Marceau VERGUA – (46187 ?)

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Marceau Vergua. Collection du Musée de l’Histoire vivante, Montreuil.

Marceau Vergua.
Collection du Musée de l’Histoire vivante, Montreuil.

Marceau, Charles, Henri, Vergua naît le 7 août 1896 à Blois (Loir-et-Cher – 41), fils de Charles Vergua, 24 ans, jardinier, et d’Élisabeth Renaud, son épouse, 18 ans, journalière, domiciliés au 30, rue de la Butte (son patronyme est parfois orthographié de manière fantaisiste, y compris à l’état civil : « Wuarga », « Warga », « Vergat »…).

Petit ouvrier agricole pour différents patrons, le père de Marceau déménage souvent avec sa famille. Lors du recensement de 1896, et avant la naissance de son fils, il habite dans le quartier du Four à Chaux à Saint-Aignan(-sur-Cher – 41), au sud du département. En avril 1898, il est domicilié à Saint-Gervais(-la-Forêt – 41), près de Blois. Aîné de la famille, Marceau a un frère et deux sœurs :  Ismaël, né le 1er septembre 1898 à Mareuil-sur-Cher (41), village proche de Saint-Aignan où habitent les parents d’Élisabeth, des vignerons (le nouveau-né est déclaré à l’état civil par son grand-père maternel), France, née le 23 avril 1900, et Lucienne, née le 9 août 1901, toutes deux à Saint-Aignan où la famille est recensée en 1906, au 14, rue des Chèvres.

En février 1911, la famille est domiciliée à Montreuil-sous-Bois [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), au 10, sentier des Poiriers.

Le jeune Marceau Vergua commence à travailler comme boulanger.

Le 12 avril 1915, il est mobilisé comme soldat de 2e classe au 113e régiment d’infanterie. Le 9 juin, une fois ses “classes” effectuées, il passe à la 5e section de C.O.A (commis et ouvriers d’administration). Le 29 mars 1916, il réintègre le 113e R.I.

Le 27 mars 1916, bien qu’ayant – semble-t-il – été dispensé de service militaire en 1892 pour une blessure antérieure à la jambe droite, Charles, le père de famille, est mobilisé dans un service auxiliaire au « service des GVC, secteur B, section P, groupe 4, poste 3 » (“gardes-voies et communications” ?). Mais, quatre jours plus tard, il décède de maladie à l’hôpital militaire n° 245 à Corbeil (Seine-et-Oise).

Le 11 mars 1918, Marceau Vergua passe au 8e régiment d’infanterie coloniale. Il est « en Orient » à partir du 21 mai. Le 10 octobre suivant, il passe au 37e R.I.C. Le 1er juin 1919, il passe au 4e R.I.C., maintenu au service armé. En octobre 1921, la 4e commission de réforme de la Seine lui accorde un taux d’invalidité inférieur à 10 % pour séquelles de paludisme. Il sera membre de l’Association républicaine des Anciens combattants (ARAC).

Le 11 février 1922, à la mairie de Montreuil-sous-Bois, il épouse Anna Ricquebourg, née le 4 décembre 1892 à Wiencourt-l’Équipée (Somme), repasseuse, qui vit déjà sous son toit. Sa sœur France, habitant la maison familiale, est témoin à leur mariage. Marceau et Anna auront une fille.

Peu après, le couple est domicilié au 2, ruelle aux Loups, à Montreuil.

Le 21 juillet 1923, à la mairie de Montreuil, Marceau Vergua est témoin au mariage en secondes noces de sa mère, Élisabeth, avec Henri Bourdon, 45 ans, “journalier”, veuf lui aussi, qui habite déjà chez elle.

Marceau Vergua est un militant communiste. Pendant un temps, il est secrétaire du comité local du Secours Rouge International.

Il est gérant de la Maison du Peuple de Montreuil, sise au 100, rue de Paris, jusqu’en mars 1934 (il habite à cette adresse dès le 1er juillet 1926, probablement dans un logement de fonction).

Ensuite, jusqu’à son arrestation, il est domicilié au 35-bis, rue aux Loups – devenue rue Émile-Raynaud – à Montreuil, dans un pavillon lui appartenant.

C’est un militant communiste. Pendant un temps, il est secrétaire du comité local du Secours Rouge International.

En novembre 1934, il gère la Coopérative du Haut-Montreuil, et s’occupe de la société “L’Étoile de Montreuil”. De 1935 à septembre 1940, il est officiellement chef cantonnier à la mairie de Montreuil.

En mars 1939, il sollicite l’autorisation d’ouvrir un colombier de pigeons-voyageurs dans les dépendances de son pavillon. Adhérent à la société colombophile Le Message Montreuillois, il dispose de trois couples de pigeons non entraînés.

Le 3 décembre 1939, une perquisition effectuée à son domicile par les services du commissariat de Montreuil amène la découverte de sa carte du Parti, de nombreuses brochures et livres politiques (probablement datés d’avant l’interdiction de l’organisation).

Au début 1940, il serait encore gérant du restaurant de la Maison du Peuple, selon la police (à vérifier…).

Le 19 février, il serait affecté au dépôt d’infanterie coloniale n° 219.

Le 7 avril, une nouvelle perquisition à son domicile se révèle infructueuse.

Sous l’occupation, la police française le considère comme un « communiste très actif, (participant) à la propagande clandestine ». Dans cette période, il vivrait séparé de son épouse, laquelle n’habiterait plus sous le même toit.

Le 5 octobre 1940, Marceau Vergua est appréhendé par la police française lors de la grande vague d’arrestations organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Pétain contre des hommes connus avant guerre pour être des responsables communistes (élus, cadres du PC et de la CGT) ; action menée avec l’accord de l’occupant. Après avoir été regroupés en différents lieux, 182 militants de la Seine sont conduits le jour-même en internement administratif au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan, le pavillon qui fut transformé en camp d’internement. Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan, le pavillon qui fut transformé en camp d’internement.
Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Le 13 novembre, Julette J., de Montreuil, domiciliée au 14, rue du général-Galliéni, écrit à Jean-Pierre Ingrand, représentant le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Vichy,pour lui demander une autorisation de visite afin d’aller voir son « ami » Marceau Vergua. Le 16 novembre, elle écrit au préfet de Seine-et-Oise pour solliciter « la permission de voir nos maris, internés au camp sanatorium d’Aincourt (S.-et-O.), détenus politiques, desquels nous sommes séparées depuis deux mois ». Les suites de ces démarches sont inconnues.

Mais Marceau Vergua est probablement mis en cause par un camarade arrêté après lui, car est inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939.

Le 2 février 1941, Marceau Vergua est extrait du camp pour être conduit devant un juge d’instruction ; il est probablement écroué au dépôt de la préfecture ou à la Maison d’arrêt de la Santé à Paris 14e.

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Le 26 avril, Marceau Vergua est assigné à comparaître avec douze autres inculpés montreuillois, dont Jean Renard et Fernand Vandehove, devant la 15e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine, dédiée aux mineurs, un inculpé de 15 ans étant présenté à l’audience. Marceau Vergua est condamné à deux mois d’emprisonnement, peine probablement considérée comme ayant été effectuée au cours de sa détention préventive.

Il réintègre Aincourt le 28 avril…

Le 6 septembre, Marceau Vergua est parmi les 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci. Assigné à la baraque n° 10, il est désigné comme responsable de réfectoire.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 14 septembre, Juliette “Vergua” écrit à un « camarade » (non nommé) resté interné à Aincourt pour lui donner des nouvelles des transférés. Le service de censure de l’administration d’Aincourt intercepte cette correspondance à l’arrivée. Le 20 septembre, le commandant du camp communique ces courriers et leurs transcriptions au cabinet du préfet de Seine-et-Oise pour suggérer le laxisme avec lequel est géré le camp de Rouillé : « la population parvient à communiquer avec les détenus »

Le 22 mai 1942, Marceau Vergua fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marceau Vergua est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46187, selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage connu ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Marceau Vergua.

Il meurt à Auschwitz le 3 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Il est homologué comme “Déporté politique”.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Le nom de Marceau Vergua figure sur la plaque commémorative apposée en mairie à la mémoire des élus et employés communaux morts pour la France de 1939 à 1945.

Dans grand hall de la mairie de Montreuil, à droite au pied de l’escalier. © Mémoire Vive.

Dans grand hall de la mairie de Montreuil, à droite au pied de l’escalier.
© Mémoire Vive.

Son nom – dernier dans la colonne de droite – est également parmi les 58 inscrits sur la stèle commémorative apposée devant le siège de la section du PCF, au 10, rue Victor-Hugo, pour rendre « Honneurs aux communistes de Montreuil tombés pour une France libre forte et heureuse ».

© Mémoire Vive.

© Mémoire Vive.

Notes :

[1] Montreuil-sous-Bois : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

 

Sources :

– Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, tome 43, page 143.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection Mémoires, Paris 2005, pages 385 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour 60e anniversaire du départ du convoi des 45000, brochure répertoriant les “45000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, page 32, citant : FNDIRP de Montreuil, lettre de Daniel Tamanini (23-4-1989).
- Anne Kalasz, née Renaud, petite-cousine de Marceau Vergua par la mère de celui-ci ; résultat de ses recherches généalogiques (messages et relecture 06-2016).
- Site Mémoires des Hommes, ministère de la Défense, Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, fiche de Charles Vergua.
- Archives départementales du Loir-et-Cher (AD 41), archives en ligne ; registre des matricules militaires, bureau de Blois, classe 1892 (2 MI 48/R43), liste départementale du contingent, volume 4, n° 1501 à 2000, Charles Vergua, matricule 1893 (vue 1179/1319) ; recensements de population, commune de Saint-Aignan-sur-Cher 1886-1906 (2 MILN R225), année 1896 (vue 153/277), année 1906 (vue 236/277), mal orthographié « Warga ».
- Archives communales de Blois, site internet : registre des naissances de l’année 1896 (cote 2 E 46), acte n° 310 (vue 39/144).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : renseignements généraux, dossiers individuels (77 W 1455-16112).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt (1W71, 1W76), notice individuelle (1W157).
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, jugement du samedi 26 avril 1941 (D1u6-3744) ; registre des matricules militaires, classe 1916, 4e bureau de recrutement de la Seine, volume 3501-4000 (D4R1 1940), n° 3984.
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94), carton
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 180.
- Archives départementales de la Vienne, Poitiers : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1275 (34185/1942). “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 7-03-2025)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Gaston VERGNE – 46186

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Gaston, André, Vergne naît le 18 avril 1923 à Paris 12e, fils de Marcel Vergne, ébéniste, et de Suzanne Durand, giletière.

Mais le tribunal civil de la Seine prononce le divorce de ses parents sept mois et demi plus tard, le 1er décembre 1923, aux torts et griefs du mari : 25 janvier 1925 Gaston reste avec sa mère. À partir d’une date restant à préciser, ils habitent au 44, passage Montgallet (Paris 12e).

Après ses études, Gaston Verne devient ouvrier métallurgiste (serrurier-ferronnier ou “petite-main” serrurier). Selon le témoignage de sa sœur, il est responsable du mouvement des Jeunesses communistes (JC) de l’arrondissement.

Le 29 janvier 1939, vers 11 heures, trois cents personnes environ se rassemblent à proximité des éventaires des marchands de quatre-saisons de la rue d’Aligre et commencent à manifester en lançant des slogans en faveur de l‘Espagne républicaine, comme « Ouvrez les frontières ! », « Des canons, des avions pour l’Espagne ! ». La police municipale intervient aussitôt pour disperser les manifestants. Au cours de cette action, elle interpelle deux d’entre eux et les conduits au poste central du 12e arrondissement « en attendant le résultat des vérifications d’usage » : Gaston Vergne, alors domicilié chez ses parents au 37, rue de Reuilly, et Charles Schenkman, employé de 27 ans, ex-membre des JC.

Pendant l’occupation, Gaston Vergne maintient ses activités dans la clandestinité.

Le 16 septembre 1940, avenue Daumesnil, Gaston Vergne est surpris en flagrant délit par des agents de la police municipale en train d’inscrire sur les murs : « À bas les camps de travail ». Il est également trouvé porteur de 14 tracts clandestins. Amené au commissariat du quartier de Picpus, où il est interrogé, il reconnait les faits et déclare qu’il était accompagné par « Pradet ou Radet André, domicilié au 24 ou 34 rue de Picpus », où celui-ci n’est pas trouvé (« inconnu »). Il désigne ainsi probablement André Pradelles, habitant au 44, boulevard de Picpus ; mais celui-ci ne sera pas identifié et cette “défaillance” restera inconnue. Le registre de main courante indique qu’il a été appréhendé pour infraction au décret du 29 septembre 1939, mais aussi en application de l’ordonnance édictée par les autorités allemandes le 26 juin 1940. Puis il est conduit au dépôt de la préfecture de police, sur l’île de la Cité. Après son inculpation par un juge d’instruction, il est incarcéré à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), puis à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne), probablement au quartier des mineurs.

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L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 8 février 1941, la 15e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine, considérant son âge (17 ans au moment des faits) et estimant qu’il a agit sans discernement, prononce son acquittement. Ramené à la préfecture de police le lendemain, il est relaxé après avoir pris l’engagement écrit de cesser toute activité politique.

Il reprend néanmoins ses responsabilités à la JC clandestine du 12e arrondissement.

Mais appel du jugement a été interjeté (par le substitut du procureur de la République ? à vérifier…).

Le 9 avril, la Cour d’appel de Paris examine la situation des cinquante condamnés. Elle confirme l’acquittement de Gaston Vergne (alors assisté de Maître Viannet) et le remet « purement et simplement à [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][sa] famille ».

Le 1er novembre 1941, Gaston Vergne est arrêté au cimetière du Père-Lachaise lors d’un rassemblement des Jeunesses communistes allant fleurir la tombe de Paul Vaillant-Couturier (directeur de L’Humanité et député-maire communiste, décédé avant guerre) ; comme André Migdal et André Pradelles. Le jour même, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, en application de décret du 18 novembre 1939.

Le 10 novembre 1941, Gaston Vergne fait partie des 58 militants communistes transférés du dépôt au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne). Il y devient responsable clandestin à l’éducation. Il tente sans succès de s’évader.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 14 avril 1942, le préfet de police de Paris « fait savoir » au préfet de la Vienne « que les autorités allemandes viennent d’interdire le transfert dans un autre camp ou prison, sans leur autorisation expresse » de onze internés de Rouillé parmi lesquels figure Gaston Vergne.

Le 22 mai, celui-ci fait partie d’un groupe de 148 détenus (pour la plupart déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Dans la nuit de 23 au 24 juin, à 1 h 30, Gaston Vergne est blessé par des bombes qui tombent sur le camp (il y aura trois morts, dont au moins deux internés civils américains du camp B), mais ses blessures ne sont pas considérées comme suffisamment graves pour rayer son nom de la liste des futurs déportés.

Entre fin avril et fin juin 1942, Gaston Vergne est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Gaston Vergne jette sur la voie une lettre qui, postée par un cheminot, parviendra à ses proches.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Gaston Vergne est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46186 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; à cette occasion, Gaston Vergne se déclare sans religion (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Gaston Vergne est dans la moitié des membres du convoi qui reste dans ce camp en construction choisi pour mettre en œuvre la “solution finale” (contexte plus meurtrier).

Il est pris au Block 25, alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [2]).

Gaston Vergne meurt à Birkenau le 18 septembre 1942, d’après les registres du camp.

Déclaré “Mort pour la France”, il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Notes :

[1] Montrouge : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme « inaptes au travail » (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 101 et 102, 150 et 153, 372 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Dominique Vergne, sa sœur : réponse à un questionnaire (16-3-1987), acte de disparition, homologation comme sergent RIF, attestation d’appartenance au Front National) – Photocopie de photo prise à sa sortie de Fresnes (fév.1941) après la 1ère arrestation.
- Archives nationales : correspondance de la Chancellerie sur des procès pour propagande et activité communistes (BB18 7043).
- Archives de Paris : archives judiciaires, jugement du samedi 8 février 1941 (D1u6-3719).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374),  chemise “transfert des internés, correspondance 1942-1944” (BA 2377) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 1143-58929) ; registre de main courante du commissariat de quartier de Picpus 1939-1941 (CB 46 27), acte n° 1030.
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 179.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1275 (31468/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 22-06-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Joseph VERGER – (46185 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Joseph Verger naît le 20 octobre 1900 à Pont-sur-Yonne (Yonne), fils d’Ernest Verger, 25 ans, cultivateur, et d’Eugénie Déligand, 26 ans, domiciliés au lieu-dit Les Goûts ; les témoins de la déclaration sont deux membres de la famille dont Auguste Verger, 57 ans, cultivateur. En 1901, la famille compte trois autres enfants : René, 5 ans, Germain, 3 ans et Laure, 2 ans.

Joseph Verger commence à travailler comme cultivateur, probablement avec ses parents.

À compter du 15 mars 1920, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 167e régiment d’Infanterie à Toul (Meurthe-et-Moselle) afin d’y accomplir son service miliaire. Du 26 mai 1920 au 17 février 1922, il participe à l’occupation de l’Allemagne. À cette dernière date, il est envoyé dans la disponibilité.

En 1922, il entre à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) et est affecté à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne).

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Montereau. La gare. Carte postale non datée (années 1920 ?). Coll. Mémoire Vive.

Montereau. La gare. Carte postale non datée (années 1920 ?). Coll. Mémoire Vive.

Le 8 juin 1925 à Morlaix (Finistère), il se marie avec Marie-Louise Parc, née le 24 novembre 1899 dans cette commune. Ils auront trois enfants : deux garçons, âgés de 15 et 14 ans en janvier 1942, et une fille, alors âgée de 11 ans.

À partir de son mariage et jusqu’au moment de son arrestation, Joseph Verger est domicilié Chemin du halage de l’Yonne à Montereau, locataire d’une maison avec jardin, faisant cour voisine avec le propriétaire.

Joseph Verger – dit « Pousse-pousse » – est chef de train à la SNCF.

Il est secrétaire du syndicat unitaire (CGTU) des cheminots de Montereau.

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Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.  Collection Mémoire Vive.

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.
Collection Mémoire Vive.

Il est adhérent au Parti communiste en 1937 et 1938. Pendant un temps, il est secrétaire de la cellule des cheminots de Montereau, qui compte une quarantaine d’adhérents en 1938. À la fin novembre 1938, il semble qu’il soit en désaccord avec le mouvement national de grève lancé pour protester contre le démantèlement des acquis du Front populaire.

Le 28 janvier 1939, à la demande de la direction générale de la Sûreté nationale au ministère de l’intérieur, et après avoir consulté ses sous-préfets, le préfet de Seine-et-Marne transmet à celle-ci un long rapport sur « l’organisation et l’activité de chacun des partis extrémistes » de son département dans lequel sont répertoriées les cellules du parti communiste. Pour le secteur de Montereau, il indique que : « 15 cellules composent le secteur et comprennent environ 700 adhérents, à savoir : [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][…] 11° – Cellule Montereau-cheminots. – 40 membres. Secrétaire : M. VERGER Joseph […], président des réformés et anciens combattants communistes. » Dans le rapport préparatoire, le sous-préfet de Provins précise que la cellule est « en diminution de 10 unités de puis le début de décembre [1938, soit immédiatement après l’échec du mouvement national du 30 novembre] ».

Lors de la déclaration de guerre (3 septembre 1939), il est mobilisé comme “affecté spécial” sur son poste de travail.

Le 24 septembre 1939, en réponse à une directive du préfet, un brigadier du commissariat de police de Montereau transmet à celui-ci « les noms et adresses de ceux [membres du PCF] qui sont susceptibles d’obéir à un mot d’ordre » ; parmi les 23 hommes désignés, Joseph Verger, « affectation spéciale gare de Montereau, fascicule Z.I. » (mobilisé dans une entreprise en lien avec la défense nationale).

Joseph Verger est radié de l’affectation spéciale pour son engagement syndical et politique. Le 13 décembre 1939, il est envoyé dans un dépôt de guerre près de la frontière belge. Son unité fuit l’offensive allemande en suivant la frontière vers la mer. À Dunkerque, Joseph Verger parvient à embarquer pour l’Angleterre. Il rentre en France le lendemain (?), puis tout son régiment est fait prisonnier dans le Calvados. Le 1er août, Joseph Verger est libéré “en congé de captivité” pour être remis à la disposition de la SNCF (dans le cadre du « rappel des cheminots ») et retrouve son poste à Montereau.

En juin 1941, il est convoqué au commissariat spécial de Melun où on lui fait clairement savoir qu’on le soupçonne d’être le dirigeant d’un groupement clandestin de cheminots.

Le 4 septembre 1941, le commissaire de police de Montereau adresse un rapport au préfet de Seine-et-Marne, dans lequel il rapporte que : « Depuis la dissolution du Parti communiste, aucun fait de propagande n’a pu être relevé contre lui. Ses chefs de service entendus reconnaissent qu’il s’est beaucoup amendé et qu’il semble avoir abdiqué ses anciennes opinions politiques, car il s’abstient actuellement de toutes discussions sur ce sujet. Il est très difficile de savoir si l’on se trouve en présence d’un individu qui cache adroitement ses desseins et qui se livre à une propagande clandestine, ou si vraiment ses idées politiques se sont transformées. Une surveillance concernant son activité est extrêmement difficile à assurer en raison des fonctions qu’il assume à la SNCF. En qualité de chef de train, ses heures de servicesont très irrégulières et il est appelé de jours comme nuits [sic] à de nombreux déplacements. Il est certain que ces circonstances lui sont favorables s’il est exact qu’il se livre à une propagande communiste au sein de la SNCF ».

Le dimanche 19 octobre 1941, alors qu’il s’apprête à partir pour prendre son service, Joseph Verger est appréhendé à son domicile par plusieurs Feldgendarmes accompagnés d’un gendarme français dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département.

Joseph Verger est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”). Immatriculé sous le n° 1761, il est assigné au bâtiment A3.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne,
futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 25 février 1942, deux inspecteurs de police du commissariat spécial de Melun rendent compte de leur enquête au commissaire spécial, chef de service, indiquant que, dès le retour de captivité de Joseph Verger, « les divers services de police se sont appliqués à le suivre et à surveiller ses agissements. Tous sont unanimes pour dire [qu’il] avait abandonné ses sentiments politiques. Il fuyait ses anciens camarades du syndicat unitaire et se consacrait tout entier à son travail et à sa petite famille ». Dès lors, il leur semble que la requête de libération formulée par Madame Verger peut « recevoir un accueil favorable ».

Néanmoins, entre fin avril et fin juin 1942, Joseph Verger est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures et repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Joseph Verger est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46185 selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Joseph Verger.

Il meurt à Auschwitz le 2 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « pleuropneumonie » pour cause mensongère de sa mort.

Son nom est inscrit sur la plaque commémorative dédiée aux « victimes civiles 1939-1945 » ainsi que sur celle « aux patriotes monterelais arrêtés, déportés et morts dans les camps hitlériens », apposée sur la façade de la mairie de Montereau-Fault-Yonne.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 378 et 422.
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 1471-147.
- Archives départementales de l’Yonne, archives en ligne : état civil de Pont-sur-Yonne, registres des naissances 1899-1905 (5 Mi 1316/ 12 N), année 1900, acte n°20 (vue 23/87).
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations allemandes, secteur de Provins, dossier individuel (SC51231) ; notes (SC51241) ; fonctionnaires appartenant au PCF (SC51242).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrit, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1275.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de S à Z (26 p 843), acte n° 26916/1942.
- Site Mémorial GenWeb, 77-Montereau-Fault-Yonne, relevés de Stéphane Protois (07-2009).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 19-05-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Pierre VENDROUX – 46184

Paul (« Paulo »), Pierre, Vendroux naît le 10 novembre 1900 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire – 71), fils de Pierre Vendroux, 31 ans, forgeron, et de Marie Martazier, son épouse, 27 ans, sans profession, domiciliés au 6, rue de la Poudrière.

Le 15 mars 1920, Pierre Vendroux est incorporé comme conducteur de 2e classe au 8e escadron du train auto (140e bataillon), afin d’y accomplir son service militaire. Le 18 mai suivant, il passe au 18e escadron. Le 1er octobre, il passe au 121e escadron. Le 6 janvier 1921, il passe au 19e régiment de tirailleurs algériens. Parti dans les bataillons d’Afrique [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][?] – campagne « au Levant » comptabilisée du 20 janvier 1921 au 1er mars 1932 -, il connaît les compagnies disciplinaires. Il en revient tatoué [1] de la tête aux pieds, ce qui lui vaudra une certaine considération de la part des kapos et chefs de Block d’Auschwitz. Le 1er mars 1922, il est « envoyé dans la disponibilité », le certificat de bonne conduite lui étant refusé.

Le 17 septembre 1925 à Chalon-sur-Saône, Pierre Vendroux épouse Yvonne Groïss.

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Chalon-sur-Saône ; en mai 1931, il habite au 10, rue du Temple.

Pierre Vendroux est ajusteur électricien.

Le 25 septembre 1938, lors de la crise des Sudètes débouchant sur les accords de Munich livrant la Tchécoslovaquie à Hitler, il est rappelé à l’activité militaire et affecté au centre mobilisateur d’infanterie n° 82. Il est renvoyé dans ses foyers le 2 octobre suivant.

Le 24 août 1939, il est de nouveau mobilisé et rejoint deux jours plus tard le 82e régiment régional [?]. Le 18 novembre 1939, il est classé dans l’affectation spéciale aux établissements Vivi-Derousset à Chalon-sur-Saône pour une durée indéterminée. Au printemps 1940, il est rayé de l’affectation spéciale et affecté au dépôt d’infanterie 81, compagnie de passage spéciale.

Sous l’occupation – de juin 1940 à novembre 1942 -, Chalon-sur-Saône est sur la ligne de démarcation entre zone libre et zone occupée. Actif dans le réseau Gloria, Pierre Vendroux en assure le franchissement clandestin à des prisonniers français évadés des camps allemands.

Recherché par la police française de Chalon-sur-Saône, il réussit à se réfugier en zone libre. Le 7 avril 1941, son fils Louis est arrêté en même temps qu’Alfred Bierry pour avoir parcouru les rues de la ville en chantant L’Internationale.

Pierre (le père ?) Vendroux est interné du 11 avril au 11 juillet 1941 (???).

Le 5 juin 1941, l’Inspecteur principal de Police mobile B. transmet au Commissaire divisionnaire chef de la 11e Brigade de Police mobile à Dijon (Côte-d’Or – 21) une liste de 28 «  individus signalés comme militants de l’ex-parti communiste dans le département de Saône-et-Loire  ». Pierre Vendroux figure sur cette liste, ainsi que Louis Vendroux (son fils ?), Alphonse Mérot (45875) et Paul Girard (45606).

À une date restant à préciser, Pierre Vendroux jette une grenade contre l’hôpital allemand installé dans l’école de la rue de Bourgogne et contre le foyer des sous-officiers de l’armée allemande à Chalon-sur-Saône.

Le 22 février 1942, il est arrêté par les Allemands comme communiste (ce qu’il nie), peut-être à la suite d’attentats commis contre les troupes d’occupation à Chalon-sur-Saône et Montceau-les-Mines (voirJules Huon). Le commissaire Berthillier, auquel il est confronté, affirme, lui, cette appartenance au Parti communiste. Avec un statut restant à préciser (otage ?), Pierre Vendroux est écroué à la Maison d’arrêt de Beaune, probablement en secteur allemand.

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Beaune, la prison (à gauche) et le Palais de Justice dans 
les années 1900. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 25 mai, avec Léon Michaud, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Pierre Vendroux est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux 
du Mémorial de Margny-les-Compiègne, 
installés sur une voie de la gare de marchandise 
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Pierre Vendroux est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46184 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz. 
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Pierre Vendroux est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Il est affecté au Kommando Schlosserei, où les “45000” sont une quinzaine à la mi-avril 1943. Les détenus polonais l’appellent Pietreck (prénom correspondant à “Pierre”).

En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).

À la mi-août, Pierre Vendroux est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11, la prison du camp, pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

JPEG - 116 ko
Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres 
partiellement obstruées. Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Le 12 décembre, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blockset Kommandos d’origine.

Le 3 août 1944, Pierre Vendroux est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus, dont vingt-neuf “45000”, transférés au KL [2] Flossenbürg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août (matr. 19879).

À la mi-novembre 1944, Pierre Vendroux est transféré au KL Dachau (matr. 116400) avec Marius Zanzi. Ce camp est libéré par les troupes américaines le 29 avril 1945.

JPEG - 125.4 ko
L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation. 
Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945. 
Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

Rentré à Chalon-sur-Saône le 9 mai, Pierre Vendroux décide de punir lui-même son délateur et le blesse légèrement d’un coup de pistolet. Celui-ci ne dépose pas plainte devant la Justice, ce qui semble témoigner de sa réelle responsabilité.

Pierre Vendroux décède le 13 avril 1951 à Chalon-sur-Saône ; six ans après son retour. Il a 50 ans.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 89, 191 et 192 (citant Raymond Montégut), 346 à 348, 359, 370 et 422. 
- Alphonse Mérot, chronique de son cahier d’algèbre de Compiègne-Royallieu. 
– Archives départementales de Saône-et-Loire (AD 71), site internet du conseil général, archives en ligne ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement de Chalon-sur-Saône, classe 1920 (cote 1 R RM 1920/1), matricule n° 284.
- Archives départementales de la Côte-d’Or, Dijon, cote 1072 W, article 1. 
- André Jeannet, Mémorial de la Résistance en Saône-et-Loire : biographies des résistants, Éditions JPM, Cluny 2005, page 385-386, citant : entretien avec Gaston Rebillard – Enquête sur la déportation (?) – Rapport bob 4 fl3 H2/642 b. 
- État civil de la mairie de Chalon-sur-Saône (71), service des archives.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-09-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Tatouages : « Vendroux avait constaté, comme nous tous, que chefs de block, kapos et Vorarbeiter étaient des “verts” ou plutôt des “droit commun” et, comme la plupart de ceux-ci qui ont séjourné en prison, ils étaient tatoués. Lui qui avait connu, aux bataillons d’Afrique, les compagnies disciplinaires, était tatoué de la tête aux pieds.

Nous étions en plein mois d’août, la chaleur était grande ! Vendroux travaillait le torse nu, sa poitrine et ses bras étaient couverts d’images et d’inscriptions, têtes de femmes, d’animaux, trèfles à quatre feuilles, cœur transpercé d’un poignard, les trois points qui signifient “gueule de vache”, les inévitables inscriptions y étaient aussi : « À toi pour la vie », « Pas de chance » étaient les points de mire.

Ses tatouages attiraient les regards de tous ceux qui comme lui étaient tatoués et ils venaient contempler ses dessins de près. Kapos et chefs de block lui adressaient la parole, lui souriaient. Lui, répétait invariablement : « Marina Africa, Marina Africa… » (…). Il sut exploiter ses tatouages, (…) et il exploitera avec beaucoup de succès, les mots « Marina » et « Africa ». Pour tous ceux qui n’ont jamais vu la mer ou les océans, ces immensités sans terre sont sujets de rêves. »

Raymond Montégut, Arbeit Macht Frei, Ury-Recloses, Éditions du Paroy, 1973. (MO p. 315-316)

[2] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

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Raphaël VENANCE – 46183

[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

© Archives de l’Institut d’histoire sociale CGT de Seine-Maritime.

© Archives de l’Institut d’histoire sociale CGT de Seine-Maritime.

Raphaël, Étienne, Pézerel naît le 2 décembre 1901 à Honfleur (Calvados – 14), fils de Hyacinthe Pézérel, 32 ans, journalière (domiciliée rue Chassière-Saint-Léonard ?). Le 2 avril 1906, il est reconnu et légitimé par Raphaël, Edmond, Venance à l’occasion du mariage de ses parents.

Le 3 septembre 1927, au Havre (Seine-Maritime), Raphaël Venance se marie avec Suzanne Leber. Ils auront trois enfants, âgés respectivement de 13 ans, 11 ans et 9 ans en juillet 1942.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 2, rue Gustave-Lennier, au Havre (Seine-Maritime [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] – 76).

Raphaël Venance est docker-charbonnier sur le port et syndicaliste.

La police française ne lui connaît pas d’engagement politique.

Sous l’occupation, il est amené à travailler « pour le compte de l’armée allemande ».

Le 25 février 1942, alors qu’il traverse le quartier Saint-François, au Havre, pour se rendre à son travail, Raphaël Venance est arrêté lors d’une rafle organisée par l’armée allemande à la suite de l’attentat de la place de l’Arsenal [2].

En représailles, il y aura de nombreuses arrestations d’otages et vingt seront fusillés le 31 mars suivant [3].

D’abord détenu au Palais de Justice de Rouen, il semble qu’il soit transféré à la Maison d’arrêt jusqu’à la mi-mai.

À une date restant à préciser, Raphaël Venance est interné comme otage au camp allemand de Royallieu à Compiègne [4] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Raphaël Venance est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46183 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Raphaël Venance est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est assigné au Block 4.

Il meurt à Auschwitz le 25 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; « d’épuisement, après tant de sévices » selon Louis Eudier.

Déclaré “Mort pour la France”, il est homologué comme “Déporté politique”.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] L’action de la place de l’Arsenal et la rafle de février 1942 : « Le 23 février 1942, place de l’Arsenal au Havre, les jeunes des premiers “Bataillons de la Jeunesse” incorporés dans l’O.S., attaquent à la grenade un détachement de l’armée allemande. L’O.S. est l’Organisation Spéciale qui à partir de septembre 1940 est la structure militante chargée de la protection des colleurs d’affiches et des distributeurs de tracts, elle est devenue le premier cadre de la résistance armée. Il y a là Michel Muzard, Jean Hascouet et le groupe “Léon Lioust”. C’est une des premières attaques d’un détachement de l’armée allemande dans la France occupée. » Albert Ouzoulias,Les bataillons de la Jeunesse, Éditions Sociales, Paris 1967, p. 201, 202. Claude-Paul Couture désigne comme auteur de l’attentat « le groupe Chatel de la 2e Cie FTP », En Seine-Maritime de 1939 à 1945, CRDP de Rouen, 1986, p. 15.

[3] AVIS

De nouveau, un attentat a été commis au Havre contre l’armée allemande et cela contre une colonne en route. Jusqu’à présent, le coupable n’a pas été découvert. Si, dans un délai de douze jours, c’est-à-dire jusqu’au 6 mars 1942 à midi, le coupable n’est pas retrouvé, trente communistes et juifs, parmi lesquels le coupable doit être recherché, seront fusillés sur l’ordre du Militaerbefehlshaber in Frankreich. Pour éviter cette sanction, la population est invitée à coopérer de toutes ses forces à la recherche et à l’arrestation du coupable. Der Chef des Militaerbefehlshaber in Frankreich Von der Lippe, Generalleutnant

Le Journal de Rouen du 25 février 1942.

AVIS

Le 23 février 1942, au Havre, on a jeté un engin explosif sur une colonne de route de la Kriegsmarine. Deux soldats allemands ont été blessés. Jusqu’à aujourd’hui, malgré ma demande à la population havraise, les auteurs de cette attaque si lâche sont restés inconnus. En suite, le vom Frankreich a ordonné, comme je l’ai menacé l’autre jour, la fusillade de communistes et juifs – dont appartiennent les malfaiteurs – pour expier cette nouvelle attaque. La fusillade a été exécutée aujourd’hui. Saint-Germain-en-Laye, le 31 mars 1942 Der Chef des Militaerverwaltung Bezirkes A. Gez : Von der Lippe, Generalleutnant

Le Journal de Rouen des 4 et 5 avril 1942.

[4] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp C est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 376 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie, réalisée à Rouen en 2000, citant : Louis Eudier (45523), Notre combat de classe et de patriotes, 1934-1945, Le Havre, 1977, p. 21 – Claude-Paul Couture, chercheur, relate son arrestation dans son dossier « En Seine-Maritime, de 1939 à 1945 », CRDP de Rouen, 1986, p.15 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen – Acte de décès (25/10/1946).
- Archives départementales du Calvados, archives en ligne : état civil d’Honfleur N.M.D. année 1901 (4 E 16637), registre des naissances, acte n° 220 (vue 57/181).
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’hôtel du département : cabinet du préfet 1940-1946, individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels, cote 51 W 421 (de Rob à Z), recherches conduites avec Catherine Voranger, petite-fille de Louis jouvin.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 : relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1275 (25016/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 12-08-2020)

Cette notice biographique doit- être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Serge VEAU – (46182 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Serge, Raoul, Veau naît le 1er juillet 1904 à Saint-Loup-de-Naud (Seine-et-Marne – 77), fils de Siméon Veau, 25 ans, cantonnier, et d’Élise Fontarive, 19 ans. Lors du recensement de 1906, le foyer héberge un nourrisson, Suzanne Gouaille, née en 1905 à Paris.De la classe 1924, Serge Veau effectue son service militaire au 313e R.A. à Mayenne (Mayenne).

Serge Veau est mineur en argile. Pendant un temps, il travaille sur les chantiers des Établissements Pagot, au 8, rue de Rebais à Provins.

De 1937 à 1939, Serge Veau est un militant connu du Parti communiste. Aux côtés de Lucien Langlois, secrétaire, il est trésorier du comité de section du secteur de Ponthierry-Saint-Fargeau. Les réunions se tiennent à Ormes-sur-Voulzie, au domicile de Roger Benenson, député communiste de la circonscription de Provins (mai 1936) et conseiller général du canton (octobre 1937), fondateur du journal L’Information de Seine-et-Marne.

À une date restant à préciser, Serge Veau est élu conseiller municipal de Saint-Loup-de-Naud (77).

Le 19 février 1938 à Saint-Loup, il se marie avec Émilienne Derson, divorcée qui a trois garçons de son premier mariage, âgé respectivement âgés de 16, 13 et 6 ans en novembre 1941, les deux premiers étant restés avec son ex-mari.

Dès lors et jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 17, rue de Changis à Provins (77) ; pendant un temps, Serge Veau habiterait au 17, rue Courloison.

Il est mobilisé entre septembre 1939 et juillet 1940.

À partir du 13 janvier 1941, Serge Veau est employé comme ouvrier-glaisier par la Société d’Exploitation des argiles réfractaires de Provins à la carrière de Chalautre-la-Petite.

En février, le Tribunal correctionnel de Provins le condamne à un mois d’emprisonnement pour « vol et outrages à gendarmes » (?).

Le dimanche 19 octobre 1941, Serge Veau est appréhendé à son domicile dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département..

Serge Veau est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”), où il est immatriculé sous le matricule n° 1724.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le 28 novembre, la Feldkommandantur 680 de Melun adresse au chef du district militaire “A” à Saint-Germain-[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][en-Laye] une liste de 79 otages communistes seine-et-marnais pouvant être proposés pour une exécution de représailles, parmi lesquels Serge Veau.

Entre fin avril et fin juin 1942, celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Serge Veau est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46182, selon les listes reconstituées (la photo d’immatriculation correspondant à ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Serge Veau.

Il meurt à Auschwitz à une date inconnue [1] ; probablement avant la mi-mars 1943.

Après la guerre, à une date restant à préciser, le Conseil municipal de Saint-Loup-de-Naud donne le nom de Serge Veau à une rue du village. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil de France : Dans lesannées qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de Serge Veau, c’est le 25 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 127 et 128, 378 et 422.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, archives en ligne, état civil de Saint-Loup-de-Naud, registre l’année 1904, acte n°13 (66E439/10 1896-1907, vue 165/225) ; recensement de population du canton de Provins 1906 (10M428), vue 247/263.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations allemandes, secteur de Provins, dossier individuel (SC51231) ; notes (SC51241).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste d’otages, document allemand, cote XLIV-60.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 23-01-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Édouard VASSELIN – 46179

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Édouard, Gustave, Vasselin naît le 20 mars 1901 à Paris 12e arrondissement, fils de Gustave Vasselin, 21 ans, ébéniste, et d’Amélie Levaneur, son épouse, 19 ans, couturière, domiciliés au 266, rue du faubourg-Saint-Antoine.

Pendant un temps, Édouard Vasselin habite chez ses parents, alors domiciliés au 10, rue Guénot (Paris 11e). Il travaille d’abord comme menuisier. Plus tard, il sera désigné comme manœuvre.

Le 1er avril 1921, il est censé rejoindre le 120e régiment d’artillerie lourde afin d’y accomplir son service militaire, mais il est absent pour son incorporation. Il est possible qu’il soit en détention préventive pour un petit délit de droit commun. Le 19 mai suivant, le gouverneur militaire de Paris l’affecte au 3e bataillon d’infanterie légère d’Afrique (« Bat’ d’Af’ »). Il arrive au corps le 12 juin. Il est considéré comme étant au Maroc en guerre jusqu’au 21 juin. Il participe ensuite aux opérations menées par le groupe mobile de Meknès du 10 mai au 9 août 1922. Il est renvoyé dans ses foyers le 20 janvier 1924, le certificat de bonne conduite lui étant refusé.

Le 13 janvier 1932, la 13e chambre du tribunal correctionnel de la Seine le condamne à 15 jours de prison pour « outrages à agents ». En janvier 1934, il habite au 20, rue des Marais, à Montreuil-sous-Bois. Le 23 juin 1934, la 11e chambre correctionnelle le condamne par défaut à 25 francs d’amende pour infraction à la police des chemins de fer. Fin février 1935, il demeure au 19, rue Lebreton, à Bagnolet, et à la mi-novembre au 75, rue Pierre Curie.

Pendant la guerre d’Espagne, Édouard Vasselin s’engage dans les Brigades internationales pour défendre la République espagnole contre la rébellion du général Franco soutenue militairement par Hitler et Mussolini. Le 6 juillet 1937, sur une liste établie à la base des brigades internationales d’Albacete, il est inscrit parmi les volontaires rapatriés : parti le 9 juillet, Édouard Vasselin rentre chez lui pour « raisons de santé », bien qu’il conserve un « bon moral ».

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Insigne de l’Association des volontaires pour l’Espagne républicaine, ayant appartenu à Christophe Le Meur. Produit entre la mi-1938 et la mi-1939. Coll. André Le Breton.

Insigne de l’Association des volontaires
pour l’Espagne républicaine,
ayant appartenu à Christophe Le Meur.
Produit entre la mi-1938 et la mi-1939.
Coll. André Le Breton.


Le 10 janvier 1940, il est rappelé à l’activité militaire et affecté au dépôt d’infanterie n° 52. Le 23 février 1940, la commission de réforme de Bourges le réforme définitivement n° 2 pour « ostéophytes en console sur la face supérieure du col de l’astragale gauche formant butée et rendant impossible la flexion complète du pied ».

Au moment de son arrestation, Édouard Vasselin est domicilié au 75, rue Pierre-Curie, à Bagnolet [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis). Il est le compagnon de Reine Boils, née le 11 juin 1898, manutentionnaire [2].

Sous l’occupation,, la police française considère Édouard Vasselin comme un « meneur communiste très actif ».

Le 9 novembre 1940, le préfet de police de Paris signe un arrêté ordonnant son internement administratif. Édouard Vasselin est arrêté et conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois d’octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 8 mars, sur le formulaire de « Révision trimestrielle du dossier » d’Édouard Vasselin, à la rubrique « Avis sur l’éventualité d’une mesure de libération », le commissaire spécial, directeur du camp, émet un avis défavorable en s’appuyant sur le constat que cet interné « est resté communiste, son internement n’a modifié en rien les opinions » et malgré qu’il lui reconnaisse une « attitude correcte ».

Le 6 septembre, Édouard Vasselin est parmi les 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 9 février 1942, il est parmi les 52 “communistes” (dont 36 seront déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits par des Feldgendarmes à la gare de Poitiers. Enfermés dans deux wagons à bestiaux, ils sont transférés – via Paris – camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp vu depuis le mirador central.  Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”)  Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Le camp vu depuis le mirador central.
Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”)
Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Entre fin avril et fin juin 1942, Édouard Vasselin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Édouard Vasselin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46179 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Édouard Vasselin.Il meurt à Auschwitz le 6 août 1942, selon le registre d’appel (Staerkebuch) et l’acte de décès (Sterbebücher) établi par l’administration SS du camp ; quatre semaines après l’arrivée du convoi (la date du 5 août est inscrite à l’état civil français dès le 10 avril 1947). Il a 41 ans.

Une plaque commémorative a été apposée à son domicile à Bagnolet.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Notes :

[1] Bagnolet : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Reine Boils, déportée politique et rescapée (nom inconnu dans le Livre-Mémorial de la FMD ?)

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 354, 384 et 422.
- Jean-Pierre Gast, Bagnolet 1939-1940, éd. Folies d’encre, août 2004, liste « Résistants déportés » pages 282, 290.
- Archives de Paris : registres des matricules du recrutement militaire, classe 1921, 4e bureau de la Seine, volume 2001-2500 (D4R1 2279), n° 2194.
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : extrait du registre des naissances du 12e arrondissement à la date du 23 mars 1901 (V4E 9452), acte n° 977 (vue 13/31).
- Dossiers des brigades internationales dans les archives du Komintern, fonds du Centre russe pour la conservation des archives en histoire politique et sociale (RGASPI), Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), campus de l’Université de Paris X-Nanterre, microfilms acquis par la BDIC et l’AVER-ACER, bobines cotes Mfm 880/47 (545.2.112), 880/48 (545.2.290).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”,  (BA ?).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ;  révision trimestrielle (1w74), 1w76, notice individuelle (1w157 ).
- Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1273 (18341/1942).
- Site Les plaques commémoratives, sources de mémoire (aujourd’hui désactivé – nov. 2013).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 24-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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René VASNIER – 46181

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

René, Bernard, Raoul, Vasnier naît le 16 juin 1916, à Bayeux (Calvados – 14), chez ses parents, Charles Edmond Vasnier, 38 ans, monteur en téléphone, et Berthe Marie Henriette Cauvet, 41 ans, son épouse, domiciliés au 102, rue Saint-Loup, près de l’octroi. René restera fils unique…

En 1931, la famille habite toujours à cette adresse.

En 1936, le père de famille, âgé de 59 ans et ayant sans doute pris sa retraite d’agent des Postes et Télécommunications, s’est installé avec son épouse sur la commune de Fleury-sur-Orne d’où celle-ci est native (l’ancienne commune d’Allemagne, limitrophe de Caen, rebaptisée au cours de la Première guerre mondiale), au lieu-dit Mont Barbey. Âgé de 20 ans, leur fils René vit toujours avec eux. À la rubrique “Profession”, il est inscrit « Néant » pour chacun d’eux !

Au moment de son arrestation, René Vasnier est domicilié dans la petite commune de Cheux, 8 kilomètres au nord d’Évrecy et 12 kilomètres à l’ouest de Caen (14).

Le 3 mai 1942, il est arrêté comme otage communiste à la suite du déraillement d’un train de permissionnaires allemands à Moult-Argences (Airan) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]. Il est certainement parmi les détenus qui sont passés par le “petit lycée” de Caen avant d’être transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), Frontstalag 122 – Polizeihaftlager, le 4 ou le 9 mai.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, René Vasnier est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Vasnier est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46181 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, René Vasnier est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

Le 18 novembre 1942, il est présent au Block 1 de l’hôpital des détenus (Revier) [2] de Birkenau, où son nom est inscrit sur le registre d’administration des (rares) médicaments ; ce jour-là, il reçoit trois comprimés d’aspirine. Le 21 novembre, il reçoit deux comprimés de Pyramidon. Le 7 décembre, il reçoit 15 gouttes d’Anisine [3]. Son nom n’apparaît plus dans les pages suivantes de ce registre…

On ignore la date exacte de la mort de René Vasnier, probablement avant la mi-mars 1943 ; il a environ 26 ans.

Son père, Charles Edmond Vasnier, décède à Fleury-sur-Orne le 1er décembre 1942.

Le 20 mars 1947, par un jugement déclaratif officialisant la mort de René Vasnier, le tribunal civil de Caen « déclare constant le décès survenu entre le 7 mai 1942 et le 1er juillet 1946 ».

Le nom de René Vasnier est inscrit sur le Monument aux Morts de Fleury-sur-Orne, situé rue François Mitterand près de l’école Jean Goueslard.

Le 26 août 1987, à Caen, suite aux démarches de David Badache, rescapé caennais du convoi (matr. 46267), est inaugurée une stèle apposée par la municipalité sur la façade de l’ex-Petit Lycée, côté esplanade Jean-Marie Louvel, en hommage aux otages déportés le 6 juillet 1942.

Le nom de René Vasnier est inscrit en fin de liste sur la plaque commémorative dévoilée le 19 décembre 2008 sur le pignon de l’ex-Petit Lycée de Caen, côté avenue Albert Sorel, afin de rendre hommage à tous les otages calvadosiens déportés suite à la répression de mai 1942.

© Photo Mémoire Vive.

© Photo Mémoire Vive.

Notes :

[1] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.

Au soir du deuxième attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage.

Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet du Calvados ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht (Feldgendarmes).

Au total plus de la moitié des détenus de ce début mai sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste. Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités). Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.

Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).

Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés, au Mont-Valérien (Seine / Hauts-de-Seine) pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont encore fusillés à Caen.

La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).

[2] L’hôpital d’Auschwitz : en allemand Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”.
Mais les “31000” et Charlotte Delbo – qui ont connu l’hôpital de Birkenau – ont utilisé le terme “Revier” : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.

[3] Pyramidon : « médicament antinévralgique et antifébrile dérivé de l’antipyrine » (Larousse médical 1926). Anisine : médicament bactéricide.

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, notice par Claudine Cardon-Hamet page 125.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74 et 75, 361 et 422.
- Jean Quellien (1992), sur le site non officiel de Beaucoudray, peut-être extrait de son livre Résistance et sabotages en Normandie, paru aux éditions Corlet.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : H. Krakenbau Birkenau, Medikementen Verbrauch vom 1-11-42 bis…, photocopies (26 p 851).
- Site Mémorial GenWeb, Fleury-sur-Orne, relevé de Christophe Delassalle (10/2007).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-03-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Adolphe VASNIER – 46178

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Droits réservés.

Adolphe, Émile, Désiré, Vasnier naît le 17 août 1902 à Ouistreham (Calvados – 14), chez ses parents, Dominique  Désiré Vasnier, 39 ans, cultivateur (patron), et Aline Desliens, 30 ans, son épouse, domiciliés rue Carnot ; les témoins pour l’enregistrement du nouveau-né à l’état civil sont un instituteur et le garde-champêtre. À sa naissance, Adolphe a trois sœurs plus âgées : Marthe, 9 ans, Suzanne, 4 ans, et Madeleine 18 mois.

Selon André Montagne, alors qu’il est marin (service militaire ?), Adolphe Vasnier participe à une campagne d’exploration du Groenland sur le “Pourquoi pas ?” du commandant Charcot.

Le 5 octobre 1934, à Magny-le-Freule (14), Adolphe Vasnier se marie avec Yvonne Olympe Joséphine Panlou, née Duval le 24 avril 1904 à Lisieux (14). Il est père de deux enfants d’un premier mariage.

En 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, Adolphe Vasnier est domicilié au 42, rue du Vaugueux à Caen.

Adolphe Vasnier est métallurgiste (tourneur sur métaux) aux Établissements Allainguillaume, sur le bassin (?).

Dans la nuit du 1er au 2 mai 1942, il est arrêté par la police française ; il figure comme “communiste” sur une liste d’arrestations exigées par la Feldommandantur 723 de Caen à la suite du deuxième déraillement d’un train de permissionnaires allemands à Moult-Argences (Airan) [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]. Il est détenu à la Maison centrale de la Maladrerie à Caen, puis au “petit lycée” Malherbe.

Caen, la maison centrale de la Maladrerie dans les années 1900. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Caen, la maison centrale de la Maladrerie dans les années 1900.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, il fait partie du groupe de détenus transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Ils y arrivent le lendemain, 5 mai en soirée.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Entre fin avril et fin juin 1942, Adolphe Vasnier est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Adolphe Vasnier est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46178 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Adolphe Vasnier est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Il meurt le 15 mars 1943 sur son châlit à l’hôpital d’Auschwitz-I (Krakenbau), au Block 20, d’une tuberculose pulmonaire contactée au camp. André Montagne, qui vient d’être désigné comme infirmier et qui dort dans la même pièce, lui ferme les yeux, le déshabille et inscrit son numéro matricule sur sa poitrine au crayon (le tatouage systématique n’a pas encore pu être appliqué à tous les détenus).

Le 25 novembre 1951, Yvonne, sa veuve, se remarie à l’Aigle (Orne). Elle décède à Bayeux le 29 janvier 1986.

Le 26 août 1987, à Caen, à la demande de David Badache, rescapé caennais du convoi (matr. 46267), est inaugurée une stèle apposée par la municipalité sur la façade de l’ex-Petit Lycée, côté esplanade Jean-Marie Louvel, en hommage aux otages déportés le 6 juillet 1942.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Le nom d’Adolphe Vasnier est inscrit sur la plaque commémorative dévoilée le 19 décembre 2008 sur le pignon de l’ex-Petit Lycée de Caen, côté avenue Albert Sorel, afin de rendre hommage à tous les otages calvadosiens déportés suite à la répression de mai 1942.

© Photo Mémoire Vive.

© Photo Mémoire Vive.

Notes :

[1] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.

Au soir du deuxième attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage.

Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet du Calvados ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht (Feldgendarmes).

Au total plus de la moitié des détenus de ce début mai sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste. Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités). Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.

Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe de Caen, alors siège de la Feldkommandantur 723 (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).

Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés au Mont-Valérien, sur la commune de Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont encore fusillés à Caen.

La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’associationMémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, pages 70, 76, 125.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74 et 75, 362 et 422.
- Jean Quellien, Résistance et sabotages en Normandie, Le Maastricht-Chebourg déraille à Airan, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, réédition 2004, pages 130 (n° 56) et 138.
- Béatrice Poulle, conservateur aux Archives départementales du Calvados, Les cahiers de Mémoire : déportés du Calvados, textes publiés par le Conseil Général du Calvados, 1995, notes sur les souvenirs de Marcel Cimier, Les incompris, p. 93.
- Archives départementales du Calvados, archives en ligne : état civil de Ouistreham, registre des naissances 1896-1907 (AE 14256), année 1902, acte n° 26 (vue 205/294).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1273 (15324/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 7-06-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Alexandre VAROTEAUX – 46177

Alexandre, Louis, Varoteaux naît le 7 mars 1905 à Cuirieux (Aisne), fils de Louis Varoteaux, domestique de culture, et de Marie Collier, 27 ans,  son épouse.

Il a un frère, Moïse Pierre Varoteaux, né le 18 novembre 1910 à Cuirieux, qui deviendra boucher à Paris, habitant au 8 rue Saint-Honoré (Paris).

En 1927, Alexandre Varoteaux, domicilié au 54 cours de Vincennes (Paris 12e), est « employé du Métropolitain ».

Le 10 septembre 1927 à Clamart (Seine / Hauts-de-Seine), âgé de 22 ans, il se marie avec Fernande Marcelle Proust, 21 ans, née le 24 août 1906 à Marboué (Eure-et-Loir), femme de chambre, habitant jusque-là chez ses parents au 116 rue Marie Fichet à Clamart. Ils auront huit enfants, nés entre 1928 et le… 9 mai 1942.

Lors de la période de Front populaire, Alexandre Varoteaux se montre « un militant actif » du Parti communiste, selon la police, ne cachant pas ses « opinions révolutionnaires ».

Le 30 octobre 1936, il est employé du métro à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP – ancêtre de la RATP), chef surveillant à la station “Gambetta”, dont une des sorties débouche sur le trottoir entre l’avenue du Père Lachaise, conduisant à l’entrée haute du cimetière, et la rue des Pyrénées, face à la mairie du 20e arrondissement.

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La place Gambetta après guerre. Une des bouches de la station de métro s’ouvre sur le trottoir dont on aperçoit l’arrondit au sol à droite. Carte postale, collection Mémoire Vive.

La place Gambetta après guerre.
Une des bouches de la station de métro s’ouvre sur le trottoir dont on aperçoit l’arrondit au sol à droite.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Du début novembre 1936 jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée dans un immeuble d’habitations à bon marché (HBM) de la Ville de Paris au 102, boulevard Davout à Paris 20e, entre la rue Blanchart (aujourd’hui fermée à la circulation) et la rue Harpigny, occupant un logement de trois pièces avec cuisine.

Il n’est pas mobilisé à l’automne 1939, « en raison de sa situation de famille ».

En octobre 1941, la police française ne lui connaît aucune activité politique, mais remarque qu’il fréquente assidûment le café Sutter, situé 119 boulevard Davout, « qui serait signalé comme un centre communiste clandestin ». Le 24 octobre, une perquisition à son domicile n’amène la découverte d’aucun document « subversif ».

Le 28 avril 1942, Alexandre Varoteaux est appréhendé sur son lieu de travail – à la station de métro Gambetta – lors d’une vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, avec le concours de la police française, et visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les deux inspecteurs s’étant présentés à son domicile – d’où il était déjà parti pour aller travailler – effectuent une perquisition infructueuse avant de partir à sa recherche. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Alexandre Varoteaux y est enregistré sous le matricule n° 1232.

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La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Alexandre Varoteaux est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46177 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Alexandre Varoteaux se déclare alors comme « cheminot » (Eisenbahner). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau..

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Alexandre Varoteaux est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

Le 1er novembre 1942, dans la chambrée (Stube) n° 5 de l’infirmerie des détenus (Revier) de Birkenau (Block n° 8, en brique), il reçoit deux ampoules d’un médicament, le Cardiazol (?). Le 27 novembre, il reçoit 2 comprimés d’aspirine. Le 8 décembre, son nom y est encore inscrit sur un registre.

Alexandre Varoteaux meurt à Birkenau le 26 janvier 1943, d’après l’acte de décès du camp, qui indique pour cause – très probablement mensongère – de sa mort « pleuropneumonie ».

Le 25 octobre 1946, le ministère des Prisonniers et Déportés remet un “acte de disparition” à Fernande Varoteaux.

Après-guerre, Georges Gallot, rescapé du convoi, semble avoir attesté de sa disparition (à vérifier…).

En 1957, suite aux démarches de sa veuve, Alexandre Varoteaux se voit attribuer le titre de déporté politique.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, liste page 531.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (liste partielle du convoi établie par le Musée d’Auschwitz) – Témoignage de Georges Gallot (1973) – Mairie de Cuirieux – Mairie d’Ebouleau (02) où habitent des parents possibles (5-10-1993).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, (BA ?) ; dossier individuel au cabinet du préfet de police (1 W 34-24348).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau (Archiwum Państwowego Muzeum Auschwitz-Birkenau – APMAB), Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) : acte de décès à Auschwitz (3956/1943) et registre de délivrance de médicaments de l’infirmerie de Birkenau ; document complémentaire transmis par André Nouvian.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1273.
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen : dossier d’Alexandre Varoteaux (cote à préciser), recherches de Thomas Fontaine (message 09-2013).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-03-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

 

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