Couronne », selon lequel ce parti, « un des plus importants et des mieux organisés n’a de cesse, malgré sa dissolution, son son activité clandestine dans les localités de Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Petit-Couronne et Grand-Couronne ». Parmi les éléments communistes désignés, un chapitre concerne Jean Valentin et Maurice Guillot « arrêté[s] ces jours derniers ».

Le 18 avril suivant, en audience publique de police correctionnelle du tribunal de première instance de Rouen, Jean Valentin et Maurice Guillot sont condamnés à un an d’emprisonnement et 100 francs d’amende, coupables « d’avoir distribué des écrits tendant à propager les mots d’ordre de la Troisième Internationale ou des organismes qui s’y rattachent faisant application des articles 1 et 2 du décret – loi du 26 septembre 1939 dont lecture à été donnée à l’audience » (une autre source désigne la Section spéciale de la Cour d’appel de Rouen).

Le 4 août 1941, répondant à une note du préfet de Seine-Inférieure datée du 22 juillet, le commissaire principal de police spéciale de Rouen transmet à celui-ci une liste nominative de 159 militants et militantes communistes de son secteur dont il préconise de prononcer l’internement administratif dans un camp de séjour surveillé, tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et « par tous les moyens ». Parmi eux, Jean Valentin, « Détenu à la prison de Rouen. À interner à sa sortie. »…

Le 17 mars 1942, Jean Valentin et Maurice Guillot sont remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne [2] (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Jean Valentin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Jean Valentin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46166. La photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

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Portail du sous-camp de Birkenau, secteur B-Ia, semblable
à celui du secteur B-Ib par lequel sont passés tous les “45000”.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés aux travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Jean Valentin est dans la moitié des membres du convoi qui reste dans ce camp en construction choisi pour mettre en œuvre la “solution finale” . Les conditions y sont plus meurtrières.

Il meurt à Birkenau à une date inconnue : l’état civil français l’a déclaré décédé le 15 octobre 1942.

Il a été déclaré “Mort pour la France” le 30 janvier 1947 et homologué comme “Déporté politique” (n° 1176 0865 – le 10 avril 1963).

À Grand-Quevilly, son nom est inscrit parmi les morts en déportation sous la plaque de la rue des Martyrs de la Résistance.

© Photo de Marc Le Dret, petit-fils de Marcel Le Dret.

© Photo de Marc Le Dret, petit-fils de Marcel Le Dret.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 23-06-2001).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 375 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : Liste établie par Louis Jouvin, rescapé, en 1972 – Liste établie par la CGT, p. 10 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Max Valentin, frère cadet de Jean, portrait et informations transmises à Alain Alexandre (courriel 31-03-2016).
- Louis Eudier (45523), listes à la fin de son livre Notre combat de classe et de patriotes (1939-1945), imprimerie Duboc, Le Havre, sans date (1977 ?).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, S.-I. n° 49.
- Catherine Voranger, petit-fille de Louis Jouvin (“45697”), message 04-2013, copie d’un rapport de police ayant été conservé par Louis Jouvin.
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’Hôtel du Département, cabinet du préfet 1940-1946 ; individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels de Rob à Z (cote 51 W 421), recherches conduites avec Catherine Voranger.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 1-04-2016)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

 

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] Arthur Lefevre : né le 14 mai 1896 à Caudry (Nord), installé à Rouen, ayant travaillé aux Chantiers de Normandie jusqu’en 1939, incarcéré à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen après son arrestation, condamné à deux ans d’emprisonnement le 20 février 1941, livré aux autorités allemandes et conduit au camp de Royallieu à Compiègne (Oise – 60) le 8 janvier 1942, fusillé comme otage le 21 février suivant à la Butte aux Zouaves à Moulin-sous-Touvent (60) avec Émile Michaud et Léon Durvillé, inhumé à Carlepont (60).

[3] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. A partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis – 93).

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Ernest VAJDA – 46311

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Ernest Vajda naît le 13 mai 1909 à Berlin (Allemagne).

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Paris 5e.

Le 23 décembre 1941, il est interné au Fort de Romainville, sur la commune des Lilas (Seine / Hauts-de-Seine), camp allemand, premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122.

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L’unique entrée du Fort de Romainville (Haftlager 122), surplombée par un mirador. © Musée de la résistance nationale (MRN), Champigny-sur-Marne (94).

L’unique entrée du Fort de Romainville (Haftlager 122),
surplombée par un mirador.
© Musée de la résistance nationale (MRN),
Champigny-sur-Marne (94).

Le 9 janvier 1942, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Polizeihaftlager).

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La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). Ernest Vajda est déporté comme otage juif.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Ernest Vajda est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46311 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

ILe 13 juillet, après l’appel du soir, Ernest Vajda est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En effet, à une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies internes (Block 28) de l’hôpital des détenus du camp souche.

Il meurt à Auschwitz le 15 août 1942, selon le registre d’appel quotidien (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher)  ; cinq semaines après l’arrivée du convoi.

Ernest Vajda est inscrit sur une des dalles, année 1942, du Mur des Noms au sein du Mémorial de la Shoah, au 17 rue Geoffroy-l’Asnier à Paris 4e (en 2014 : dalle n° 112, colonne n° 38, rangée n° 1).

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Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005). De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés
de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005).
De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (liste partielle du convoi établie par le Musée d’Auschwitz – fichier central).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre d’appel avec la liste des détenus décédés (Verstorben Häftlinge) ; Ernest Vajda est inscrit comme Juif français.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1271 (21218/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 13-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Marcel VAISSE – 46165

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Marcel, Désiré, Vaisse naît le 4 mars 1902 à Paris 13e, fils de Paul Vaisse, 26 ans, garçon livreur, et de Marie Floquet, son épouse, 22 ans, blanchisseuse, domiciliés au 37, rue du Banquier.

Le 8 mai 1922, il est incorporé au 21e régiment d’artillerie afin d’y accomplir son service militaire. Mais, dès le 24 mai suivant, la commission de réforme de Langres (Haute-Marne) le réforme temporairement pour albuminurie, décision maintenue à plusieurs reprises par différentes commissions.

Le 7 juillet 1923 à la mairie du 5e arrondissement de Paris, Marcel Vaisse, alors tôlier, se marie avec Juliette Ramel, née le 20 septembre 1895 à Toul (Meuthe-et-Moselle), infirmière en maternité qui demeure comme lui au 283, rue Saint-Jacques à Paris 5e, près de l’hôpital du Val-de-Grâce.  Ils ont un fils, Edmond Charles, né en 1917 à Toul.

Le 25 mai 1925, Marcel Vaisse est rappelé à l’activité militaire au 22e bataillon d’ouvriers d’artillerie (B.O.A.), peut-être à la 2e compagnie au camp de Satory-Versailles. Mais le 1er juillet suivant, la commission de Versailles le déclare réformé définitif n° 2 pour « albuminurie persistante accompagnée de petits signes d’insuffisance rénale, éblouissements, vertiges, céphalées ». Il est renvoyé dans ses foyers le lendemain.

Au printemps 1926, Marcel Vaisse habite dans le lotissement récent des Boutons d’Or à Paray-Vieille-Poste [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine-et-Oise / Essonne).

Au moment de son arrestation, Marcel Vaisse est domicilié au 10, avenue des Frênes (ou de Fresnes ?) à Paray-Vieille-Poste [1] (Seine-et-Oise / Essonne). En 1931, il est alors tôlier chez Ripoche, et son fils Edmond est apprenti chez Lerousse ou Larousse.

Au printemps 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, Marcel Vaisse est domicilié au 10, avenue des Frênes à Paray-Vieille-Poste (les voies des lotissements ont reçu des noms). Il est alors artisan en fumisterie (monteur). En 1936, son fils est devenu géomètre chez Lerousse.

Cheveux châtain, yeux bleus, il porte une moustache.

Il est inscrit au Parti communiste à partir de 1925. En 1936, il est élu conseiller municipal de Paray-Vieille-Poste, premier adjoint au maire.

Pendant la “drôle de guerre”, Marcel Vaisse est “affecté spécial” à la S.E.L.T. [?]. Son fils est mobilisé comme soldat. Lui-même revient à Paray le 4 octobre 1940. Selon la police française, « son retour coïncide curieusement avec la recrudescence de propagande communiste et de distribution de tracts ». Il fait circuler une liste de souscription en faveur de l’ancien maire, Léon Bertrand, alors interné à Djelfa, au sud de l’Algérie (en “zone libre”).

Le 24 octobre 1940, le commissaire de police de la circonscription d’Athis-Mons remplit un formulaire de “Notice individuelle à établir au moment de l’arrestation” au nom de Marcel Vaisse.

Le 26 octobre (le même jour que Léon Tartasse), il est arrêté par la police française et interné administrativement au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois d’octobre dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte montrant les points d’impact après le bombardement par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940. Arch. dép. des Yvelines (1W71).

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte
montrant les points d’impact après le bombardement
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940.
Arch. dép. des Yvelines (1W71).

Selon le directeur du camp, Marcel Vaisse participe « à toutes les manifestations collectives organisées par les meneurs », protestant « à plusieurs reprises contre son arrestation » et réclamant « sa libération immédiate ».

Le 27 juin 1941, avec cinq autres Paraysiens, Marcel Vaisse fait partie d’un groupe de 88 internés communistes de Seine-et-Oise – dont 32 futurs “45000” – remis aux “autorités d’occupation” et conduits à l’Hôtel Matignon, à Paris, – alors siège de la Geheime Feldpolizei – où ils rejoignent des hommes appréhendés le jour même dans les départements de la Seine-et-Oise et de la Seine par la police française en application d’arrêtés d’internement administratifs  [2]. Tous sont ensuite menés au Fort de Romainville (sur la commune des Lilas, Seine / Seine-Saint-Denis), alors camp allemand, élément du Frontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp [3].

Sous l’Occupation, le bâtiment d’entrée du camp allemand était surmontée d’un mirador. Carte postale des années 1900. Coll. Mémoire Vive

Sous l’Occupation, le bâtiment d’entrée du camp allemand était surmontée d’un mirador.
Carte postale des années 1900. Coll. Mémoire Vive

Trois jours plus tard, les hommes rassemblés sont conduits à la gare du Bourget (Seine / Seine-Saint-Denis) et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Polizeihaftlager). Pendant la traversée de la ville, effectuée à pied entre la gare et le camp, la population les regarde passer « sans dire un mot, sans un geste. Tout à coup nous entonnons La Marseillaise et crions “Des Français vendus par Pétain” » [4]. Ils sont parmi les premiers détenus qui inaugurent ce camp créé pour les « ennemis actifs du Reich ».

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Neuf mois plus tard, le 25 mars 1942, le préfet de Seine-et-Oise transmet au Conseiller supérieur d’administration de guerre [sic] de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud une liste d’anciens internés d’Aincourt à la libération desquels il oppose un avis défavorable – « renseignements et avis formulés tant par [ses] services de police que par le directeur du centre de séjour surveillé » ; liste accompagnée de « notes » individuelles avec copie traduite en allemand, dont celle concernant Marcel Vaisse.

Entre fin avril et fin juin 1942, celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marcel Vaisse est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46165 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Marcel Vaisse est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est admis au Block 20 (maladies contagieuses) de l’hôpital d’Auschwitz-I.

En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).

À la mi-août 1943, Marcel Vaisse est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) et mis en “quarantaine” au premier étage du Block 11, la prison du camp, pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 - où se pratiquaient les expérimentations “médicales” sur des femmes détenues - et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage de la “quarantaine”. Au fond, le mur des fusillés. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 – où se pratiquaient les expérimentations “médicales” sur
des femmes détenues – et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage de la “quarantaine”.
Au fond, le mur des fusillés. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.

Le 3 août 1944, Marcel Vaisse est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un “45000” transférés au KL Flossenbürg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque), enregistrés dans ce camp le 31 août.

À une date qui reste à préciser, il est transféré au KL Dora avec trois camarades. Ils y sont libérés. Mais Marcel Vaisse succombe au centre de rapatriement de Rheine le 27 avril 1945. Il est inhumé au Champ d’honneur des Étrangers d’Eschendorf.

(aucun des cinq “45000” paraysiens n’est revenu)

Après la guerre, le Conseil municipal de Paray-Vieille-Poste donne son nom à une rue de la commune. Celui-ci est également inscrit sur le monuments aux morts de Paray-Vieille-Poste, situé dans le cimetière communal, comme résistant mort en déportation.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 23-06-2001).

Notes :

[1] Paray-Vieille-Poste : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Les 88 internés de Seine-et-Oise. Le 26 juin 1941, la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud transmet au préfet du département de Seine-et-Oise – « police d’État » -, cinq listes pour que celui-ci fasse procéder dès le lendemain à l’arrestation de ressortissants soviétiques ou de nationalité russe ancienne ou actuelle, dont 90 juifs, et de républicains espagnols en exil, soit 154 personnes. La sixième catégorie de personnes à arrêter doit être constituée de «  Différents communistes actifs que vous désignerez  » (aucune liste n’étant fournie). Tous doivent être remis à la Geheime Feldpolizei, à l’Hôtel Matignon, à Paris.

Si aucun autre document n’atteste du contraire, c’est donc bien la préfecture de Seine-et-Oise qui établit, de sa propre autorité, une liste de 88 militants communistes du département à extraire du camp d’Aincourt.

Le 27 juin, le commandant du camp écrit au préfet de Seine-Et-Oise pour lui « rendre compte que 70 internés[du département] ont été dirigés aujourd’hui dans la matinée sur le commissariat central de Versailles et que 18 autres internés ont été dirigés dans le courant de l’après-midi à l’Hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes d’occupation. Le départ de ces internés s’est déroulé sans incident. » Les listes connues à ce jour ne distinguent pas les deux groupes et réunissent les 88 internés.

Le 29 juin, l’inspecteur de police nationale commandant l’escorte conduisant le contingent de 70 détenus à Versailles, rend compte que le commissaire divisionnaire lui a ordonné de poursuivre son convoyage « jusqu’à l’Hôtel Matignon, à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei. En passant à Billancourt, quelques internés du premier car ont montré le poing et des ouvriers qui allaient prendre leur travail ont répondu par le même geste. J’ai immédiatement donné des ordres aux gardiens pour que les internés rentrent leurs bras.

À mon arrivée à Paris, je me suis trouvé en présence d’une quinzaine de cars remplis de prisonniers ayant la même destination que les internés d’Aincourt et j’ai dû prendre la suite.

Le formalités d’immatriculation étant assez longues, j’ai dû attendre mon tour ; l’opération a commencé à 18 heures et s’est terminée à 19h15 ; je n’ai pu faire la remise que de 38 internés sur 88 venus d’Aincourt. En raison de l’heure, le chef de bureau de la Feldpolizei m’a fait savoir qu’il recommencerait l’immatriculation le lendemain matin à 8h15, d’avoir à revenir à cette heure-là. J’ai rassemblé les 50 internés restant dans les deux cars et ai libéré les camionnettes et les gardiens disponibles.

Je me suis aussitôt mis en rapport avec la préfecture de Seine-et-Oise afin de savoir où je devais conduire, pour passer la nuit, les 50 internés. Une heure après, je recevais l’ordre de les conduire au Dépôt, 4 quai de l’Horloge, et de continuer ma mission le lendemain matin. Cette formalité étant remplie, j’ai renvoyé les cars et le personnel à Versailles.

Le 28 juin, à 7 heures, j’ai continué ma mission qui a pris fin à 11 heures. Cette escorte s’est déroulée sans autre incident. »

[3] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, témoignage d’Henri Rollin : «  Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention «  communiste  », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[4] De l’Hôtel Matignon au Frontstalag 122 : témoignage de Marcel Stiquel (déporté au KL Sachsenhausen le 24 janvier 1943). Son récit fait état de 87 internés (la liste en comporte 88) et d’un départ d’Aincourt étalé sur deux jours : les 27 et 28 juin 1941 (voir note ci-dessus).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 346, 348, 357, 380 et 422.
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 13e arrondissement à la date du 7-03-1902 (V4E 9592), acte n° 547 (vue 10/31).
- Archives de Paris : registres matricule du recrutement militaire, classe 1922 (D4R1 2337), n° 2504.
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, cotes 1W76, 1W80 (relations avec les autorités allemandes), 1W157 (dossier individuel), 1W277.
- Liste des 88 internés d’Aincourt (domiciliés dans l’ancien département de Seine-et-Oise) remis les 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation, et liste Internés de Seine-et-Oise à la suite d’une mesure prise par le préfet de ce département, ayant quitté le centre d’Aincourt, copies de documents des AD 78 communiquées par Fernand Devaux (03 et 11-2007).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué).
- Site Mémorial GenWeb, 91-Paray-Vieille-Poste, relevé de Bernard Tisserand (2004).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-05-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Roland VACHER – (46164 ?)

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Droits réservés.

Roland, Gaston ou Jean (?), Vacher naît le 21 août 1912 à Aumale (Seine-Inférieure / Seine-Maritime), chez ses parents, André Louis Vacher, 28 ans,  magasinier, et Louise Lefevre, 25 ans, son épouse, domiciliés rue des Tanneurs.

Pendant la Première Guerre mondiale, la famille habite au 17, boulevard Pasteur à La Courneuve (Seine / Seine-Saint-Denis – 93). Son frère Gérard naît chez leurs parents le 21 septembre 1915. Leur frère Camille naît en 1919.

En 1924, la famille est installée dans un pavillon de Dugny [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (93). En 1926, elle est enregistrée dans le pavillon n° 24 de la Cité Jardin, de l’Office public d’HBM de la Seine, attenante à l’ancien bourg de Dugny (secteur d’habitation détruit en 1944).

La cité Jardin de Dugny vers 1933. Carte postale, collection Mémoire Vive.

La cité Jardin de Dugny vers 1933. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Son frère Serge naît le 10 juillet 1926 à Paris 18e.

En 1931 et jusqu’au moment de l’arrestation de Roland, le pavillon familial des Vacher s’est vu donner pour adresse le 45, allée des Marronniers.

En 1931, Roland Vacher est livreur chez Lévy-Finger, fabriquants de couleurs et de vernis, rue Galande à Dugny. Son père est employé d’industrie chez L. T. Biver, 151 avenue Jean-Jaurès à Aubervilliers. Roland est absent du domicile familial lors du recensement de 1936 (document arrêté au 21 avril).

Célibataire, il reste vivre chez ses parents.

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Droits réservés.

La police française le considère comme un « agitateur communiste » et indique qu’il figure sur la «  liste des indésirables de Dugny signalés en 1940 ».

Le 28 avril 1942, Roland Vacher est arrêté à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Roland Vacher est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Roland Vacher est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46164, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Roland Vacher se déclare magasinier (Magazinverwalter). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Roland Vacher.

Il meurt à Auschwitz le 20 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « insuffisance cardiaque » (Herzmuskelschwäche) pour cause mensongère de sa mort.

(Roland Vacher est le seul “45000” de Dugny)

Notes :

[1] Dugny : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968). Lors de la Seconde Guerre mondiale, pas moins de quinze bombardements aériens visant l’aéroport du Bourget, établi sur la commune de Dugny, rasent l’agglomération à plus de 90 %. https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/Ensemble-de-logements-HBM-Cite-jardin-de-Dugny

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 385 et 422.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”  (BA ?).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1271.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministère des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de S à Z (26 p 843), acte n° 23170/1942.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-05-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Émile TUNESI – (46163 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Émile, Étienne, Tunesi naît le 16 janvier 1914 à Moineville (Meurthe-et-Moselle – 54), fils d’Angelo Tunesi et de Rosa Gambini, 24 ans.

Émile a une sœur, Léonie, née en 1917 à Olgiate (Italie), pendant la Première guerre mondiale.

Le 29 juillet 1933, à Batilly, à proximité d’Homécourt (54), sa mère – probablement veuve – se remarie avec Victor Danzer, né le 3 juillet 1888 à Ars-sur-Moselle (en Moselle alors annexée), qui a trois filles d’un premier mariage, dont la benjamine, Angèle, née en 1934 à Batilly. La cadette, Jeanne, est née à Metz en 1932.

Au printemps 1936, Émile Tunesi habite avec sa belle-famille à Batilly.

Pendant un temps, il habite à Valleroy (57).

Il est mineur de fer (chargeur) à la mine d’Auboué.

Syndiqué à la Fédération du Sous-sol, membre du bureau syndical des mineurs, il est licencié après l’échec de la grève nationale du 30 novembre 1938, lancée pour protester contre l’abandon des acquis du Front populaire.

Selon une liste manuscrite de quarante-quatre internés établie ultérieurement par le chef du centre de séjour surveillé d’Écrouves, Émile Tunesi “démissionne” de son syndicat, probablement lors de l’interdiction du Parti communiste à l’automne 1939, accompagnée de scissions au sein de la CGT.

Le 25 juin 1941, le préfet signe un arrêté ordonnant son internement administratif à la Maison d’arrêt de Briey à la suite d’une distribution de tracts communistes dans son secteur d’habitation (il y est gardé quinze jours).

Le 11 octobre 1941 à Batilly, Émile Tunesi se marie avec Marie Igada. Ils n’ont pas d’enfant.

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Batilly ; son adresse reste à préciser.

Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-sept mines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.

Émile Tunesi est arrêté vers le 9 février 1942. Selon l’inspecteur général de la police judiciaire de Nancy,« signalé très suspect et disparu de la région depuis les attentats, a été retrouvé et mis hors de cause ».

Son nom figure néanmoins – n°38 – sur une « liste communiquée le 19 (février ?) au soir à la KK (Kreiskommandanturde Briey par le sous-préfet » pour préciser la nationalité de cinquante-trois hommes désignés seulement par leurs noms et prénoms.

Le 20 février, il est conduit par la police allemande (Feldgendarmerie) au camp français d’Écrouves, près de Toul (54), en attente « d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne ».

Le 27 février, son nom est inscrit sur un état nominatif des otages transmis par le préfet Jean Schmidt à Fernand (de) Brinon à Vichy ; 31e sur la liste.

Le 5 mars, Émile Tunesi est parmi les trente-neuf (nombre à vérifier…) détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Aussitôt, le sous-préfet de Briey intervient auprès du préfet de Meurthe-et-Moselle pour qu’au moins sept d’entre eux, dont Émile Tunesi, ne soient pas considérés comme otages.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Émile Tunesi est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46163 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Émile Tunesi.

On ignore la date de sa mort à Auschwitz [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] ; probablement avant la mi-mars 1943.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 6-06-2001).

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Collection Denis Martin – ARMREL.

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant d’Émile Tunesi, c’est – globalement – le mois de décembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74127 et 128, 367 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
- Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : cotes W1304/23 et WM 312 ; fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel et Jean-Marie Dusselier.
- Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, pages 122 et 246, 345.
- Jean-Claude Magrinelli, Ouvriers de Lorraine (1936-1946), tome 2, Dans la résistance armée, éditions Kaïros / Histoire, Nancy, avril 2018, L’affaire d’Auboué, pages 199-227 (listes de suspects et d’otages p. 205, 208-210).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 7-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Jan (Jean) TRZECIAK – (46162 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Jan (Jean) Trzeciak naît le 23 décembre 1896 à Zarzecze (Pologne) ; 21 lieux pourraient correspondre à ce toponyme !…

À une date restant à préciser, en Pologne, il se marie avec Maria Dabrowska, née en 1902 à Zarzecze, où naît, en 1925, leur premier enfant, Barbara.

En 1929, leur fille Hélène naît à Homécourt (Meurthe-et-Moselle – 54). En 1931, la famille habite au 49 rue Saint-Chamond. Jean Trzeciak est alors manœuvre aux Aciéries de la Marine. Le couple aura un fils, né en 1932, et encore un autre enfant.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 196, rue Émile-Heurteau (aujourd’hui rue des Pommiers), «  troisième rangée » de la cité ouvrière de la Petit-Fin, à Homécourt (Meurthe-et-Moselle – 54). Il est voisin de Wladyslaw Bigos, Jean Krecioch et Victor Ziemkiewicz.

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Homécourt. Cité ouvrière de la Petite Fin. À l’arrière-plan, l’usine sidérurgique surplombant le centre-ville et la vallée de l’Orne. Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

Homécourt. Cité ouvrière de la Petite Fin. À l’arrière-plan, l’usine sidérurgique surplombant le centre-ville et la vallée de l’Orne.
Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

Jean Trzeciak est alors mineur de fer au puits du Fond de la Noue à Homécourt.

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Carte postale (années 1900). Collection Mémoire Vive.

Carte postale (années 1900). Collection Mémoire Vive.

Jean Trzeciak occupe des responsabilité syndicales.

Il est arrêté à son domicile le 2 mars 1942, comme Wladyslaw Bigos et Boleslaw Ferenc, probablement désigné en tant que « nationaliste polonais » ; à vérifier…

À une date restant à préciser, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

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Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Jean Trzeciak est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46162 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Jean Trzeciak.

Il meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Son nom est inscrit sur le Monument aux morts d’Homécourt (orthographié « Trczeciak »).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 3-06-2001).

Des treize déportés “45000” de la commune, seul Jacques Jung est revenu.

Un certain François Trzeciak, né le 26 octobre 1896 en Pologne, meurt à Dachau le 27 février 1945 : s’agit-il d’un cousin ?

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 368 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
- Raymond Falsetti, amicale des familles de déportés d’Homécourt (exposition et dossier).
- Association Mémoire du Pays de l’Orne, bulletin Pagus Orniensis n° 10, page 27.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1259 (38811/1942).
- Site Mémorial GenWeb, relevé de Philippe Dezerville (01-2005).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 30-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

 

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Léon TRUFFERT – 46161

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Photo anthropométrique prise le 29 octobre 1941
au camp de Gaillon. © AD 27

Léon, Clément, Louis, Truffert naît le 21 mai 1901 à Vaudreville (Manche – 50), fils de Jean Truffert, forgeron, et de Marie Mahier.

Pendant un temps, il travaille comme domestique agricole.

Le 9 avril 1921, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 136e régiment d’Infanterie afin d’accomplir son service militaire. Le 31 mars 1923, il passe au 171e R.I., unité affectée à l’occupation de la Ruhr (Pays Rhénans), où il reste deux mois. Le 29 mai, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite, et se retire à Tourlaville, quelques kilomètres à l’est de Cherbourg (50)

Ouvrier à l’Arsenal de Cherbourg, il demeure au village Saint-Jean, à Tourlaville.

Le 8 août 1925, à Tourlaville, il se marie avec Geneviève Lefèvre, née le 27 février 1902 à Sainte-Geneviève (50), et domiciliée au 15, rue Louis-Philippe, à Cherbourg. Ils auront une fille, Léone, Marie, née le 22 juin 1926.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au hameau de l’Église, à Tourlaville.

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Tourlaville.
Carte postale sans date. Collection Mémoire Vive.

Léon Truffert est alors patron de chaloupe à l’Arsenal de Cherbourg.

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Cherbourg. Le port de l’Arsenal dans les années 1900.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

C’est un militant actif du Parti communiste dont il diffuse la presse avant la guerre. Il est trésorier de la cellule de Tourlaville.

Selon la police, il reste en contact avec des militants clandestins après l’interdiction du PCF : Pierre Rouxel, étudiant à la Faculté de Médecine de Caen, et Auguste Daniel.

Lors de la mobilisation générale du début septembre 1939, Léon Truffert est classé dans l’affectation spéciale au titre des constructions navales du port de Cherbourg. Le 10 mars, il en est rayé par mesure disciplinaire et affecté au dépôt d’Infanterie n° 32, à Rouen. Il arrive au corps le 18 mars et part aux armées le 26 mai. Le 31 juillet 1940, il est démobilisé par le centre du canton de Marmande (Lot-et-Garonne) et se retire à Tourlaville.

Sous l’Occupation, il est employé à l’Atelier des réparations, Service des bassins de l’Arsenal. Sa fille est élève à l’École pratique de Cherbourg.

À la mi-juillet 1941, Léon Truffert est repéré par la police alors qu’il participe à une réunion dans un débit de boissons, place Gambetta à Tourlaville, en compagnie de Pierre Rouxel, Auguste Daniel, Juliette Defrance et de deux autres individus, non identifiés. Quelques jours plus tard, à la fin du mois, des tracts communistes sont trouvés à l’Arsenal. Léon Truffert est « fortement soupçonné de les avoir jetés ou distribués ».

Le 18 septembre 1941, le préfet de la Manche signe un arrêté ordonnant son astreinte à résidence au « centre de séjour surveillé à Gaillon » (internement administratif).

Le lendemain, 19 septembre, à 14 heures, le commissaire de police spéciale de Saint-Lô arrête Léon Truffert sur son lieu de travail, à l’Arsenal (au cours d’une alerte). Dans la même période sont arrêtés Louis Hamel, de Cherbourg, Charles Mauger, d’Octeville, Léon Lecrées, d’Equeurdreville, et Marcel Hodiesne, d’Avranches (le 21).

Provisoirement conduit à la Maison d’arrêt de Cherbourg (prison maritime ?), Léon Truffert est interné le lendemain au camp français de Gaillon (Eure), un château Renaissance isolé sur un promontoire surplombant la Seine et transformé en centre de détention au 19e siècle, puis en caserne.

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Le camp de Gaillon, ancien château de l’évêque de Rouen.
Carte postale d’après-guerre. Collection Mémoire Vive.

À son arrivée, il signe un formulaire de l’administration du camp : « Je soussigné, Truffert Léon [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][…] reconnais avoir pris connaissance des dispositions des articles 8 à 26 du règlement du 29 décembre 1940, notamment de l’article 13 relatif aux sanctions auxquelles je m’expose en cas de tentative d’évasion (c’est-à-dire que le personnel a reçu l’ordre de faire usage de ses armes en cas de tentative d’évasion et que l’évadé est en outre passible d’un emprisonnement de un à cinq ans). À Gaillon, le 20 septembre 1941. » Le 1er octobre, le commandant du camp établit un certificat de présence à son nom.

Le 29 octobre, un agent de la 3e brigade de police mobile de Rouen qui s’est déplacé à Gaillon établit sa fiche anthropométrique, par laquelle on apprend Léon Truffert est un homme de petite taille : 1 m 58. Le détenu est photographié et appose les empreintes digitales de ses dix doigts sur d’autres fiches (dactyloscopiques).

Le 29 décembre, il écrit à une autorité administrative (le préfet de l’Eure ?) pour solliciter sa libération. Le 17 février 1942, le préfet de la Manche écrit à celui de l’Eure pour lui faire savoir qu’il estime que la mesure d’internement doit être maintenue au motif que « l’activité de cet individu en faveur du parti communiste ne s’[est] jamais ralentie ». Le 26 février, Léon Truffert signe un formulaire par lequel il reconnaît avoir pris connaissance du refus de sa libération.

Le 4 mai 1942, il est remis aux autorités d’occupation à leur demande et transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), Frontstalag 122 – Polizeihaftlager.

Entre fin avril et fin juin 1942, Léon Truffert est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Léon Truffert est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46161 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés aux travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Léon Truffert est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive.À une date inconnue, il est admis au Block 21a (chirurgie) de l’hôpital [1].

Léon Truffert meurt à Auschwitz le 16 août 1942, selon les registres du camp ; cinq semaines après l’arrivée de son convoi.

Le 13 mai 1946, sur un formulaire à en-tête de L’Amicale d’Auschwitz (FNDIRP), Eugène Garnier, de Flers (Orne), rescapé de son convoi, certifie sur l’honneur que Léon Truffert est mort au camp d’Auschwitz « en septembre 1942 après avoir contracté le typhus ». Le 18 mai 1946, Lucien Penner, de Vanves (Seine / Hauts-de-Seine), autre rescapé du convoi, certifie également le décès de Léon Truffert à Auschwitz, mais de manière encore plus imprécise : « à la fin d’année 1942 ». Le 18 juin, Geneviève Truffert transmet ces certificats au ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre afin d’obtenir un avis officiel de décès lui permettant de toucher une pension de veuve.

Le 19 octobre 1946, en se fondant sur le témoignage d’Eugène Garnier, l’officier d’état civil du ministère des ACVG fixe officiellement la date du décès de Léon Truffert à la moitié du mois, soit le 15 septembre 1942. Demande est envoyée aussitôt au maire de Tourlaville d’en effectuer la transcription sur le registre d’état civil, ce qui est fait le 9 novembre 1946 (acte n° 28777).

Le 23 décembre 1946, Madame veuve Truffert rempli un formulaire de « demande d’inscription de la mention “Mort pour la France” sur l’acte de décès d’un déporté politique ». Le 12 mars 1947, le ministère écrit au maire de Tourlaville pour lui demander l’apposition de cette mention, effectuée une semaine plus tard.

Le 9 décembre 1949, André Defrance, capitaine FFI, « certifie sur l’honneur que feu Monsieur Truffert Léon prit une part active à la lutte menée par les organisations de Résistance en vue de la libération du territoire national. Membre du Parti communiste français, il donna par la suite son adhésion au Front national dès la création de ce large mouvement de libération. Il propagea mots d’ordre, instructions et directives émanant des organisations nationales et reçus au cours de réunions clandestines. Il répartit et diffusa les publications patriotiques les plus diverses et maintint un contact permanent avec les militants “illégaux”, dont j’étais, avec lesquels il était en liaison. »

Le 12 décembre, Geneviève Truffert remplit un formulaire de « demande d’attribution du titre de Déporté-Résistant ».

Le 3 juin 1950, elle remplit un formulaire de « demande d’attribution de grade d’assimilation de validation des services et campagnes […], présentée par un Déporté […] de la Résistance ».

Le 25 octobre 1951, la commission départementale du ministère des ACVG émet un avis défavorable à l’attribution du titre de Déporté-Résistant. Le 15 décembre 1953, le ministre des Anciens combattants et Victimes de guerre rejette à son tour la demande et, le 4 janvier 1954, le bureau des fichiers et de l’état civil-déporté écrit à Geneviève Truffert pour lui faire connaître que celle-ci « n’a pu être recueillie favorablement ». Il lui adresse la carte de déporté politique n° 1103 08455.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de Léon Truffert (J.O. du 3-06-2001).

Sources :

- Son nom (orthographié « FRULLERT Léo ») et son matricule figurent sur la Liste officielle n°3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60.
- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Évrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, notice par Claudine Cardon-Hamet page 131.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 366 et 422.
- Archives départementales de la Manche (AD 50), site internet, archives en lignes, registres des matricules militaires, bureau de recrutement de Cherbourg, classe 1921, n° 1001-1496 (cote 1 R 1/205), matricule 1463 (vue 357/384).
- Archives départementales de l’Eure, Évreux, camp de Gaillon, dossier individuel (cote 89w14), recherches de Ginette Petiot (message 05-2014).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 1, cahier photos pages 92* et 93* (reproduction de la liste des prisonniers morts sur le registre d’appel) et 94* ; tome 3, page 1258 (22351/1942).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen ; dossier de Léon Truffert (cote 92.275 et 21 p 545 364), recherches de Ginette Petiot (message 03-2015).
- Jean-Claude Defrance, fils d’André Defrance, copie de l’attestation d’appartenance au Front national et correctif (messages 01 et 02-2016).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 3-02-2016)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] L’hôpital d’Auschwitz-I, en allemand Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”. Mais les “31000” et Charlotte Delbo ont connu et utilisé le terme “Revier” : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient «  révir  », car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.

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Maurice TROUVÉ – (46160 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Maurice, Marcel, Trouvé naît le 30 décembre 1920 à Vierzon-Ville [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Cher – 18), chez ses parents, Louis Camille Trouvé, 30 ans, journalier, et Jeanne Aimée Nicault, 27 ans, son épouse, domiciliés rue Camille Desmoulin. Ses parents se sont mariés le 12 avril 1919, son père étant encore mobilisé au 8e régiment d’artillerie, et sa mère – veuve d’un artilleur tué en juin 1915 – habitant alors chez ses propres parents, rue du Champ Anel sa fille, Armande Hermogènes, née le 4 février 1915 à Vierzon-Ville.

En avril 1921, la famille est domiciliée à Vignoux-sur-Barangeon (18), au hameau de Fontenette (deux ans plus tard, ils y vivent encore). En septembre 1924, et en février 1931, ils sont installés au 71 rue Étienne-Marcel à Vierzon-Forges (18) [1].

Le 18 avril 1936, Armande, demi-sœur de Maurice, se marie à Vierzon-Ville.

En 1936, à Vierzon-Forges, Maurice Trouvé vit seul avec sa mère, alors veuve ; elle est contrôleuse à l’usine métallurgique de la Vence (?), lui est apprenti-boucher chez un charcutier habitant également rue Étienne-Marcel.

Le 26 octobre 1940, à Vierzon [1], Maurice Trouvé se marie avec Paulette Marie Grosjean.

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Vierzon ; son adresse reste à préciser. C’est un militant communiste et syndicaliste.

Le 1er mai 1942, Maurice Trouvé est arrêté avec trente autres personnes (dont probablement Moïse Lanoue) à la suite d’une manifestation au cours de laquelle Marcel Charrier a pris la parole. Maurice Trouvé est finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Maurice Trouvé est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46160 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Maurice Trouvé.

Il meurt à Auschwitz le 21 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [1] ; il n’a pas encore 22 ans.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 3-06-2001).

À Vierzon, son nom est inscrit sur la haute plaque dédiée aux Victimes vierzonnaises de la barbarie nazie 1939-1945 du Mémorial de La Résistance et Déportation, inauguré en 2011 au 10 avenue du Général-de-Gaulle, près de la médiathèque Paul Éluard.

Notes :

[1] Le 1er septembre 1791, la paroisse Notre-Dame de Vierzon est divisée en deux : Vierzon-Ville, occupant le centre de la ville actuelle sur la rive droite du Cher, et Vierzon-Villages (au pluriel) entourant la précédente de tous cotés. Dans les années suivantes, ces paroisses deviennent deux communes, puis fusionnent provisoirement sous le nom de Vierzon, avant d’être à nouveau scindées le 22 mars 1796. Par la loi du 4 avril 1908, la section des Forges est distraite de la partie Est de Vierzon-Villages et érigée en commune distincte sous le nom de Vierzon-Forges. Par arrêté préfectoral du 8 avril 1937, les communes de Vierzon-Villages, Vierzon-Bourgneuf et Vierzon-Forges sont réunies à celle de Vierzon-Ville, sous le nom unifié de Vierzon.

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

S’agissant de Maurice Trouvé, c’est le mois de septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 363 et 422.
- Association des amis du musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges, article dans La Nouvelle République du 31 janvier 2005.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1258 (36892/1942).
- Site Mémorial GenWeb, relevé d’Alain Girod (n° 80755), 10-2016.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 13-10-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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François TROLET – (46159 ?)

François Trolet naît le 21 juin 1903 à Mazingarbe, près de Lens (Pas-de-Calais – 62), fils de Désiré Trolet, 28 ans, ouvrier d’usine, et de Sidonie Caboche, 26 ans, son épouse (tous deux seront décédés au moment de son arrestation).

De la classe 1923, François Trolet effectue son service militaire au 34e régiment d’Aviation au Bourget (Seine / Seine-Saint-Denis).

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Collection Boris Trolet. Droits réservés.

Collection Boris Trolet. Droits réservés.

Le 30 avril 1926, à Marquise (62), il se marie avec Jeanne Louise Henriette Clabaut, née le 9 avril 1906 dans cette commune. Ils auront deux enfants : Daniel, né le 18 février 1928, et Denise, née le 6 juin 1933.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 23, rue Henri-Paul à Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne – 77), dans la cité Aubépine de logements ouvriers, construite au sud de l’usine Schneider entre 1920 et 1921.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Champagne-sur-Seine, cité Aubépine, rue Henri-Paul. En terre battue à la création de la cité en 1921, les voies d’accès ne furent goudronnées que vers 1958, par la municipalité. Carte postale non datée. Coll. Mémoire Vive.

Champagne-sur-Seine, cité Aubépine, rue Henri-Paul.
En terre battue à la création de la cité en 1921, les voies d’accès ne furent goudronnées que vers 1958, par la municipalité.
Carte postale non datée. Coll. Mémoire Vive.

François Trolet est électricien à l’usine de la société Le Matériel Électrique Schneider-Westinghouse (SW).

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    Champagne-sur-Seine. Entrée de l’usine Schneider-Westinghouse (S. W.).     Carte postale non-datée (années 1920 ?). Collection Mémoire Vive.

Champagne-sur-Seine. Entrée de l’usine Schneider-Westinghouse (S. W.).
Carte postale non-datée (années 1920 ?). Collection Mémoire Vive.

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Collection Boris Trolet. Droits réservés.

Collection Boris Trolet. Droits réservés.

De 1936 à 1938, il est adhérent au Parti communiste.

Le 28 janvier 1939, à la demande de la direction générale de la Sûreté nationale au ministère de l’intérieur et après avoir consulté ses sous-préfets, le préfet de Seine-et-Marne transmet à celle-ci un long rapport sur « l’organisation et l’activité de chacun des partis extrémistes » de son département dans lequel sont répertoriées les cellules du parti communiste. Pour Champagne-sur-Seine, il indique : « Le nombre des adhérents est de 280 environ, dont une centaine pour la cellule de la société S.W. (Schneider et Cie) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][…]. Les réunions se tiennent chaque semaine chez M. Rateau, chef du secteur. »

Sous l’occupation, François Trolet participe à des diffusions de tracts et des récupérations d’armes dans la région sud de la Seine-et-Marne. Il sert sous les ordres d’André Gautier (qui deviendra le lieutenant “Victor” dans les FFI), d’abord dans le cadre de l’O.S. (organisation spéciale) [1], puis pour le Front national [2], dans le secteur de Champagne-sur-Seine.

Le 1er mai 1941, un inspecteur du commissariat spécial de Melun rédige un compte-rendu d’enquête pour son chef de service, relativement à « une lettre signée peu lisiblement et signalant une activité communiste dans la région de Champagne-sur-Seine. […] Le Matériel Électrique ou « Usines S.W. » occupe […] environ 700 ouvriers. Une vingtaine environ s’était faite remarquer par son attitude communiste, parmi eux : JAY René, né le 5 avril 1892 à Saint-Mammès (Seine-et-Marne), domicilié à Champagne-sur-Seine, 10 rue Henri-Paul, veilleur de nuit au chantier du pont de cette localité […], MAGNAT Jérôme […], MÉNAGER André […], ROUSSET Georges, né le 16 septembre 1914 à Avon […], traceur sur métaux, ex-secrétaire des Jeunesses communistes de Champagne, gendre de Jay René., TROLET François […]. Ces divers militants de l’ex-parti communiste sont encore en relations et, à plusieurs reprises, on a constaté des allées et venues. Depuis le mois de mars, trois distributions de tracts communistes ont eu lieu à Champagne-sur-Seine ; elles ont été effectuées principalement dans le quartier de l’Aubépine, […] habité par les ouvrier de S.W. Les deux dernières diffusions remontent au 23 avril […] et, enfin, dans la nuit du 19 au 30 avril […]. Cette dernière distribution n’a pas eu l’effet de propagande souhaité en raison d’une forte pluie qui s’est abattue sur la ville. À noter que JAY René et MÉNAGER André, tous deux militants convaincus, sont titulaires d’un laisser-passer de nuit pour le service de garde du pont de Champagne-sur-Seine […] demandés par la maison Delattre et Frouard de Dammarie-les-Lys, chargée de la réfection du pont de cette commune. En outre, la situation politique du milieu ouvrier de Champagne-sur-Seine ne paraît pas s’être aggravée depuis la guerre. Au contraire, le militant le plus dangereux, le plus instruit, RATEAU Valentin, né le 6 mars 1910 à le Creusot (S et L), professeur à l’École Lafayette, est actuellement interné au Maroc. La direction de l’usine, que j’ai consulté, ne donne aucun nom de personnes pouvant servir d’agents de renseignement. Bien que déplorant la propagande antinationale communiste, la direction invoque qu’il serait délicat de déléguer un ouvrier pour la surveiller. On peut le regretter. »

Le dimanche 19 octobre 1941, François Trolet est arrêté par la Feldgendarmerie au retour d’une diffusion de tracts (la mémoire familiale suppose une dénonciation), lors d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant et visant les communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – meules, hangars – ayant eu lieu dans le département.

François Trolet est aussitôt interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 1696, parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”).

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol. Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol.
Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Le 28 novembre, la Feldkommandantur 680 de Melun adresse au chef du district militaire “A” à Saint-Germain-[en-Laye] une liste de 79 otages communistes seine-et-marnais pouvant être proposés pour une exécution de représailles, parmi lesquels François Trolet.

Entre fin avril et fin juin 1942, celui-ci est sélectionné parmi plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (suivant un ordre d’Hitler). Deux autres habitants de Champagne-sur-Seine sont également sélectionnés : Jérôme Magnat et André Ménager (morts à Auschwitz).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, François Trolet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46159, selon les listes alphabétiques reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté François Trolet.

Il meurt à Auschwitz le 3 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [3].

Il est homologué au grade de sergent dans la Résistance Intérieure Françaises (RIF), pour un service compté du 1er mai 1941 au 15 septembre 1942 (n° 15928 – 6/11/1949). Il est homologué comme « Déporté politique” (n° 117516450), puis comme “Déporté résistant” (n°100136539).

Le 20 septembre 1947, sa veuve se remarie à Champagne-sur-Seine.

Son nom est inscrit sur la plaque dédiées aux déportés politiques et aux victimes civiles (1939-1945) de Champagne-sur-Seine, place Paul-Jay.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 3-06-2001).

Notes :

[1] O.S. : organisation spéciale du Parti communiste clandestin créée à partir de septembre 1940, à l’origine pour protéger les militant(e)s prenant la parole en public, les distributeurs de tracts et les colleurs d’affiches, elle est devenue le premier cadre de la résistance armée.

[2] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).

[3] Différence de date de décès avec celle inscrite au Journal Officiel : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – s’appuyant sur le ministère des Anciens combattants qui avait collecté le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant François Trolet, c’est le 15 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. La parution au J.O. rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 377 et 422.
- Message de Boris Trolet, petit-fils de François (11-2006).
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; notes (SC51241).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : liste d’otages, document allemand, cote XLIV-60.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1257 (34221/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 77-Champagne-sur-Seine, relevé de Olivier Engel (2005) ; photo.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 7-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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René TRILLAULT – 46158

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Collection familiale. Droits réservés.

René, Paul, Trillault naît le 8 avril 1904 à Paris 12e, fils Paul Trillault, cheminot travaillant pour la société PLM (Paris-Lyon-Marseille), et de Joséphine Fautré.

Le 25 avril 1929, à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), René Trillault épouse Marcelle Prévost, née le 27 décembre 1910 dans cette commune. Ils auront cinq enfants vivants : Claudine, 10 ans au moment de l’arrestation de son père, Paulette, 8 ans, Marcelle, 6 ans, Renée, 4 ans, et Michel, 17 mois. En octobre 1941, Marcelle Trillault se déclare enceinte de quelques mois.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 2, rue Kecker à Montereau.

Serrurier-monteur en charpente métallique chez Besson, à Montereau, René Trillault est secrétaire du Syndicat CGT des Métaux de la ville.

Il adhère au Parti communiste en 1935 et participe au mouvement de grève de 1936, probablement repéré par la police à partir de cette date.

Le 28 janvier 1939, répondant à une directive de la direction générale de la Sûreté nationale, au ministère de l’intérieur, et après avoir consulté ses sous-préfets, le préfet de Seine-et-Marne transmet un long rapport sur « l’organisation et l’activité de chacun des partis extrémistes » de son département dans lequel sont répertoriées les cellules du parti communiste. Pour le secteur de Montereau, il indique que : « 15 cellules composent le secteur et comprennent environ 700 adhérents, à savoir : I° – Cellule de l’usine besson comprenant 90 membres. Secrétaire : M. TRILLAULT René Paul [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][…]. »

Le 24 septembre 1939, en réponse à une directive du préfet, un brigadier du commissariat de police de Montereau transmet à celui-ci « les noms et adresses de ceux [membres du PCF] qui sont susceptibles d’obéir à un mot d’ordre ». Parmi les 23 hommes désignés, René Trillaut, « affecté 90 jours » (mobilisé comme affecté spécial dans une entreprise en lien avec la défense nationale). Une autre liste policière, datée du 14 octobre suivant, le désigne comme « très militant ».

Au printemps 1940, René Trillault est arrêté et écroué à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris (en détention préventive ou après condamnation par un tribunal ?). En juin 1940, lors de l’exode, il est transféré au camp de Gurs (Pyrénées-Orientales – 66). Il en est libéré en septembre 1940.

Dès son retour à Montereau, il recherche le contact avec ses camarades communistes. Il distribue alors l’Appel au peuple de France de Maurice Thorez et de Jacques Duclos. Il est agent de liaison au sein d’une organisation communiste clandestine. Son épouse et sa fille aînée, Claudine, sont au courant de ses activités. Le jeudi – jour sans école – cette dernière porte des tracts jusqu’à Maison-Blanche où un correspondant vient les récupérer.

Le dimanche 19 octobre 1941, René Trillault est arrêté à son domicile dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département.

René Trillault est d’abord conduit à la mairie de Montereau-Fault-Yonne, puis, le jour même, interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule 1762.

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, René Trillault est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

La famille de René Trillault ne reçoit ni message jeté du train ni la carte formulaire envoyée à la plupart des familles par l’administration du camp pour signaler ce transfert.

Le 8 juillet 1942, René Trillault est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46158 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, René Trillault est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Il est assigné au Block 10.

À une date restant à préciser, il est admis au Block 20 (maladies contagieuses) de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.

René Trillault meurt à Auschwitz le 24 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [1].En 1943, son épouse, titulaire de la Médaille des mères françaises, emménage au 15 bis, rue de Nemours à Montereau.

Le nom de René Trillaut est inscrit sur le monument aux morts de Montereau-Fault-Yonne, situé place Jacques-Leqesme, à l’angle des rues Victor-Hugo et Jean-Jaurès.

René Trillaut est homologué comme “Déporté politique” en 1954.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 3-06-2001).

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite au Journal officiel : Dans les années qui ont suivi la guerre, dans l’ignorance des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil, par l’intermédiaire du Ministère des Anciens Combattants, ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er du mois, le 15, le 30 ou le 31. La parution au J.O. rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts. S’agissant de René Trillaut, c’est le 15 septembre 1942 qui a été fixé par l’officier d’état civil du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre.

Sources :
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 378 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, docteur en Histoire, réponse du 1er mars 2005.
- Claudine Sivelle, fille de René Trillault (communication 03-2009 ; questionnaire rempli 10-04-2009).
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations allemandes, secteur de Provins, dossier individuel (SC51231) ; notes (SC51241) ; fonctionnaires appartenant au PCF (SC51242).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1256 (37318/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 77-Montereau-Fault-Yonne, relevé de Christian Prunier (06-2004).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 22-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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