Jacques HIRTZ – (45663 ?)

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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Jacques, Eugène, Hirtz naît le 17 juillet 1918 à Paris 5e, chez ses parents, Samuel Hirtz, 33 ans, alors sculpteur sur bois, et Sophie Hirtz, son épouse, 29 ans, domiciliés au 32 boulevard Saint-Marcel. Jacques Hirtz est fils unique. N’appartenant à aucun culte, il se considérera comme aryen, bien qu’ayant deux grands-parents juifs.

Lors du recensement de 1926, la famille est domiciliée au 8, rue Sedaine (Paris 11e).

Après 1931 (?), celle-ci emménage dans un bel immeuble au 26 bis, rue Charles-Baudelaire à Paris 12e (face au square Trousseau). En 1932, le père est devenu employé de commerce. En 1936, il travaille pour les Établissements M. Meyer, sis au 30 rue Beaurepaire (Paris 10e), et son épouse est employée par la Maison M. Meyer (sic) au 60 rue de Cléry (Paris 2e). Plus tard (?), ils deviendront marchands de meubles.

La poursuite de ses études amène Jacques Hirtz jusqu’à une licence en Droit.

Le 30 décembre 1935, le bureau central et du personnel du Service d’exploitation des tabacs et allumettes, dépendant du ministère des Finances, écrit à la préfecture de police pour demander si rien ne s’oppose à l’inscription de Jacques Hirtz à un concours de recrutement du personnel de cette administration devant avoir lieu les 24 et 25 février suivants. Le rapport rendu par la direction des renseignements généraux le 27 janvier suivant répond que les renseignements recueilles sur son compte sont favorables.

Le 7 août 1936, le directeur régional des Postes et des télégraphes de Paris écrit à la préfecture de police pour demander de lui transmettre des renseignements sur Jacques Hirtz, qui sollicite un emploi de « surnuméraire » (sic) le 21 septembre précédent.

Puis, le jeune homme sollicite son inscription au concours de stagiaire au sein de la direction des contributions indirectes de la Seine devant avoir lieu les 8 et 9 mars 1937.

Selon une déclaration ultérieure à la police, Jacques Hirtz n’est pas adhérent du Parti communiste, ni à aucune autre organisation politique.

Il fait du camping au sein de l’Union des Amis de la Nature, ou groupement naturiste des Amis de la Nature, affilié à la FSGT. Au cours de parties de camping, il rencontre Victoria Doussavitzky, dite « Doussa », née le 6 décembre 1902 à Pétrograd (Russie). Fin 1937 début 1938, il rencontre également Andrée Parizel, née Suize le 10 janvier 1903 à Paris 3e, comptable à la société Carsol, sise au 4, rue Cheveau-Lagarde (Paris 8e), également membre des Amis de la Nature. Elle est connue de la police pour avoir été arrêtée le 10 septembre 1934, rue Warin, pour vente du journal L’Écho du Combat, organe de la cellule communiste du quartier. Elle était alors membre du 19e rayon de la région Paris-Ville du Parti communiste et de la 19e section du secours rouge international.

Avant-guerre, Jacques Hirtz entre comme comptable à la société Carsol, où travaille Andrée Parizel qui devient sa collègue. Pour s’y rendre, il utilise sans doute la ligne de métro n° 8, en la prenant à la station Ledru-Rollin pour en sortir à la Madeleine.

Le 4 novembre 1938, Jacques Hirtz est incorporé au 25e régiment de tirailleurs algériens afin d’y accomplir son service militaire (renonçant à un sursis datant probablement de son ancien statut d’étudiant). Le 6 décembre suivant, il est affecté au 26e régiment d’infanterie (R.I.). Le 3 mai 1939, il est nommé sergent « de réserve ». Le 1er septembre, la guerre est déclarée. Le 8 septembre, il est admis à l’hôpital de Lunéville, d’où il sort deux semaines plus tard, le 23 septembre, rejoignant le dépôt 204. Le 5 novembre, il passe au 26e R.I., mais, déclaré « inapte à faire campagne », il est affecté à la compagnie de passage du même dépôt. Le 10 février 1940, il passe au 133e régiment d’infanterie de forteresse, considéré dès lors comme étant « aux armées ». Le 1er mars suivant, il est affecté au 348e R.I. Suite à la défaite des armées françaises, l’armistice est signé le 22 juin. Le 13 septembre 1940, la commission de réforme de Clermont-Ferrand réforme temporairement n° 2 Jacques Hirtz pour « séquelles de fracture du gros orteil droit par balle, gêne notoire à la marche (extension douloureuse) ». Le lendemain, il est « renvoyé dans ses foyers ».

Il rentre à Paris, alors que ses parents restent réfugiés en zone libre aux environs de La Bourboule (Puy-de-Dôme).

Jacques Hirtz retrouve son emploi. Le midi, sa collègue Andrée Parizel, dont le mari est prisonnier de guerre en Allemagne et habitant alors le 19e arrondissement, vient souvent déjeuner chez lui.

Il reprend contact avec Doussa, notamment aux Cours Gardiner, sis au 19, boulevard Montmartre (Paris 2e), où il suit des cours de sténographie alors qu’elle y est professeure de langues étrangères.

Ayant sans doute appris qu’au moins une pièce de l’appartement des parents de Jacques Hirtz est disponible, Doussa lui demande d’héberger un ex-membre du Parti communiste « n’ayant plus aucune activité depuis la dissolution » et qui craint néanmoins d’être arrêté, une perquisition, sans résultat, ayant eu lieu à son domicile. Après quelques hésitations, Jacques Hirtz accepte. Fin septembre, le protégé de Doussa se présente chez lui sous l’identité de « Georges Renault »

[1]. Celui-ci partage les repas avec son hôte, payant sa cote-part, mais ne lui fait aucune confidence sur sa vie passée. Jacques Hirtz étant absent de chez lui toute la journée, il ignore si son pensionnaire reçoit des visites (par exemple, celle de Doussa). Il interroge d’ailleurs celle-ci pour savoir si l’identité qu’il lui a donnée est bien la sienne, ce qu’elle confirme.

Déjeunant souvent chez Jacques Hirtz, Andrée Parizel est amenée à y rencontrer « Georges », que son ami introduit ainsi : « Je te présente un ami qui doit partir prochainement en zone libre et qui prendra ses repas avec nous jusqu’à son départ ; ne m’en demande pas plus. » Andrée Parizel, qui connaît Doussa depuis leur participation commune aux Amis de la Nature, lui demande lorsqu’elle a l’occasion de la rencontrer : « Ne crains-tu pas que cela attire des ennuis à Jacques ? », et s’entend répondre : « Il n’y a pas de danger. » À une date inconnue, Andrée Parizel participe à une réunion d’anciens membres des Amis de la Nature au cours de laquelle lui est présentée Marguerite Mosca, née Subrini le 7 février 1903 à Ota (Corse). Celle-ci avait été arrêtée le 8 juin précédent dans l’imprimerie Rotophot, sise au 3 et 5, rue Marqfoy (Paris 10e), alors gérée par Marcel Billon et où elle était comptable. Ce jour-là, son patron était pris en flagrant délit d’impression de matériel de propagande communiste clandestine. Tous les employés avaient été envoyés au Dépôt et inculpés d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Mais Marguerite Subrini, écrouée ensuite à la prison pour femmes de la Petite Roquette, avait été mise en liberté provisoire le 10 juillet, puis relaxée le lendemain, faute de preuve.

À l’automne, « À la suite de nombreuses surveillances et filatures » (formule stéréotypée ; y a-t-il eu dénonciation ?), deux inspecteurs de la brigade spéciale anticommuniste des Renseignements généraux acquièrent la certitude qu’un individu se livrant à la propagande communiste clandestine loge chez Jacques Hirtz depuis fin septembre. Certains hommes placés en surveillance ne se montrent probablement pas assez discrets et sont repérés par leur proie…

Le jeudi 27 novembre, « Georges », « ne se sentant plus en sécurité », quitte son hôte sans le prévenir ni lui laisser un mot d’adieu.

Le même jour à 18 heures, Andrée Parizel se rend avec son enfant au domicile de Jacques Hirtz et en repart dix minutes plus tard. Puis elle revient à 21 h 45, en compagnie de Marguerite Subrini-Mosca, à la demande celle-ci, afin de vérifier si l’homme hébergé est toujours dans l’appartement. Andrée Parizel monte seule jusque chez son ami pour y trouver porte close et repart avec Marguerite Subrini-Mosca cinq minutes après.

La surveillance policière exercée pendant encore quelques jours aux abords du domicile de Jacques Hirtz ne permettant plus de déceler la présence du clandestin, les inspecteurs de la brigade spéciale décident d’arrêter Jacques Hirtz.

Le 2 décembre 1941, à 9 heures du matin, ils appréhendent le jeune comptable place de la Madeleine (Paris 8e), à proximité de son lieu de travail, où il se rend après avoir retrouvé sa collègue et amie Andrée Parizel. Les inspecteurs les ramènent dans les locaux de la brigade spéciale, à la préfecture de police.

Interrogé, Jacques Hirtz commence à expliquer aux policiers qu’il a connu « Georges Renault » au printemps 1940 alors que, mobilisés, ils étaient en cantonnement en Bourgogne. En septembre, celui-ci serait venu le trouver à son domicile en lui demandant de l’héberger parce qu’il arrivait de la zone libre et ne pouvait pas rentrer chez lui, dans la zone interdite. « Pressé de questions » (!) par les policiers, Jacques Hirtz finit par admettre qu’il hébergeait ce clandestin à la demande de Victoria Doussavitzky.

Les perquisitions opérées aux domiciles respectifs de Jacques Hirtz, Andrée Parizel et Victoria Doussavitzky ne permettent de trouver « aucun document intéressant l’instruction ».

Le 4 décembre, dans les locaux de la BS, lors des confrontations avec Jacques Hirtz puis Andrée Parizel, Victoria Doussavitzky nie absolument avoir sollicité un hébergement pour « Georges Renault » [2]. Et le lendemain, Marguerite Subrini-Mosca, nie avoir demandé si « Georges » était toujours chez Jacques Hirtz.

Jacques Hirtz est écroué au dépôt de la préfecture de police (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité). Le 5 décembre, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif.

Le 17 décembre, un cadre du bureau du préfet écrit en allemand au Commandant du Département de la Seine (état-major d’administration militaire – section politique), pour lui faire connaître que, conformément à ses instructions, il a pris un arrêté d’internement contre deux individus, Jacques Hirtz et julien Potier, au sujet desquels il joint « les renseignements d’usage ».

Le 3 janvier 1942, il fait partie d’un groupe de 50 détenus – 38 internés politiques et 12 “indésirables” (droit commun) – extraits du dépôt et transférés “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé (Vienne). Ils sont conduits en car, sous escorte, jusqu’à la gare d’Austerlitz où les attend un wagon de voyageurs réservé (10 compartiments ; départ 7 h 55 – arrivée 18 h 51).

En mars, un de ses proches sollicite sa libération, qui transite par le préfet de la Vienne… En avril, c’est le ministère de l’Intérieur qui souhaite connaître les raisons de la décisions prises à l’encontre de l’intéressé ainsi que l’avis du préfet de police sur l’opportunité d’une mesure de clémence.

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Jacques Hirtz est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45663, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp), et leur religion, Jacques Hirtz se déclarant Juif ou israélite (Mosaïch). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Jacques Hirtz.

Il meurt à Auschwitz le 30 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Le 19 janvier 1950, le ministère des anciens combattants et victimes de la guerre délivre aux parents de Jacques Hirtz un acte de disparition.

Jacques Hirtz est déclaré “Mort pour la France” et homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. 10-02-1994).

Notes :

1] « Georges Renault » est en fait Marius Magnien (1903-1952), rédacteur à L’Humanité avant-guerre, spécialiste de la politique d’Extrême-Orient. Vers 1926, Il aurait suivi les cours de l’École léniniste internationale à Moscou et il s’est marié à Valenton avec une femme née en Russie. En janvier 1943, il prendra la tête de l’association, devenue clandestine, des Amis de l’Union soviétique.

[2] Victoria Doussavitzky , internée à la caserne des Tourelles le 10 décembre 1941, sera déportée à Auschwitz le 22 juin 1942 par le convoi n° 03 au départ de Drancy.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 395.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Acte de décès du 21 décembre 1962, Mairie du 12e.
- Archives de Paris : registres du recrutement militaire, classe 1938, 4e bureau de la Seine, matricule n° 1693.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : carton “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; classeur inventaire BS1 ; dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 58-36807) ; dossier de la 1re brigade des renseignements généraux (dite « anticommuniste »), Affaire Hirtz (G B 62).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 98.
- Archives départementales de la Vienne, cote 109W75 (camp de Rouillé).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 452 (38153/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 20-05-2022)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

 

Paul HERVY – (45662 ?)

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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oswiecim, Pologne. 
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Paul, Charles, Hervy naît le 25 mars 1915 à Paris 11e (75), fils de Charles Hervy et de Marie Guilloux.

Au moment de son arrestation, Paul Hervy est domicilié au 72, avenue de Versailles à Créteil 

[1] (Val-de-Marne – 94).

Célibataire, il se déclare comme manœuvre.

Il est secrétaire de la section locale des Jeunesses communistes.

Le 1er juin 1940, Paul Hervy est arrêté pour distribution de tracts.

Inculpé de propagande communiste par un juge d’instruction du Tribunal de première instance de la Seine, il est écroué en détention préventive à la Maison d’arrêt de Fresnes (94) le 3 juin (n° d’écrou 5785).

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La maison d’arrêt de Fresnes après guerre. 
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Mais, le 26 juin, il est remis en liberté par les “autorités d’occupation” qui évacuent un quartier de la prison pour leur propre usage.

Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1940, vers quatre heures du matin, alors que Paul Hervy colle des affiches (tracts communistes), accompagné du jeune René Besse, de Créteil, ils sont surpris par une ronde de gendarmes de la brigade de Créteil (“flagrant délit”). Quand ils veulent s’enfuir, la chaîne du vélo de Paul Hervy casse : il est arrêté et conduit au commissariat de Créteil où il est durement interrogé.

Le 1er novembre, inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et placé sous mandat de dépôt, il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé à Paris 14e.

Le 18 novembre, la 12e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine le condamne à treize mois d’emprisonnement pour la première infraction (celle de juin).

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. 
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée. 
(montage photographique)
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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. 
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. 
(montage photographique)

Le mardi 9 janvier 1941, il comparaît devant la chambre des mineurs (15e) aux côtés de René Besse – accompagné de son père, responsable civil – et de René Lemoine. Paul Hervy est condamné à huit mois pour la deuxième infraction (celle d’octobre) ; peine confirmée en appel le 28 mai suivant. Le 5 avril 1941, il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes.

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La maison d’arrêt de Fresnes après guerre. 
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Bien que sa peine vienne à expiration le 5 février 1942, Paul Hervy n’est pas libéré : le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, ceci afin de respecter les consignes de l’armée d’occupation stipulant qu’aucun Français de sexe masculin arrêté pour activité anarchiste ou communiste ne pourra être libéré sans son accord.

Le 10 février, Paul Hervy est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

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Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan, 
le pavillon qui fut transformé en camp d’internement. 
Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Le 27 février, il prend connaissance de l’arrêté préfectoral qui le concerne et le signe.

Le 5 mai, il est transféré avec d’autres détenus au camp français de Voves (Eure-et-Loir – 28), où il ne passe que cinq jours (matricule 396).

Le 10 mai, il fait partie des 81 internés remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht(Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux 
du Mémorial de Margny-les-Compiègne, 
installés sur une voie de la gare de marchandise 
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Paul Hervy est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45662, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied à Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire – au cours duquel Paul Hervy se déclare sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

René Besse se rappelle avoir vu Paul Hervy à Birkenau : « ayant perdu ses lunettes, ne trouvant pas sa place au moment de l’appel », il est assommé par « un coup de crosse » donné par un gardien SS et laissé pour mort sur le sol. Au retour des Kommandos, il a disparu.

Pourtant, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp, Paul Hervy meurt à l’intérieur du complexe concentrationnaire d’Auschwitz le 4 novembre 1942 [2].

Le 28 septembre 1947, la municipalité de Créteil donne son nom à un square de la commune (dans lequel a été placé un polissoir datant de 5000 av. JC).

Son nom est également inscrit parmi les déportés sur le Monument aux morts de Créteil, avenue du maréchal de Lattre-de-Tassigny.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 4-01-1994).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 387 et 407. 
- Témoignage de René Besse, Limoges, janvier 2006. 
- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Les Éditions de l’Atelier/Les Éditions Ouvrières, 1990-1997 CD-Rom (citant : Arch. Com. Créteil, Livre d’or de la commune de Créteil, renseignement fourni par Françoise Wyss, archiviste). 
- Archives de Paris, archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941, cote D1u6-5851 ; rôle du greffe du 2 décembre 1940 au 25 février 1941, cote D1u6-5852 ; jugement du mardi 9 janvier 1941, cote D1u6-3705. 
- Archives Départementales du Val-de-Marne, dossiers individuels des détenus, cote 2Y5 753 : libérés par l’autorité allemande en juin 1940 (mandat de dépôt). 
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA 2374 (camps d’internement…). 
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1W76, 1W80, 1W123 (dossier individuel) ; recherches parallèles de Claude Delesque. 
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir. 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 446 (38780/1942). 
- Site Mémorial GenWeb, 94-Créteil, relevé de Dominique Robichon (2000-2002).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-06-2013)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Créteil : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Paul Hervy, c’est le 15 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Raymond HERVÉ – 45661

Raymond HERVÉ, photographie réalisée en studio. © Division des archives des victimes des conflits contemporains, ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives, Caen     Raymond HERVÉ, photographie réalisée en studio.     © Division des archives des victimes     des conflits contemporains,     ministère de la Défense,     direction des patrimoines     de la mémoire et des archives, Caen

Raymond HERVÉ, photographie réalisée en studio.
© Division des archives des victimes des conflits contemporains,
ministère de la Défense,
direction des patrimoines de la mémoire et des archives, Caen

Raymond Hervé naît le 22 juillet 1908 à Trélazé (Maine-et-Loire – 49), fils de Charles Hervé, facteur des Postes et Télégraphes, et de Claudine Neuder, son épouse. Il a un frère aîné, Lucien, né le 7 septembre 1906 à Trélazé.

À l’été 1930, Raymond Hervé habite au 103, rue des Haies à Paris 20e, avec sa future épouse, Adelphine Jeanne Marie Le Mené, née le 22 septembre 1919 à Saint-Pierre de Quiberon (Morbihan – 56). Leur première enfant, Raymonde, naît le 7 juin 1930 à Paris 20e. Ils reviennent à Trélazé, rue Jean-Jaurès.

Le 20 septembre 1930, à la mairie de Trélazé, Raymond Hervé, 22 ans, se marie avec Jeanne (« Jeannette ») Le Mené, 19 ans.

Ils auront trois autres enfants : Marcelle, née le 3 novembre 1932, Charles (« Charlot »), né le 12 mai 1937, et Jeanne (« Jeannette », elle aussi !), née le 12 décembre 1939.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 14, rue de Belgique à Lorient-Keryado (56).

Raymond Hervé travaille comme ouvrier plombier à l’usine à gaz de Lorient, appartenant alors à la Compagnie Industrielle d’Éclairage. Dans le quartier de la Nouvelle Ville, l’usine occupe un grand espace de 200 sur 100 mètres, clos par un haut mur entre les rues du Gaz (actuelle rue Raymond Pitet), Duguay-Trouin et Sainte-Marie (actuelle rue Lesage ou Le Sage)

[1]. Le site est dominé par deux hautes cheminées et trois gazomètres.

Lorient, l’usine à gaz, vue aérienne en janvier 1947. De nombreux bâtiments n’ont plus que leurs murs à la suite des bombardements. © Portail IGN, remonter le temps.

Lorient, l’usine à gaz, vue aérienne en janvier 1947.
À la suite des bombardement, de nombreux bâtiments n’ont plus de toiture.
© Portail IGN, remonter le temps.

Membre du parti communiste, Raymond Hervé est aussi militant de la CGT, secrétaire du Syndicat du Gaz de Lorient.

Sous l’occupation, contacté par Pierre Le Gal (?) et, peut-être, Louis Guigen, il rejoint l’organisation clandestine du Parti communiste en février 1941.

Le 5 août 1941, plusieurs employés de l’usine à gaz de Lorient, dont Raymond Hervé, signent une pétition protestant contre l’attitude du directeur de l’exploitation envers les ouvriers.

Une semaine plus tard, le 12 août, « suite aux entretiens verbaux [les ayant] réunis à la sous-préfecture », la direction de la Compagnie Industrielle d’Éclairage adresse au commissaire spécial de Lorient une lettre faisant état de sabotages commis dans l’usine à gaz. « Nous avons constaté, vendredi 8 août 1941, vers 15 heures 30, le fait suivant : le moteur de secours de la salle des machines a été mis hors d’état de fonctionner par un “bouclage” du circuit d’allumage, alors que ce moteur était à l’arrêt.  Nous tenons à vous signaler l’importance de la bonne marche de cette machine, qui doit être mise en route à la moindre alerte.Son arrêt fait entrer en pression les fours et la conduite allant des barillets à la salle des machines. Le gaz, n’ayant plus de passage, s’échappe par les fissures de la maçonnerie et par les joints des portes. Il prend feu au contact de l’air et, la nuit, la luminosité parfaite serait un admirable point de repère en cas d’attaques aériennes. D’autre part, dimanche 10, à 9 h 30 du matin, il a été constaté que le siphon d’aspiration a été noyé et, au moins depuis 6 h 30 le matin, l’aspiration du gaz ne se faisait plus. En dehors de la perte sèche en gaz, il est bien entendu que notre consommation en charbon prend des proportions considérables, alors que tous les organismes professionnels préconisent de grandes économies, auxquelles nous nous astreignons d’ailleurs chaque jour. Espérant que ceci puisse vous aider dans votre enquête… »

Le 13 août 1941, le préfet du Morbihan prend un arrêt d’internement administratif à l’encontre de Raymond Hervé. Le jour même, celui-ci est arrêté – pour la première fois – au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure / Loire-Atlantique).

Le 16 août, le préfet du Morbihan adresse une lettre au Ministre de l’Intérieur indiquant que l’attitude de Raymond Hervé était devenue de plus en plus arrogante depuis l’ouverture du conflit germano-russe, lui imputant deux sabotages « en raison de son action auprès de ses camarades ».

Le 23 septembre suivant, le préfet délégué du ministre de l’Intérieur prescrit au préfet de Loire-Inférieure de libérer Raymond Hervé. Trois jours plus tard, 26 septembre, ce cadre préfectoral signe l’arrêté rapportant la mesure d’internement : Raymond Hervé est libéré le 2 octobre.

Dix jours plus tard, le 12 octobre, il est de nouveau arrêté, à son domicile, par des Feldgendarmes et des policiers français et emprisonné à Lorient.

Le 31 octobre, à Vannes, il comparait devant le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 750 pour sabotage ou « manifestation anti-allemande » (?), avec trois de ses camarades. Le 3 novembre, ces derniers sont condamnés à quatre mois de prison et Raymond Hervé à cinq mois. Le 4 décembre, il est transféré depuis la Maison d’arrêt de Vannes à celle de Saint-Brieuc.

À l’expiration de sa peine, le 1er avril 1942, il n’est pas libéré. Maintenu en détention allemande, il est interné au camp de Royallieu à Compiègne (Oise) où il est enregistré le 4 avril ; matricule 3843, bâtiment A3, chambre 7, puis bât. 7, ch. 13 (lettre du 24 juin).

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 3 avril, il écrit à sa femme et lui conseille la prudence : « Me voilà libéré d’une prison pour entrer dans une autre. Je suis cette fois parti bien loin de vous ; me voilà maintenant interné dans un camp de concentration de Compiègne. (…) Fais attention à ce que tu écris. (…) Parle de moi souvent de moi aux gosses. » Il lui recommande de s’installer à Quiberon avec ses enfants pour y « être davantage en sûreté qu’à Lorient ».

Entre fin avril et fin juin 1942, Raymond Hervé est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Comme la plupart de ses camarades, Raymond Hervé jette depuis le convoi – à hauteur de Chalon-sur-Marne – un message qui parviendra à ses proches : « Tu sais, cela n’est pas très facile d’écrire dans un wagon à bestiaux. (…) Embrasse bien fort nos enfants pour moi, car maintenant je ne sais pas quand je pourrai le faire moi-même, hélas. Enfin, vivement que cette maudite guerre soit finie. »

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Raymond Hervé est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45661 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

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Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

 Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Raymond Hervé se déclare effectivement comme plombier (Klempner). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Raymond Hervé est probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En effet, à une date restant à préciser, il est admis au Block 20 de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.

Il meurt à Auschwitz le 23 septembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) et une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 445661 (ce local de regroupement temporaire des cadavres est situé au sous-sol du Block 28) ; la cause indiquée pour sa mort est « Érésipèle consécutif au typhus » ([Wund]rose nach Fleckfieber).

(Raymond Hervé est le seul “45000” domicilié dans le Morbihan)

Après son arrestation et suivant son conseil, son épouse quitte Lorient et trouve refuge avec leurs enfants au bourg de Landaul (Morbihan). Elle s’adresse en vain aux autorités françaises et à la Croix-Rouge pour obtenir de ses nouvelles.

Son frère, Lucien, infirmier à l’hôpital Bichat, 170 boulevard Ney (Paris 18e), est entré dans la Résistance en 1942 au maquis “Félicité”, dépendant du maquis “Surcouf” de Pont-Audemer (Eure). Arrêté, affreusement torturé, il a été fusillé à La Noë-Poulain le 24 août 1944 avec deux de ses camarades.

Le 6 juin 1945, Lucien Penner, de Vanves, écrit à une proche qu’ « à la date du 13 août 1943, ce camarade n’était plus parmi les survivants, puisque sa femme n’a jamais reçu de nouvelles ; d’autre part, parmi mes camarades, aucun ne se rappelle de lui. » Trois semaines plus tard – par l’intermédiaire d’une veuve de fusillé, peut-être Marguerite Corringer, une “31000” – Henri Hannhart, d’Alfortville, qui l’a connu, témoigne également de sa disparition.

En septembre 1945, Raymonde Hervé, veuve de Lucien, alors domiciliée au 13 rue Martin-Levasseur à Saint-Ouen (Seine), remplit un premier formulaire de « demande de renseignements » concernant son beau-frère Raymond. Elle y mentionne le départ de celui-ci vers Auschwitz le 6 juillet 1942.

Le 6 avril 1946, Camille Nivault, rescapé, domicilié à Paris 18e, rédige sur papier libre un certificat par lequel il déclare (selon son estimation) que Raymond Hervé, « déporté au camp d’Auschwitz à la date du 6 juillet 1942 est décédé à ce camp en octobre 1942 ».

Le 12 mai 1946, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) dresse l’acte de décès officiel de Raymond Hervé « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » – probablement l’attestation de Camille Nivault – le fonctionnaire fixant la date au mi-temps du mois déclaré, soit le 15 octobre 1942.

À une date restant à préciser, Raymond Hervé est déclaré “Mort pour la France”.

Le 14 janvier 1952, Jeanne Hervé – en qualité « d’épouse » – complète et signe un formulaire du ministère des ACVG pour demander l’attribution du titre de Déporté politique à son mari à titre posthume. À la rubrique IV-A, « Renseignements relatifs à l’arrestation et l’exécution, l’internement ou la déportation », elle inscrit par deux fois « Manifestation anti-allemande ». Le 12 mai 1952, après avis favorable de la commission départementale, le ministère décide l’attribution du titre de déporté résistant à Raymond Hervé. Le 10 juin, l’administration envoie la carte DP n° 1105.01046 à sa veuve, alors domiciliée au 5, cité Léo Le Borgne à Lorient.

Le 23 juillet 1952, ayant reçu – depuis juin 1946 ! – une copie de l’acte de décès établi à Auschwitz, le ministère des ACVG fait rétablir la date exacte par rectification de la mention en marge des actes d’état civil.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de Raymond Hervé (J.O. du 4-01-1994).

Après la guerre le conseil municipal de Lorient donne son nom à une rue de la ville.

Les archives du commissariat spécial de Lorient ont disparu lors de la destruction quasi totale de la ville avant sa libération.

Notes :

[1] L’usine à gaz de Lorient : à son emplacement en 2021, est installé le groupe scolaire public de la Nouvelle Ville ; du côté de la rue Pillet, dans le parking réservé au personnel, deux socles de gazomètres ont été conservés, et, au n° 39 rue Duguay-Trouin, la maison du gardien (?) existe encore.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 14, 369 et 407.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Bretagne (2002), citant : lettres de sa veuve (1972) et de sa fille, Marcelle Moisan (2-11/ 1991), qui fournissent plusieurs photocopies de documents de l’époque : certificat de présence à Châteaubriant (18 août 1941) et à Compiègne (avril 1942) ; lettre de Compiègne ; lettre jetée du convoi et datée de Châlons-sur-Marne disant « Nous prenons la direction de l’Allemagne » ; attestation d’appartenance au Front national (1/1950).
- Documents transmis par sa fille, Marcelle Moisan : courrier de prisons et de Royallieu-Compiègne, documents administratifs.
- Site patrimoine.lorient.bzh, Archives et patrimoine, ville d’art et d’histoire : Architecture, Établissements commerciaux, Usines à gaz.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 446 (32402/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 13-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Robert HERVAUX – 45660

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Robert, Octave, Hervaux naît le 9 février 1903 à Romorantin (Loir-et-Cher – 41), fils de Louis Hervaux, journalier, et de Pauline Blanchet, journalière, son épouse.

À une date restant à préciser, Octave Hervaux épouse Micheline Noël, confectionneuse ; ils ont un enfant. Au moment de son arrestation, il est domicilié au 18, rue du Lys à Romorantin ou rue de Beauvais à Lanthenay.

Octave Hervaux est électricien.

Le 30 avril 1942, à Romorantin, cinq résistants communistes sont découverts par des soldats allemands alors qu’ils distribuent des tracts. Armés, ils ne se laissent pas arrêter et blessent les soldats dont un sous-officier qui succombe à ses blessures. Les mesures de représailles prévoient l’exécution immédiate de dix communistes, Juifs et de proches des auteurs présumés. Vingt autres personnes doivent être exécutées si au bout de huit jours les « malfaiteurs » ne sont pas arrêtés. Des rafles ont lieu afin de pouvoir « transférer d’autres personnes vers l’Est, dans les camps de travaux forcés. » Un barrage est érigé autour de la ville.

Le lendemain 1er mai, Octave Hervaux est arrêté par la Feldgendarmerie et la gendarmerie française ; il est pris comme otage avec quatre autres Romorantinais et un habitant de Pruniers qui seront déportés avec lui. Il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 11 juin, le préfet du Loir-et-Cher informe le maire Romorantin que « à la suite de ses pressantes interventions, les Autorités Allemandes viennent (de) lui donner l’assurance qu’elles envisageaient la libération de la presque totalité des personnes arrêtées dans le Loir-et-Cher au lendemain de l’agression de Romorantin. »

Entre fin avril et fin juin 1942, Octave Hervaux est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 16 juillet, sa famille reçoit l’avis imprimé envoyé par l’administration militaire de Royallieu pour l’informer qu’il a été transféré dans un autre camp et qu’elle sera prévenue ultérieurement de sa nouvelle adresse.

Le 8 juillet 1942, Octave Hervaux est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45660 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée 

[1]).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Octave Hervaux.

Il meurt à Auschwitz le 17 août 1942, selon le registre d’appel quotidien (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [2].

Le 6 février 1943, le maire de Romorantin s’adresse au délégué du ministre de l’Intérieur dans les territoires occupés, Jean-Pierre Ingrand, pour demander que soit recherché le camp d’Allemagne où « résident » les six Romorantinais déportés en juillet.

Le 20 décembre 1943, le préfet informe le maire de Romorantin de ses démarches « afin que les familles des otages déportés en Allemagne (…) puissent avoir des nouvelles de leurs parents » et de la réponse du SD d’Orléans : « les otages de Romorantin ont été conduits dans un camp Allemand où la correspondance entre détenus et leurs parents est interdite. » Le préfet assure « que cette affaire n’est pas perdue de vue et que, tant sur le plan local que national, toute occasion est mise à profit pour tenter de nouvelles démarches et essayer de mettre fin à cette pénible situation. »

Le 4 octobre 1945, le nom d’Octave Hervault figure sur une « liste des personnes qui ont été déportées en Allemagne et dont on est sans nouvelles actuellement », établie en mairie.

Il est déclaré “Mort pour la France” (16-04-1946).

Son nom est inscrit, avec le prénom “Octave”, sur les Monuments aux morts de Romorantin-Lantenay, situés quai de l’île Marin et dans le vieux cimetière.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-06-1994).

Notes :

[1] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Robert Hervaux, c’est le 15 novembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Son nom (orthographié « HERNAUX ») et son matricule figurent sur la Liste officielle n°3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 364 et 407.
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : XLIII-89 (télégramme non daté du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), signé par Carl Heinrich von Stülpnagel.
- Archives communales de Romorantin (acte de décès, correspondance du maire et du préfet, listes…).
- Archives départementales du Loir-et-Cher : fiche d’arrestation d’Octave Hervaux, dossier 889 (1375 W 64) ; fichier alphabétique des déportés du CRSGM (56 J 5).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 446 (22051/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 41-Romorantin, relevés de Sandrine-Fleur Curtil (2002) et Éric Reimond (08-2006).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 4-01-2009)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Jean HERNANDO – 45659

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Jean Hernando naît le 27 janvier 1921 à Thourotte, à 10 km au nord de Compiègne (Oise), dans une famille d’ouvriers espagnols venus travailler en France sur les grand chantiers ; il est le fils de Louis Hernando, 32 ans (né le 4 septembre 1888 à Fresno de Cautespino), maçon puis cimentier, et de Herménéjilda des Castello, 27 ans, son épouse (les témoins pour l’inscription du nouveau-né à l’état civil sont deux autres maçons espagnols). Jean Hernando a une sœur ainée, Maria-Louisa (dite “Carmen” ?), née le 23 juin 1916 en Espagne et naturalisée française en même temps que ses parents ; un frère plus âgé, Louis, né le 8 juillet 1919 à Nantes (Loire-Atlantique), une autre sœur, Émilia, née à Thourotte le 18 septembre 1922, et un frère plus jeune Edmond, né le 29 novembre 1924 à Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais).

De 1935 à 1945, le père de famille est domicilié au 11, impasse des Vauloyers à Vitry-sur-Seine 

[1] (Seine / Val-de-Marne – 94), à la limite de la commune, près du fort d’Ivry.

Célibataire, Jean Hernando est d’abord manœuvre dans le bâtiment, puis polisseur sur métaux à Vitry.

Lors de la guerre d’Espagne, son frère Louis – 17 ans ! – part combattre pour défendre la République espagnole contre la rébellion du général Franco soutenue militairement par Hitler et Mussolini ; son nom figure sur une liste de volontaires français rapatriés le 19 novembre 1938.

Au moment de son arrestation, Jean Hernando est domicilié « dans un passage à hauteur du » 40, rue du Fort, « deuxième maison à droite », peut-être chez son frère Louis, manœuvre, ou chez sa sœur Marie, devenue épouse Beunon, alors ouvrière sur machine.

Sous l’occupation, Jean Hernando est actif au sein des Jeunesses communistes clandestines.

Le 1er mai 1941, il est interpellé par des agents du commissariat de la circonscription d’Ivry-sur-Seine, comme Julien Massé, pour « propagande, tracts » à la suite de l’arrestation de Maurice Coulin fils (17 ans) et de deux camarades pris la nuit précédente en train de peindre des « inscriptions sur les murs des immeubles de la localité » (un registre du camp de Voves évoque un « flagrant délit de collage de papillons »). Son frère Louis aurait du être arrêté en même temps, mais leur sœur Marie est allée le prévenir de ne pas rentrer car la police était chez eux.

Le 3 mai, inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, Jean Hernando est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e). Le 23 janvier 1942, la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris, où il comparaît avec dix camarades, le condamne à treize mois de prison et cent francs d’amende. Son frère cadet, Edmond, arrêté le même jour «  pour détention de tracts dans sa chambre », est relaxé.

Jean Hernando est détenu pendant un temps à la Santé. Avec Julien Massé, il passe rapidement à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (94) pour sa libération le 26 février 1942. Mais il est « consigné PP pour AA », c’est-à-dire interné au dépôt de la préfecture de police (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité), à disposition des autorités allemandes.

Le 26 mars 1942, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, en même temps que celui de Julien Massé. Pendant un temps, les deux jeunes gens restent détenus au Dépôt.

Le 16 avril, ils sont transférés au “centre de séjour surveillé” de Voves (Eure-et-Loir) ; Jean Hernando y est enregistré sous le matricule 54.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943. © Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943.
© Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Le 10 mai, ils font partie des 81 internés remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne,
futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Jean Hernando est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Jean Hernando est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45659 (retrouvée, sa photo d’immatriculation a été reconnue par José Martin et Ginette Germa).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Jean Hernando se déclare alors comme non-croyant (« glaubenslos »). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Jean Hernando.Il meurt à Auschwitz le 5 décembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [2]. Il a 21 ans.

(aucun des treize “45000” de Vitry n’est revenu).

Le 26 janvier 1943, la police effectue encore une perquisition à son domicile, découvrant « trois livres des E.S.I. et du Carrefour, L’Espagne ensanglantée, Diderot (…), ainsi qu’une photo de manifestation où se trouve le ménage Beunon-Hernando… ».

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 16-07-1994).

Son nom est inscrit sur le monument « À la mémoire de Vitriotes et des Vitriots exterminés dans les camps nazis » situé place des Martyrs de la Déportation à Vitry.

Une plaque dédiée aux “45000” vitriots a été apposée au dos du monument. Elle est parfois masquée par la végétation.

Une plaque dédiée aux “45000” vitriots a été apposée
au dos du monument. Elle est parfois masquée par la végétation.

La plaque apposée pour le 50e anniversaire de la libération des camps (avril 1995).

La plaque apposée pour le 50e anniversaire de la libération des camps (avril 1995).

Notes :

[1] Vitry-sur-Seine : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant Jean Hernando, c’est « le 11 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne) et non le 6 juillet 1942 à Compiègne(Oise) » qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Informations collectées par José Martin (frère d’Angel Martin) pour Roger Arnould (FNDIRP), 1973.
- 1939-1945, La Résistance à Vitry, Ville de Vitry-sur-Seine, 1992, page 19.
- Message de Delphine Lemoine, petit-fille de Jean Hernando (03-2007).
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 390 et 407.
-  Archives municipales de Thourotte ; acte de naissance du 27 janvier 1921 (n° 5), message de Laurent Fournier (03-2018).
- Archives communales de Vitry-sur-Seine ; listes électorales 1935, 1936, 1937, 1945.
- Concernant Louis Hernando : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), campus de l’Université de Paris X-Nanterre, microfilms du Centre russe pour la conservation des archives en histoire politique et sociale (RGASPI), acquisition BDIC/AVER-ACER, bobines Mfm 880/48 (545.2.290).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Archives départementales du Val-de-Marne, Créteil ; Maison d’arrêt de Fresnes, détenus libérés du 21 au 31 janvier 1942 (511w 30).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 443 (43110/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Valère HENRY – 46244

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Valère Henry naît le 20 décembre 1900 à Auboué (Meurthe-et-Moselle – 54), fils de Joseph Henry, ouvrier d’usine, et Marie Marchal, ménagère.

Le 11 décembre 1926, à Auboué, il épouse Marie Christine Colson, née en 1902 à Fleury. Ils ont trois filles : Georgette, née en 1928, Gisèle, née en 1929, et Fernande née en 1934, toutes trois à Auboué.

Au moment de son arrestation, Valère Henry est domicilié au 31 ou au 35, rue de (cité) Coinville à Auboué (54).

Valère Henry est mineur de fer.

Secrétaire du syndicat des mineurs d’Auboué de 1936 à 1939, délégué, membre de la Commission exécutive de la Fédération régionale des mineurs de l’Est, il milite également au Parti communiste, vendant L’Humanité.

Il est licencié en novembre 1938.

Entre le 5 et le 7 février 1942, Valère Henry est arrêté par la police française (ou la Feldgendarmerie ?) à la suite du sabotage du transformateur électrique de l’usine d’Auboué dans la nuit du 4 au 5 février 1942, lequel déclenche une vague d’arrestations dans le département (70, dont plusieurs dizaines de futurs “45000”) ; interpellé par la 15e brigade régionale de la police judiciaire (brigade de Police Mobile) venue de Nancy, il est inculpé de « menées communistes » le 8 février et écroué (probablement à la Maison d’arrêt de Nancy – Charles-III ? – comme René Favro, d’Auboué). Son dossier est transmis au Parquet de Briey.

Nancy. La prison Charles III. Carte postale écrite en août 1915. Collection Mémoire Vive.

Nancy. La prison Charles III. Carte postale écrite en août 1915. Collection Mémoire Vive.

Le 13 février, il figure pourtant sur une liste de dix « personnes 

[d’Auboué] arrêtées par la police allemande » dont quatre ont été relâchées.

À une date restant à préciser, désigné comme otage, il est remis aux autorités d’occupation à leur demande et transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par laWehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Valère Henry est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Valère Henry est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46244 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 19 novembre 1942, un nommé Henri apparaît sur la liste des détenus de la chambre n° 3 du Revier de Birkenau – dont Cossart, Nouvian, Paupy, Roux et Vinsous -, qui reçoivent des médicaments. Le matricule inscrit à côté du nom “Henri” est le 46844, mais il peut s’agir d’une faute d’inattention du détenu ayant enregistré les soins (le “2” étant confondu avec un “8”).

Valère Henry meurt (à Birkenau, s’il s’agit bien de lui) le 28 février 1943, d’après le registre mentionné [1].

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-06-1994).

Deux fils de son frère Émilien, ouvrier mineur à Auboué et militant communiste bien avant le Front populaire, sont engagés dans la Résistance au sein des Jeunesses communistes.

Roger Henry, né le 12 mars 1917, est responsable des JC locales depuis 1936. À partir de l’été 1941, Maurice Henry, né le 20 août 1920, est chef d’un groupe de trois de l’organisation spéciale (O.S – “voltigeurs”) implanté dans les cités du Tunnel.

En janvier 1942, lors d’une réunion clandestine préparatoire à laquelle aurait participé Pierre Georges (le colonel Fabien), Maurice Henry, qui a travaillé à l’usine d’Auboué, propose les modalités du sabotage du transformateur électrique : vider sur le sol les conteneurs d’huile conductrice d’électricité pour provoquer un court-circuit arrêtant la production.

Le 22 février, Maurice Henry fait partie du groupe de trois qui procède directement au sabotage, protégé par un groupe de quatre. Après, semble-t-il, l’arrestation de Giovanni Pacci, dirigeant militaire régional, un agent provocateur (“Carlos”) apparaît à Auboué et persuade Maurice Henry et son frère Roger, alors responsable politique régional des J.C., de se rendre à un rendez-vous à Nancy. Le 19 juin (ou le 19 mai ?), les deux frères sont arrêtés place Carnot et écroués à la prison Charles III. Le 20 juillet 1942, à la fin du procès dit « des quarante » Maurice Henry est condamné à mort avec quatorze autres résistants par le tribunal militaire allemand de la Feldkommantantur 591 à Nancy ; tous sont fusillés le 29 juillet au lieu-dit La Malpierre, dans une forêt de la commune de Champigneulles. Condamné à dix ans de travaux forcés, Roger Henry est déporté “NN” vers la prison de Karlsruhe en Allemagne le 4 août (?) avec deux autres hommes. Il meurt à la prison (Zuchthaus) de Sonnenburg le 30 septembre 1943 (FMD, I.46, pages 460 et 465).

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Collection Denis Martin – ARMREL.

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de Valère Henry, c’est le 15 juin 1943 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières 1990-1997, CD-rom version 3.61.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 367 et 407.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
- Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, page 101, 198, 246 à 277, 345.
- Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy, cote W1277/60.
- Liste de détenus ayant reçu des médicaments à l’infirmerie de Birkenau, transmise par André Nouvian.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-02-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Robert HENRY – 45658

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Robert, André, HENRY naît le 29 ou 30 avril 1917 à Fouquerolles (Oise – 60). Sa mère, Palmyre Gasté, née en 1882, est veuve en 1921 ; elle est alors brossière chez Pillon à Bresles. Robert a (au moins) deux sœurs : Suzanne, née en 1902, brossière avec sa mère en 1921, et Louise, née en 1906, ouvrière agricole.

Au moment de son arrestation, Robert Henry est domicilié au 25, rue Jean-Mazille à Beauvais (60). Il est célibataire (il a 23 ans…).

Cheminot, il est scieur de bois (ou menuisier) à la SNCF.

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La gare de Beauvais. Carte postale oblitérée en 1935,
mais plutôt éditée dans les années 1920. Coll. Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1940, Robert Henry est arrêté avec René Driesen 

[1] et Georges Varinot [2].

Le 14 décembre, le tribunal correctionnel de Beauvais condamne Robert Henry à six mois de prison pourdistribution de tracts. Georges Varinot est condamné à un an.

Le 30 juillet 1941, le tribunal correctionnel de Beauvais condamne Robert Henry à six mois de prison pour infraction au décret-loi sur « la dissolution des organisation communistes », confondant sa peine avec celle prononcée auparavant.

Le 17 octobre 1941, le commissaire de police spécial de Beauvais remet une liste des communistes de l’arrondissement à la Kreikommandantur. Robert Henry y est inscrit avec René Driesen.

À une date restant à préciser, Robert Henry est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il y est enregistré sous le matricule n° 1457. Gaston Jouannet, cheminot de Notre-Dame-du-Thil, y est enregistré avec le matricule 1458 : ont-ils été pris dans la même affaire ? (Michel Varinot, fils de Georges, ayant le n° 1459 et René Driesen le 1832).

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La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers
bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan, sur l’autre rive de l’Oise,
l’usine qui fut la cible de plusieurs bombardements
avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 20 février 1942, le chef de la Feldkommandantur 580 à Amiens (Somme) – ayant autorité sur les départements de la Somme et de l’Oise – insiste auprès du préfet de l’Oise, Paul Vacquier [3], afin que la fiche de chaque interné du Frontstalag 122 pour activité communiste demandée à l’administration préfectorale indique « son activité politique antérieure (très détaillée si possible), ainsi que les raisons qui militent pour ou contre sa prompte libération du camp d’internement ».

Le 10 mars, le préfet de l’Oise écrit au Ministre secrétaire d’État à l’Intérieur pour lui transmettre ses inquiétudes quant à cette demande : « Étant donné que parmi les internés du camp de Compiègne une vingtaine déjà ont été fusillés en représailles d’attentats commis contre les membres de l’armée d’occupation, il est à craindre que ces autorités aient l’intention de se servir de mon avis pour désigner de nouveaux otages parmi ceux pour lesquels j’aurais émis un avis défavorable à la libération. Me référant au procès-verbal de la conférence des préfets régionaux du 4 février 1942, qui précise “qu’en aucun cas les autorités françaises ne doivent, à la demande des autorités allemandes, procéder à des désignations d’otages”, j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me donner vos directives sur la suite qu’il convient de réserver à la demande dont je suis saisi… »

Le 13 avril 1942, le commissaire principal aux renseignements généraux de Beauvais transmet au préfet de l’Oise soixante-six notices individuelles concernant des individus internés au Frontstalag 122 à Compiègne, dont dix-neuf futurs “45000”. Sur la notice qui le concerne – à la rubrique « Renseignements divers » -, Robert Henry est considéré comme un « Militant actif du Parti communiste ».

Le 24 avril, Paul Vacquier transmet à la Feldkommandantur 580 les notices individuelles concernant les « personnes internées au camp de Compiègne, figurant sur la liste [qui lui a été] communiquée et domiciliées dans le département de l’Oise » qui mentionnent uniquement « des renseignements concernant l’état civil, la parenté et la situation matérielle ».

Enfin, le 29 juin, le préfet écrit à la Feldkommandantur 580 pour essayer d’obtenir la sortie du Frontstalag 122 de soixante-quatre ressortissants de son département – dont Robert Henry – au motif « qu’aucun fait matériel d’activité communiste n’a été relevé à leur encontre depuis l’arrivée des forces allemandes dans la région », envisageant la possibilité d’interner certains d’entre eux « dans un camp de concentration français ». Sa démarche ne reçoit pas de réponse.

Le mal est probablement déjà fait : quand elles ont procédé à des arrestations dans l’Oise entre juillet et septembre 1941, les forces d’occupation ne disposaient-elles pas déjà d’informations et d’appréciations transmises par certains services de la police française ? N’en ont-elles pas obtenu d’autres par la suite ? Le préfet craignait la fusillade. Ce sera la déportation.

Entre fin avril et fin juin 1942, Robert Henry est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Robert Henry est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45658 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Robert Henry.Il meurt à Auschwitz le 7 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [4].

Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Beauvais. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-06-1994).

Notes :

[1] René Driesen : né le 29 août 1895 à Beauvais (Oise), couvreur, déporté le 28 avril 1943 au KL Sachsenhausen (Allemagne) où il meurt le 20 mai 1944 (source : Livre-Mémorial de la FMD, tome 1, page 820, convoi I.95.

[2] Georges Varinot : né le 7 décembre 1886 à Haudivillers (Oise), employé des chemins de fer du Nord entre les deux guerres, secrétaire adjoint du syndicat unitaire des cheminots de Beauvais (Oise) en 1926, militant du Parti communiste, interné à Clermont-de-l’Oise (Oise), mort le 29 janvier 1941 à l’hôpital de Breuil-le-Sec. Son fils, Michel Varinot, ouvrier imprimeur et responsable des Jeunesses communistes, arrêté le 10 juillet 1941, est déporté au KL Buchenwald le 15 septembre 1943 (matricule 21868). Il décède au retour, à Paris, le 21 mai 1945 (sources : DBMOF-Maitron et J.-P. Besse, Ils ont fait le sacrifice de leur vie… Le prix de la liberté dans l’Oise 1940-1945, ANACR Oise – 2002).

[3] Paul Vacquier, nommé préfet de l’Oise le 22 mai 1940, au début de l’offensive allemande, cherche ensuite à maintenir un semblant de souveraineté française à l’échelon local, ce qui lui vaut son départ le 30 octobre 1942.

[4] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de Robert Henry, c’est le 15 novembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 369 et 407.
- Hervé Barthélémy, association Rail & Mémoire.
- ANACR de l’Oise, Ils ont fait le sacrifice de leur vie… Le prix de la liberté dans l’Oise 1940-1945, 2003.
- Archives départementales de l’Oise, site internet, archives en ligne : recensement de 1921 à Fouquerolles (p. 4).
- Archives départementales de l’Oise, Beauvais ; cote 33W 8253/1, exécutions d’internés, camp de Royallieu, mesures contre les communistes ; cote 141w 1162, Internement administratif.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 438 (28865/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-01-2012)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Guillaume HEITZ – (45657 ?)

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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Guillaume Heitz naît le 14 juillet 1910 à Mulhouse (Haut-Rhin – 68).

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Lunéville (Meurthe-et-Moselle – 54) ; son adresse reste à préciser.

Sa profession reste à préciser.

La date et le motif de son arrestation sont à préciser… À une date restant à préciser, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag122 – Polizeihaftlager).

Guillaume Heitz pourrait être le « rouquin » dont les militants communistes internés à Royallieu craignent la délation.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Guillaume Heitz est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45657 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Guillaume Heitz.

Il meurt à Auschwitz le 22 octobre 1942,  selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

La mention « Mort en déportation » est apposée sur les actes et jugements déclaratifs de décès le concernant (JORF n°0253 du 30 octobre 2011).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 367 et 407.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
- Charles Désirat, Pour reprendre le combat, nous nous sommes évadés de Compiègne le 22 juin 1942, préface d’André Tollet, Secrétaire de la C.G.T., éditions du Secours Populaire Français, page 17.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 434 (37266/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 15-11-2011)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Marcel HÉBRANT – 45656

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Marcel Hébrant naît le 21 mai 1906 à Villerupt, près de la frontière avec le Luxembourg (Meurthe-et-Moselle – 54), fils de Joseph Hébrant, né en 1865 à Jandrain (nationalité Belge), et de Victorine Jesinson ou Genson, née en 1872 à Russange (Moselle).

Le 16 novembre 1927 à Villerupt, Marcel Hébrant épouse Marie Godart, née en 1904 à Villerupt. Ils ont un fils, Louis, Marcel, né le 1er mai 1928 à Villerupt.

En 1931, ils habitent au village de Cantebonne, lieu dit de Villerupt ; ils hébergent alors les parents de Marcel. Celui-ci est alors monteur en fer chez Reiser. En 1936, ne vit plus au foyer que le père de Marcel ; celui-ci est alors manœuvre dans une entreprise de Micheville (à l’usine sidérurgique ?).

Au moment de son arrestation, Marcel Hébrant est manœuvre dans le Bâtiment (monteur en fer chez Reiser) ; d’avril 1936 à 1938, il est syndiqué à la Fédération du Bâtiment.

Il est adhérent au Parti communiste, responsable de cellule, selon la police. Il est connu sous le surnom de “Chocolat”.

À des dates restant à préciser, il est deux fois poursuivi pour « coups et blessures » : le tribunal correctionnel de Thionville le condamne à 40 jours d’emprisonnement pour outrage à garde-champêtre.

Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-sept mines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.

Le nom de Marcel Hébrant figure – n°29 – sur une « liste communiquée le 19 (février ?) au soir à la KK(Kreiskommandanturde Briey par le sous-préfet » et précisant la nationalité de 53 hommes désignés seulement par leurs noms et prénoms.

Le 21 février, Marcel Hébrant est arrêté comme otage, par des Feldgendarmen assistés de forces de l’ordre françaises.

Deux jours plus tard, le 23 février, il fait partie d’un groupe de vingt-cinq otages transférés par des Feldgendarmen au centre de séjour surveillé français d’Écrouves, près de Toul (54), en attente « d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne » ; ils y rejoignent quatorze autres otages arrivés la veille.

Le 5 mars, il est parmi les 39 détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol. Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol.
Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marcel Hébrant est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45656 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photo), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau – une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés certains ouvriers qualifiés. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Marcel Hébrant.

Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp, alors qu’a lieu une grande sélection des inaptes au travail comme otage à la suite de laquelle 146 des 45000 sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés

[1]).

Marcel Hébrant est déclaré “Mort pour la France”. Son fils est déclaré Pupille de la Nation (mais il ne sera pas exempté de service militaire).

Après guerre, l’adresse du n° 13, où ils ont vécu à Villerupt-Cantebonne est dénommée « rue Robert Braine,  Commandant FTP” ou “rue du Commandant Braine” (commandant Marceau) [X].

Le nom de Marcel Hébrant est inscrit sur le monument aux morts de Villerupt, ainsi que sur la plaque dédiée aux « Déportés de Villerupt-Thil décédés ou disparus de 1940 à 1944 dans les bagnes nazis pour la France » apposée dans la crypte de la nécropole nationale de Thil, monument érigé sur le four crématoire de l’ancien Kommando du camp de concentration de Natzwiller-Struthof ouvert en mars 1944 pour y enfermer des déportés employés à l’aménagement et au fonctionnement d’une usine souterraine dans l‘ancienne mine de fer du Syndicat de Tiercelet pour la construction de missiles V1 (camp évacué au début de septembre 1944).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-06-1994).

Notes :

[1] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

[2] Robert Braine, né le 6 juillet 1906 à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), rectifieur, militant communiste de Meurthe-et-Moselle, résistant et commandant de maquis FTPF puis FFI, mort le 8 septembre 1944 à Besançon (Doubs), à l’hôpital des suites de blessures. (Maitron)

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 150 et 153, 369 et 401.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
- Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy (W1304/23) ; fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel et Jean-Marie Dusselier.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 431 (32010/1942).
- Pierre Hébrant, petit-fils de Marcel Hébrant (message 10-2017)
- site MémorialGenWeb, Meurthe-et-Moselle, Thil, relevés de Martine Mangeolle mis en ligne en avril 2016.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 15-9-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Maurice HAYOT – 45655

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Maurice, Léon, Hayot naît le 14 juillet 1901 à Dissay-sous-Courcillon (Sarthe), fils de Léon Hayot, maréchal-ferrant (lui même fils de maréchal-ferrant), 28 ans, et de Maria Charlotte Cuvier, 20 ans, son épouse, domiciliés au lieu dit Sainte-Catherine. Maurice est l’aîné. Il a bientôt un frère, Marcel, né en 1902, et et une sœur Marthe, née en 1903 (en 1906, un ouvrier maréchal cohabite avec eux). En 1909, à Chalonnes (Maine-et-Loire), naît sa sœur Germaine.

Fin octobre 1911, la famille est installée au 6, rue de la Caserne, dans le quartier de la cathédrale, à Tours (Indre-et-Loire – 37). Sa sœur Jeanne naît le 1er décembre 1913 chez ses parents et sa sœur Odette le 28 février 1917 à la maternité de l’hôpital Bretonneau.
Le 5 avril 1921, Maurice Hayot rejoint le 2e dépôt des équipages de la Flotte afin d’y  accomplir son service militaire. Il passe 13 mois et 12 jours « à la mer ». Le 25 avril 1923, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En janvier 1924, il est domicilié au 11 rue Lavoisier à Tours.

Le 6 février 1932, à Ciron (Indre), Maurice Hayot se marie avec Yvonne Cotinat, née le 10 juin 1906 dans ce village.

Leur fils Claude Maurice naît le 23 décembre 1932 à Sainte-Radegonde-en-Touraine (37).

En 1936, la famille Hayot habite rue Jeanne d’Arc à Sainte-Radegonde. Maurice est alors forgeron aux établissements Biémont, avenue de Grandmont prolongée à Tours. Quelques mois plus tard, en juillet 1936, Maurice Hayot se déclare domicilié au lieu dit la Madeleine, à Chambray-les-Tours (37).

Le 6 avril 1937 naît son fils Guy Léon.

En février 1938, Maurice Hayot habite aux Monts (37), sur les bords de l’Indre, au sud-ouest de Chambray.

En mars 1939, l’armée de Terre le classe dans l’“affectation spéciale” au titre de la poudrerie du Ripault, à Monts, entreprise relevant de la Défense nationale. Il y est maintenu après que la guerre soit déclarée.

Le 14 juin 1940 naît sa fille Jacqueline Henriette.

Une attestation ultérieure du maire de Chambray-les-Tours indique que Maurice Hayot habite de nouveau dans cette commune à partir du 1er mars 1941. Il est retourné travailler à l’usine Biémont de Tours.

Ni son épouse ni le maire du village ne lui connaissent d’activité politique.

Dans la nuit du 5 au 6 février 1942, à Tours, un petit groupe armé de résistance – au sein duquel le jeune cheminot Marcel Jeulin – tente une action de sabotage sur un dépôt de carburant situé entre les rues du Sanitas et du Hallebardier, près du passage à niveau n° 4. Une sentinelle allemande montant la garde est grièvement blessée par un coup de révolver. Conduit à l’hospice général Bretonneau de Tours, hôpital en grande partie réquisitionné par l’occupant, le soldat allemand y succombera.

Dès le lendemain, le commandant de la Feldkommandantur 588 fait apposer un avis ordonnant un couvre-feu et annonçant la possibilité d’autres mesures. De son côté, le préfet promet une prime de 50.000 francs à qui donnera des informations permettant d’arrêter les résistants. Puis les autorités allemandes font insérer dans le journal local La Dépêche un autre avis selon lequel, si les coupables ne sont pas découverts, des arrestations de représailles seront opérées, suivies d’exécutions et de déportations « vers l‘Est ».

Dans la nuit du 9 au 10 février, les autorités d’occupation procèdent à une vague d’arrestations visant trente-deux résidents juifs et onze hommes soupçonnés d’activité communiste du département, dont elle connaît l’identité et le domicile.

Le 9 février, vers 23 h 30, alors qu’il est couché, Maurice Hayot est ainsi arrêté à son domicile par deux Feldgendarmes. Les hommes arrêtés sont d’abord regroupés à Tours, la Maison d’arrêt et/ou (?) au quartier Lassalle, ancienne caserne du 501e régiment de chars de combat (“cavalerie”).

Le 21 février, d’autres otages de représailles sont parallèlement fusillés sur deux sites éloignés. Six “politiques” précédemment condamnés à des peines de prison par des tribunaux militaires allemands sont exécutés la Maison centrale de Fontevrault (Maine-et-Loire). Quatorze autres sont exécutés au fort du Mont-Valérien à Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), dont treize juifs extraits du camp de Drancy, beaucoup ayant été pris lors de la rafle du 21 août 1941

[X].

Le 1er avril, 19 otages juifs sont transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où ils sont probablement assignés au sous-camp juif (quartier C) ; sept seront déportés à Auschwitz le 5 juin (convoi n°2). Jacques Lévy et le jeune Roger Sommer seront déportés le 6 juillet. D’autres enfin seront déportés le 11 octobre 1943 sur l’île anglo-normande occupée d’Aurigny (convoi 641 ; à préciser).

Le 17 avril, onze otages “communistes” déportables sont à leur tour transférés à Compiègne-Royallieu ; Maurice Hayot y est enregistré sous le matricule n° 3861 (à vérifier…).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Maurice Hayot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45655 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Maurice Hayot se déclare alors comme forgeron. Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Maurice Hayot.

Il meurt à Auschwitz le 20 mai 1943, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « Pleurésie » pour cause mensongère de sa mort.

Son nom ne figure pas sur le Monument aux morts de Chambray-les-Tours, uniquement dédié aux combattants de 1914-1918, dont un nommé Maurice Hayot : un parent ?

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-06-1994).

Notes :

[1] Les otages fusillés le 21 février 1942 : Les exécutions d’otages en France au premier semestre 1942, article de Louis Poulhès, in Guerres mondiales et conflits contemporains, 2017/2 (n° 266), Presses Universitaires de France, pages 139 à 152. Serge Klarsfeld, Le livre des otages, Les éditeurs français réunis, Paris 1979, pages 50 à 52. Serge Klarsfeld et Léon Tsevery, Les 1007 fusillés au Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs, Association des fils et filles des déportés juifs de France, 1995, page 46. Les fusillés (1940-1944), Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otage ou guillotinés pendant l’Occupation, sous la direction de Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty et Delphine Leneveu, Éditions de l’Atelier, 2015.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 364 et 407.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 431 (20333/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 37 – Indre-et-Loire, Chambray-les-Tours, relevé de Catherine Rouquet (08-2003).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel (21 P 461-969).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-02-2022)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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