Henri VARLET – 46177

Henri, Jean, Varlet naît le 22 juillet 1920 à Paris 20e, fils d’Henri Varlet et de Victorine Vallée. Il est l’aîné d’une famille de cinq enfants, dont son frère cadet Alfred, né le 30 mai 1923 au Pré-Saint-Gervais (Seine / Seine-Saint-Denis).

Au moment de son arrestation, Henri Varlet est domicilié chez ses parents au 51, rue de l’Ourcq à Paris 19e.

En septembre 1934, il est embauché comme mécanicien régleur (« sur machine ») aux établissements Vuillaume, 41, rue Manin (19e).

Le 23 octobre 1940, il est arrêté à son domicile par des policiers français, avec son frère Alfred, pour propagande communiste clandestine. En même temps qu’eux, six autres militants sont arrêtés (sur dénonciation), dont les frères Marcel et Roger Mercier, domiciliés au 26, rue Alphonse-Kar, René Millet, domicilié 3 rue de l’Oise, responsable du PCF clandestin pour l’arrondissement, et Mario Ripa : tous sont inculpés d’infraction aux articles 1 et 2 du décret du 26 septembre 1939.

Le 21 décembre 1940, ils comparaissent devant la chambre des mineurs (15e) du tribunal correctionnel de la Seine, où ont été convoqués les pères Mercier et Varlet, civilement responsables. Henri Varlet est condamné à six mois d’emprisonnement. Il est relaxé à l’expiration de sa peine, le 11 mars 1941.

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Le 28 avril 1942, lui et son frère sont de nouveau arrêtés à leur domicile, comme otages, lors d’une grande vague d’arrestations collectives (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin ayant été précédemment poursuivis par la police ou la justice. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Henri Varlet y est enregistré sous le matricule n° 4121 (Alfred sous le n° 4122).

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La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Varlet et son frère sont sélectionnés avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Varlet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46176 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Henri Varlet est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est assigné au Block 4.

À une date restant à préciser, il est admis à l’hôpital des détenus, dans les Blocks 20 et 28/7.

Henri Varlet meurt à Auschwitz le 18 novembre 1942, selon un relevé du registre de la morgue d’Auschwitz-I (Leichenhalle) réalisé clandestinement par le groupe polonais de résistance des détenus (n° 10, venant du Block n° 20) ; un mois après son frère Alfred.

Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central – liste établie à partir des registres des morts d’Auschwitz) – Témoignage de Mario Ripa, rescapé du convoi.
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941 (D1u6-5851).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais : cartons “occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; carton de la BS 1 (GB 51), affaire F.-Ripa-Varlet-Mercier-Millet-Durand (16) ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0519), dossier commun d’Henri et Alfred Varlet (15706).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Alfred VARLET – 46175

Alfred, Germain, Varlet naît le 30 mai 1923 au Pré-Saint-Gervais [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis), fils d’Henri Varlet et de Victorine Vallée.

Au moment de son arrestation, il est domicilié chez ses parents au 51, rue de l’Ourcq à Paris 19e, comme son frère aîné Henri, né le 22 juillet 1920 à Paris 20e.

Le 20 avril 1940, Alfred Varlet est embauché comme ébaucheur en optique chez M. Huguet, opticien au 129 rue du Faubourg du Temple (Paris 10e).

En juillet 1940, au début de l’occupation, il rejoint les Jeunesses communistes clandestines du 19e arrondissement.

Le 23 octobre 1940, il est arrêté à son domicile par des policiers français, avec son frère Henri, pour propagande communiste clandestine. En même temps qu’eux, six autres militants sont arrêtés (sur dénonciation), dont les frères Marcel et Roger Mercier, domiciliés au 26, rue Alphonse-Kar, René Millet, domicilié 3 rue de l’Oise, responsable du PCF clandestin pour l’arrondissement, et Mario Ripa : tous sont inculpés d’infraction aux articles 1 et 2 du décret du 26 septembre 1939 et écroués à la Maison d’arrêt de la Santé.

Le 21 décembre 1940, ils comparaissent devant la chambre des mineurs (15e) du tribunal correctionnel de la Seine, où ont été convoqués les pères Mercier et Varlet, civilement responsables. Alfred Varlet est aussitôt libéré et « remis à ses parents » en considération de son âge.

Le 28 avril 1942, lui et son frère sont de nouveau arrêtés à leur domicile, mais comme otages, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Alfred Varlet y est enregistré sous le matricule n° 4122 (Henri sous le n° 4121).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Alfred Varlet et son frère sont sélectionnés avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Alfred Varlet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46175 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Alfred Varlet est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

À une date restant à préciser, il est assigné au Block 4.

Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; un mois avant son frère Henri. Il a dix-neuf ans.

Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Notes :

[1] Pré-Saint-Gervais : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central – liste établie à partir des registres des morts d’Auschwitz) – Témoignage de Mario Ripa, rescapé du convoi.
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941( D1u6-5851).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; carton de la BS 1 (GB 51), affaire F.-Ripa-Varlet-Mercier-Millet-Durand (16) ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0519), dossier commun d’Henri et Alfred Varlet (15706).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1272 (acte n° 31741/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 10-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Georges VARENNE – (46174 ?)

JPEG - 74.7 ko
(droits réservés)

Georges Varenne naît le 4 septembre 1896 à Saint-Fargeau (Yonne – 89), dans une famille d’enseignants, fils de Gustave Varenne, 27 ans, instituteur, et de Noémie Brisson, 24 ans.

Georges a – au moins – deux frères plus âgés, Robert, né en 1892 et André, né en 1894.

Le 5 avril 1915, à sa sortie de l’École normale, alors qu’il est encore « élève maître », Georges Varenne est aussitôt incorporé au 1er bataillon de chasseurs à pied. Formé au bataillon de Joinville (à vérifier…), il est nommé aspirant le 1er septembre suivant. Le 8 octobre, il passe au 2e bataillon de chasseurs. Le 25 février 1916, il participe aux combats dans un secteur au nord de Douaumont, lors d’une avancée française qui doit s’installer solidement sur la crête sud du ravin de Bezonvaux, côte 267, lisière nord du bois de la Vauche : « … A entraîné sa section sous un bombardement violent et l’a portée à l’emplacement désigné par le commandant de la compagnie. A contribué par son sang-froid à maintenir le calme et le bon ordre dans sa section dans les circonstances les plus périlleuses et les plus critiques. » (citation à l’ordre de la 306e brigade du 15-03-1916). Il reçoit la Croix de guerre avec étoile de bronze.

[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Boyau conduisant au fort de Douaumont.  Carte postale des années 1920. Coll. Mémoire Vive.

Boyau conduisant au fort de Douaumont.
Carte postale des années 1920. Coll. Mémoire Vive.

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La Croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze. © MV

La Croix de guerre 1914-1918
avec étoile de bronze.
© MV

Le 2 mars suivant, dans les tranchées de Vaux, fortement pilonnées par l’artillerie allemande, Georges Varenne est blessé par un éclat d’obus sur la face externe de la cuisse droite et au poignet gauche.

Fin janvier 1918, le 2e B.C.P. s’installe en première ligne dans un autre secteur au Nord du fort de Douaumont. Le 13 février, Georges Varenne est promu sous-lieutenant. À partir du 19 février, l’armée adverse envoie des obus contenant des gaz de combat (ypérite) ; des masques à gaz sont de nouveau distribués. Le 26 février, dans le ravin de Trissol, Georges Varenne est touché à son tour par les gaz. Évacué aussitôt, comme 60 % des effectifs de sa compagnie pour intoxication ou conjonctivite, il reste aveugle pendant un mois. Après avoir été soigné, il est renvoyé au front. Le 20 août 1918, amené à prendre le commandement d’une compagnie, il sait « tirer le maximum de [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][cette] unité très éprouvée et  [contribue] puissamment à repousser deux contre-attaques ennemies, communiquant à tous son ardeur et sa bravoure. » (citation à l’ordre du 1er corps d’armée du 8-09-1918). Il reçoit la Croix de guerre avec étoile de vermeil. Le 15 octobre, il est cité à l’ordre du 7e C.A. : « A dirigé avec entrain et intelligence une reconnaissance sur les tranchées d’un village entièrement dominé par les positions ennemies. A permis, grâce aux renseignements qu’il a rapporté, l’occupation du village dans les meilleures conditions possibles, malgré un feu violent de mitrailleuses ennemies. » Il reçoit une deuxième étoile de vermeil.

Il est « envoyé en congé illimité de démobilisation » le 24 septembre 1919. En août 1920, il est promu de lieutenant de réserve. En août 1929, la commission de réforme de Troyes propose qu’il reçoive une pension temporaire de 20 % pour « bronchite et emphysème, lagophtalmie de l’œil gauche [difficulté à fermer la paupière] et astigmatisme irrégulier, acuité de 6/10 non améliorée », séquelles probables du gazage ; pension renouvelée en 1931, 1933 et 1935.

Très marqué par la guerre, Georges Varenne adhère à l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) dès sa fondation. Il refuse la Légion d’honneur qu’on lui propose (elle lui sera accordée à titre posthume en octobre 1950).

Le 20 septembre 1919 à Brienon-sur-Armançon (89), il se marie avec Lucienne Gallimard, née le 29 juillet 1898 à Brienon, institutrice.

Instituteur, Georges Varenne est d’abord en poste à Nuits-sous-Ravière (89).

En 1919, il adhère au parti socialiste SFIO ; il est membre de la section de Nuits-sous-Ravières, puis secrétaire de la section de Saint-Fargeau (Yonne). Au moment du congrès de Tours (1920), il suit la majorité et rejoint le Parti communiste avec l’ensemble des membres de sa section. Il reste secrétaire de la cellule ainsi formée.

À la suite des grèves de mai 1920, Georges Varenne est déplacé d’office à Saint-Fargeau (89). Le 25 juillet suivant, son fils Pierre naît à Brienon, rue de la Foire aux Chevaux. Lors de la présentation du nouveau-né à l’état civil, les témoins sont son grand-père, Gustave Varenne, 51 ans, devenu directeur d’école, et son oncle André Varenne, 25 ans. En avril 1921, le couple habite avenue de la Gare (côté droit) Saint-Fargeau. Ils hébergent une domestique.

En 1923, Georges Varenne est de nouveau inquiété pour ses idées communistes. En 1923, Lucienne, son épouse, décède

Le 11 septembre 1924 à Saint-Fargeau (89), Georges Varenne se marie avec Cécile Rimbault, née le 7 juillet 1900 à Lainsecq (89).
En 1925, il est muté à Irancy, où la petite famille emménage. En 1926, Cécile et Georges Varenne ont une fille, Suzette. En 1930 naîtra Monique.
À Irancy, l’instituteur crée une cellule communiste dont il est le secrétaire pendant quatre ans. Il est ensuite élu membre du bureau départemental du PC, puis du bureau régional Yonne-Côte-d’Or.
Georges Varenne et ses frères, Robert (qui meurt en 1927 des suites de ses blessures de guerre) et André (DCD en 1963), militent au Syndicat national des instituteurs, tout en adhérant à la Fédération unitaire de l’Enseignement (sept adhérents à ses débuts). L’un d’entre eux avait été en 1920 secrétaire du syndicat de l’Enseignement CGT de l’Yonne. Toutefois, vers 1929, G. et A. Varenne sont en mesure de créer une section CGTU de l’Enseignement. En 1932, Georges Varenne est secrétaire du Cartel unitaire des Services publics de l’Yonne. De 1931 à 1934, il assume en outre les fonctions de gérant du Bulletin du syndicat de l’enseignement laïque de l’Yonne.
Professionnellement, Georges Varenne est un ardent propagandiste de la méthode pédagogique de Célestin Freinet. Pierre, le fils de Georges, élève dans sa classe au cours des années trente, a eu certains de ses “textes libres” publiés dans les revues du mouvement Freinet.Georges Varenne est aussi le fondateur dans son département de la Mutuelle d’assurance des instituteurs (MAIF).
Profondément pacifiste, il milite également au sein du mouvement Amsterdam-Pleyel ; la guerre d’Espagne le persuade que le recours à la force est inévitable contre le fascisme.L’avènement du Front populaire amène Georges Varenne à donner une part plus importante à ses activités politiques. En 1936, il est secrétaire du comité de Front populaire d’Irancy et fait partie du bureau régional du PC. Il se présente également au conseil général dans le canton de Vermenton en 1937.

En 1938, il est finalement nommé directeur d’école à Laroche-Saint-Cydroine (89), près de la cité ferroviaire de Migennes, sur les rives de l’Yonne.

Laroche-Saint-Cydroine dans les années 1920. À gauche, la mairie. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Laroche-Saint-Cydroine dans les années 1920. À gauche, la mairie. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Georges Varenne est, avec son frère André, l’un des principaux organisateurs de la grève du 30 novembre 1938 dans l’Yonne ; action qui servira de prétexte au préfet Bourgeois pour les révoquer le 10 décembre 1940.

Le 27 août 1939, Georges Varenne représente la direction régionale communiste lors d’une réunion de militants locaux convoqués à Joigny pour examiner la situation résultant de la signature du Pacte germano-soviétique. Au terme des débats, il avertit les camarades présents que le parti risque d’être mis hors la loi et leur demande de constituer des stocks de papier et de prendre leurs dispositions pour fonctionner dans la clandestinité.

Mobilisé le 2 septembre 1939 comme lieutenant de réserve, Georges Varenne parvient à faire passer sa compagnie en zone libre lors de la débâcle, afin d’éviter la captivité à ses hommes.

Ses lettres et divers témoignages laissent penser qu’il se démarque implicitement de la ligne défendue par le PCF durant cette période.

De retour à Laroche, il reprend son poste de directeur d’école jusqu’à sa révocation, gagnant ensuite sa vie comme agent d’assurances.

Contacté dès août 1940 par René Roulot (voir ce nom dans le Maitron), Georges Varenne participe activement, à compter du mois d’octobre, à la réorganisation clandestine du PCF dans l’Yonne.

Le 21 juin 1941, il est arrêté par la police allemande, dans le cadre de l’Aktion Theoderich [1], parmi onze militants communistes de l’Yonne, dont Maurice Dadé, agriculteur de Villeneuve-la-Guyard. Georges Varenne est détenu successivement dans les prisons de Troyes et d’Auxerre.

Auxerre, la prison départementale. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Auxerre, la prison départementale. Carte postale éditée
dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Le 12 juillet 1941, il est transféré avec d’autres détenus au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), Frontstalag 122 – Polizeihaftlager, où il est enregistré sous le matricule 1231.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

En septembre 1941 – après l’exécution de Michel Rolnikas qui dirigeait le travail politique au sein du triangle de direction du Parti communiste clandestin – Georges Varenne fait partie de celui-ci avec Georges Cogniot et Roger Poujol [2], de Rouen, un autre instituteur. Il donne des cours à ses co-détenus ; notamment de “Droit municipal”.

En février 1942 (date à vérifier ?), après la destitution de Georges Cogniot de son poste de “doyen” (Lagerältester) par le commandement allemand du camp, Georges Varenne – qui est déjà son “assesseur” – le remplace dans cette fonction d’intermédiaire officiel des détenus (lui-même sera remplacé par Roger Poujol après son départ).

Désigné initialement pour figurer au nombre des partants lors de l’évasion du 22 juin 1942 [3], Georges Varenne décide finalement de laisser sa place à un autre camarade. Redoute-t-il d’exposer sa famille à des représailles et/ou doute-il de l’opportunité de la lutte armée ?

Pendant cette période, la déléguée de la Croix-Rouge française, Mademoiselle Pourvoyeur, qu’il rencontre tous les vendredis dans le cadre de ses responsabilités “officielles” au sein de l’organisation des détenus, sert également d’intermédiaire avec son épouse, Cécile (alors secrétaire de mairie).

Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Varenne est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Dans sa dernière lettre, datée du 29 juin et arrivée à destination le 7 juillet, Georges Varenne indique qu’il est passé au bâtiment C1 avec d’autres internés ; il s’agit probablement d’un regroupement préparant la déportation.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Le 14 juillet, Mademoiselle Pourvoyeur, déléguée de la Croix-Rouge, écrit à son épouse pour lui confirmer son départ. Elle ajoute que les détenus qui restent regrettent son mari : « Il était aimé et estimé de tous et leur donnait du courage. »

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Georges Varenne est enregistré à Auschwitz, peut-être sous le numéro 46174, selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Il est violemment frappé pour avoir protesté du fait que la veste rayé qu’il vient de recevoir est trop petite. Cependant, Albert Morel, de Lure, récupère pour lui ses lunettes. Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Georges Varenne se déclare alors sans religion (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Georges Varenne est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I. Plus tard, la déléguée de la Croix-Rouge à Compiègne écrira à son épouse que son organisation : « (…) croit savoir qu’une partie des déportés du convoi, un tiers, est restée à Auschwitz, tandis que l’autre est allée plus loin à l’Est d’où il n’est pas possible d’écrire. » (16-09-1943 ?) Selon André Faudry, également resté à Birkenau, Georges Varenne est finalement assigné au Block 10.

Dans les épreuves du camp, Georges Varenne a une conduite exemplaire qui le fait apparaître comme un « saint laïc » : « (…) il donne sa ration de soupe ou de pain à ses camarades trop faibles, leur rend confiance alors que tout leur semble perdu. Son attitude en impose même aux bourreaux. » (Roger Abada).

Épuisé, il meurt à Birkenau le 1er novembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; sans doute victime d’une épidémie de typhus. « (…) son chef de Block, une brute immonde qui se vante de tuer chaque jour trente détenus à coups de bâton, dit aux internés : “Découvrez-vous devant cet homme.” » (R. Abada).

Aucun des trois déportés “45000” de l’Yonne n’est revenu.

Le 21 janvier 1945, Pierre, fils de Georges Varenne, se marie à Laroche-Saint-Cydroine.

Après son rapatriement, Léon Thibert, de Saint-Martin-du-Mont, ayant lui aussi fait partie du groupe resté à Birkenau, envoie un courrier au frère de Georges Varenne confirmant la mort de celui-ci.

À une date restant à préciser, le conseil municipal de Laroche-Saint-Cydroine a donné le nom de Georges Varenne à l’école dont il était directeur et à une rue de la commune.

À Bobigny (Seine-Saint-Denis), son nom est donné à une salle située dans le complexe Édouard Vaillant.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Son frère, André Varenne, après avoir participé activement à la réorganisation du PCF dans la région de Saint-Florentin, où il avait trouvé un travail de comptable, est arrêté le 3 février 1942, puis relâché faute de preuves.

Actif au sein du Front national [4] et du réseau “Jean-Marie” de l’Intelligence Service, il organise des parachutages d’armes, puis rejoint le maquis des Ormes (Puisaye) et enfin le 1er régiment des volontaires de l’Yonne après la libération du département.

Instituteur à Saint-Aubin-Chateauneuf jusqu’à sa retraite, André Varenne reste la principale figure locale du PCF, bien que n’exerçant plus de responsabilité officielle.

Ayant commencé sa vie professionnelle comme horloger, la jeune Pierre Varenne “monte” à Paris avec son épouse et prend bientôt des cours de théâtre. Remarqué par René Blin, celui-ci le fait débuter lors de la création d’ “En attendant Godot” en 1953. Puis, Pierre Varenne se fait connaître comme auteur-interprète dans les cabarets de la rive gauche sous le nom de Pierre Louki : sa chanson “La môme aux boutons” deviendra le tube de 1957. Il est un des « copains d’abord » de Georges Brassens. Il est également auteur de pièces de théâtre.

Notes :

[1] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est défini le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre.

Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.

Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Fin août, 200 d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

[2] Roger Poujol, domicilié à Drancy (93) ?, né le 13 août 1894 à Périgueux (24), déporté au KL Buchenwald le 3 septembre 1943 (matr. 20368) où il meurt le 27 juin 1944 (Livre-Mémorial FMD, I.131, p. 1091).

[3] Ce tunnel a permis l’évasion de 19 militants syndicalistes (dont Georges Cogniot et André Tollet) dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, peu avant la déportation des mille otages, le 6 juillet.

[4] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972 et toujours existante).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 84, 91, 197, 380 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, éd. Graphein, Paris 2000, pages 208, 220, -390 (6).
- Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, 4e période (1914-1939) 102259, notice de M. Cordillot.
- Archives départementales de l’Yonne, site internet, archives en ligne, état civil de Saint-Fargeau, registre des naissances de l’année 1896 (cote 5 Mi 1325/ 2 N (1896-1905), acte n° 50 (vue 15/178) ; registre matricule du recrutement militaire pour l’année 1916, bureau de Sens (1 R 768, n° 1-500), matricule 68 (vues 164-166/1196).
- Roger Abada, Témoignages sur Auschwitz, Amicale d’Auschwitz, 1946, page 170.
- Roger Arnould, article paru dans le journal de la FNDIRP, Le Patriote Résistant, n° 511, mai 1982.
- Henri Portier, du mouvement pédagogique Freinet, message e-mail du 29 janvier 2005.
- Horaires des cours de Compiègne d’Angel Martin (commençant lundi 16 mars 1942).
- Musée de la Résistance nationale (MRN) de Champigny-sur-Marne (94), fonds Georges Varenne.
- Archives départementales de la Côte-d’Or, Dijon (cote 1630, article 252) : « arrestations par les autorités allemandes-correspondances » (liste de l’Yonne, n° 11).
- Georges Cogniot, Parti pris (mémoires), t. 1 D’une guerre mondiale à l’autre, éditions sociales, Paris, 1976, p. 474.
- Maurice Hochet, cité par Gérard Bouaziz, La France torturée, collection l’Enfer nazi, édité par la FNDIRP, avril 1979, pages 262-263.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1272 (38439/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 2-04-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Paul VARENNE – 46180

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Paul Le Corre naît le 16 octobre 1918 au 7 rue Bruant à Paris 13e, fils de Marie Le Corre, 25 ans, domestique, officiellement domiciliée au 4 rue du Pont à Brest (Finistère). L’enfant est présenté au bureau d’état civil par une sage-femme ayant assisté à l’accouchement. Le 23 mai 1922, à la mairie du 20e arrondissement, Paul est reconnu par Eugène Varenne, 24 ans, garçon de café. Le même jour, il est légitimé par le mariage de celui-ci avec sa mère, tous deux étant alors domiciliés au 5 rue d’Eupatoria ; les témoins sont deux voisins habitant à la même adresse.

Sa mère décède à Paris le 26 novembre 1923, âgée de 31 ans, lui-même ayant cinq ans. Il est alors pris en charge par la sœur de celle-ci, sa tante maternelle, Anne Le Floch, née Le Corre (à Douarnenez, Finistère), habitant Bobigny [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis). Paul y fréquente l’école communale jusqu’à quatorze ans, puis apprend le métier de fondeur en aluminium. Son père ne s’occupe pas de lui et se remarie en 1925 (il décèdera en 1943).

Au moment de son arrestation, Paul Varenne habite toujours chez sa tante – alors veuve -, au 11, rue Perrusset à Bobigny.

Il travaille comme riveur, à Paris.

En 1936, il fait partie d’un groupe de jeunes campeurs. Il assiste à plusieurs réunions du Centre laïque des Auberges de la Jeunesse, au 42, avenue Henri-Barbusse.

Pendant un temps, il serait secrétaire du cercle des Jeunes communistes de Bobigny.
Sous l’occupation, il milite clandestinement dans un groupe dirigé par Raymonde Salez. Il est plus spécialement chargé du contact au sein des usines, à l’écart de son domicile.

Le 5 décembre 1940, à la suite d‘une série de perquisitions menées chez dix-neuf militants de la circonscription de police et qui se révèle fructueuse à son domicile (un tract « récent » étant trouvé dans le tiroir de sa table de nuit !), Paul Varenne est arrêté par le commissaire de Pantin. Le 6 décembre, inculpé d’infraction à l’article 3.4 du décret du 26 septembre 1939 (propagande communiste), il est conduit au dépôt de la préfecture de police.

Le lendemain, 7 décembre, il comparaît devant la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine.

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée.
(montage photographique)

Condamné à six mois d’emprisonnement, il est écroué à la Maison d’Arrêt de la Santé (Paris 14e). Il se pourvoit en appel auprès du Procureur de la République. Le 27 janvier 1941, la Cour d’appel de Paris confirme la condamnation. Le 3 février, Paul Varenne est conduit à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne).

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

À l’expiration de sa peine, le 21 avril, il est « consigné préfecture ». Pour être effectivement libéré, il accepte de signer une déclaration qui lui a probablement été dictée et par laquelle il « déclare désapprouver formellement l’action communiste clandestine sous toutes ses formes [et s’]engage sur l’honneur de ne plus [se] livrer dans l’avenir directement ou par personne interposée à aucune activité communiste ».

Le 28 avril 1942, Paul Varenne est de nouveau arrêté, comme otage, lors d’une vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, avec le concours de la police française, et visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin ayant précédemment fait l’objet d’une procédure judiciaire, avec ou sans condamnation, notamment de jeunes mineurs ayant été remis à leur famille. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Paul Varenne est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Paul Varenne est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46180 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Paul Varenne est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

À une date restant à préciser, il est assigné au Block 4.

Il meurt à Auschwitz le 28 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) être une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est “listé” le matricule n° 46180.

Son nom est inscrit sur la plaque en « hommage aux héros de la résistance » apposée dans le hall de la mairie de Bobigny, parmi dix-huit Balbyniens, dont Pierre Cambouliu, Émile Larosière et Henri Nozières ; plaque située sous une autre dédiée à la mémoire de deux employés municipaux de Bobigny, Henri Nozières et Marius Barbier, de Saint-Ouen, cinq hommes déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

À l’automne 1957, sa tante dépose une demande d’attribution du titre de déporté politique.

Notes :

[1] Bobigny : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 384 et 422.
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941 (D1u6-5851).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais / cartons “occupation allemande”, (BA ?) ; dossier individuel des RG (77w1480) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1w510-13365) ; registre de main-courante du commissariat de police de la circonscription de Pantin, année 1940 (CB 89 56), actes n° 2515 et 2516
- Archives départementales du Val-de-Marne (AD 94), Créteil : archives de la prison de Fresnes, détenus libérés le 21-4-1941 (511w-13).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1272 (25495/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 93-Bobigny, relevé de Frédéric Charlatte (11-2007).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 19-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Lucien VANNIER – 46173

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Lucien, Ernest, Fernand, Vannier naît le 6 juin 1891 à Loudun (Vienne – 86) chez ses parents, Lucien, Marius, Vannier, 39 ans, cheminot, et Marie Avoine, 33 ans, domiciliés rue du Point-du-Jour.

Employé des Chemins de fer de l’État, son père fait souvent déménager la famille. En 1901, celle-ci est installée à Orléans (Loiret), au 15, rue de Paris (une impasse parallèle à la ligne Orléans-Paris et devenue rue de Lutèce !), dans une maison avec vue sur les ateliers du dépôt de l’État, de l’autre côté des voies ! Les enfants sont : Pierre, 20 ans ; Prudent, 17 ans, peintre en voitures ; Edmond, 15 ans, apprenti ajusteur ; René, 13 ans, apprenti sellier aux Chemins de fer de l’État ; André, 11 ans ; Lucien, 9 ans ; Aline, 8 ans, née aussi à Loudun ; Paul, 6 ans, et Robert Henri, 3 ans (né le 18 janvier 1898 à Orléans).

En 1911, habitant toujours chez ses parents, alors domiciliés au 63, rue du faubourg Bannier, Lucien apprend le métier de plombier. Sa sœur Aline, 18 ans, est alors couturière au Grand Bon Marché (?).

Le 9 octobre 1912, Lucien Vannier est appelé à effectuer son service militaire. Quatre jours plus tard, il rejoint le 1er régiment de zouaves. Il est peut-être affecté en Afrique du Nord (Algérie ?).

Le 8 juin 1914, son jeune frère Robert, 15 ans, apprenti chaudronnier, décède chez leurs parents, alors domiciliés au 11, rue de Limare à Orléans. La déclaration est faite par leur père, alors retraité, et son frère René, 27 ans, cheminot, domicilié au 12, rue Denis Papin.

Le 2 août 1914, Lucien Vannier est « aux armées ». Le 22 août 1914, le 1er régiment de marche de zouaves – est-ce bien son unité ? – reçoit le baptême du feu au Châtelet, près d’Anor, en Belgique, lors de la bataille de Charleroi, où il est confronté à l’efficacité des mitrailleuses allemandes.

Le 24 août, Lucien Vannier est blessé par une balle qui lui fracture la clavicule gauche et lui perfore le poumon. Évacué sur l’hôpital auxiliaire du 6e corps, il est soigné à l’hôpital privé d’Arcachon. Il rejoint les armées le 10 octobre. Le 1er régiment de marche de zouaves est alors sur la ligne de front au plateau de Paissy (Marne), défendant la ferme de la Creute. Le 25 octobre, Lucien Vannier est évacué vers l’hôpital complémentaire n° 37 à Dieppe (peut-être atteint par les gaz de combat). Le 15 novembre, il est dirigé sur un dépôt de convalescents à Rouen. Un mois plus tard, il bénéficie d’un congé de convalescence. Il rejoint son dépôt le 18 mars 1915. Le 29 juillet, la commission spéciale de réforme de la Seine n° 1 le propose pour un changement d’arme justifié par les séquelles de sa blessure. Affecté au 12e régiment d’artillerie, il y est incorporé à partir du 28 avril 1916. Une semaine plus tard, il passe au 13e R.A. Le 16 juin, il rejoint le front. Un an plus tard, le 11 juin 1917, il est évacué jusqu’en août suivant. Entre temps, il est passé au 213e régiment d’artillerie.

Le 6 juillet 1918, alors qu’il est encore soldat, Lucien Vannier se marie avec une voisine de la rue du Faubourg Bannier à Orléans, Jeanne Grajon, née le 31 mars 1893 à Vierzon-Bourgneuf (Cher), mécanicienne (profession qu’elle abandonnera).

Le 15 février 1919, il est évacué vers une ambulance pour grippe et admis dix jours plus tard à l’hôpital complémentaire n° 75 de Lannion (Côtes-du-Nord / Côtes-d’Armor), considéré comme étant en convalescence du 15 mars au 5 mai. Le 12 juillet, il est classé comme affecté spécial mis à disposition du réseau du Paris-Orléans – compagnie de chemin de fer qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] -, mais, selon une autre source, il y aurait été embauché comme chaudronnier depuis le 12 janvier 1919.

En 1919, le couple a un fils, Lucien.

En février 1920, la 6e commission de réforme de la Seine propose Lucien Vannier père pour une pension permanente d’invalidité de 15 % pour pachypleurite localisée au niveau d’une plaie cicatricielle de l’hémithorax gauche avec une gêne légère de l’épaule.

Le couple part s’installer à Paris, au 14, rue Christophe-Colomb, dans le 8e arrondissement.

Lucien Vannier devient militant à la CGT et au Parti communiste.
Le 4 février 1923, à la maternité de Port Royal (Paris 14e), nait leur fille “Jacqueline”, Hélène, Berthe.
Moins de deux ans plus tard, la famille déménage à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). En effet Lucien a trouvé un poste au dépôt de Vitry-sur-Seine, commune limitrophe.
En 1931, Lucien Vannier peut se payer une moto. Grâce à celle-ci, tous peuvent se rendre plus facilement dans leur famille du Loiret.
Trois ans plus tard, la maison d’une tante d’Orléans se libère. C’est l’occasion de rejoindre une partie de la famille restée dans cette ville. Lucien demande et obtient sa mutation ; il est affecté à l’entretien dans les ateliers d’Orléans-Les Aubrais. La famille emménage dans petit pavillon au 15, venelle de la Justice, une impasse adossée à la voie ferrée rejoignant Vierzon.
Jacky s’inscrit aux Jeunes Filles de France à 13 ans, elle va bientôt devenir une des plus jeunes responsables de leur section. En 1937, elle aide à la collecte alimentaire pour les familles des Républicains Espagnols. À 16 ans, elle devient secrétaire d’un des foyers des JFF. Elle travaille alors comme couturière. Lulu, son frère, est devenu coiffeur.
Après la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, Lucien Vannier n’est pas mobilisé parce que trop âgé pour combattre et travaillant dans une entreprise stratégique pour la Défense nationale (il ne doit pas changer de lieu ou de poste de travail).
Après l’interdiction du Parti communiste, la famille participe aux activités des organisations communistes clandestines, notamment en distribuant des tracts.
Après la « débâcle », au cours de l’été 1940, ils aident à s’évader des prisonniers de guerre français détenus à la caserne Dunois d’Orléans.
Sous l’occupation, avec d’autres cheminots, Lucien Vannier sabote les machines qu’il a la responsabilité d’entretenir et de réparer.
Le 2 ou 17 avril 1941, Jacky est arrêtée à Orléans à la suite d’une dénonciation. Jugée par un tribunal français, elle est condamnée à douze mois de prison et écrouée à la maison d’arrêt d’Orléans, à l’isolement (elle a 18 ans). À l’expiration de sa peine, elle n’est pas libérée, mais reste en détention sous le statut de l’internement administratif. Le 10 janvier 1942, elle est conduite par un policier en civil au camp français de Choisel à Châteaubriant (Loire-Atlantique). Elle est la dernière et la plus jeune à intégrer le groupe des “Bistouillardes”, auquel appartient déjà Marguerite, dite Margot, fille de Guy Camus, de Créteil. Par-delà les barbelés qui séparent les différentes sections du camp, Jacky se lie également d’amitié avec Rino Scolari (ami de Guy Moquet, fusillé comme otage communiste le 22 octobre 1942).Le 18 octobre 1940, Lucien Vannier est arrêté à son domicile par des Feldgendarmes et conduit  à la prison militaire du 14, rue Eugène-Vignat à Orléans, réquisitionnée par l’occupant, et dans laquelle sont rassemblés – enfermés à plusieurs par cellule – les dizaines d’hommes arrêtés ce jour-là et le lendemain, parmi lesquels Louis Breton, et dix autres Loirétains qui seront déportés avec lui… [1]
En haut à gauche, à côté de la gendarmerie, la maison d’arrêt. En bas à droite, en face de la caserne d’artillerie, la prison militaire. Ville d'Orléans. Plan général de la commune 1/2000e [en 14 feuilles], 1934, feuille n° 3 (1Fi154-5). Extrait.  © Orléans métropole, site internet, archives municipales et communautaires.

En haut à gauche, à côté de la gendarmerie, la maison d’arrêt. En bas à droite, en face de la caserne d’artillerie, la prison militaire.
Ville d’Orléans. Plan général de la commune 1/2000e [en 14 feuilles], 1934, feuille n° 3 (1Fi154-5). Extrait.
© Orléans métropole, site internet, archives municipales et communautaires.

Le vendredi 24 octobre à 8 h 45, Lucien Vannier est parmi les 41 détenus transférés en autocar – via Pithiviers, Fontainebleau, Melun et Crépy-en-Valois – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Arrivés à 15 h, les internés passent par l’anthropométrie et se voient retirer leurs papiers d’identité.
Après plusieurs mois d’internement, Lucien Vannier est conduit à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, réquisitionné par l’armée d’occupation, pour y être soigné des séquelles du gazage qu’il a subi au cours de la Grande Guerre.
Entre fin avril et fin juin 1942, Lucien Vannier est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 au petit matin, un détachement de Feldgendarmes vient chercher quelques détenus de Compiègne provenant de Royallieu et hospitalisés au Val-de-Grâce pour les conduire directement en gare de Compiègne, sur la commune de Margny, où ils les font embarquer en même temps que ceux provenant directement du camp de Royallieu. Tous sont entassés dans des wagons à bestiaux. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Robert Dubois, d’Orléans, laisse tomber un message du convoi, à la hauteur de Châlons, dans lequel il indique que Vannier est parti dans le même convoi, mais dans un autre wagon.

Ayant passé la nouvelle ligne frontière, le train s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée. Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée et annexée (Haute-Silésie). Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Lucien Vannier est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46173 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Lucien Vannier est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).

À la mi-août 1943, Lucien Vannier est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11 – la prison du camp – pour une “quarantaine”. Ce regroupement permet aux survivants de véritablement pouvoir se compter et de prendre acte de la disparition définitive de leurs camarades perdus de vue auparavant. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 - où se pratiquaient les expérimentations “médicales” sur des femmes détenues - et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage de la “quarantaine”. Au fond, le mur des fusillés. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 – où se pratiquaient les expérimentations “médicales” sur
des femmes détenues – et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage de la “quarantaine”.
Au fond, le mur des fusillés. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.

Le 3 août 1944, Lucien Vannier est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus dont vingt-neuf “45000” transférés au KL [2] Flossenbürg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août. Lucien Vannier y reçoit le matricule n° 19903. André Gaullier, d’Ormes, le deuxième Loirétain survivant, est également dans ce transport.

Le 29 octobre, tous deux sont parmi les onze “45000” transféré à Wansleben (Kommando de Buchenwald), une usine de potasse. Lucien Vannier y reçoit le matricule 9342.

Le 12 avril 1945, il est dans une des colonnes de détenus évacués de ce camp à marche forcée vers le Nord de Halle. Lucien Vannier est libéré le 14 ou 15 avril entre les villages de Quellendorf et Hinsdorf, avec neuf autres “45000”.

Pendant plusieurs semaines, Lucien se nourrit dans les fermes du voisinage. Finalement pris en charge par les Américains en même temps que d’autres anciens déportés de la colonne, le 23 ou 24 mai, ils sont rapatriés en France à l’hôtel Lutétia où ils arrivent le 27 mai 1945. Ayant déjà repris des forces, Lucien Vannier regagne très rapidement Orléans où il retrouve sa femme et sa fille.

Après avoir été transférée avec ses compagnes dans les centres d’internement d’Aincourt (11 mai 1942), de Gaillon, Eure (13 septembre 1942), et de la Lande à Monts, Indre-et-Loire (16 février 1943), Jacky s’est évadée seule – avec une aide extérieure – de ce dernier camp le 6 juin 1943 pour rejoindre la résistance dans la région de Châteauroux, puis dans un maquis du Morvan, et enfin à Paris, pour devenir finalement agent de liaison du colonel Rol Tanguy. Parmi les résistants, elle retrouve son ami du camp de Choisel, Rino Scolari, évadé du camp de Voves. Jacky participe aux combats de la Libération. Quelques jours après, épuisée par la vie clandestine et la fatigue des combats, elle perd l’enfant qu’elle attendait de Rino Scolari. Elle ne pourra jamais plus en avoir.

Au retour, Lucien Vannier témoigne de la disparition de Guy Camus auprès de l’épouse de celui-ci.

Pour les familles et les administrations, Lucien Vannier signe de nombreuses attestations dans lesquels il certifie le décès à Auschwitz de ses camarades loirétains, sans généralement pouvoir apporter beaucoup de précision sur les dates et les circonstances de leurs morts respectives, dont il n’a probablement pas été témoin.

Le cheminot d’Orléans reprend quelque temps son métier, le temps d’atteindre l’âge de la retraite. Ensuite, il monte avec sa femme s’installer à Malakoff (Hauts-de-Seine), dans un appartement proche de celui de sa fille et son gendre.

Lucien Vannier décède le 6 mai 1969, dans un hôpital de Paris 14e.

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[2] Les arrestations de la deuxième quinzaine d’octobre 1941 : entre le 17 et le 25 octobre, les “autorités d’occupation” organisent des vagues d’arrestations dans plusieurs départements de la zone occupée. Les fiches d’otages retrouvées des « 45000 » appréhendés à cette occasion indiquent que leur arrestation a été faite en application de l’ordre du commandant de la région militaire A, daté du 14 octobre 1941, accompagnant l’envoi aux Feldkommandant du “Code des otages”. Les départements concernés n’ayant été que très peu touchés (ou pas du tout) par la vague répressive/préventive de l’été 1941, il est probable que ces nouvelles arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. Tous les hommes appréhendés sont, en effet, transférés à Compiègne, entre le 19 et le 30 octobre 1941. Dans certains, ces arrestations frappent plusieurs dizaines d’hommes connus de la police française pour avoir été des adhérents ou militants communistes avant-guerre. Sept Orléanais arrêtés dans ces circonstances seront finalement déportés dans le convoi du 6 juillet 1942 : Marcel Boubou, Marcel Couillon, Robert Dubois, Henri Ferchaud, Raymond Gaudry et Joseph Llorens.

[3] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 346 et 347, 359, 365 et 422.
- Sylvie Levrel, petite-fille de Guy Camus, auteur de plusieurs pages très riches sur le site Généanet où l’on retrouve son grand-père, ainsi que Lucien Vannier, Jacky Vannier et les autres Bistouillardes. http://gw.geneanet.org/levrel?lang=fr&iz=407&m=NOTES&f=Margot_Bistouillardes
- Archives départementales du Loiret (AD 45), Orléans, site internet, archives en ligne : registres des naissances de Loudun 1888-1892 (9E 165/53), années 1891, acte n° 36 (vue 90/136) ; registres des matricules du recrutement militaire, bureau d’Orléans, classe 1911, 3e volume 1001-1500 (1R 75357), n° 1258 (vues 299-300/546).
- Archives départementales du Loiret Centre des archives modernes et contemporaines, cité administrative Coligny, Orléans : arrestations, civils condamnés par les autorités d’occupation, 1941-1944, noms de M à Z (109 W-20808) ; suspects, listes, rapports de police, correspondance, 1940-1943 (138 W-25854) ; Internements administratifs, listes, dossiers (138 W-25856), liste des internés de Compiègne depuis octobre 1941.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-04-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Antoine VANIN – 46171

JPEG - 77.3 ko
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Bruno, Antonio, Vanin naît le 11 ou le 12 avril 1920 à Cismond Del Grappa (Italie), fils d’Antonio Vanin, mineur, et de Catherine Fiorese, son épouse.

De 1911 à 1914, son père vient en France à Valleroy, dans le bassin de Briey (Meurthe-et-Moselle). Il repart probablement en Italie à la déclaration de guerre. Après son mariage le 9 décembre 1919 et la naissance en Italie de deux garçons – Antoine et son frère Bruno, né le 1er janvier 1922 – la famille s’installe en France à partir du mois d’avril suivant, d’abord pour quelques mois à Sainte-Foy (Savoie). Le 14 novembre de la même année, ils arrivent à Valleroy. Là naissent ensuite trois filles et un autre garçon. En 1931, le père est mineur et la famille habite au n° 105 de la cité des mines. En avril 1935, les parents sont naturalisés français.

Antoine Vanin passe avec succès le certificat d’études primaires. Il est naturalisé français

Il est mineur-machiniste à la mine de fer de Valleroy. Il est membre de la CGT.

Le 15 août 1938, Bruno Vanin part comme volontaire en Espagne républicaine. C’est là qu’il adhère au Parti communiste. Il sert dans la 12e Brigade internationale Garibaldi. Blessé, il rentre en France vers octobre 1938.

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Insigne de l’Association des volontaires pour l’Espagne républicaine, ayant appartenu à Christophe Le Meur. Produit entre la mi-1938 et la mi-1939. Coll. André Le Breton.

Insigne de l’Association des volontaires
pour l’Espagne républicaine,
ayant appartenu à Christophe Le Meur.
Produit entre la mi-1938 et la mi-1939.
Coll. André Le Breton.

La police française le considère comme un « communiste notoire ».Le 5 octobre 1940 à Auboué, il se marie avec Modestina Veronese. Ils ont un enfant. Au moment de son arrestation, il est domicilié au 153, cité de la mine, à Valleroy.

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Valleroy. Les cités des mines. Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

Valleroy. Les cités des mines.
Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

En 1941, Antoine Vanin entre en contact avec les groupes de résistance communiste d’Auboué. Le listes établies par la police française désignent alternativement Antoine et Bruno Vanin. S’agit-il du même homme, selon le prénom retenu ? A-t-elle fait une confusion entre les deux frères ayant des prénoms similaires ? Ont-ils été poursuivis parallèlement ?

À une date restant à préciser (le 4 septembre 1941, comme Louis Bresolin ?), le préfet de Meurthe-et-Moselle signe un arrêté ordonnant son internement administratif à la Maison d’arrêt de Briey à la suite d’une distribution de tracts communistes à Valleroy (il y est gardé quinze jours).

Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-sept mines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.

« Antonio » Vanin figure – n°51 – sur une « liste communiquée le 19 (février ?) au soir à la KK (Kreiskommandanturde Briey par le sous-préfet » et précisant la nationalité de 53 hommes.

Le 23 février, Antoine Vanin est arrêté comme otage par les « autorités d’occupation ». Le jour même, il fait partie des vingt-cinq otages transférés par la police allemande au centre de séjour surveillé d’Écrouves, près de Toul (54), en attente « d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne » ; ils y rejoignent quatorze autres otages arrivés la veille.

Et, effectivement, le 5 mars, Antoine Vanin est parmi les trente-neuf détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

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Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée. Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Antoine Vanin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46171 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, au cours duquel ils déclarent leur profession, ils sont envoyés aux travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Antoine Vanin est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).À la mi-août 1943, Antoine Vanin est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11, la prison du camp, pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

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Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées. Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées. Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.Le 3 août 1944, Antoine Vanin est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.Le 28 août, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus dont vingt-neuf “45000” transférés au KL [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] Flossenbürg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août (matr. n° 19899).

Le 23 mars 1945, Antoine Vanin est transféré au Kommando de Dresden (ateliers sur les voies ferrées). Il s’en évade le 18 avril ; les conditions de son rapatriement restent à préciser.

Antoine Vanin décède le 11 décembre 1973 à Codolet (Gard), âgé de 53 ans.

Notes :

[1] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, 346 et 347, 354, 359, 368 et 422.
- Notice in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières, CD-rom, version 1990-1997, citant : Arch. CRCEDHC, Moscou, 545/6.
- Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, p. 113, et liste page 349 : le seul prénom mentionné est « Bruno » (! ?) avec comme source les archives municipales de Valleroy.
- Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : cote W1304/23, 6M599 et WM 312 ; fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel et Jean-Marie Dusselier..

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 21-11-2022)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Fernand VANDENHOVE – 46170

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© Musée de l’Histoire Vivante, Montreuil.

© Musée de l’Histoire Vivante, Montreuil.

Fernand Vandenhove (parfois orthographié Van Den Hove) naît le 28 novembre 1894 à Paris 20e, chez ses parents, Louis Napoléon Vandenhove, 38 ans, cocher, et Augustine Senrasne, son épouse, 33 ans, journalière, domiciliés au 167 rue de Bagnolet (tous deux seront décédés au moment de l’arrestation de leur fils).

Fernand Vandenhove est mobilisé au cours de la Grande guerre, aux 133e, 371e et 171 régiments d’infanterie, de novembre 1914 à mai 1919, combattant en Alsace, aux Dardanelles contre les Turcs, en Bulgarie, engagé dans la retraite de Serbie (Florina, Monastir).

Le 8 janvier 1916, alors qu’il est au 371e RI, il est évacué de Salonique pour « paludisme, anémie profonde, dysenterie ». Le 12 octobre 1916, il est admis à l’hôpital militaire du Mont-Fleury à Cannes pour les mêmes motifs. Il en sort le 10 janvier 1917, bénéficiant d’une convalescence. Titulaire de la carte de combattant, il sera « pensionné des suites de maladie contractée ».

Le 15 novembre 1919 à Montreuil-sous-Bois [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis ), Fernand Vandenhove épouse Suzanne Villain, née le 15 décembre 1897 dans cette commune. Ils n’auront pas d’enfant.

En août 1920 et jusqu’au moment de son arrestation, le couple est domicilié dans un petit immeuble au 154, avenue du Président-Wilson à Montreuil.

Fernand Vandenhove est peut-être chauffeur de taxi pendant un temps.

À une date restant à préciser, il entre comme chauffeur au garage municipal de Montreuil (agent technique adjoint, sous-chef de garage).

Militant communiste, adhérent au Secours rouge international, il est secrétaire de la cellule des employés et chauffeurs du garage municipal. Selon la police, il est chargé du transport par autocar de membres du parti et de missions en province. À différentes reprises, il est le « chauffeur de confiance » de Jacques Duclos et de Benoît Frachon. Il est aussi gérant (et un des principaux rédacteurs ?) du périodique communiste La Voix de l’Est.

Il exerce également des responsabilités au syndicat CGT des cochers-chauffeurs.

Après septembre 1939, il fait partie de la direction du PC clandestin de Montreuil, avec André Bondu et deux autres de ses camarades : Auguste Gentelet (déporté à Buchenwald) et René Melin [2] (fusillé par l’armée allemande d’occupation en 1942).

Le 30 novembre, Fernand Vandenhove est licencié « par mesure de compression suppression d’emploi », selon sa propre déclaration. Le 25 mars 1940, il reçoit son ordre de mobilisation et rejoint le dépôt d’artillerie du fort de Charenton. Puis il est affecté à la 20e compagnie de travailleurs militaires qui participe à la retraite jusqu’à la Loire. Son frère à été fait prisonnier à Dunkerque le 20 mai 1940 et envoyé en Allemagne. Fernand Vandenhove est démobilisé le 15 août.

Au début de l’Occupation, il poursuit son activité militante. La police française (RG) le considère comme un « communiste notoire et très actif. Principal meneur de la propagande clandestine à Montreuil. Dangereux. »

Le 5 octobre 1940, Fernand Vandenhove est appréhendé lors de la grande vague d’arrestations organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Pétain contre des hommes connus avant guerre pour être des responsables communistes (élus, cadres du PC et de la CGT), en s’appuyant sur le décret du 18 novembre 1939 ; action menée avec l’accord de l’occupant. Fernand Vandenhove figure sur une liste annexe de vingt-et-un « syndicalistes et militants importants ». Après avoir été regroupés en différents lieux, 182 militants de la Seine sont conduits le jour-même en internement administratif au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Conçus à l’origine pour 150 malades, les locaux sont rapidement surpeuplés : en décembre 1940, on compte 524 présents.

Le 4 décembre, Fernand Vandenhove fait partie de la centaine d’internés « choisis parmi les plus dangereux » transférés par mesure préventive à la Maison centrale de Fontevraud-L’Abbaye [3], près de Saumur (Maine-et-Loire) ; leur transport s’effectue en car et sous escorte. Les détenus sont enfermés dans une grande salle commune de la Centrale. Ils apprennent que 70 communistes purgent une peine dans le secteur carcéral, parmi lesquels une vingtaine de jeunes.

    Fontevraud, l’ancien réfectoire des moines.     Carte postale des années 1900. Collection Mémoire Vive.

Fontevraud, l’ancien réfectoire des moines.
Carte postale des années 1900. Collection Mémoire Vive.

Le 20 janvier 1941, sans être informés de leur destination, la même centaine d’internés est conduite à la gare de Saumur où les attentent deux wagons de voyageurs à destination de Paris-Austerlitz. À leur arrivée, ils sont conduits à la gare de l’Est. Ils y rejoignent 69 autres militants communistes de la Seine en attente de transfert.

Ce nouveau convoi les amène à la gare de Clairvaux (Aube) d’où ils sont conduits – par rotation de vingt détenus dans un unique fourgon cellulaire – à la Maison centrale de Clairvaux. Une fois arrivés, la direction les contraint à échanger leurs vêtements civils contre la tenue carcérale, dont un tour de cou bleu (“cravate”) et un béret. Ceux qui refusent sont enfermés une nuit en cellule (“mitard”), tandis que la plupart sont assignés à des dortoirs. Rejoints par d’autres, ils sont bientôt 300 internés politiques.

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Ayant été mis en cause par un camarade arrêté pour avoir entraîné celui-ci dans la « reconstitution d’une ligue dissoute » – ce dont il se défend -, Fernand Vandenhove est inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 par le juge d’instruction Angéras et conduit à Paris – seul, semble-t-il (la date reste à vérifier…).

Le 26 avril, il assigné à comparaître avec douze autres inculpés montreuillois, dont René Melin, Jean Renard et Marceau Vergua, devant la 15e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine, dédiée aux mineurs, un inculpé de 15 ans étant présenté à l’audience. Fernand Vandenhove est condamné à deux mois de prison. Sa peine étant semble-t-il considérée comme déjà effectué, il est remis à la disposition de la police judiciaire le lendemain et consigné au Dépôt. Le 28 avril, il demande au préfet de police la possibilité de ne pas être renvoyé à Clairvaux pour raison de santé – il a notamment maigri de 15 kg – et de pouvoir retourner au camp d’Aincourt.

En attendant, il est placé en internement administratif à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), 14e division, cellule 5bis, « couchant par terre […] subissant le régime des droits communs ». Le 19 mai, il renouvelle sa demande de transfert en camp auprès du préfet de police.

Le 9 juin, le directeur de cabinet du préfet écrit au directeur de la prison pour demander l’avis du médecin-chef de l’établissement sur l’opportunité d’un transfert à Aincourt. Deux jours plus tard, celui-ci répond que le détenu est un ancien paludéen, avec dysenterie anubienne, titulaire pour ce motif d’une pension d’invalidité de 20 %, et conclue que son état général, médiocre, tirerait profit d’un tel changement de ses conditions de détention.

Le 15 août, Suzanne Vandenhove tente de transmettre clandestinement à son mari une lettre d’information politique sur la situation sur le front russe et en France. « Dans notre parloir trop court d’hier, je n’ai pas pu te donner de détails ; je te renouvelle ceux que je t’ai donné en vitesse. En U.R.S.S., les allemands avancent, mais à quel prix… ». Hitler pose plusieurs exigences à la France, dont « une plus grande production dans les usines ». « Moscou demande qu’on les aide par le sabotage, chose qui est faite, beaucoup de matériel sort des usines mais ils pourront compter celui qui arrivera ; à Ivry deux usines [ont] brûlé, nous attendons un beau feu d’artifice à la Maison Blanche, à Vincennes ». Or le parc de la Maison Blanche a été réquisitionné par l’armée allemande pour la réparation de ses véhicules militaires ; elle y entrepose également des pièces détachées et du carburant.

Considérée par la police française comme une « militante très active de l’organisation communiste clandestine – apologiste du sabotage en faveur de l’U.R.S.S. », Suzanne Vandenhove est internée administrativement trois jours plus tard – le 18 août – par arrêté du préfet de police et conduite à la prison pour femmes de la Petite-Roquette, à Paris 11e. Le 3 septembre, elle proteste auprès du préfet de police contre le régime de droit commun qui lui est appliqué. Le 16 septembre, elle est transférée au camp français de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure /Loire-Atlantique). Elle s’y trouve en octobre, quand sont fusillés les 27 otages communistes. Le 12 mai 1942, elle sera transférée à Aincourt, alors temporairement transformé en camp pour femmes.

En septembre 1941, Fernand Vandenhove fait partie d’un groupe d’internés administratifs de la Santé transférés au “centre d’internement administratif” (CIA) de Gaillon (Eure), un château Renaissance isolé sur un promontoire surplombant la Seine et transformé en centre de détention au 19e siècle, puis en caserne.

Le château de Gaillon. Les internés sont assignés au pavillon Colbert, le haut bâtiment transversal de l’arrière plan (qui a perdu sa toiture après la guerre). Carte postale envoyée en 1955. Collection Mémoire Vive.

Le château de Gaillon. Les internés sont assignés au pavillon Colbert,
le haut bâtiment transversal de l’arrière plan (qui a perdu sa toiture après la guerre).
Carte postale envoyée en 1955. Collection Mémoire Vive.

Fin octobre, Fernand Vandenhove écrit au préfet de police (?) pour lui demander d’être transféré au camp de Choisel à Châteaubriant afin d’y retrouver son épouse.En janvier 1942, à la suite de l’évasion du camp de Gaillon de deux militants, les visites sont supprimées et la réception de colis est réduite à deux par mois.Selon une note de la police (RG ?) datée du 18 février 1942, Fernand Vandenhove figure sur une liste de 43 « militants particulièrement convaincus, susceptibles de jouer un rôle important dans l’éventualité d’un mouvement insurrectionnel et pour lesquels le Parti semble décidé à tout mettre en œuvre afin de faciliter leur évasion », et qui sont pour la plupart internés au camp de Gaillon.Le 27 avril 1942, Fernand Vandenhove fait partie d’un groupe de détenus amenés en transit au dépôt de la préfecture de police de Paris (?). Le 4 mai, il fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir). Enregistré sous le matricule n° 321, il n’y reste que deux semaines.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943. © Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943.
© Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Le 20 mai, remis aux “autorités d’occupation” à leur demande, il fait partie d’un groupe de 28 détenus conduits par des gendarmes français au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Fernand Vandenhove est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Fernand Vandenhove est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46170, correspondant aux listes reconstituées et par comparaison de son portrait civil avec cette photo d’immatriculation (une des trois dernières retrouvées dans l’ordre croissant des matricules).

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Fernand Vandenhove se déclare alors de culte protestant (« evangelisch »). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage connu ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Fernand Vandenhove.

Il meurt à Auschwitz le 26 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).Son nom est inscrit sur le monument en forme de tombe érigé dans le cimetière communal de Levallois-Perret par la CGT « en hommage à ses camarades chauffeurs de taxis parisiens tombés dans les luttes pour l’émancipation des travailleurs, pour la liberté, pour la démocratie, pour la France, pour la République » (situé en vis-à-vis de la tombe de la communarde Louise Michel).

Cimetière de Levallois-Perret. Monument des chauffeurs de taxis parisiens CGT. © Mémoire Vive.

Cimetière de Levallois-Perret.
Monument des chauffeurs de taxis parisiens CGT. © Mémoire Vive.

Son nom figure sur la plaque commémorative apposée en mairie à la mémoire des élus et employés communaux morts pour la France de 1939 à 1945.

Dans grand hall de la mairie de Montreuil, à droite au pied de l’escalier. © Mémoire Vive.

Dans grand hall de la mairie de Montreuil, à droite au pied de l’escalier.
© Mémoire Vive.

Le nom de Fernand Vandenhove est également parmi les 58 inscrits sur la stèle commémorative apposée sur la façade du siège de la section du PCF, au 10, rue Victor-Hugo, afin de rendre « Honneurs aux communistes de Montreuil tombés pour une France libre forte et heureuse ».

© Mémoire Vive.

© Mémoire Vive.

Par décret paru au J.O. du 9 juillet 1946, Fernand Vandenhove, adjoint technique des travaux municipaux à Montreuil, reçoit la médaille d’honneur d’argent départementale et communale à titre posthume.

Il est homologué comme “Déporté politique” en 1953.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 23-06-2001).

Notes :

[1] Montreuil-sous-Bois : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] René Melin, né le 1er décembre 1908 à Montreuil-sous-Bois, vernisseur, domicilié au 140, rue du Moulin-à-vent à Montreuil, condamné à 3 ans de prison et 200 fr d’amende le 26 avril 1941, fusillé parmi 45 otages au Mont-Valérien le 21 septembre 1942.

[3] Fontevraud-L’Abbaye, souvent orthographié Fontevrault-L’Abbaye au 19e siècle.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 385 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice in 60e anniversaire du départ du convoi des 45000, brochure répertoriant les “45000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, page 31, citant : Daniel Tamanini, de la FNDIRP de Montreuil (lettre du 23-4-1989) – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 20e arrondissement à la date du 1-12-1894 (V4E 10676), acte n°4199 (vue 22/31) ; sur place, archives du Tribunal correctionnel de la Seine, jugement du samedi 26 avril 1941 (D1u6-3744).
- Nadia Ténine-Michel, Le camp d’Aincourt (Seine-et-Oise), 5 octobre 1940 – 15 septembre 1942, article in Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), sous la direction de Jean-Pierre Rioux, Antoine Prost et Jean-Pierre Azéma, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, novembre 1987.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, dossier individuel (1w157).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2373 et 2374), liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; carton “PC” n°VII, A.S. du 20 décembre 1940 sur le CSS d’Aincourt ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 1014-50201).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Dominique Ghelfi, Des Tourelles à Buchenwald (daté 1946) in Contre l’oubli, brochure éditée par la Ville de Villejuif, service municipal de l’information, à l’occasion d’une exposition en février 1996, page 59 à 62. D. Ghelfi, n’ayant pas été sélectionné pour le convoi du 6 juillet, a assisté au départ de ses camarades. Lui-même a été déporté à Buchenwald en janvier 1944 (rescapé).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 476 (25137/1942), « Hove van den ».
- Anne Kalasz, née Renaud, petite-cousine de Marceau Vergua par la mère de celui-ci, résultat de ses recherches généalogiques (messages 06-2016)..

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 21-02-2025)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Albert VALLETTE – (46169 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Albert, Daniel, Ernest, Vallette naît le 3 janvier 1905 à Blosseville[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][-sur-Mer] (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [1] – 76), chez ses parents, Daniel Vallette, 26 ans, maréchal-ferrand, et Marie Gand, 20 ans.

Le 23 janvier 1928, à Eslettes (76), Albert Vallette se marie avec Madeleine Lemonnier.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 12, rue Léon-Malandin, à Malaunay (76).

Il est ouvrier à L’Oyonnithe, usine produisant des matières plastiques et du celluloïd à Monville.

Il est adhérent à la CGT et au Parti communiste.

Le 4 août 1941, répondant à une note du préfet de Seine-Inférieure datée du 22 juillet, le commissaire principal de police spéciale de Rouen transmet à celui-ci une liste nominative de 159 militants et militantes communistes de son secteur dont il préconise de prononcer l’internement administratif dans un camp de séjour surveillé, tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et « par tous les moyens ». Parmi eux, Albert Vallette…

Le 21 octobre suivant, à 6 heures du matin, celui-ci est arrêté à son domicile par le commissaire Madelaine, appuyé par des gendarmes français, lors de la grande rafle des militants de Rouen et sa région [2].

Rouen. La caserne Hatry dans les années 1920. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Rouen. La caserne Hatry dans les années 1920. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Il est d’abord conduit à la caserne Hatry de Rouen, puis transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises.

Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Albert Vallette demande à Marcel Nouvian, qui rédige un message pour le jeter sur la voie, de faire prévenir son épouse que lui-même est également déporté.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Albert Vallette est enregistré à Auschwitz ; peut-être sous le numéro 46169, selon les listes reconstituées. La photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Albert Vallette est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

Il meurt au Revier [4] de Birkenau le 19 septembre 1942, d’après les registres du camp. Ce jour-là et le précédent, 146 des “45000” sont portés décédés ; probablement lors d’une “sélection” des malades et des inaptes “au travail”.

Le 20 juin 1945, Henri Peiffer (déporté 45956) qui le connaissait très bien et avec lequel il avait été interné dans la même chambre à Compiègne, écrit à son épouse : « Il est certain qu’il a eu une otite purulente. Il me l’explique plusieurs fois, il aurait fallu une intervention chirurgicale. Mais, hélas, il n’y avait ni médicaments ni chirurgien pour faire cette opération ; il fut mis dans le bloc des contagieux, d’où, vers le courant des jours qui vont du 8 au 15 décembre 1942, il fut emporté vers les fours crématoires, son décès étant intervenu vers ce moment que j’indique ! Madame, c’est tout ce que je puis vous dire au sujet de votre regretté époux. […] Votre mari est décédé à Birkenau près d’Auschwitz. »
Le 29 juin 1951, le ministère des anciens Combattants et victimes de guerre informe Madeleine Vallette de la décision d’attribuer le titre de Déporté Résistant à son marie.

Albert Vallette est déclaré “Mort pour la France”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 23-06-2001).

Son nom figure sur le monument aux Morts de Malaunay, et sa photo est apposée dans le carré militaire du cimetière de la commune, avec celle de Roland Duru, jeune militant communiste fusillé le 25 avril 1942 au Mont-Valérien.

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955, afin de situer sa position en aval sur le cours du fleuve.

[2] Le “brûlot de Rouen” et la rafle d’octobre 1941 : L’arrestation massive de plusieurs dizaines (*) de militants politiques et syndicaux – ou soupçonnés tels – a suivi de peu le déraillement d’un train de matériel militaire allemand sur la ligne Rouen-Le Havre, dans le tunnel de Pavilly, à 1500 m de la gare de Malaunay, le 19 octobre 1941 ; ce sabotage étant l’un des objectifs visés par le “brûlot” de Rouen (groupe mobile de la résistance communiste).

Néanmoins, les fiches d’otages des “45000” appréhendés dans cette période mentionnent que ces arrestations mettaient en application un ordre du Commandant de la région militaire “A”, daté du 14 octobre 1941. Ainsi, entre le 17 et le 25 octobre, il y eut le même type de rafles de “communistes” dans sept autres départements de la zone occupée. Il est probable que ces arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. En effet, tousles hommes appréhendés furent remis aux allemands qui les transférèrent à Compiègne entre le 19 et le 30 octobre 1941.

44 des otages arrêtés ces jours-là dans le secteur de Rouen furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942. Beaucoup furent fusillés au titre de représailles dans les semaines qui suivirent.

(*) 150 selon “30 ans de luttes“, brochure éditée en 1964 par la fédération du Parti Communiste de Seine-Maritime.

[3] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis – 93).

[4] Revier , selon Charlotte Delbo : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. ». In Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24. Le terme officiel est pourtant “hôpital” ; en allemandHäftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus ou Krakenbau (KB). Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 376 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Seine-Maritime (1999), citant : Liste établie par la CGT, p. 10 – Liste établie par Louis Eudier (45523), du Havre (2/1973) – Archives communales de Malaunay – Questionnaire rempli par J. Denise, un neveu (10/6/1992).
- Alain Alexandre et Stéphane Cauchois, Résistance(s), Rouen, sa région, la vallée du Cailly entre histoire et mémoire, 1940-1944, éditions L’écho des vagues, avril 2015, pages 23 et de 26 à 28.
- Alain Alexandre, messages de rectification et de complément (02-2019).
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’Hôtel du Département, cabinet du préfet 1940-1946 (cote à vérifier, 51 W …, recherches conduites avec Catherine Voranger.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1272 (31744/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 20-08-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Albert VALLET – (46168 ?)

Albert, René, Vallet naît le 24 janvier 1902 à Versailles (Seine-et-Oise / Yvelines) [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], fils de Joséphine Vallet, 23 ans, sans profession, domiciliée au 53, rue de l’Orangerie, et « de père non dénommé » ; il est présenté à l’officier d’état civil par la sage-femme. Sa mère le reconnaît à la mairie de Rouen le 4 mars suivant, mais, confié à l’Assistance Publique, il perd tout lien avec sa famille biologique.

Le 27 mars 1926 à Béthune (Pas-de-Calais), Albert Vallet se marie avec Cécile Hélène Nawrocka, fille d’un couple de polonais arrivés en France avant 1914, le père étant venu travailler comme mineur de charbon. Cécile parle français, mais ne sait pas l’écrire.

Albert et Cécile auront cinq enfants : d’abord Marcelle, née à le 17 mars 1927, Andrée, née le 22 février 1929, et Renée, née le 8 avril 1931, toutes les trois à Béthune ; puis Claude, né le 15 octobre 1933, et Ginette, née le 10 juin 1938, tous deux à Rouen (Seine-Inférieure / Seine-Maritime – 76) [2].

La famille Vallet. Droits réservés.

La famille Vallet. Droits réservés.

Albert Vallet est ouvrier peintre en bâtiment.

Membre du Parti communiste, il est gérant de L’Avenir Normand (ou du Prolétaire Normand ?).

À un moment restant à déterminer (juin 1934 ?), Albert Vallet participe à une action revendicative au sein de l’usine Bozel-Malétra de Petit-Quevilly (76), fabrique de produits chimiques et d’engrais, afin d’obtenir notamment que les ouvrières soient équipées de bottes en caoutchouc.

Après l’interdiction du Parti communiste, Albert Vallet est condamné à un mois de prison ferme pour un article du camarade Canton, publié dans son journal après la grève du 30 novembre 1938 et qui « prenait la défense des ouvriers chassés par le directeur d’une succursale du trust anglo-américain des pétroles ». C’est probablement alors qu’il attrape le croup (et/ou la gale) qu’il transmet à son retour à Ginette, sa nouvelle née. Celle-ci en décèdera le 28 mai 1940 à l’hôpital de la rue de Germont (actuel hôpital Charles Nicolle).

Fumant beaucoup, Albert Vallet a des problèmes de santé (estomac).

Au moment de son arrestation, Albert Vallet est domicilié au hameau des Vatis sur la commune de Saint-Jean-du-Cardonnay, 10 km au nord-ouest de Rouen, dans une petite maison individuelle avec jardin.

Dans la clandestinité – après l’interdiction du Parti communiste, puis sous l’Occupation -, Albert Vallet descend parfois au Houlme (76) avec son jeune fils Claude en passant à travers la forêt de Saint-Jean, par le chemin de l’Étrille : « Il distribuait des tracts discrètement dans les boîtes à lettres, puis il me déposait chez le coiffeur et partait vaquer à ses occupations. Ma mère n’était pas au courant de ce qu’il faisait, il ne lui disait rien. Ma sœur Marcelle [14 ans en 1941], qui était politisée, en savait plus que notre mère : elle savait qu’il participait à la Résistance. Je crois qu’il était copain avec Lecour, le marchand de vélos du Houlme » (probablement Marcel Lecour, secrétaire de la section de Maromme du PCF). Albert Vallet serait également en contact avec Raymond Duflo, secrétaire du syndicat CGT du gaz de Déville-lès-Rouen (qui sera fusillé au Madrillet le 31 janvier 1942).

Selon une attestation ultérieure de Germaine Pican, Albert Vallet a « été désigné pour assurer la liaison avec le groupe du Havre, auquel il [transmet] des renseignements et le matériel de propagande qui lui [sont] confiés par (…) André Pican, dirigeant départemental de l’action clandestine en Seine-Inférieure (…). Avec l’aide de Madame Cance, institutrice à Saint-Jean-de-Chardonnay, Albert Vallet [a] fait de son domicile un point de relais pour le passage des résistants et le dépôt du matériel à diffuser. »
Le 4 août 1941, répondant à une note du préfet de Seine-Inférieure datée du 22 juillet, le commissaire principal de police spéciale de Rouen transmet à celui-ci une liste nominative de 159 militants et militantes communistes de son secteur dont il préconise de prononcer l’internement administratif dans un camp de séjour surveillé, tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et « par tous les moyens ». Parmi eux, Albert Vallet…
Dans la nuit du 20 au 21 octobre 1941, celui-ci est arrêté à son domicile par deux gendarmes de la brigade du Houlme accompagnés de Feldgendarmes dans le cadre d’une vague d’arrestations ordonnée et supervisée par les autorités allemandes, puis conduit de Rouen, soit à la caserne Hatry soit à la prison Bonne Nouvelle, toutes deux réquisitionnées par les forces d’occupation [3].
Fin octobre, il est intégré à un groupe de détenus internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne [4] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est assigné au bâtiment A2, chambre 8.
Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Cécile Vallet ne trouve pas la possibilité d’aller visiter son mari à Compiègne, ne connaissant personne susceptible de la guider et ne sachant à qui confier leurs enfants.
Elle a alors un emploi à la Compagnie française des Métaux (« Le Plomb ») de Déville-lès-Rouen, conduisant un pont roulant en « faisant les quarts ». De retour chez elle, elle lave le linge de particuliers (faisant « des baquets »). Elle est à la tâche jour et nuit, entretenant le potager de son mari, soignant leurs animaux de basse-cour : lapins, volailles. Elle va travailler à Déville en vélo, ou à pied l’hiver, en entourant ses chaussures de lanières pour ne pas glisser. Un jour, elle est victime d’une fracture du crâne en descendant la côte de la Valette ; pendant son hospitalisation, des voisins de Saint-Jean-du-Cardonnay accueillent les quatre enfants à leur domicile.
Ceux-ci aident leur mère de leur mieux, allant effectuer des travaux à leur portée dans les fermes voisines. Claude Vallet (dix ans en octobre 1943) se souvient en particulier d’avoir travaillé à la récolte des betteraves et à celle du lin dans la grosse ferme Cabot de Saint-Jean-du-Cardonnay en échange d’« une pièce ».
En juin 1942, la direction du groupe de résistance du camp de Compiègne-Royallieu intègre Albert Vallet à l’équipe chargée du creusement du tunnel d’évasion, mais celui-ci ne fait pas partie du groupe des évadés [5].Le 17 juin, il adresse une dernière lettre à son épouse.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
TransportAquarelle
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Albert Vallet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46168, selon les listes reconstituée (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Albert Vallet.

Il meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942, alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à l’intérieur du camp au cours de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès (Sterbebücher) en deux jours, probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [6].

Le 10 janvier 1946, Robert Gaillard, de Petit-Quevilly (76), rescapé du convoi, rédige et signe sur papier libre une attestation certifiant qu’Albert Vallet « est décédé au camp d’Auschwitz vers le mois de novembre 1942 », sans autre précision. Le 15 novembre suivant, Louis Eudier, du Havre (76), autre rescapé du convoi, rédige et signe une attestation certifiant qu’Albert Vallet « est décédé au camp d’Auschwitz au mois de novembre 1942 ».

Le 6 novembre 1946, Cécile Vallet remplit un formulaire du ministère des anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) pour demander l’inscription de la mention “Mort pour la France” sur l’acte de décès d’un déporté politique. Elle-même complète la rubrique “motif et circonstances de l’arrestation” par « otage », et répond aux questions “appartenait-il à un réseau ?” par « parti communiste », et “lequel ?” par « PCF ». La direction départementale de Seine-inférieure des ACVG rend un avis favorable le 24 janvier 1947.

Le 16 décembre 1946, Cécile Vallet complète et signe un formulaire du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) pour demander la régularisation de l’état civil d’un “non-rentré”.

Le 18 mars 1947, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des ACVG dresse l’acte de décès officiel d’Albert Vallet « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (les témoignages de Gaillard et Eudier) et en fixant la date « en novembre 1942 ». Le 31 mars, l’acte de décès est transcrit sur les registres d”état civil de Saint-Jean-du-Cardonnay. Le 16 avril, la mention du décès est inscrite en marge de l’acte de naissance sur les registres d”état civil de Versailles.

Le 26 février 1948, Cécile Vallet complète un formulaire du ministère de la Défense nationale pour demander l’homologation de son mari dans la Résistance intérieure française (RIF) pour son appartenance au mouvement Front National [7] où il a exercé la fonction de « diffuseur de tracts ».

Le 29 décembre 1950, Cécile Vallet – en qualité de veuve – complète et signe un formulaire du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre (ACVG) pour demander l’attribution du titre de Déporté Résistant à son mari à titre posthume. À la rubrique V, “Renseignements relatifs à l’arrestation et l’exécution, l’internement ou la déportation”, elle inscrit « otage, suite affaire Barentin ». Elle joint à sa demande l’attestation rédigée et signée par Lucien Ducastel, de Petit-Quevilly, rescapé du convoi, qui certifie qu’Albert Vallet « malgré les privations et les tortures, (…) est resté un grand patriote, qu’il a bien mérité de la Patrie, [et qu’il] est mort pour la France », ainsi que le témoignage de Germaine Pican, de Maromme, rédigé cette occasion (cité plus haut).

Le 7 novembre 1951, un inspecteur de sûreté nationale des Renseignements généraux de Rouen transmet au directeur départemental des services de police un rapport réfutant l’activité clandestine d’Albert Vallet, « militant communiste notoirement connu » : « Son épouse (…) est incapable de citer un acte de résistance quelconque de la part de son mari. Les autorités locales de Saint-Jean-du-Cardonnay, qui ont parfaitement connu Vallet, ignorent également si ce dernier à pu faire un jour le moindre geste en faveur de la Résistance, sui, au moment de l’arrestation de Vallet, n’était pas encore rationnellement organisée. Vallet Albert fut donc arrêté uniquement pour ses opinions politiques, et non pour avoir appartenu à un groupement de résistants. D’autre part, il y a lieu de noter que l’arrestation de Vallet Albert a été opérée en même temps que celles des militants communistes qui a été faite par les allemands (sic !) dans la région rouennaise au cours de la nuit du 20 au 21 octobre 1944 (re-sic !). » Le 26 mars 1952, la commission nationale d’homologation de la Résistance intérieure française rend un avis défavorable, et, cinq jours plus tard, le secrétaire d’État à la guerre écrit à Madame Veuve Vallet pour l’informer que son mari n’a pas été homologué comme membre de la RIF.

Le 25 mai 1952, deux gendarmes du Houlme conduisent une enquête au cours de laquelle ils relèvent : « Monsieur Vallet n’habitait la commune que depuis peu de temps avant son arrestation. Il était peu connu et ne fréquentait que peu de personne dans la commune. » ; ce qui contredit l’affirmation de l’inspecteur des RG, huit mois plus tôt, même si le maire de Saint-Jean déclare (une nouvelle fois) : « Je ne l’ai jamais connu comme faisant partie d’un groupement de résistance. »

Le 15 janvier 1953, la commission départementale de Seine-Inférieure des internés et déportés de la résistance (DIR), estimant la “matérialité des actes de résistance invoqués” « insuffisamment établie » émet un avis défavorable à la demande du titre de déporté résistant. Le 8 janvier 1954, la commission nationale DIR reprend cet avis, suivie par le ministère qui prononce le rejet. De manière alors automatique, le dossier est soumis à l’avis de la Commission départementale de contrôle des déportés politiques qui rend un avis favorable le 19 janvier suivant. Le lendemain, le ministère établi l’acte portant la décision de refus du titre de DR (« Il résulte du dossier que l’intéressé ne remplit pas les conditions exigées par les dispositions combinées des articles R.286 & R.287 du Code des pensions »). Le 9 février, l’administration envoie la carte de déporté politique n° 1103.09130 à Cécile Vallet. Le 5 juillet 1955, la délégation interdépartementale lui verse le pécule dû aux ayants-cause.

Cécile Vallet décède le 17 juin 1986.La mention “Mort en déportation” est apposée sur  l’acte de décès d’Albert Vallée (J.O. du 23-06-2001).

En 2015, le conseil municipal de Saint-Jean-du-Cardonnay décide de donner le nom d’Albert Vallet à une résidence (lotissement pavillonnaire) nouvellement créé. Le samedi 5 septembre de la même année, la plaque est solennellement découverte par l’historien Alain Alexandre (voir sources) en présence de Claude Vallet et de sa famille, ainsi que du maire, Jacques Niel, et des conseillers départementaux Alice Largillet et Guillaume Coutey. À la suite du maire et d’Alain Alexandre, interviennent Jimmy Staelen, neveu de Léopold Duparc, et Pierre Jouvin, fils de Louis Jouvin, représentants Mémoire Vive.

© Catherine Voranger, petite-fille de Pierre Jouvin.

© Catherine Voranger, petite-fille de Pierre Jouvin.

Notes :

[1] Versailles : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[3] Le “brûlot de Rouen” et la rafle d’octobre 1941 : L’arrestation massive de plusieurs dizaines (*) de militants politiques et syndicaux – ou soupçonnés tels – a suivi de peu le déraillement d’un train de matériel militaire allemand sur la ligne Rouen-Le Havre, dans le tunnel de Pavilly, à 1500 m de la gare de Malaunay, le 19 octobre 1941 ; ce sabotage étant l’un des objectifs visés par le “brûlot” de Rouen (groupe mobile de la résistance communiste). Néanmoins, les fiches d’otages des “45000” appréhendés dans cette période mentionnent que ces arrestations mettaient en application un ordre du Commandant de la région militaire “A”, daté du 14 octobre 1941. Ainsi, entre le 17 et le 25 octobre, il y eut le même type de rafles de “communistes” dans sept autres départements de la zone occupée. Il est probable que ces arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. En effet, tous les hommes appréhendés furent remis aux allemands qui les transférèrent à Compiègne entre le 19 et le 30 octobre 1941. 44 des otages arrêtés ces jours-là dans le secteur de Rouen furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942. Beaucoup furent fusillés au titre de représailles dans les semaines qui suivirent.

(*) 150 selon “30 ans de luttes“, brochure éditée en 1964 par la fédération du Parti Communiste de Seine-Maritime.

[4] Le camp de Royallieu, sous contrôle militaire allemand, a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis ).

[5] Ce tunnel a permis l’évasion de 19 militants syndicalistes (dont Georges Cogniot et André Tollet) dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, peu avant la déportation des mille otages, le 6 juillet.

[6] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

[7] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 101, 150 et 153, 377 et 422.
- Claude Vallet, fils d’Albert, témoignage recueilli par Catherine Voranger (petite-fille de Louis Jouvin), le 9 septembre 2015.
- Alain Alexandre et Stéphane Cauchois, Résistance(s), Rouen, sa région, la vallée du Cailly entre histoire et mémoire, 1940-1944, éditions L’écho des vagues, avril 2015, pages 23 et de 26 à 29.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel (21 P 546 213), recherches de Ginette Petiot (09-2015).
- Archives départementales des Yvelines, site internet, archives en ligne : registre des naissances de Versailles pour l’année 1902 (2MIEC338), acte n° 68 (vue 14/198).
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’Hôtel du Département : cabinet du préfet 1940-1946 (cote à vérifier, 51w…), recherches conduites avec Catherine Voranger.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1272 (31378/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 8-05-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Marius VALLÉE – 46167

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Marius, Charlemagne, Vallée naît le 5 avril 1898 à Torcy-le-Grand (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] – 76), au domicile de ses parents, Louis Vallée, 42 ans, et Marie Pochon, son épouse, 41 ans, journaliers.
Marius Vallée commence à travailler comme ouvrier-boulanger.La Première Guerre mondiale est déclenchée début août 1914. Le 18 avril 1917, Marius Vallée est incorporé comme soldat de 2e classe au 54e régiment d’infanterie. Le 15 octobre suivant, il passe au 130e R.I., en ligne sur le Mont Cornillet, commune de Prosnes, à l’Est de Reims. Le 16 avril 1918, il passe au 142e R.I., décimé dans les combats du 31 mars au 11 avril et qui rejoint le sous-secteur Fabert, toujours sous les Monts de Champagne. Après le coup de main exécuté par les 9e et 10e compagnies du 3e bataillon le 11 juillet 1918 entre 18 h et 18 h 20, pour le « nettoyage » du réduit Bertram et de la tranchée Leopoldshohe, Marius Vallée figure comme blessé dans la liste des « pertes » de la 9e Cie (6 tués, 23 blessés, 2 disparus). Est-il évacué ou est-il maintenu en première ligne ? À une date restant à préciser, il est cité à l’ordre de son régiment (n° 81). Le 14 juin 1919, il est affecté à la deuxième section de Commis et Ouvriers militaires d’Administration (COA). Sa participation à la campagne contre l’Allemagne est comptabilisée jusqu’au 23 octobre 1919. Le 23 mai 1920, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.Le 18 octobre 1920, l’armée le classe “affecté spécial” dans la Réserve comme employé permanent de la Compagnie des chemins de fer de l’État (qui fusionnera au sein de la SNCF en 1938).
En février 1921, Marius Vallée habite seul au 8, rue Blanqui, à Sotteville-les-Rouen (76)Le 17 mars 1923, à Sotteville, Marius Vallée épouse (Marie) Thérèse Hache, née le 8 avril 1899 à Elétot (76). Ils n’auront pas d’enfant.

En 1927, le couple demeure au 159, rue de Paris, à Sotteville.

Marius Vallée est cheminot, aide-chaudronnier (n° agent SNCF : 44462) aux ateliers SNCF des Quatre-Mares à Sotteville où il répare les locomotives.

En 1931, son épouse est ouvrière de filature chez Bertel, rue Victor-Hugo.

De 1926 à 1931, Marius Vallée est secrétaire de la Maison du Peuple de Sotteville, au 323, rue de la République, que la police considère comme un « foyer communiste ». En 1932, il encore membre du conseil d’administration.

Le 22 mars 1932, le commissaire spécial de Rouen établit une notice individuelle à son nom, le désignant comme « militant et propagandiste du parti communiste et du syndicalisme unitaire (CGTU) […] ne semble pas être dangereux au point de vue national et ne paraît pas devoir être inscrit au carnet B ».

En 1938-1939, Marius Vallée est membre de la cellule de Saint-Étienne(-du-Rouvray)-Madrillet.

Après la grève nationale du 30 novembre 1938, lancée pour protester contre l’abandon des réformes du Front populaire, la direction de la filature Bertel – où a travaillé Thérèse Vallée – licencie tous les membres de la cellule d’entreprise du PC.

Au moment de son arrestation, Marius Vallée est domicilié au 27, rue Édison, à Sotteville.

En 1940, informé que celui-ci est un des principaux « meneurs » au sein des Ateliers des Quatre-Mares, avec Jodet et Roger Grelet, le commissaire de police de Sotteville-les-Rouen préconise son internement administratif.

Le 15 novembre de cette année, une perquisition à son domicile permet la découverte du texte des « hymnes communistes », L’Avant-Garde et L’Internationale, ainsi que du portrait encadré de Paul Vaillant-Couturier sur le marbre du buffet.

Le 4 août 1941, répondant à une note du préfet de Seine-Inférieure datée du 22 juillet, le commissaire principal de police spéciale de Rouen transmet à celui-ci une liste nominative de 159 militants et militantes communistes de son secteur dont il préconise de prononcer l’internement administratif dans un camp de séjour surveillé, tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et « par tous les moyens ». Parmi eux, Marius Vallée…

Le 24 octobre suivant, celui-ci est arrêté « sur l’ordre des autorités occupantes » en même temps que plusieurs cheminots de Sotteville (Henri Breton, François Pelletan, André Poirier…). Après l’attaque de la librairie allemande de Rouen. [2], il est désigné comme otage (fusillable ?).

Il est finalement finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 2035.

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Dès le lendemain de son arrestation, la direction des ateliers SNCF de Sotteville cesse de lui verser sa rémunération.

Le 19 avril 1942, Thérèse Vallée écrit au préfet de Seine-Inférieure afin de solliciter de sa « grande bienveillance » la libération de son mari, réfutant toute activité politique de celui-ci depuis 1931. Le 12 mai, le préfet interroge le commissaire de police de Sotteville-les-Rouen sur l’activité politique passée du cheminot, et celle qu’il pouvait déployer lors de son arrestation, et lui demande de lui « faire connaître [son] avis sur l’opportunité d’une intervention en sa faveur auprès des Autorités allemandes ». Le 16 mai 1942, l’officier de police répond : « Vallée Marius ne mérite donc pas qu’une intervention soit faite en sa faveur (…), car je serais trop certain de le retrouver sous peu dans les rangs communistes. »

Entre fin avril et fin juin 1942, Marius Vallée est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marius Vallée est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46167 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Blessé au pied lors d’un travail forcé, il subit une amputation au Block chirurgical.

À une date restant à préciser, Marius Vallée est admis au Block 20 (“contagieux”) – chambrée n° 6 – de l’hôpital d’Auschwitz-I.

Le Block 20 en 1962. © archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.

Le Block 20 en 1962. © archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.

Il meurt à Auschwitz le 26 septembre 1943, d’après un registre du camp.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts SNCF des ateliers des Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen, ainsi que sur une plaque commémorative de la SNCF dans l’Orne (61).

Son nom est également parmi ceux des 218 militant.e.s inscrit.e.s sur plusieurs plaques apposées dans la cour du siège de la fédération du PCF, 33 place du Général-de-Gaulle à Rouen, avec un extrait d’un poème de Paul Éluard (Enterrar y callar) : « Frères, nous tenons à vous. Nous voulons éterniser cette aurore qui partage votre tombe blanche et noire, l’espoir et le désespoir. », et sous une statue en haut-relief dont l’auteur reste à préciser.

Monument dédié aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre dans la cour du siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive (2014).

Monument dédié aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre dans la cour du siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive (2014).

Une des six plaques dédiées aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre, au siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive.

Une des six plaques dédiées aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre, au siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive.

Le 1er juin 1954, à Életot, sa veuve se remarie ; elle décèdera le 17 janvier 1987 à Maniquerville (76).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de Marius Vallée (J.O. du 23-06-2001).

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] L’attaque de la librairie allemande de Rouen, selon Albert Ouzoulias : « Le 28 novembre (1941), Lefebvre (Marc), un jeune cheminot breton qui travaille à Sotteville, lance une bombe dans la vitrine de la librairie allemande de Rouen, rue Jeanne-d’Arc ; l’engin a été confectionné avec un bout de tube de chaudière de locomotive du dépôt de Sotteville. » in Les Bataillons de la Jeunesse, 1967, p. 200. … ce qui explique la désignation comme otages de militants arrêtés dans ce secteur (la date du 26 novembre est aussi donnée).

[3] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp C est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis).

 

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie (2000), citant : Liste établie par Louis Eudier (45523), du Havre, 2/1973 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Archives départementales de la Seine-Maritime (AD 76), site internet, archives en ligne : registre des naissances de Torcy-le-Grand, année 1898 (4E 13459), acte n° 19 (vue 10/33) ; registre matricule du recrutement militaire, bureau de Rouen, classe 1918 (1 R 3457), matricule 2434.
- Ministère de la défense, site internet Mémoire des hommes, journal de marche et d’opération (JMO) du 142 R.I., 2 novembre 1917-17 mars 1919 (26 N 693/16), page 24 (vue 32/89).
- Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine : Archives restituées par la Russie, commissariat spécial de Rouen 1920-1940 (20010223/2, doc. 96-99).
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’hôtel du département : cabinet du préfet 1940-1946, individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels de Rob à Z (51 W 421), recherches conduites avec Catherine Voranger, petite-fille de Louis jouvin.
- Site du Groupe Archives Quatre-Mares (GAQM).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 1452-1453.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 23-12-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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