Albert WATEL – 46209

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Albert, Léon, Watel naît le 29 novembre 1893 à Lille (Nord), dans le quartier de Fives [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], chez ses parents, Jules Watel, 41 ans, mouleur, et Marie Danel, 34 ans, son épouse, domiciliés au 32, boulevard de l’Usine.

Le 27 novembre 1913, Albert Watel est incorporé au 1er dépôt des équipages de la Flotte afin d’accomplir son service militaire. Le 1er janvier 1914, il est nommé 2e classe électricien (« brevet provisoire »). La guerre étant déclarée début août 1914, il reste mobilisé. En septembre 1918, il est sur des bateaux à Port-Saïd, au nord-est de l’Égypte, au débouché du canal de Suez. Le 10 août 1919, il est mis en congé de démobilisation et se retire au 11, rue Bobillot, à Paris 13e.

Entre temps, le 26 décembre 1917, à Paris 13e, Albert Watel s’est marié avec Joséphine Deloddère, née à Lille le 13 septembre 1895, lisseuse, demeurant chez sa mère au 11, rue Bobillot à Paris 13e. Ils auront six enfants ; Albertine, Paul, Jacqueline, Claudine, Yvette et Pierre.

En 1925, Albert Watel travaille comme électricien et habite au 140, rue du Long-Pot, à Lille-Est.

En mai 1929 et jusqu’au moment de son arrestation, Albert Watel est domicilié au 11, rue de Vitry à L’Haÿ-les-Roses [2] (Seine / Val-de-Marne), très à l’écart du centre-ville (mairie) dans un pavillon dont il est propriétaire.

Électricien de tableau, Albert Watel travaille à la Compagnie parisienne d’électricité (CPDE), sous-station Voltaire, du 18 août 1919 au 17 mars 1940 (veille de son arrestation).

Le 12 mai 1935, il est élu conseiller municipal communiste de L’Haÿ-les-Roses sur la liste dirigée par Raymond Baudin, et désigné comme troisième adjoint au maire.

Le 4 octobre 1939, le Président de la République – Albert Lebrun -, par décret et « sur la proposition du ministre de l’intérieur, suspend jusqu’à cessation des hostilités les Conseils municipaux » de 27 communes de la banlieue parisienne à majorité communiste, dont celui de L’Haÿ-les-Roses, et les remplace par des Délégations spéciales composées de notables désignés.

Le 15 février 1940, le conseil de préfecture de la Seine déchoit Albert Watel de son mandat municipal pour ne pas avoir « répudié catégoriquement toute adhésion au Parti communiste ».

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Extrait de la presse quotidienne,
sans titre ni date.
Archives de la préfecture de police, Paris.

Le 18 mars , Albert Watel est arrêté avec Raymond Baudin pour détention de tracts et propagande communiste, dans le cadre de l’affaire dite de L’Haÿ-les-Roses. Ils sont écroués à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e). Une instruction est engagée devant le Tribunal militaire de Paris par le juge Benoit-Stain.

Le 11 juin, au moment de la défaite et de l’exode, Albert Watel fait partie d’un groupe de détenus de la Santé évacués dans des autobus à plate-forme qui quittent la prison vers 16 heures sous la surveillance étroite et brutale de gardes mobiles (un mort parmi les détenus…). Arrivés dans la nuit devant la prison d’Orléans, saturée de détenus, ils sont finalement dirigés vers le camp des Groux (?) et hébergés dans des baraquements. Après deux ou trois jours, le groupe quitte  ce camp un soir, formé en une colonne qui marche toute la nuit et une partie du lendemain pour rejoindre les autobus stationnés dans un village éloigné ; handicapé par de forts rhumatismes aux deux pieds, Albert Watel est autorisé à monter momentanément dans une voiture de la Croix-Rouge qui transporte les sacs des gardiens, avant de rejoindre des autobus. Après deux autres jours de voyage, une halte au camp militaire d’Avord (également base aérienne), à 18 km à l’Est de Bourges, puis encore deux autres jours de trajet avec une escorte de tirailleurs sénégalais, le convoi arrive au camp d’internement de Gurs (Pyrénées-Atlantiques) vers le 23 juin. Dix camarades de L’Haÿ-les-Roses sont assignés à l’ilôt B (sous-camp) : Watel, Alloyer, Baudin, Dilly, Ducoux, Duvalet (69 ans), Gilbert, Jardin, Lopez et Teulet. L’un deux a déjà subi 12 mois de détention préventive à Paris avant l’évacuation.

L’instruction de leur(s) affaire(s) reprend devant le Tribunal de militaire de Périgueux, sous la direction du commandant Lorch qui se dit débordé par les dossiers à classer. Avec deux autres détenus, Albert Watel est défendu par l’avocate parisienne Fanny Ségal, qui demande en vain des mises en liberté provisoire (8 août) et fait la navette, à ses frais, entre Périgueux, Gurs et Chamalières où se trouve la Direction de la Justice militaire. Dans un rapport du 13 octobre – ayant déjà quitté le camp -, Albert Watel se montre inquiet pour elle, sachant qu’elle est juive.

Bénéficiant d’un non-lieu le 21 octobre, celui-ci revient à son domicile le 17 décembre, selon la police (probablement avant !), et reprend ses activités clandestines.

Albert Watel n’a perçu aucun salaire de la CDPE depuis son arrestation « et cette administration envisage sa mise à la retraite ». « Il est inscrit au Secours du chômage à L’Haÿ-les-Roses du 20 décembre au 12 mars 1941. (À partir de) cette date, il fait des travaux de jardinage pour les particuliers » (RG). « Il est activement surveillé. »

Le 26 juin 1941, il est arrêté à son domicile par la police française sur arrêté du préfet de police en application du décret du 18 novembre 1939, comme des dizaines de suspects communistes de Seine qui sont aussitôt conduits dans la cour de l’Hôtel (de) Matignon [3], sis au 57 rue de Varenne à Paris 7e, – alors siège de la Geheime Feldpolizei (GFP) – pour y être “mis à la disposition des autorités d’occupation” [4]. Tous sont ensuite regroupés au Fort de Romainville, premier élément du Frontstalag 122, sur la commune des Lilas (Seine / Seine-Saint-Denis). Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp et rapidement transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Albert Watel est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. S’il a jeté un message du train, aucun n’est parvenu à sa famille.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Albert Watel est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46209 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Albert Watel est probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En effet, son nom est inscrit ultérieurement dans un registre du Block 20 (maladies contagieuses) de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I [6].

Albert Watel meurt à Auschwitz le 26 août 1942,  selon plusieurs registres tenus par l’administration SS du camp.
Après l’évasion de 19 responsables communistes et syndicalistes du camp de Compiègne dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, son épouse Joséphine et leur fille Albertine hébergent Georges Cogniot pendant quelques jours [4]. C’est de chez elles que celui-ci retrouve la liaison avec le Parti communiste clandestin en la personne de Laurent Casanova.

Joséphine Watel décède le 4 mai 1944 (circonstances à préciser…).

Par sa délibération du 15 juin 1946, le Conseil municipal de L’Haÿ-les-Roses donne le nom d’Albert Watel à une rue de la commune qui dessert aujourd’hui le parc départemental de la Roseraie.

Albert Watel est homologué comme “Déporté politique”.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 24-03-2002).

Notes :

[1] Fives : ce village est annexé à Lille en 1858, devenant un quartier industriel en dehors de l’enceinte militaire.

[2] L’Haÿ-les-Roses : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[3] L’hôtel Matignon : le 8 septembre 1940, les Renseignements généraux de la préfecture de police constatent la réquisition de l’hôtel pour le bureau de cantonnement des hommes de la police militaire secrète : Geheime Feldpolizei – Dienstelle – Männer-Unterkunft (source : Cécile Desprairies, Paris dans la Collaboration, éditions du Seuil, mars 2009, page 268).

[4] Les arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, trois témoignages :
Jean Lyraud (déporté à Sachsenhausen le 24 janvier 1943). Le 26 juin, à 5 heures du matin, il est réveillé par des policiers français : « Veuillez nous suivre au poste avec une couverture et deux jours de vivres. » Un autobus le prend bientôt avec trois autres personnes arrêtées. Le véhicule fait le tour des commissariats de Montreuil et du 11e arrondissement. Après un crochet à l’hôtel Matignon où les “internés administratifs” sont livrés à l’armée d’occupation, c’est le transport jusqu’au Fort de Romainville où ils passent la nuit dans les casemates transformées en cachots. « Le lendemain 27 juin dans l’après-midi, nous embarquons en gare du Bourget dans des wagons spéciaux pour Compiègne. Nos gardes ont le revolver au poing et le fusil chargé, prêts à faire feu. Dans la soirée nous arrivons au camp. Quelques jours après, d’autres contingents de la région parisienne nous rejoignent. »
Henri Pasdeloup (déporté à Sachsenhausen le 24 janvier 1943), cheminot de Saint-Mihiel (Meuse), est arrêté le 23 juin 1941 par la Gestapo qui le conduit à la prison de la ville. Le 27 juin, avec d’autres détenus emmenés à bord de deux cars Citroën, il arrive devant le camp de Royallieu vers 16 h 30 : « À l’arrivée face au camp, nos gardiens nous font descendre. Alignement sur la route, comptages et recomptages. En rangs par trois nous passons les barbelés… À 19 heures, environ 400 prisonniers en provenance de la région parisienne entrent en chantant L’Internationale… Le lendemain 28 juin, réveil à 7 heures : contrôle d’identité, toise, matricule. J’ai le numéro 556. Pour notre groupe de la Meuse, cela va de 542 à 564. Ceux de la région parisienne, bien qu’arrivés après nous, sont immatriculés avant… »
Henri Rollin : « Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention “communiste”, soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[5] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme «  l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante.

En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.

Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Les autorités d’Occupation opéreront un tri et certains seront libérés. Mais, fin août, deux cents d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

[5] Dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, un tunnel creusé par les détenus a permis l’évasion de dix-neuf militants communistes et syndicalistes (dont Georges Cogniot et André Tollet) du camp de Royallieu peu avant la déportation du 6 juillet.

Sources :

- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Les Éditions de l’Atelier/Les Éditions Ouvrières, 1990-1997, CD-rom, version 3.61 (citant : Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1 et 10441/64/2 – Arch. PPo. 101 – G. Cogniot, Parti pris, t. 2 – Arch. secrétariat d’État des Anciens combattants et victimes de guerre).
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 101 (citant Georges Cogniot, Parti pris, Éditions Sociales, Paris 1976, page 489), 357, 388 et 423.
- Archives départementales du Nord, site internet du conseil général, archives en ligne : registre des naissances de Lille/N, de 09/1893 à 12/1893 (1 Mi EC 350 R 120), acte n° 5640 (vue 402/694) ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement de Lille, classe 1913, volume 8, matricule n° 3910 (vue 675/806).
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des mariages du 13e arrondissement, année 1917 (13M 240), acte n° 1264 (vue 3/15).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons PC, “activité communiste sous l’occupation ”, carton V (chemise Liste des conseillers municipaux communistes de banlieue déchus), carton III, chemise 4, enveloppe de scellés sans date “documents divers” (221 W 3), carton IV, chemise Situation des élus communistes ; Carton “occupation allemande” (BA 1928).
- Georges Cogniot, Parti pris, tome 1 : D’une guerre mondiale à l’autre, Éditions sociales, 4e trim. 1976, page 489.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1304 (25094/1942).
- Témoignage de sa fille, Yvette Richard (05-2007).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 4-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Haï-King WANG – (46205 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Haï-King Wang nait le 8 août 1900 en Chine, à « Pi-Yuan, Ho Nan » (très probablement dans la vieille ville de Púyáng, préfecture de la province du Henan, au nord-est du pays), fils de Si Fan Wang (père), et de Houang Wang, domiciliés à « Kia Tchou’ang » en 1942 (très probablement la ville de Shijiazhuang – alors récente et transcrite Che Kia Tchouang – dans la province voisine de Hebei).

Au moment de son arrestation, Haï-King Wang, célibataire, est domicilié au 22, rue Saint-Sulpice à Paris 6e (75). Malgré son âge, 41 ans, il est déclaré comme étudiant à l’Institut des hautes-études chinoises (il se déclarera comme tel à Auschwitz ; Student).

Avant-guerre, il est connu de la police française pour ses « agissements suspects ». Le 11 avril 1937, alors secrétaire du Cercle d’études chinois, il préside le congrès tenu pour le Salut national chinois. Il fréquente les réunions de l’association française Les Amis du peuple chinois, « groupement à tendance communiste » dont le siège est situé au 1, rue de Clichy au moment de sa dissolution fin 1939. Le 12 juillet 1938, il accompagne son compatriote Chu Hsueh Fan, délégué des syndicats chinois au Bureau international du Travail, lors de la réception de ce dernier au siège du quotidien L’Humanité. En outre, Haï-King Wang participe à cette époque aux réunions du Rassemblement mondial contre le racisme et l’antisémitisme.

Le 18 février 1941, le service des Renseignements généraux de la préfecture de police établit un rapport sur les ressortissants chinois à Paris, particulièrement détaillé en ce qui concerne les animateurs d’associations politiques ou étudiantes, et où son nom apparait, mais avec ce constat qu’à partir de septembre 1939 Haï-King Wang n’attire plus l’attention de la police française, celle-ci ne lui connaissant aucune relation dans les milieux communistes clandestins.

Le 28 avril 1942, il est arrêté à son domicile lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine – avec le concours de la police française – et visant majoritairement des militants du Parti communiste. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Haï-King Wang y est enregistré sous le numéro 3942.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Haï-King Wang est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46205, selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; lui-même se déclare alors de religion bouddhiste. Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Haï-King Wang.

Il meurt à Auschwitz le 2 novembre 1942,  selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher). Celui-ci indique pour cause de sa mort un « catarrhe aigu gastro-intestinal [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (« Akuter Magendarmkatarrh ») ; en évitant d’être explicite, ce vocabulaire pourrait désigner une dysenterie, maladie fréquente dans les camps.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 423.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : dossier individuel des Renseignements généraux (77 W 219-130450).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1299.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) : copie de l’acte de décès du camp, n° 38905/1942 (seul document conservé).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 27-12-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Catarrhe : désigne une inflammation des muqueuses avec écoulement abondant, le catarrhe intestinal désignant plus précisément une entérite.

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Raymond WALTER – 46204

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Raymond, Eugène, Walter naît le 7 mai 1907 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle – 54), fils d’un sellier garnisseur.

Peu avant son arrestation, il est domicilié au 19, rue de Lorraine, à Lunéville.

Marié, il a alors un enfant âgé de six ans.

Raymond Walter est ajusteur ou monteur.

C’est un militant actif du rayon communiste de sa commune. En octobre 1934, il est candidat aux élections cantonales dans le canton de Lunéville-Sud. En décembre de la même année, il devient gérant de L’Est ouvrier et paysan, organe régional du Parti communiste, puis de La Voix de l’Est jusqu’en 1936. Il appartient alors au bureau de l’Union locale CGTU de Lunéville.

Probablement est-il appréhendé dans l’Oise (60) où il a un lien avec Gouvieux, village situé 5 km à l’Est de Chantilly (deuxième domicile ? à vérifier…).

Vers la mi-juillet 1941, Raymond Walter est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il y est enregistré sous le matricule n° 1297.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 20 février 1942, le chef de la Feldkommandantur 580 à Amiens (Somme) – ayant autorité sur les départements de la Somme et de l’Oise – insiste auprès du préfet de l’Oise afin que la fiche de chaque interné du Frontstalag 122 pour activité communiste demandées à l’administration préfectorale indique « son activité politique antérieure (très détaillée si possible), ainsi que les raisons qui militent pour ou contre sa prompte libération du camp d’internement ».

Le 10 mars, le préfet de l’Oise écrit au Ministre secrétaire d’État à l’Intérieur pour lui transmettre ses inquiétudes quant à cette demande : « Étant donné que parmi les internés du camp de Compiègne une vingtaine déjà ont été fusillés en représailles d’attentats commis contre les membres de l’armée d’occupation, il est à craindre que ces autorités aient l’intention de se servir de mon avis pour désigner de nouveaux otages parmi ceux pour lesquels j’aurais émis un avis défavorable à la libération. Me référant au procès-verbal de la conférence des préfets régionaux du 4 février 1942, qui précise “qu’en aucun cas les autorités françaises ne doivent, à la demande des autorités allemandes, procéder à des désignations d’otages”, j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me donner vos directives sur la suite qu’il convient de réserver à la demande dont je suis saisi… »

Le 13 avril, le commissaire principal aux renseignements généraux de Beauvais transmet au préfet de l’Oise soixante-six notices individuelles concernant des individus internés au Frontstalag 122 à Compiègne, dont dix-neuf futurs “45000”. Sur la notice de Raymond Walter – à la rubrique « Renseignements divers » -, est rappelé son passé politique : « …un des membres les plus actifs du rayon communiste de Lunéville. Ardent propagandiste ».

Le 24 avril, Paul Vacquier transmet à la Feldkommandantur 580 les notices individuelles concernant des « personnes internées au camp de Compiègne, figurant sur la liste [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][qui lui a été] communiquée et domiciliées dans le département de l’Oise » qui mentionnent uniquement « des renseignements concernant l’état civil, la parenté et la situation matérielle ».

Enfin, le 29 juin, le préfet de l’Oise écrit à la Feldkommandantur 580 pour essayer d’obtenir la sortie du Frontstalag 122 de soixante-quatre ressortissants de son département – dont Raymond Walter – au motif « qu’aucun fait matériel d’activité communiste n’a été relevé à leur encontre depuis l’arrivée des forces allemandes dans la région », envisageant la possibilité d’interner certains d’entre eux « dans un camp de concentration français ». Sa démarche ne reçoit pas de réponse.

Le mal est probablement déjà fait : quand elles ont procédé à des arrestations dans l’Oise entre juillet et septembre 1941, les forces d’occupation ne disposaient-elles pas déjà d’informations et d’appréciations transmises par certains services de la police française ? N’en ont-elles pas obtenu d’autres par la suite ? Le préfet craignait la fusillade. Ce sera la déportation.

Entre fin avril et fin juin 1942, Raymond Walter est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Raymond Walter est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46204 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Raymond Walter meurt est très probablement dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

En effet, le 8 février 1943, dans la chambre (Stube) n°3-4 du Revier de Birkenau (Block n° 8, en brique) il reçoit deux comprimés de “charbon” (Kolbe). Dans ce dispensaire, le SS-Rottenführer Franz Schulz exécute certains détenus d’une injection mortelle dans le cœur…

Raymond Walter meurt – à Birkenau – le 11 février 1943,  selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Son nom est inscrit (son prénom réduit à l’initiale « R ») sur le Monument aux morts de Lunéville, situé aux Bosquets (avec la mention « travailleur déporté » ?) ; il n’est inscrit sur aucun monument funéraire de Gouvieux.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, 368 et 423.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, liste page 519.
- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières, CD-rom, version 1990-1997, citant : Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 3 M 95, 10 M 86 – L’Est ouvrier et paysan, 1934-1935 – La Voix de l’Est, 1935-1936.
- Raymond Montégut (45892), Arbeit macht Frei, Éditions du Paroi (imprimeur), juin 1973, Recloses, Ury (77), page 232.
- Archives départementales de l’Oise, Beauvais : Exécutions d’internés, camp de Royallieu, mesures contre les communistes (33W 8253/1) ; Internement administratif (141w 1162).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1298 (6683/1943).
- Site Mémorial GenWeb, 54 – Lunéville, relevé d’Alain Girod et Martine Mangeolle (04-2006).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 29-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Abram WAJSBROD – 46312

Abram, Arthur, Wajsbrod (parfois écrit Wajsbrot) naît le 18 novembre 1887 à Checzny (Pologne), fils de Jakob Wajsbrod et de Faïga Malka.

En France, il conserve la nationalité polonaise.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 3, cité Jandelle à Paris 19e.

Il est commerçant.

Il est marié avec Szajndla ou Scheindla ou Szaindel Frisch, née le 23 février 1893 à Lazow (Pologne). Ils ont deux enfants, dont Monique.

Le 13 novembre 1940, Abram Wajsbrod est interné dans le secteur des « étrangers indésirables » à la caserne des Tourelles, boulevard Mortier à Paris 20e, « comme expulsé du territoire français » (?). À la fin de ce mois, il y est « chef d’une chambrée d’Israélites ». « En raison de son âge » (58 ans), il ne fait pas partie des internés transférés ensuite au camp de Pithiviers. Le 14 août 1941, il est encore détenu aux Tourelles.

À une date inconnue, Abram Wajsbrod est conduit au camp de la cité de la Muette à Drancy [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Hauts-de-Seine) – matricule 9325, escalier 21, chambre 14.

Le 28 avril 1942, il fait partie des hommes détenus dont les valises sont fouillées par deux commissaires et vingt-quatre inspecteurs de la police aux questions juives. Le lendemain matin, ils sont 784 internés juifs “aptes au travail” transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). À Royallieu, ils sont affectés au sous-camp “C”.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Abram Wajsbrod est sélectionné – comme otage juif – avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Abram Wajsbrod est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46312 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Abram Wajsbrod est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En effet, à une date restant à préciser, il est admis au Block 28, chambrée 7, de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.

Abram Wajsbrod meurt à Auschwitz le 3 août 1942, d’après plusieurs registres tenus par l’administration SS du camp ; moins d’un mois après l’arrivée de son convoi.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 1-03-2002).

Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005). De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés
de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005).
De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

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Inscrit sur le Mur des noms…

Notes :

[1] Drancy : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).


Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 423.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national des déplacés de la Seconde guerre mondiale – dossier statut).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen : dossier d’Abram Wajsbrod (21 p 459 045).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande” (BA ?).
- Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), site internet du Mémorial de la Shoah, Paris, doc. DLX-7.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1293 (17939/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-02-2016)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

 

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Gilbert VORILLON – 46203

[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Gilbert, Auguste, Joseph, Vorillon naît le 9 juillet 1900 à Vesoul (Haute-Saône – 70), chez ses parents, Alfred Vorillon, 31 ans, chauffeur d’usine, et Adèle Rousselet, 19 ans, son épouse, sans profession, domiciliés au 12, impasse Flavigny. En même temps que lui, sa mère met au monde sa sœur jumelle : Julienne, Pierrette.

Le 26 novembre 1932, à Échenoz-la-Méline, limitrophe de Vesoul au sud (70), Gilbert Vorillon épouse Marie Desingue, née le 12 mai 1895 à Urcerey (territoire de Belfort).

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Échenoz-la-Méline, vue sur le village. Carte postale des années 1900.

Échenoz-la-Méline, vue sur le village. Carte postale des années 1900.

En 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, Gilbert Vorillon est domicilié au lieu dit Les Cottets à Échenoz.

Cette année-là, il est typographe à l’imprimerie Marcel Bon, 27 rue d’Alsace-Lorraine à Vesoul, et son épouse travaille comme cuisinière en différents lieux.

Sous l’occupation, une partie considérable de la Franche-Comté se retrouve en zone réservée, la ligne de démarcation passant à 75 kilomètres au sud de Vesoul, à la frontière des départements du Jura et du Doubs.

Le 22 juin 1941, Gilbert Vorillon est arrêté à l’initiative des autorités d’occupation, parmi vingt-trois militants communistes et syndicalistes de la Haute-Saône [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (dont les sept futurs “45000” du département et Georges Cogniot) ; n° 22 sur la liste. Il est finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne,futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Gilbert Vorillon est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Gilbert Vorillon est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46203 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Gilbert Vorillon se déclare alors comme imprimeur (de livre) (Buchdrucker). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Gilbert Vorillon.

Il meurt à Auschwitz le 21 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « typhus » (Fleckfieber) pour cause crédible – mais pas forcément véridique – de sa mort.

Marie Vorillon décède à Saint-Rémy(-en-Comté) le 9 octobre 1968.

Notes :

[1] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante.

En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.

Au total (bilan au 31 juillet), 1300 hommes environ y seront internés à la suite de cette action. Effectuant un tri a posteriori, les Allemands en libéreront plusieurs dizaines. 131 d’entre eux, arrêtés entre le 21 et le 30 juin, seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 370 et 423.
- État civil de la mairie de Vesoul (70).
- Archives départementales de Côte-d’Or (AD21), Dijon : « arrestations par les autorités allemandes-correspondances » (1630 W), article 252.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1280.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de S à Z (26 p 843), acte n° 23364/1942.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 19-05-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Albert VORGER-LEVANT – 46202

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Albert Vorger-Levant. Probablement dans les années 1930. © Collection familiale.

Albert Vorger-Levant.
Probablement dans les années 1930.
© Collection familiale.

Albert, Auguste, Vorger-Levant naît le 19 mai 1905 à Bagnolet [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), chez ses parents, Victor Emmanuel Vorger-Levant, 36 ans, tourneur sur bois, et Marie Barbe Laforce, 34 ans, journalière (décédée au moment de son arrestation), domiciliés au 97 rue Victor-Hugo (peut-être un petit pavillon, aujourd’hui disparu) ; pour l’enregistrement du nouveau-né à l’état civil, les témoins sont deux ébénistes. Albert à – au moins – deux sœurs ainées : Georgette, née le 15 avril 1899, et Fernande, née le 5 décembre 1902, toutes deux à Bagnolet. Et une sœur plus jeune, Louise, née le 30 mai 1911 à la maternité de l’hôpital Tenon (Paris 20e).

Le 10 novembre 1912, leur père meurt prématurément, âgé de 44 ans, au domicile familial (à 11 heures) ; décès déclaré à la mairie de Bagnolet par son beau-frère, Alexandre Champagne, domicilié au 18 rue des Vignoles à Paris 20e. Albert a 7 ans et demi. Ensuite, il ne reste probablement pas longtemps sur les bancs de l’école : il sait lire et écrire, mais ne semble pas avoir passé le certificat d’études primaires.

À 17 ans (1922), Albert Vorger-Levant est détenu à la petite prison de Meaux (Seine-et-Marne) ; le juge d’instruction de cette ville le remet à la garde d’une de ses sœurs.

Devenu adulte, c’est un homme assez grand pour l’époque : 1,79 m.

Pendant un temps, il habite avec sa mère – et probablement sa jeune sœur Louise – au 30, rue du Sergent-Godefroy à Montreuil, et commence à travailler comme manœuvre.

À 20 ans, devant d’accomplir son service militaire à compter du 10 mai 1925, Albert Vorger-Levant est incorporé au 30e régiment d’artillerie de campagne hippomobile (RACH) qu’il rejoint deux jours après (à Orléans ?). Le 29 octobre 1926 – un an et demi plus tard -, il est « renvoyé dans ses foyers », titulaire d’un certificat de bonne conduite.

C’est peut-être alors qu’il travaille comme ouvrier blanchisseur.

En mars 1927, il habite au 104, rue Roublot à Fontenay-sous-Bois (Seine / Val-de-Marne – 94).

Le 29 octobre 1927, à la mairie de Vincennes (94), Albert Vorger-Levant épouse Marcelle Belin, 26 ans, née le 4 octobre 1901 à Paris 11e, blanchisseuse. Pendant un temps, le couple habite au 209, rue de Fontenay à Vincennes. En avril 1929, ils sont au 10, rue de Bagnolet, toujours dans cette commune. En février 1931, ils demeurent au 8, place des Marchés à la Fère (Aisne). Deux ans plus tard, en février 1933, ils se sont de nouveau rapprochés de la capitale et habitent au 26, rue Lebour, à Montreuil-sous-Bois (93). Albert et Marcelle ont deux enfants : Robert, né le 27 janvier 1930 à la Fère, et Micheline, née le 10 décembre 1933 à Paris 12e, peut-être dans la maternité d’un hôpital, car la famille habite toujours à Montreuil, alors au 121, boulevard de Chanzy. En juillet 1935, ils ont encore déménagé et sont logés au 55, rue de Paris, dans la même commune.

Du 17 septembre au 7 octobre, l’armée rappelle Albert Vorger-Levant comme réserviste pour une période d’exercices militaires au 30e RACH.

Albert Vorger-Levant est ouvrier métallurgiste. Le 27 décembre 1935, il est embauché comme affûteur-outilleur aux usines Citroën, quai de Javel à Paris 15e. Il adhère à l’Union syndicale des travailleurs métallurgistes et similaires de la région parisienne (CGT) et à la cellule d’entreprise du Parti communiste : la direction le considère comme un élément actif du PC.

À partir du 15 avril 1936, la famille est domiciliée dans un logement d’un petit immeuble de cinq étages au 102, rue Marceau à Montreuil-sous-Bois [1] (93). En 1938, Albert Vorger-Levant adhère à la cellule de la rue Beaumarchais de cette commune.

Du 18 avril au 2 mai 1937, l’armée le rappelle comme réserviste pour une période d’exercices militaires au 32e RACH.

Le 2 septembre 1939, lors de l’entrée en guerre, Albert Vorger-Levant est mobilisé comme affecté spécial sur son poste de travail aux usines Citroën, qui produisent alors pour la Défense nationale. Le 27 novembre suivant, il est rayé de l’affectation spéciale et rejoint le dépôt d’artillerie n° 21 le 2 décembre : il est « aux armées » du 16 mai au 25 juin 1940. Le 18 juillet suivant, n’ayant pas été fait prisonnier de guerre, il est « renvoyé dans ses foyers ».

Au retour, continuant à faire partie du personnel Citroën, Albert Vorger-Levant reste en attente d’emploi et touche des indemnités de chômage.

Le 23 septembre, un rapport rédigé par les Renseignements généraux (RG) de la préfecture de police relate qu’une voisine de son immeuble l’a surpris au moment où il glissait sous sa porte un tract de propagande communiste.

Le 18 décembre, les RG le désignent comme animateur du Comité populaire des ouvriers chômeurs des usines Citroën (en attente de leur emploi) et propagandiste communiste. La fouille opérée sur lui par deux inspecteurs amène la découverte de deux tracts relatifs aux revendications du dit comité, et la perquisition de son domicile permet de trouver six tracts clandestins. Il est néanmoins relaxé.

Le 14 mars 1941, le commissaire de police de la circonscription de Montreuil-sous-Bois effectue des perquisitions chez trois habitants suspectés de se livrer à une activité communiste interdite, dont Albert Vorger-Levant . Mais, « En dehors de quelques brochures (certainement antérieures à l’interdiction du PC), il n’ a été découvert aucun objet suspect. »

Albert Vorger-Levant est alors en relation militante clandestine avec Lucien Chrétien, 32 ans, responsable de l’« agitation-propagande » à Montreuil, et Edmond Van De Putte, 44 ans.

Le 10 mai suivant en fin d’après-midi, ce “triangle” se réunit dans un café de Montreuil, au coin de la rue de Paris et de la rue Marceau (à l’opposé de chez Albert) [2], afin de définir ses prochaines actions, quand surgissent environ huit policiers en civil, revolver au poing, qui leur passent les menottes avant de les conduire en voiture au commissariat de Montreuil. Rapidement, une perquisition est opérée au domicile de chacun d’eux. Chez les deux autres, aucun matériel ou document compromettant n’est découvert et ils déclarent s’être trouvés dans le café par hasard. Mais, chez Albert Vorger-Levant, les policiers trouvent, dans un sac à provisions accroché au mur de la cuisine, « 40 carnets de 10 tickets chacun de l’Union des Comités populaires d’anciens combattants de la banlieue-Est de Paris », portant le slogan « Unissons-nous pour l’aide aux victimes de la guerre, aux prisonniers, et à leurs familles ».

Au commissariat de Montreuil, les trois hommes sont interrogés presque toute la nuit. Ultérieurement, l’un d’eux témoignera avoir été interrogé rudement sans être frappé, mais avoir entendu Albert Vorger-Levant crier à plusieurs reprises. Lors de son interrogatoire, celui-ci déclare seulement avoir reçu ces tickets de solidarité d’un individu dont il ne peut donner le nom, « avec mission de les placer dans son entourage ». Ses deux camarades seront relaxés, faute de preuve.

Deux jours plus tard, le 12 mai, Albert Vorger-Levant est conduit au dépôt de la préfecture de police (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité), puis, inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939, il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e). Dans la deuxième quinzaine de mai, enfermé dans la même cellule que Léon Pêcheux et Pierre Demerlé, à la 13e division, ils sollicitent ensemble leur « mise au régime politique ».

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée.
(montage photographique)

Le 21 mai, Albert Vorger-Levant comparaît – seul – devant la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine qui le condamne à dix mois d’emprisonnement. Il se pourvoit en appel auprès du procureur de la République.

Le 3 juin, il est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne) ; n° d’écrou “ correction homme” 8345.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 9 août, la Cour d’appel de Paris confirme la condamnation, et son pourvoi en cassation est rejeté le 18 décembre.

En octobre, Marcelle Vorger-Levant déménage avec leurs enfants au 171 bis, rue Championnet à Paris 18e.

À l’expiration de sa peine, le 27 décembre 1941, ayant bénéficié d’une remise de celle-ci, Albert Vorger-Levant n’est pas libéré : le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif au camp de Rouillé (Vienne) en application du décret du 18 novembre 1939.

Le directeur de la prison de Fresnes met A. Vorger-Levant à la disposition du préfet de police. Il ajoute : « Je crois devoir vous signaler (…) que (… le MBF) a ordonné que la libération des Français de sexe masculin arrêtés pour activité communiste ou anarchiste ne pourra être possible sans son accord. » Archives dép. du Val-de-Marne. Prison de Fresnes.

Le directeur de la prison de Fresnes met A. Vorger-Levant
à la disposition du préfet de police. Il ajoute : « Je crois devoir vous signaler (…) que (… le MBF) a ordonné que la libération des Français de sexe masculin arrêtés pour activité communiste ou anarchiste ne pourra être possible sans son accord. »
Archives dép. du Val-de-Marne. Prison de Fresnes.

En attendant son transfert, Albert Vorger-Levant est ramené au dépôt de la préfecture de police.

Le 3 janvier 1942, il fait partie d’un groupe de 38 internés politiques (parmi lesquels 16 futurs “45000”) et 12 “indésirables” (droit commun) extraits du dépôt et transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé. Ils sont conduits en car, sous escorte, jusqu’à la gare d’Austerlitz où les attend un wagon de voyageurs réservé (10 compartiments ; départ 7h55 – arrivée 18h51).

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Probablement au camp de Rouillé… Collection Isabelle Vorger-Levant. Droits réservés.

Probablement au camp de Rouillé entre janvier et mai 1942…
Collection Isabelle Vorger-Levant. Droits réservés.

Lors de sa détention, Albert Vorger-Levant suit des cours d’allemand donnés par un co-détenu (ses cahiers de cours seront renvoyés à sa famille).

Le 22 mai 1942, Albert Vorger-Levant fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Entre fin avril et fin juin 1942, Albert Vorger-Levant est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désigné comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. La famille d’Albert Vorger-Levant ne recevra aucun message.

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Le trajet dure au total une cinquantaine d’heures. Non ravitaillés en eau, les déportés souffrent particulièrement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Albert Vorger-Levant est enregistré à Auschwitz sous le numéro 46202 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Albert Vorger-Levant est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. En effet, peu avant son décès, il est admis au Block 20 (maladies contagieuses) de l’hôpital du camp.

Albert Vorger-Levant meurt à Auschwitz le 14 août 1942, selon trois registres du camp (Leichenhalle, Stärkebuch, Sterbebücher) ; cinq semaines après l’arrivée de son convoi. L’acte de décès établi par l’administration SS du camp indique pour cause de sa mort « typhus » exanthématique (Fleckfieber), ce qui est plausible… sans être certain.

À l’automne 1943, Marcelle Vorger-Levant sollicite le vice-président du Conseil municipal de Paris afin d’obtenir des nouvelles de son mari, dont elle est sans nouvelles depuis le transfert de celui-ci au camp allemand de Compiègne, et qu’elle suppose déporté. Le 24 novembre, le notable parisien transmet cette requête à Fernand (de) Brinon, ambassadeur, délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés. Le 14 décembre, les services de la Délégation, siégeant place Beauveau (Paris 8e), écrivent au préfet de police pour lui demander de leur transmettre tous les renseignements possibles.

Dès le 25 octobre 1944, le nom d’Albert Vorger-Levant est cité dans le rapport établi par le 5e groupe de la Section d’épuration à l’encontre de l’ex-inspecteur Raymond L., responsable de l’arrestation du militant clandestin, alors que lui-même était gardien de la Paix au commissariat de Montreuil ;  initiative pour laquelle il a ensuite reçu une gratification.
Le 26 avril 1946, Georges Brumm, de Montreuil, rescapé du convoi, complétant un formulaire imprimé à l’en-tête de la Fédération nationales des déportés et internés patriotes (FNDIRP)/Amicale d’Auschwitz, certifie que son camarade est décédé « à ce camp à la date du mois d’août 1942 ».
Le 13 juillet 1946, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des anciens combattants et victimes de guerre (AVCG) dresse l’acte de décès officiel d’Albert Vorger-Levant « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (probablement le témoignage de Georges Brumm) et en fixant la date au « 15 août 1942 », soit – de manière administrative – au mi-temps du mois. En l’occurrence, la différence de date n’est que d’un jour.
Le 3 septembre, Marcelle Vorger-Levant remplit le formulaire de demande que la mention « Mort pour la France » soit apposée en marge de l’acte de décès de son mari, condition préalable à l’ouverture d’un droit à pension ; un militant communiste du Bas-Montreuil l’appuie dans cette démarche (peut-être le mari de Fernande, sœur d’Albert). Le 4 juin 1947, le ministère des ACVG demande au maire de Montreuil d’inscrire la dite mention en marge de l’acte de décès sur le registre d’état civil.
Le 7 janvier 1953, à Viarmes (Seine-et-Oise/Val-d’Oise), suite à la demande de l’ex-inspecteur Raymond L. de pouvoir réintégrer la préfecture de police (alors qu’il avait été condamné à mort par contumace le 7 août 1947 !), un commissaire de police des RG de Pontoise enregistre sur procès verbal la déposition de Lucien Chrétien concernant l’arrestation des trois camarades dans le café de Montreuil. La réintégration du policier anticommuniste lui sera refusée.
Marcelle Vorger-Levant décède à Châteauroux (Indre) le 3 mars 1986.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès d’Albert Vorger-Levant (J.O. du 9-12-2001).

Notes :

[1] Bagnolet et Montreuil-sous-Bois : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Un café – Le Marceau – existe toujours (2019) au coin de la rue de Paris – n° 137 – et de la rue Marceau.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 385 et 423.
- Cl. Cardon-Hamet, notice in 60e anniversaire du départ du convoi des 45000, brochure répertoriant les “45000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, page 32.
- Isabelle Vorger-Levant, questionnaire (10-2006), photographie.
- Archives départementales de Seine-Saint-Denis, site internet, archives en ligne : registre des naissances de Bagnolet 1904-1905 (BAG NC1), année 1905, acte n° 94 (vue 96/132).
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 28 mars au 5 juin 1941 (D1u6-5855) ; registres matricules du recrutement militaire, classe 1925, 4e bureau de la Seine, matricule n° 1071 (D4R1 2573).
- Archives Départementales du Val-de-Marne : Prison de Fresnes, registre d’écrou n° 151, “correction hommes” du 20 avril au 7 juillet 1941 (2742w18).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; archives des Renseignements généraux de la préfecture de police (consultation sur écran), brigade spéciale anticommuniste, registre des affaires traitées 1940-1941 (G B 29) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 727-27837) ; dossier individuel des Renseignements généraux (77 W 1439-13574) ; dossiers d’épuration de l’ex-inspecteur Raymond L. (KB 66 et KB 177).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 182.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1280.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Office for information on former prisoners) : acte de décès à Auschwitz (20 869/1942/1942), extrait du registre d’appel, extrait du relevé clandestin du registre de la morgue).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen ; dossier individuel (21 P 548-570), recherches de Ginette Petiot (message 06-2016).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 19-09-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Maurice VORANGET – (46201 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Maurice Voranget naît le 5 février 1901 à Elbeuf (Seine-Maritime [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] – 76), fils de Léopold Voranget, 28 ans, chaudronnier, et de Constance Dieudonné, 22 ans, native de la ville, journalière. Auparavant, le couple avait eu une fille, Magdeleine, et un garçon, Marcel, né le même jour, 6 juin 1899, reconnus et légitimés par leur mariage le 16 octobre 1899.  Mais les parents divorcent  en 1911, la mère épousant Édouard M. en secondes noces le 26 avril 1915 à Elbeuf.

Maurice Voranget commence à travailler comme journalier, habitant au 24, rue des Rouvalets, à Elbeuf.

Le 21 décembre 1920, à la mairie de Rouen, il s’engage volontairement pour quatre ans au 1er dépôt des équipages de la Flotte et arrive au corps le lendemain comme matelot de 3e classe. Le 25 avril 1921, le conseil de guerre maritime permanent à Cherbourg le condamne à six ans de travaux publics pour refus d’obéissance, rebellion par plus de deux personnes sans armes, et outrage à supérieur par paroles, gestes et menaces, jugement exécuté le 8 juin pour compter du 13 février précédent (certainement la date de son arrestation, soit moins de deux mois après son engagement…). Le 8 août 1924, sa peine est suspendue par le ministre de la Marine ; le 14 juin précédent, il avait été affecté au 5e dépôt. Le 5 octobre, il est renvoyé dans ses foyers, le certificat de bonne conduite lui étant refusé.

Le 21 janvier 1926, il débute sa carrière de cheminot comme homme d’équipe à l’essai aux Chemins de fer de l’État, compagnie qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [2] ; il est affecté à Elbeuf-Saint-Aubin (attesté en octobre 1928).

Le 6 décembre 1924, à Elbeuf, il se marie avec Jeanne Jacquet, née le 18 mars 1905 à Paris 19e. Ils auront quatre enfants : Maurice (lui aussi) et Micheline, nés jumeaux le 7 septembre 1925 à Elbeuf, René, né le 26 septembre 1923, et Monique, née le 24 novembre 1931.

En février 1932, Maurice Voranget père habite côte des Hauts-Fourneaux à Grand-Quevilly (76), au sud-ouest de l’agglomération de Rouen, dans la boucle de la Seine

Deux mois plus tard et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 11, rue Aimable-Pélissier à Grand-Quevilly.

En 1935, il est nommé aide-chaudronnier aux Ateliers SNCF de Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen.

Membre de la direction du Syndicat des Cheminots, c’est aussi un militant communiste. Lors d’un scrutin restant à préciser, il est présenté comme candidat aux élections municipales. Pendant un temps, il est secrétaire du Comité Amsterdam-Pleyel.

Après l’interdiction du PCF puis sous l’occupation, il reste actif au sein du Parti communiste clandestin.

Le 3 octobre 1940, il fait l’objet d’une notice individuelle établie par le commissariat central de Rouen, qui note que « son domicile a fait l’objet d’une visite de la part de la gendarmerie allemande ».

Le 21 octobre 1941, Maurice Voranget est arrêté par des policiers français (L.A. 2804) lors de la grande rafle de Rouen et de sa banlieue [3].

Le 30 octobre 1941, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 1900.

Le 7 novembre 1941, Jeanne Voranget écrit à un haut responsable français (probablement Pierre Laval) afin de solliciter une mesure de clémence en faveur de son mari. 

Entre fin avril et fin juin 1942, Maurice Voranget est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

JPEG - 145.8 ko
Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Maurice Voranget est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46201, selon les listes reconstituées ; aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu, ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Maurice Voranget.

Le 3 septembre, son épouse écrit de nouveau au « président Laval » dans l’espoir qu’il puisse « faire quelque chose » pour son mari.

Maurice Voranget meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Entre temps,  le 19 octobre 1942, son fils Maurice, apprenti mécanicien qui vient tout juste d’avoir 17 ans, est arrêté par la Feldgendarmerie pour vol d’une bicyclette appartenant à l’armée allemande. Le 30 octobre, le tribunal militaire de la Feldkommandantur 517 à Rouen, le condamne à un an de prison comme délinquant de droit commun. À l’expiration de sa peine, il est transféré au Frontstalag 122 de Compiègne.

Le 17 janvier 1944, il est déporté par le transport 1/171 qui arrive au KL Buchenwald deux jours plus tard (matricule n° 40 045). Le 11 février, il est transféré à Dora. Le 27 mars, Maurice Voranget fils est transféré à Bergen-Belsen, où il meurt le 8 avril 1944, n’ayant pas encore atteint  l’âge de 19 ans.

Le 15 juillet 1957, sa mère dépose une demande de titre et l’obtient pour lui le 15 janvier 1959 ; il est reconnu Déporté Politique.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de Maurice Voranget père (J.O. du 9-12-2001).

Son nom est inscrit sur le monument aux morts SNCF des ateliers de Quatre-Mares de Sotteville-lès-Rouen et, à Grand-Quevilly, parmi les morts en déportation sous la plaque de la rue des Martyrs de la Résistance.

© Photo de Marc Le Dret, petit-fils de Marcel Le Dret.

© Photo de Marc Le Dret, petit-fils de Marcel Le Dret.

Probablement du fait qu’ils portaient le même prénom, la mémoire locale n’a pas retenu l’arrestation puis la mort en déportation de son fils (les confondant…).

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[3] Le “brûlot de Rouen” et la rafle d’octobre 1941 : L’arrestation massive de plusieurs dizaines (*) de militants politiques et syndicaux – ou soupçonnés tels – a suivi de peu le déraillement d’un train de matériel militaire allemand sur la ligne Rouen-Le Havre, dans le tunnel de Pavilly, à 1500 m de la gare de Malaunay, le 19 octobre 1941 ; ce sabotage étant l’un des objectifs visés par le “brûlot” de Rouen (groupe mobile de la résistance communiste). Néanmoins, les fiches d’otages des “45000” appréhendés dans cette période mentionnent que ces arrestations mettaient en application un ordre du Commandant de la région militaire A, daté du 14 octobre 1941. Ainsi, entre le 17 et le 25 octobre, il y eut le même type de rafles de “communistes” dans sept autres départements de la zone occupée. Il est probable que ces arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. En effet, tous les hommes appréhendés furent remis aux allemands qui les transférèrent à Compiègne entre le 19 et le 30 octobre 1941. 44 des otages arrêtés ces jours-là dans le secteur de Rouen furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942. Beaucoup furent fusillés au titre de représailles dans les semaines qui suivirent.

(*) 150 selon “30 ans de luttes“, brochure éditée en 1964 par la fédération du Parti Communiste de Seine-Maritime.

[4] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. A partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp C est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 421.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : témoignage de Robert Gaillard (45565), arrêté le même jour – Listes établie par Louis Jouvin (45697), du Havre, en 1972, et par Louis Eudier (45523), du Grand-Quevilly, en 1973 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 1493-1494.
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, CG 76 : cabinet du préfet sous l’occupation, dossiers d’invidus arrêtés de Rob à Z (51 W 421).
- Archives départementales de Seine-Maritime, site internet, archives en ligne : registres matricules du recrutement militaire, classe 1921 (1R3527), matricule n° 893.

- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1280 (38788/1942).
- Site du Groupe Archives Quatre-Mares (GAQM).
- Catherine Voranger (petite-fille de Louis Jouvin), message du 17-08-2021.

MÉMOIRE VIVE

dernière mise à jour, le 17-08-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Pierre VOILLEMIN – 46200

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Pierre, Marcel, Voillemin naît le 16 décembre 1918 à Troyes (Haute-Marne – 52), fils de Marius Voillemin, 32 ans, stucateur, et de Jeanne Devilliers, son épouse, 28 ans.

Marius Voillemin, qui avait effectué son service militaire en 1908, a été rappelé à l’activité militaire par le décret de mobilisation générale du 1er août 1914, et a rejoint deux jours plus tard le régiment régional d’infanterie de Troyes-Toul.

Le 7 juillet 1915, alors qu’il était soldat de 2e classe à la 23e section d’infirmiers militaires, Marius Voillemin, s’est fait représenter par un négociant en vin de 49 ans pour épouser par procuration Jeanne Devilliers à la mairie de Joinville ; mariage qui a été l’occasion de légitimer Madeleine Jeanne Juliette Voillemin, née le 6 octobre 1912, et Robert Voillemin, né le 26 mai 1914, tous deux à Bar-sur-Seine (Aube), où vivaient alors leurs parents.

Le 28 juillet 1916, Marius Voillemin a été admis dans un hôpital d’évacuation pour sciatique. Le 12 septembre suivant, il est sorti à l’hôpital auxiliaire de Dax, dans le grand hôtel et établissement thermal des Baignots. Le 11 décembre, il a été évacué sur le centre de réforme de Bayonne et en est sorti deux jours plus tard avec un congé de convalescence de 10 jours (?).

Le 17 septembre 1917, il était passé à la 18e section d’infirmiers. Le lendemain, il a été classé “service auxiliaire” par la commission de réforme de Troyes pour « sciatique chronique et faiblesse générale, inapte à faire campagne ». Le 24 janvier 1918, il a été admis à l’hôpital complémentaire 1128 à Troyes, pour diphtérie en service commandé, et en est sorti quelques jours plus tard pour rejoindre l’hôpital complémentaire de Troyes n° 27, centre spécial de réforme, pour « sciatique jambe droite, faiblesse générale ».  Lui et son épouse ont très probablement pu se retrouver dans cette période… Le 6 juillet suivant, la commission de réforme de Troyes le déclare apte au service armé. Début septembre, il rejoint un groupe de brancardiers divisionnaires au sein de la 10e Armée.

Le 9 juin 1919, Marius Voillemin est mis en congé illimité de démobilisation et se retire rue des Tilleuls à Joinville.

Dans les dix années suivantes, comme réserviste, il déclare habiter en plusieurs endroits successifs : en mai 1920, à Rembercourt-aux-Pots (Meuse – 55), en octobre suivant à Vavincourt (55), en août 1921 à Roye-sur-Matz (Oise), début octobre de la même année au hameau de Reigny à Vermenton (Yonne), en juin 1924 à l’entreprise des Beaux-Arts à Courdemanche (Marne – 51), et en décembre 1925 à Chézy-en-Orxois (Aisne) où son troisième fils, Jean – frère de Pierre – naît cette même année. Fin octobre 1927, Marius Voillemin déclare habiter de nouveau à Courdemanche (51).

En 1929, il a emménagé avec sa famille à Joinville (52), année où naît son quatrième fils, Marcel. En 1931, la famille habite rue des Ursulines.

En 1936, la famille est domiciliée au 2 bis, rue des Ursulines. Marius Voillemin, le père, est alors tailleur de pierre chez un entrepreneur de maçonnerie de la rue du Poncelet. Pierre Voillemin, 17 ans, est employé chez un marchand de journaux.

Au moment de son arrestation, le jeune homme habite encore chez ses parents et est déclaré comme employé de commerce.

Le 23 juin 1941, Pierre Voillemin est arrêté à Joinville avec son père, Marius, parmi une soixantaine de militants communistes et syndicalistes interpellés en quelques jours dans la Haute-Marne [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (dont 15 futurs “45000”), puis rassemblés à la prison de Chaumont (52).

Chaumont. La prison cellulaire. Carte postale des années 1900. Coll. Mémoire Vive.

Chaumont. La prison cellulaire. Carte postale des années 1900. Coll. Mémoire Vive.

Le 27 juin, Pierre Voillemin est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il s’y trouve avec son père, qui est libéré en octobre 1941.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Pierre Voillemin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Pierre Voillemin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46200 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

 Le 13 juillet, après l’appel du soir, Pierre Voillemin est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

 Le 8 décembre 1942, Pierre Voillemin est présent à l’infirmerie (Revier), où son nom est inscrit sur un registre.
Il meurt à Auschwitz le 20 mars 1943, d’après le registre de la morgue (Leichenhalle) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Son nom est inscrit sur le monument au morts de Joinville. Un nommé Robert Voillemin y figure aussi pour la guerre 1939-1945 : s’agit-il d’un parent ? (un oncle ?)La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 9-12-2001).

Notes :

[1] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht. Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. 131 d’entre eux, arrêtés entre le 21 et le 30 juin, font partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 366 et 421.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, Éditions Graphein, Paris nov. 2000, liste page 531.
- Club Mémoires 52, Déportés et internés de Haute-Marne, Bettancourt-la-Ferrée, avril 2005, p. 54 et 57.
- Archives départementales de la Côte-d’Or, Dijon : cote 1630 W, article 252.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 : relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1279 (16176/1943).
- Raymond Jacquot, site internet Mémorial GenWeb, 2002.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-10-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Georges VINSOUS – 46199

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Georges, Valère, Vinsous naît le 13 octobre 1897 à Rumigny (Ardennes), fils de Constant Vinsous et d’Alice Robinet, son épouse (tous deux décédés au moment de l’arrestation de leur fils).

Georges Vinsous commence à travailler comme ajusteur. Pendant un temps, il habite à Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine), 14 km au Nord de Châteaubriant.

De la classe 1917, Georges Vinsous est incorporé dès le 8 janvier 1916 au 31e régiment d’infanterie comme soldat de 2e classe afin d’accomplir son service militaire. Le 17 février 1917, il passe au 112e R.I. Le 15 décembre 1917, il est cité à l’ordre de son régiment : « soldat courageux et dévoué faisant partie d’une reconnaissance de nuit poussée le 10 décembre à 3 km au-delà de nos lignes, s’est détaché volontairement de son groupe pour rechercher dans un moment critique la liaison avec le chef du détachement ». Pour cette action, il reçoit la Croix de guerre avec étoile de bronze.

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La Croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze. © MV

La Croix de guerre 1914-1918
avec étoile de bronze.
© MV

Le 20 décembre suivant, il est nommé soldat de première classe. Le 29 mai 1918, il passe au 55e R.I.

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Ruines de l’église de Lassigny. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Ruines de l’église de Lassigny. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 11 juin, dans le secteur de Lassigny, au Nord du département de l’Oise, il est blessé par une balle qui lui occasionne une plaie pénétrante au genou droit. Évacué, il est soigné pendant un an (?). Le 1er septembre 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation.

Le 2 janvier 1920, à Mohon (08) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], il entre comme homme d’équipe à la Compagnie des chemins de fer de l’Est (qui fusionnera au sein de la SNCF).

Le 11 décembre de la même année, à Izieux (Loire), Georges Vinsous se marie avec Francine Cote. Ils auront quatre filles : Alice, née le 25 avril 1919, Lucienne, née le 30 novembre 1920, Odette, née le 5 juin 1927, et Huguette, née le 30 novembre 1933.

Le 1er juillet 1927, Georges Vinsous est employé à la gare de Lumes (08) ; à Lumes-triage probablement. Le 1er septembre, il est nommé chef de train. Le 1er novembre suivant, il est muté à la gare de Vaires-Torcy [2].

Vaires. La gare voyageurs de Vaires-Torcy-Noisiel-Brou. Carte postale écrite en 1935. Coll. Mémoire Vive.

Vaires. La gare voyageurs de Vaires-Torcy-Noisiel-Brou.
Carte postale écrite en 1935. Coll. Mémoire Vive.

La famille s’installe au 16, rue de la Claye à Brou-sur-Chantereine.

Georges Vinsous entre au bureau du Syndicat des cheminots de Vaires, « jouissant d’un ascendant certain dans les milieux des cheminots » selon la police et pouvant « être considéré comme le principal et plus dangereux propagandiste révolutionnaire dans cette corporation ».

Militant communiste, il est secrétaire de la cellule des cheminots de Brou de 1934 à 1938. « Cette cellule est très active et groupe un grand nombre de sympathisants parmi les 600 cheminots qui habitent la cité de Brou ».

Georges Vinsous serait signataire de « la protestation adressée à la CGT contre la résolution prise par le bureau de la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer stigmatisant le pacte germano-soviétique ».

Lors de la déclaration de guerre (3 septembre 1939), Georges Vinsous est mobilisé comme “affecté spécial” sur son poste de travail habituel au titre de la SNCF sur le réseau de l’Est pour une durée indéterminée.

Le 17 octobre, le préfet de Seine-et-Marne transmet à la direction de la Sûreté nationale, au ministère de l’Intérieur – en réponse à une circulaire de celle-ci datée du 24 septembre -, une liste de « fonctionnaires et agents des services publics mobilisables appartenant au parti communiste et maintenus à leur poste » sur laquelle Georges Vinsous est inscrit (31e) parmi les agents SNCF, dépendants du ministère des Travaux publics.

Le 14 novembre, le domicile de Georges Vinsous est perquisitionné par la police d’État de Vaires qui y trouve un cachet du Parti communiste utilisé avant la dissolution et que « par inadvertance, [il avait]négligé de détruire, ne pensant pas que cela ait une importance quelconque ». Deux jours plus tard, vers 11 heures, il est convoqué au commissariat de Vaires où lui est notifiée son arrestation préventive par la « Sûreté nationale », en même temps qu’à un homme d’équipe de la même gare. Accusé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 prononçant la dissolution du Parti communiste et de ses filiales (« menées anti-nationales »), Georges Vinsous est déféré devant le parquet du procureur de la République de Meaux et écroué à la Maison d’arrêt de la ville. Il se fait assister par un avocat. Suite à un non lieu, « les faits reprochés […] n’ayant pu être établis », il est libéré le 24 novembre.

À la suite de sa radiation de l’affectation spéciale, Georges Vinsous est rappelé aux armées le 24 février 1940 et affecté au CM d’infanterie n° 21 à Soissons. Il est renvoyé dans ses foyers le 15 mars suivant, « en raison de sa classe et de ses charges de famille », et reprend son emploi dès le lendemain.

Le 1er juin, au moment de l’invasion allemande, Georges Vinsous (matricule SNCF n° 48013) est muté, sur demande du directeur du service central P., à Flamboin-Gouaix (Seine-et-Marne – 77), « une gare de moindre importance afin de réduire son action éventuelle » (militante).

Intérieur de la gare de Flamboin-Gouaix. Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

Intérieur de la gare de Flamboin-Gouaix.
Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

La famille emménage à Gouaix le 2 février 1941 ; les deux grandes filles (20 ans et 18 ans) habitant peut-être déjà à Chelles pour aller travailler comme sténo-dactylo à Paris.

Le 27 juin suivant, le chef de l’exploitation de la SNCF réitère une proposition de licenciement à l’encontre de Georges Vinsous, « susceptible de reprendre [son] activité à la moindre occasion ».

Le 3 septembre, le chef de train est suspendu – sous forme de mise à la retraite anticipée ? – par décision du secrétaire général de la SNCF. Dès le lendemain, Georges Vinsous écrit à sa hiérarchie afin de connaître les motifs de la mesure qui le frappe (la consigne est donnée de ne pas porter à sa connaissance la lettre du secrétaire général). Le 20 septembre suivant, il est radié en application de la loi du 18 septembre 1940. Son licenciement définitif est prononcé par arrêté du ministre secrétaire d’État aux communications en date du 4 septembre, faisant application de la loi du 23 octobre 1940.

Le 19 octobre 1941, Georges Vinsous est arrêté à Flamboin-Gouaix par la gendarmerie française et la Feldgendarmerie (convocation à la brigade de Flamboin ?), interpellé dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département.

Georges Vinsous est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”). Immatriculé sous le n° 1740, il est assigné au bâtiment A3.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Georges Vinsous est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46199 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Georges Vinsous se déclare alors comme cheminot (Eisenbahner). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.Le 13 juillet, après l’appel du soir, G est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

Entre le 1er et le 19 novembre 1942, il apparaît à plusieurs reprises sur le registre des détenus de la chambre n° 3 du Revier – dont Marcel Colin, Germa, Faugeron, Lenglet, Nonnet, Nouvian, Paupy, Roux et Sansoulet -, qui reçoivent des médicaments (6 gouttes d’Anisine – un bactéricide…).

Georges Vinsous meurt – à Birkenau – le 5 janvier 1943, d’après l’acte de décès du camp (Sterbebücher), qui indique pour cause mensongère de sa mort « faiblesse cardiaque et circulatoire » (Herz und Kreislaufschwäche).

Le nom de Georges Vinsous est inscrit sur le monument aux morts de Gouaix.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 1-09-2001).

Notes :

[1] Mohon : commune intégrée en 1966 à Charleville-Mézières.

[2] Vaires-sur-Marne fut l’une des principales gares de triage et de dépôt de locomotives de France au XXe siècle . Et, comme le furent tour à tour d’autres villes de triage de la couronne parisienne : Creil, Achères, Noisy-le-Sec, Trappes, Villeneuve-Saint-Georges, Juvisy…, Vaires ainsi que la commune voisine de Brou-sur-Chantereine, furent lourdement bombardées à cinq reprises au cours de la Seconde Guerre mondiale. (source : Wikipedia)

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 422.
- Archives départementales des Ardennes (AD 08), site internet du Conseil général, archives en ligne : registre matricule du recrutement militaire, bureau de Mézières, classe 1917 (:R 304 – n° 101-200), matricule 122 (vues 50-52/244).
- Archives de la SNCF, Béziers, dossiers du personnel, éléments communiqués par Rail & Mémoire.
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 1487-1488.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, attribution du titre de déportés politique (SC1994) ; arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; arrestations allemandes, secteur de Provins, dossier individuel (SC51231) ; notes (SC51241) ; fonctionnaires appartenant au PCF (SC51242).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1277 (512/1943).
- Irena Strzelecka, Les hôpitaux dans le camp de concentration d’Auschwitz, in Auschwitz 1940-1945, tome 2, Les détenus – La vie et le travail, chap. 9, p. 364-365, éditions du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, 2011.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach), archives (APMAB) ; copie de l’acte de décès du camp.
- Site Mémorial GenWeb, Gouaix, relevé d’Isabelle Corvi (11-2001).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 1-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Félix VINET – (46198 ?)

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Félix, Séraphin, François, Vinet naît le 9 novembre 1893 à La Ferrière, au nord-est de la Roche-sur-Yon (Vendée), chez ses parents, François Vinet, 48 ans, et d’Amélie Arcéau, 42 ans, tous deux cultivateurs pendant un temps au lieu-dit de l’Indivisio. Pour son enregistrement à l’état-civil, le nouveau-né est présenté à la mairie par son frère (?), François Vinet, 22 ans, « domestique ». Les témoins pour cet enregistrement sont un instituteur et un sabotier.

Le 21 novembre 1912, âgé de 19 ans, Félix Vinet s’engage volontairement pour cinq ans au 24e régiment d’infanterie coloniale. En septembre 1914, il prend part aux premiers combats de la Première Guerre mondiale. Blessé le 28 février 1915, il est évacué de la ligne de feu, puis cité à l’ordre de l’Armée. En 1928, il recevra la Médaille militaire au titre des Réserves.

Le 16 novembre 1920, à la mairie de Charenton (Seine / Val-de-Marne – 94), il épouse Lucie Tannier, née le 9 avril 1901 à Yvré-l’Évêque (Sarthe). Leur fils Roger naît le 7 octobre 1921 à Maisons-Alfort [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (94).

Le DBMOF-Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français), signale, sans mentionner de prénom, un nommé Vinet : « Militant de la Fédération de la Seine du Parti communiste, (…) élu membre du Comité central de l’ARAC à son congrès de Clermont-Ferrand en juillet 1923. » (notes de M. Lazar). S’agit-il du même homme ?

Au moment de son arrestation, Félix Vinet est domicilié au 1, rue l’Amiral-Courbet à Maisons-Alfort [1] (94), d’après les listes électorales de février 1945 sur lesquelles il est déclaré comme chauffeur-livreur.

Félix Vinet est arrêté par la police française dans la même période que Lucien Tourte, 40 ans, de Maisons-Alfort, pour propagande communiste. Huit militants auraient été arrêtés à la suite d’une tentative de reconstitution d’une cellule communiste aux usines Unic à Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine). Au total, vingt-deux personnes sont inculpées d’infraction au décret-loi du 26-09-1939.

Félix Vinet est écroué le 29 décembre 1940 à la Maison d’arrêt de la Santé, Paris 14e (écrou n° 304300). Au cours de l’instruction, il y a disjonction de son affaire.

Le 6 mai 1941, il comparaît avec une seule co-accusée devant la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine. Condamné à dix-huit mois d’emprisonnement, il se pourvoit en appel auprès du procureur de la République

Le 7 juin, il est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (94).

 

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

À l’expiration de celle-ci, le 6 décembre, il n’est pas libéré : le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939.

Le 16 décembre, suivant une circulaire du ministère de l’Intérieur datée du 22 octobre 1941 (P.N. n° 114), la préfecture transmet un rapport concernant Félix Vinet au Commandant allemand du Gross-Paris, Militärverwaltungsstab, Pol.

Le 3 janvier 1942, Félix Vinet fait partie d’un groupe de 38 internés politiques (parmi eux, 16 futurs “45000”) et 12 “indésirables” (droit commun) extraits du dépôt et transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé (Vienne). Ils sont conduits en car, sous escorte, jusqu’à la gare d’Austerlitz où les attend un wagon de voyageurs réservé (10 compartiments ; départ 7h55 – arrivée 18h51).

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 22 mai 1942, Félix Vinet fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C.     L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin, Félix Vinet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Félix Vinet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46198, selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Félix Vinet.

Il meurt à Auschwitz le 16 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Au cours de cette année 1942, Lucie Vinet s’installe dans un petit logement au 42, rue Faidherbe à Paris 12e.

En 1946, son fils Roger se déclare comme chauffeur.

Le 22 juin 1949, Lucie Vinet reçoit le certificat d’appartenance de son mari à la Résistance intérieure française (RIF), avec le grade fictif d’adjudant, pour son engagement reconnu au sein du Front national [2] d’août 1940 à novembre 1942.

Notes :

[1] Maisons-Alfort : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).

Sources :

V Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 389 et 423.
V Archives municipales de Maisons-Alfort, recherches de Madame Loubrieu.
V Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 31 mai au 3 septembre 1941 (D1u6-5856).
V Archives Départementales du Val-de-Marne, Créteil : établissement pénitentiaire de Fresnes, dossier des détenus “libérés” du 1er au 19-12-1941 (511w27).
V Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 684-22856).
V Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 181.
V Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
V Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1277 (30867/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 22-11-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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