René MANCEAU – 45821

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

René, Louis, Édouard, Auguste, Manceau naît le 30 mai 1897 à Angers (Maine-et-Loire – 49), chez ses parents, Auguste Manceau, 33 ans, fermier, et Marie Delestre, son épouse, 31 ans, couturière, mariés à Angers et domiciliés au 10, rue Lenepveu.

Pendant un temps, il habite avec ses parents à Paramé (Ille-et-Vilaine) et travaille comme employé de commerce.

Le divorce de ses parents est prononcé par le tribunal civil d’Angers le 30 février 1908.

Le 10 janvier 1916, René Manceau est incorporé au 136e régiment d’infanterie comme soldat de 2e classe. Le 25 juillet suivant, il passe au 25e R.I. Le 1er novembre, il passe au 136e R.I. Le 1er mai 1917, il est nommé caporal. Le 6 mars 1918, il passe au 3e régiment de tirailleurs. Cité à l’ordre du régiment le 20 août 1918, il reçoit la Croix de guerre. Le 22 décembre 1919, il passe au 15e régiment de tirailleurs algériens. Le 30 septembre 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Fin janvier 1920, il habite à Ville-en-Tardenois (Marne – 51).

Le 11 décembre 1923, il est embauché par la Compagnie des chemins de fer de l’Est, qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938

[1].

Fin juin 1925, il habite au 104 rue Lesage à Reims (51).

À la mi-avril 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, il vit avec sa mère au 73, rue Coquebert à Reims. Il est célibataire. Portant des lunettes pour myopie, il a les premières phalanges de l’index et du majeur droit sectionnées.

Il est alors homme d’équipe à la gare de Reims.

Reims, la gare, vue aérienne. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Reims, la gare, vue aérienne.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Militant syndicaliste depuis 1932, il est membre du Parti communiste, trésorier de la cellule du quartier Saint-Thomas (4e canton de Reims).

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.  Collection Mémoire Vive.

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.
Collection Mémoire Vive.

D’abord mobilisé comme “affecté spécial” sur son lieu de travail après l’entrée en guerre de septembre 1939, il radié et affecté à une unité militaire le 2 février 1940 pour « menées antinationales ». Fait prisonnier en juin 1940, il est rapatrié comme ancien combattant le 17 juillet 1941 (à vérifier…).

Sous l’occupation, il milite au sein du Parti communiste clandestin : il diffuse des tracts, des journaux et pratique des sabotages de matériel destiné à l’occupant sur son lieu de travail. Il appartient au premier groupe de résistance de la SNCF de Reims, avec Maurice Roussel, Roland Soyeux (déportés le 6 juillet 1942), et Gaston Lelaurain [2].

Le 26 février 1942, René Manceau est arrêté sur son lieu de travail, à la gare de Reims, par la Feldgendarmerie, comme otage en représailles après des attentats contre des soldats allemands à Chalon-sur-Saône et à Montceau-les-Mines, en même temps que dix-sept autres Marnais (membres de la communauté juive, militants syndicaux et politiques…). Appréhendé en même temps que Jules Huon, Marcel Gauthier, Félix Reillon, Maurice Roussel, Henri Roy et Roland Soyeux – tous suspectés d’activité communiste clandestine et futurs compagnons de déportation -, René Manceau est conduit à la Maison d’arrêt de Reims, boulevard Robespierre, puis à la prison de Châlons-sur-Marne (à vérifier…).

Le 5 mars, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, René Manceau est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Manceau est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45821 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; René Manceau se déclare alors de religion protestante (evangelisch). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, René Manceau est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp (témoignage de Guy Lecrux).

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

René Manceau meurt à Auschwitz le 8 août 1942, selon le registre d’appel quotidien (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [3].

En mai 1946, Guy Lecrux, de Reims, et André Montagne, de Caen, tous deux rescapés du convoi, signent chacun une attestation certifiant la disparition de René Manceau à Auschwitz-Birkenau sans pour voir préciser de date, mais avant le 4 mars 1943 selon le premier et avant le 13 août 1943 selon le deuxième.

Le 21 octobre 1946, la mère de René Manceau remplit un formulaire de demande d’inscription de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès de son fils, ce qui sera fait en juin 1947.

En 1947, la municipalité de Reims appose une plaque commémorative à son domicile, au 73, rue Coquebert (où habitait également Lucien Blondeau, mort le 27 avril 1945 au KL Ravensbrück).

Le nom de René Manceau est également inscrit sur la plaque commémorative en gare de Reims « À la mémoire des agents de la SNCF tués pour faits de guerre 1939-1945 », sur celle apposée dans la salle de réunion de la Bourse du Travail de Reims (devenue Maison régionale des syndicats), 13 boulevard de la Paix, « À la mémoire de nos camarades tombés dans la lutte pour la liberté, victimes de la barbarie nazie » (ce dernier adjectif ayant remplacé “barbarie allemande”), et enfin sur le monument aux martyrs de la résistance et de la déportation, situé sur les Hautes Promenades à Reims.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. 19-09-1994).

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[2] Gaston Lelaurain, arrêté dès le 24 juin 1941, déporté en 1943 au KL Oranienbourg où il meurt en 1945.

[3] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant René Manceau, c’est 15 novembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 366 et 412.
- Cl. Cardon-Hamet, notice, citant les sources suivantes : • Jules Huon parle de lui dans une lettre écrite de Compiègne à sa famille, le 5 avril 1942. • Recherche de Jocelyne Husson, professeur à Reims (juin 1990). • Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national des déplacés de la Seconde guerre mondiale).
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains : dossier de René Manceau (21 p 511 810), recherches de Ginette Petiot (message 05-2013).
- Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, tome 35, page 231.
- Hervé Barthélémy, association Rail et Mémoire, compilant différentes sources : • Notice biographique dans L’Union de Reims du 22 mai 1946. • Recensement par André Aubert des déportés marnais non rentrés. • Archives du COSOR.
- Archives départementales de Maine-et-Loire, Angers, site internet, archives en ligne : registre des naissances d’Angers, 3e arrondissement, année 1897, acte n° 70 (vue 18/97).
- Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 972-973.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 771 (18855/1942).
- Site internet Mémorial GenWeb, relevés d’Alain Girod (11-2002 ; photo), de Claude Richard (05-2006 ; photo) et de Bernard Butet (10-2009 ; photo).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 4-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Gaston MALLARD – 45820

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Droits réservés.

Gaston, Marcel, Ernest, Mallard naît le 5 janvier 1909 à Bolbec (Seine-Inférieure / Seine-Maritime 

[1] – 76), 20 km à l’est du Havre, chez ses parents, Paul Mallard, 29 ans, ouvrier de fabrique, et de Marie Vatinet, 27 ans, bobineuse, son épouse, domiciliés au 15, rue du Calvaire. Avant Gaston, sont nés : Marie, en 1903, et Paul, en 1905. Après lui, naîtront : Lucien, en 1911, René, en 1913, Robert, en 1918, Yvonne, en 1920, et Jeannine, en 1923.

Le 13 septembre 1929, à Bolbec, Gaston Mallard, alors lamineur, se marie avec Marguerite Jeanne Victoire Belhache, née le 16 avril 1910 à Sausseuzemare-en-Caux (76), bancbrocheuse. Tous deux mineurs, 20 ans et 19 ans, habitent alors chez les parents du marié, au 13, rue du Calvaire, à Bolbec. Ils auront quatre enfants.

Gaston, X. Maillard et leurs enfants. Droits réservés.

Gaston, Marguerite Maillard et leurs enfants.
Droits réservés.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 174, rue Pierre-Fouquet à Bolbec.

Gaston Mallard est ouvrier métallurgiste à l’usine Tréfilerie et Laminoir du Havre (TLH).

Il est délégué syndical CGT du syndicat des métaux du Havre.

Communiste depuis 1928, il est gérant de La Voix bolbécaise, bulletin mensuel de la section communiste de Bolbec, à partir de son premier numéro en décembre 1937.

Pendant l’occupation, il assure la liaison de la Section de Bolbec avec les responsables régionaux du Parti communiste clandestin : « Toutes les nuits, il est dehors ».

Avant son arrestation, la police le désigne comme « marchand-forain » (?).

Le 22 juin 1941, Gaston Mallard est arrêté par des agents du commissariat de police de Bolbec sur « l’ordre des autorités d’occupation » ; une de ses filles assiste à son arrestation.

Gaston Mallard est emprisonné à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen.

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Rouen, la prison Bonne-Nouvelle.
Carte postale des années 1900.

Le 24 octobre 1941, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 1415. Là, Georges Cogniot – dirigeant du parti communiste clandestin, mais également premier interlocuteur de la direction allemande du camp en tant que “doyen” – le fait désigner aux cuisines pour contribuer à la distribution de portions équitables de nourriture.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Gaston Mallard est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Gaston Mallard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45820. Sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Gaston Mallard.

Il meurt à Auschwitz le 10 août 1942, d’après le registre d’appel (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; un mois après l’arrivée de son convoi, le même jour que dix-neuf autres “45000”.

Le 6 juin 1957, il est déclaré “Mort pour la France” sur avis du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre.

Son nom figure sur le monument “Souviens-toi”, rue des Martyrs de la Résistance à Bolbec.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 29-09-1994).

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 375 et 412.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : 30 ans de luttes, brochure éditée par la Fédération du PC, en 1964, p. 59 – Madame Piednoel, fille de Louis Daens, décrit son arrestation (8/2/1992) – Listes de la CGT – Article de L’Avenir du Havre – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Louis Eudier (45523), Notre combat de classe et de patriotes, 1934-1945, au Havre, pages 55 et 56, et listes à la fin de son livre.
- Archives départementales de Seine-Maritime, site internet, archives en ligne : registre d’état civil de Bolbec, année 1909 (4E 19548), acte n° 4 (vue 2/100).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre d’appel avec la liste des détenus décédés.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 770 (19271/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-10-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Georges MALBEC – 45819

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Georges, Antoine, Malbec naît le 31 décembre 1899 à Paris 20e, chez ses parents, Jean Marie Malbec, 46 ans, et Françoise Chavinier (parfois écrit Chauvignier ou Chavillier), son épouse, 33 ans, marchands de parapluies, domiciliés au 31 ou 91, rue du Pressoir, près du métro Couronnes.

Alors qu’a commencé la Première Guerre mondiale, Georges Malbec habite à Riom-es-Montagne (Cantal) avec son père, alors veuf. Il y travaille comme cultivateur, puis comme pâtissier.

Le 16 avril 1918, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 86e régiment d’infanterie, où il arrive le lendemain. Le 23 juillet 1918, il passe au 16e RI. Le  août 1919, il passe au 3e régiment de chasseurs à cheval. Le 20 mai 1921, il passe au 18e régiment de chasseurs, unité engagée dans l’occupation des pays rhénans. Le 30 juin suivant, il est renvoyé dans ses foyers sans obtenir de certificat de bonne conduite.

En 1924, Georges Malbec habite au 101, rue Leblanc à Paris 15e. En mars 1928, il demeure au 93, rue de Lourmel (Paris 15e), et, le 10 septembre suivant, au 20, rue Ginoux, dans le même arrondissement.

Il devient cantonnier titulaire de la Ville de Paris (à Auschwitz, il se déclarera paveur de profession).

Le 8 septembre 1928 à Paris 15e, Georges Malbec se marie avec Lydie Lièvre, née le 5 septembre 1903 à Saint-Germain-le-Princay (Vendée), fille d’agriculteurs, journalière. Ils habitent déjà ensemble au 71, rue Saint-Charles. Les témoins au mariage sont Antoine Malbec, magasinier, et Marcel Malbec, monteur sur presse, demeurant tous deux au 93, rue de Lourmel. Le père de Georges, âge de 75 ans et retraité, vit alors à Mazamet (Tarn). Georges et Lydie Malbec auront deux enfants : Suzanne, née le 1er mars 1922 à Rochefort (Charente-Inférieure / Charente-Maritime), et Roger, né le 22 octobre 1928 à Paris 15e.

En mai 1935, la famille habite au 12, rue de la Rosière (Paris 15e).

Enfin, en octobre 1935 et jusqu’au moment de son arrestation, Georges Malbec est domicilié au 15, rue des Quatre-frères-Peignot à Paris 15e, à l’angle de l’avenue Émile Zola.

Il est mobilisé au cours des « hostilités 1939-1940 », peut-être au 13e bataillon d’ouvriers de l’Artillerie.

Sous l’Occupation, Georges Malbec prend l’initiative d’une collecte d’argent en faveur de deux camarades d’atelier, Torquin et Cornaye, détenus pour propagande communiste. Il remet la petite somme récoltée à Madame Torquin, qui lui avait dit être « sans secours ».

Le 18 juillet 1941, Émile Billot, domicilié au 14, rue des Quatre-Frères-Peignot, militant communiste chargé de la diffusion de tracts et de la collecte des cotisations dans le 15e arrondissement, est arrêté par deux inspecteurs des Renseignements généraux (fusillé à Caen le 15 décembre 1941). Sur un carnet de notes en sa possession figurent les cotisants et les sommes collectées pour les familles des emprisonnés. Sur un carnet de notes en sa possession figurent les cotisants, seulement désignés par leurs prénoms, et les sommes collectées pour les familles des emprisonnés. Interrogé, Billot désigne un camarade Danois, chargé de la diffusion des tracts et brochures, comme susceptible de communiquer les noms et adresses des cotisants. Par ailleurs, « Albert », un autre militant clandestin, occupant précédemment les fonctions clandestines de Billot, est trouvé porteur, lors de son arrestation, d’un « carnet de notes diverses » concernant « les groupes 1, 4 et 5 ».

Le lendemain, 19 juillet, Georges Malbec est arrêté. Après interrogatoire, il est relaxé le jour suivant faute de charges suffisantes relativement à une activité communiste clandestine, sous la condition de se présenter à toute convocation.

Le 16 décembre 1941, la 14e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine condamne Georges Malbec à une amende et une peine avec sursis pour infraction à la réglementation du Pari Mutuel (PMU) dans les courses de chevaux, avec d’autres personnes, suite à une perquisition effectuée chez l’une d’elles.

Le 28 avril 1942, Georges Malbec est arrêté à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine et visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Malbec est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Il est possible que Georges Malbec puisse faire parvenir un message à son épouse, car c’est à partir de cette date qu’elle témoignera ne plus avoir de ses nouvelles.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Georges Malbec est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45819 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Georges Malbec.

Atteint par le typhus (Fleckfieber), il meurt à Auschwitz le 17 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher)

[1].

Il est déclaré “Mort pour la France” et homologué comme “Déporté politique” (1956). La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 29-09-1994).

Notes :

[1] Émile Billot : né le 16 mars 1908, marié, six enfants, condamné à 20 ans de travaux forcés par la section spéciale de la Cour d’appel de Paris le 24 septembre 1941, transféré à la Maison centrale de Caen (Calvados) cinq jours plus tard, fusillé à Caen par l’armée d’occupation le 15 décembre 1941 comme otage en représailles d’attentats, avec des militants arrêtés avec lui : Albert Di Fusco, François Langouët et Jean Morvan.

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil… Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

S’agissant de Georges Malbec, c’est 15 décembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 373 et 412.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Témoignage de Madame Di Fusco (lettre du 8 octobre 1972) : elle-même et son mari (fusillé le 15 décembre 1941 comme otage communiste) militaient avec Georges Malbec dans le 15e arrondissement – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (dossier individuel).
- Archives  de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 20e arrondissement à la date du 31-12-1899 (V4E 10767), acte n°4922 (vue 14/15) ; registre des mariages du 15e arrondissement à la date du 8 septembre 1928 (15M 329), acte n° 2021 (vue 23/31).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande” (BA ?) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 2162-9781) ; dossier individuel des Renseignements généraux (77 W 1794-120413).
- Archives départementales du Cantal, site internet du Conseil du département, archives en ligne : registres du recrutement militaire, classe 1919, bureau d’Aurillac, matricules de 1001 à 1500 (1 R 1745), n° 1121 (vues 171-172/699).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 766.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de L à R (26 p 842), acte n° 23196/1942.
- Concernant Émile Billot : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article157327, notice BILLOT Émile, Jean-Baptiste par Daniel Grason.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 8-05-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

François MALARD – 45818

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

François, Célestin, Émile, Malard naît le 16 novembre 1890 à Bonnemain, entre Combourg et Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), chez ses parents, François Malard, 26 ans, cultivateur à la ferme des Rochelets, et Clémentine Briand, son épouse, 22 ans (tous deux seront décédés au moment de son arrestation). En 1911, la famille habite dans le village voisin de Lanhélin. Les François Malard, père et fils, sont alors tous deux marins. Entre temps, deux autres garçons sont nés : Célestin en 1905 et Clément en 1909.

En octobre 1911, l’armée enregistre que François Malard fils est « inscrit définitivement sur la matricule des gens de mer (quartier de Cancale…) ».

Le 9 décembre suivant, il est incorporé comme matelot de 3e classe au deuxième dépôt des équipages de la Flotte. Le 1er octobre 1912, il est nommé matelot de 2e classe, fusilier breveté.

François Malard est mobilisé durant toute la guerre 1914-1918 : sa participation à la campagne contre l’Allemagne – « aux armées » – est comptabilisée du 2 août 1914 au 30 juillet 1919. Selon une déclaration ultérieure de son épouse, il donne « neuf ans de sa jeunesse pour sa patrie » (il a peut-être enchaîné service militaire et mobilisation…). Le 30 juillet 1919, placé en congé illimité de démobilisation, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

François Malard entre alors aux PTT (poste, téléphone et télégraphe) comme soudeur à Paris.

Fin 1920, il est domicilié au 89, rue de la Santé, à Paris 13e (remplacé par des immeubles récents).

Le 11 décembre de cette année, à la mairie du 13e arrondissement, François Malard épouse Marie, Louise Lemeur, née à Versailles (Seine-et-Oise / Yvelines) le 24 août 1889 31 ans, papetière, qui habite à la même adresse depuis janvier 1914, et veuve d’un “poilu” mort de maladie à l’arrière des tranchées en 1916.  Ce jour-là, c’est un double mariage qui est célébré, car François Malard est lui-même le témoin d’Hélène Lemeur, brocheuse, jeune sœur de Marie.

Le fils de François et Marie, Maurice, naît le 12 juillet 1922 à Paris 14e. En 1926, toujours domiciliés à la même adresse, ils hébergent Marie Lemeur née Mallard, mère de l’épouse, veuve, née en 1862 à Bonnemain (Ille-et-Vilaine), et André Lemeur, 15 ans, neveu de son épouse. En mars 1928, tous habitent au 24, rue Bertrand, à Paris 7e.

Avant 1931, la famille part habiter dans un secteur de lotissements à Paray-Vieille-Poste

[1] (Seine-et-Oise / Essonne), dans un petit pavillon dont François Malard est propriétaire dans le quartier des Boutons d’Or. Marie Lemeur et André Lemeur vivent toujours avec eux ; le jeune homme est alors chaudronnier chez Thomas (?). En 1936, la voie passant devant chez eux est nommée allée des Bouleaux (la maison sera au n° 9 une fois la voie requalifiée en rue). Cette année-là, le couple Malard héberge Maurice Pierre, un autre neveu de Marie, âgé de 3 ans.

En mai 1935, François Malard est élu conseiller municipal sur la liste communiste dirigée par Léon Bertrand, puis il adhère à la cellule locale du PCF en 1937.

Le 5 octobre 1939, l’ensemble du conseil municipal est suspendu et remplacé par une délégation spéciale nommé par le préfet.

Le 2 janvier 1940, François Malard est signalé (?) au préfet, en même temps que Jean-Marie Prugnot, de Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise / Val-de-Marne).

En juin suivant, lors de la débâcle, François Malard se porte volontaire pour rester à Paris, au service télégraphique des Archives (service inter), jusqu’à l’arrivée de l’armée allemande.

Le 13 novembre 1940, il est convoqué au commissariat de la circonscription d’Athis-Mons (91), où il lui est notifié qu’il sera « pris comme responsable en cas de propagande [sic] sur le territoire de la commune de Paray-Vieille-Poste ».

Dans la nuit du 23 au 24 novembre, une très importante distribution de tracts – L’Humanité spéciale n° 8 de novembre 1940, Vive l’union de la nation française – est effectuée dans le secteur, accompagnée du collage d’une « multitude d’affiches et de papillons ».

Dès le lendemain, François Malard est appréhendé en application du décret préfectoral du 19 octobre 1940 [2] et conduit au commissariat d’Athis-mons, où le commissaire remplit un formulaire de “Notice individuelle à remplir au moment de l’arrestation”. Auparavant, selon un témoignage ultérieur de son épouse, il aurait été contraint d’ « aller décoller des papillons ». Le commissaire a également  « fait lacérer [les] affiches par des militants communistes surveillés par des gardiens ».

Deux jours plus tard, le 26 novembre, le préfet de Seine-et-Oise signe l’arrêté ordonnant son internement administratif. Quelque jours plus tard, le préfet écrira au directeur régional des PTT pour lui signaler que cette mesure entraîne nécessairement la révocation de l’intéressé et qu’il attend d’être informé de son application.

François Malard est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois d’octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Après le bombardement survenu dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940 – qui a blessé des gardiens et des détenus et qui a soufflé les fenêtres de nombreuses chambres -, François Malard fait partie des 180 internés qui signent une lettre de protestation adressée au chef du camp ; signature retenue comme preuve de la persistance de son engagement politique.

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte montrant les points d’impact après le bombardement par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940. Arch. dép. des Yvelines (1W71).

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte
montrant les points d’impact après le bombardement
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940.
Arch. dép. des Yvelines (1W71).

À Aincourt, il se montre effectivement un des militants communistes les plus fidèles et les plus actifs. Ce que confirme une note du commissaire spécial de police commandant le camp : « À protesté à plusieurs reprises contre son internement ». Ayant « conservé toutes ses sympathies pour la IIIe Internationale », Malard, « un des militants les plus actifs du Centre », exerce « une influence certaine sur les autres internés. »

Le 27 juin 1941, avec cinq autres Paraysiens, François Malard fait partie d’un groupe de 88 internés communistes de Seine-et-Oise – dont 32 futurs “45000” – remis aux “autorités d’occupation” et conduits à l’Hôtel Matignon, à Paris 8e – alors siège de la Geheime Feldpolizei – où ils rejoignent des hommes appréhendés le jour même dans les départements de la Seine-et-Oise et de la Seine par la police française en application d’arrêtés d’internement administratifs [3]. Tous sont ensuite menés au Fort de Romainville (sur la commune des Lilas – 93), alors camp allemand, élément du Frontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp [4].

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L’enceinte du camp allemand était complétée d’un mirador
surplombant la porte depuis l’intérieur de l’enceinte.
Carte postale des années 1900. Coll. Mémoire Vive

Trois jours plus tard, les hommes rassemblés sont conduits à la gare du Bourget (Seine / Seine-Saint-Denis) et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Polizeihaftlager). Pendant la traversée de la ville, effectuée à pied entre la gare et le camp, la population les regarde passer « sans dire un mot, sans un geste. Tout à coup nous entonnons La Marseillaise et crions “Des Français vendus par Pétain” » [5]. Ils sont parmi les premiers détenus qui inaugurent ce camp créé pour les « ennemis actifs du Reich ».

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Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central
dont l’ombre se profile sur le sol. Le renfoncement à droite
dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Le 27 janvier 1943, l’épouse de son fils Maurice met au monde une petite fille : Françoise.

Neuf mois après son arrivée à Royallieu, le 19 mars, le préfet de Seine-et-Oise transmet au Conseiller supérieur d’administration de guerre [sic] de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud une liste d’anciens internés d’Aincourt à la libération desquels il oppose un avis défavorable – « renseignements et avis formulés tant par [ses] services de police que par le directeur du centre de séjour surveillé » ; liste accompagnée de « notes » individuelles avec copie traduite en allemand, dont celle concernant François Malard, qui le désigne plus particulièrement : « son internement n’ayant pas modifié ses opinions, il ne peut être donné qu’un avis défavorable à une mesure de bienveillance à son égard ».

Entre fin avril et fin juin 1942, celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, François Malard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45818 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, François Malard est probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

En effet, à une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies contagieuses (Block 20) de l’hôpital du camp souche (Auschwitz-I).
(aucun des cinq “45000” paraysiens n’est revenu)

Après la guerre, le Conseil municipal donne son nom à une rue de la commune, probablement la rue des Bouleaux, où il habitait. Son nom est également inscrit sur le monument aux morts de Paray-Vieille-Poste, situé dans le cimetière communal, comme résistant mort en déportation.

Le 10 janvier 1980, Marie Malard, sa veuve, décède à Corbeil-Essonne.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de François Malard (J.O. du 29-09-1994).

Sources :

- Nadia Ténine-Michel, notice dans le Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128 356, 380 et 412.
- Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (AD 35), site internet du conseil général, archives en ligne : état civil de Bonnemain, registre des naissances de l’année 1890 (10 NUM 35029 570), acte n°36 (vue 9/12) ; registres de matricules militaires, subdivision de Saint-Malo, classe 1919, vol. 2, matricules de 501 à 982 ( 1 R 2084), n° 874 (vue 519/1342).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, relations avec les autorités allemandes (1W76, 1W80), dossier individuel (1W137), (1W277) ; et recherches parallèles de Claude Delesque.
- Liste des 88 internés d’Aincourt (domiciliés dans l’ancien département de Seine-et-Oise) remis les 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation, et liste Internés de Seine-et-Oise à la suite d’une mesure prise par le préfet de ce département, ayant quitté le centre d’Aincourt, copies de documents des AD 78 communiquées par Fernand Devaux (03 et 11-2007).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 766 (30710/1942).
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes (2467).
- Site Mémorial GenWeb, 91-Paray-Vieille-Poste, relevé de Bernard Tisserand (2004).
- Baudoin Lamourère, arrière-petit-fils de François Malard, message correctif (12-2017).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 7-06-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Paray-Vieille-Poste : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] L’arrêté préfectoral du 19 octobre 1940 :


CABINET du PRÉFET de SEINE-et-OISE

Versailles, le 19 octobre 1940

Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, OFFICIER de la LÉGION d’HONNEUR,

Vu le décret-loi du 26 septembre 1939 ;

Vu la loi du 3 septembre 1940 ;

Considérant que la diffusion de tracts est interdite par les ordonnances des autorités d’occupation et par les lois françaises et qu’elle est, à ce double titre, illégale ;

Considérant que ces tracts sont d’inspiration communiste et que leur diffusion ne peut avoir lieu qu’avec la complicité de militants du parti, ainsi que l’ont prouvé de nombreuses perquisitions domiciliaires ;

ARRÊTE :

Article 1er. – Toute découverte de tracts à caractère communiste sur le territoire d’une commune du département de Seine-et-Oise entraînera l’internement administratif immédiat d’un ou de plusieurs militants communistes notoirement connus résidant sur le territoire de cette commune, sans préjudice des poursuites judiciaires dûment engagées.

Article 1er. – MM. le Secrétaire Général de la Préfecture pour la Police, les Sous-Préfets, le Directeur de la Police d’État, le Chef d’Escadron, Commandant la Compagnie de Gendarmerie de Seine-et-Oise, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.

Fait à Versailles, le 19 octobre 1940.

Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, signé : Marc CHEVALIER

Pour ampliation, Le Sous-Préfet, Directeur du Cabinet.


[3] Les 88 internés de Seine-et-Oise. Le 26 juin 1941, la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud transmet au préfet du département de Seine-et-Oise – « police d’État » -, cinq listes pour que celui-ci fasse procéder dès le lendemain à l’arrestation de ressortissants soviétiques ou de nationalité russe ancienne ou actuelle, dont 90 juifs, et de républicains espagnols en exil, soit 154 personnes. La sixième catégorie de personnes à arrêter doit être constituée de «  Différents communistes actifs que vous désignerez  » (aucune liste n’étant fournie). Tous doivent être remis à la Geheime Feldpolizei, à l’Hôtel Matignon, à Paris.

Si aucun autre document n’atteste du contraire, c’est donc bien la préfecture de Seine-et-Oise qui établit, de sa propre autorité, une liste de 88 militants communistes du département à extraire du camp d’Aincourt.

Le 27 juin, le commandant du camp écrit au préfet de Seine-Et-Oise pour lui « rendre compte que 70 internés[du département] ont été dirigés aujourd’hui dans la matinée sur le commissariat central de Versailles et que 18 autres internés ont été dirigés dans le courant de l’après-midi à l’Hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes d’occupation. Le départ de ces internés s’est déroulé sans incident. » Les listes connues à ce jour ne distinguent pas les deux groupes et réunissent les 88 internés.

Le 29 juin, l’inspecteur de police nationale commandant l’escorte conduisant le contingent de 70 détenus à Versailles, rend compte que le commissaire divisionnaire lui a ordonné de poursuivre son convoyage « jusqu’à l’Hôtel Matignon, à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei. En passant à Billancourt, quelques internés du premier car ont montré le poing et des ouvriers qui allaient prendre leur travail ont répondu par le même geste. J’ai immédiatement donné des ordres aux gardiens pour que les internés rentrent leurs bras.

À mon arrivée à Paris, je me suis trouvé en présence d’une quinzaine de cars remplis de prisonniers ayant la même destination que les internés d’Aincourt et j’ai dû prendre la suite.

Le formalités d’immatriculation étant assez longues, j’ai dû attendre mon tour ; l’opération a commencé à 18 heures et s’est terminée à 19h15 ; je n’ai pu faire la remise que de 38 internés sur 88 venus d’Aincourt. En raison de l’heure, le chef de bureau de la Feldpolizei m’a fait savoir qu’il recommencerait l’immatriculation le lendemain matin à 8h15, d’avoir à revenir à cette heure-là. J’ai rassemblé les 50 internés restant dans les deux cars et ai libéré les camionnettes et les gardiens disponibles.

Je me suis aussitôt mis en rapport avec la préfecture de Seine-et-Oise afin de savoir où je devais conduire, pour passer la nuit, les 50 internés. Une heure après, je recevais l’ordre de les conduire au Dépôt, 4 quai de l’Horloge, et de continuer ma mission le lendemain matin. Cette formalité étant remplie, j’ai renvoyé les cars et le personnel à Versailles.

Le 28 juin, à 7 heures, j’ai continué ma mission qui a pris fin à 11 heures. Cette escorte s’est déroulée sans autre incident. »

[4] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, témoignage d’Henri Rollin : «  Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention «  communiste  », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[5] De l’Hôtel Matignon au Frontstalag 122 : témoignage de Marcel Stiquel (déporté au KLSachsenhausen le 24 janvier 1943). Son récit fait état de 87 internés (la liste en comporte 88) et d’un départ d’Aincourt étalé sur deux jours : les 27 et 28 juin 1941 (voir note ci-dessus).

[6] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France :

Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

S’agissant de François Malard, c’est 15 mars 1943 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Gabriel MAISONNEUVE – 45817

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Gabriel Maisonneuve naît le 14 avril 1909 à Colombes

[1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92), chez ses parents, Jean Maisonneuve, 27 ans, passementier, et Ernestine Launois, 26 ans, blanchisseuse, domiciliés au 28, rue du Progrès.

De la classe 1929, Gabriel Maisonneuve effectue son service militaire dans l’artillerie (« 75 » ?).

Il est polisseur sur métaux (ou ouvrier du Bâtiment, selon une source).

Le 31 janvier 1931 à Courbevoie [1] (92), il se marie avec Madeleine Viry, née le 3 février 1913. Ils ont un fils, Maurice, né le 3 mai 1931. Mais le couple sera séparé en 1937, le garçon étant confié à sa grand-mère (domiciliée au 4, rue Kleber ?).

Gabriel Maisonneuve adhère au syndicat CGT en 1936 et au Parti communiste en 1937. Responsable de la « littérature » (politique), il milite au sein d’un Comité de défense de L’Humanité (CDH). Il habite alors au 8, rue du Vieux-pont à Courbevoie.

Pendant la guerre d’Espagne, il s’engage dans les Brigades internationales pour défendre la République espagnole contre la rébellion du général Franco soutenue militairement par Hitler et Mussolini. Arrivé le 11 novembre 1937, il est incorporé le 22 novembre à la 14e brigade, dans le 53e bataillon. Engagé sur le front, il combat dans le secteur de Valdemorillo (province de Madrid), à 25 kilomètres à l’est de l’ex-capitale (le gouvernement républicain est alors installé à Valence).

Le 20 mai 1938, son nom est inscrit parmi les rapatriés sur une « liste de camarades permissionnaires ».

Au moment de son arrestation, Gabriel Maisonneuve est domicilié au 15, rue de l’Industrie ou au 177, boulevard Saint-Denis à Courbevoie.

Sous l’occupation, la police française (RG) le considère comme un « militant actif et propagandiste notoire ».

Le 5 octobre 1940, Gabriel Maisonneuve est appréhendé par la police française lors de la grande vague d’arrestations ciblées organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Pétain contre des hommes connus avant guerre pour être des responsables communistes (élus, cadres du PC et de la CGT) ; action menée avec l’accord de l’occupant. Après avoir été regroupés en différents lieux, 182 militants de la Seine sont conduits le jour-même en internement administratif au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

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Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan,
le pavillon qui fut transformé en camp d’internement.
Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Gabriel Maisonneuve travaille à la blanchisserie du camp.

En février 1941, alors que les autorités françaises envisagent le transfert de 400 détenus d’Aincourt vers « un camp stationné en Afrique du Nord », le docteur du centre dresse trois listes d’internés inaptes. Gabriel Maisonneuve figure sur celle des internés « non susceptibles absolus » en raison de « R A A » (abréviation à éclaircir).

Le 6 mars 1941, sur le formulaire de « Révision trimestrielle du dossier » de Gabriel Maisonneuve, à la rubrique « Avis sur l’éventualité d’une mesure de libération », le commissaire spécial, directeur du camp, émet un avis défavorable en s’appuyant sur le constat que cet interné est un « communiste certain dont l’internement n’a pas modifié les opinions », lui reconnaissant une « attitude correcte » mais ajoutant à sa charge : « a écrit des lettres agressives ».

Le 26 avril 1942 – après 19 mois à Aincourt -, Gabriel Maisonneuve fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” de Voves (Eure-et-Loir) ; matricule 189.

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Entrée du camp de Voves.
Date inconnue, probablement après mars 1943.

Le 10 mai 1942, il fait partie des 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) ; matricule 5707.

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Le camp vu depuis le mirador central.
Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué
par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”)
Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.

Entre fin avril et fin juin 1942, Gabriel Maisonneuve est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Gabriel Maisonneuve est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45817 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Gabriel Maisonneuve est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Il est assigné au Block 16A avec d’autres “45000”.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Il meurt à Auschwitz le 12 septembre 1942, d’après les registres du camp [2].

Homologué comme “Déporté politique”, son nom figure sur la plaque commémorative en Mairie de Courbevoie.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 17-08-1994).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, notice réalisée pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” du nord des Hauts-de-Seine, citant : Témoignage de Fernand Devaux – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national), acte de décès (3/10/1946) – Archives municipales de Courbevoie (liste des déportés de Courbevoie, cérémonie commémorative) – Liste (incomplète) du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 382 et 412.
- Archives départementales des Hauts-de-Seine (AD 92), site internet du conseil général, archives en ligne, registre des naissances de Colombes, année 1909 (cote E NUM COL N1909), acte n° 162 (vue 42/134).
- Dossiers des brigades internationales dans les archives du Komintern, fonds du Centre russe pour la conservation des archives en histoire politique et sociale (RGASPI) ; Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), campus de l’Université de Paris X-Nanterre, microfilms acquis par la BDIC et l’AVER-ACER, bobine cote Mfm 880/47 (545.2.112) ; Liste relevée dans les archives de Moscou, 545.6.452 ; recherche de Ramon Chicharro, de l’Acer.
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “Occupation allemande” : BA 2397 (liste des internés communistes, 1939-1941).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1w74 (révision trimestrielle), 1w76, 1w77, 1w137 (notice individuelle).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 761 (30403/1942).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, copie partielle (lettre “M”) d’un registre des détenus du Block 16, transmis par Sylvie Muller, petite-fille d’Alphonse Mérot, de Chalon-sur-Saône (71).
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94), carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 2-11-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Colombes et Courbevoie : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant Gabriel Maisonneuve, c’est 8 août 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Fernand MAISON – 45816

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Fernand, Victor, Omer, Maison naît le 5 novembre 1894 à Amiens (Somme), chez ses parents, Joseph Maison, 40 ans, charron, et Victorine Fauvelle, son épouse, 27 ans, domiciliés au 24, avenue Garibaldi.

Puis la famille emménage au 66 rue de Villers à Notre-Dame-du-Thil

[1] (Oise – 60).

Fernand Maison commence à travailler comme ajusteur-mécanicien.

Le 1er septembre 1914, il est mobilisé au 11e régiment d’artillerie lourde, qu’il rejoint une semaine plus tard. Le 4 octobre suivant, il passe au 2e régiment d’infanterie coloniale. Le 1er décembre, il est nommé caporal. Le 12 juin 1915, il passe au 6e régiment mixte du corps expéditionnaire d’Orient.
Le 14 octobre 1915, il est cité à l’ordre du régiment : « Toujours volontaire pour les missions périlleuses. A déjà fait deux patrouilles de nuit. A dirigé avec le plus grand calme l’équipe du fortin A 23. Est resté 1 h 20 en dehors du parapet et passant à certains endroits tout à côté des ouvrages turcs. » Il reçoit La Croix de guerre avec étoile de bronze.

CroixDeGuerre-etoileLe 29 novembre, il est nommé sergent. Le 4 mai 1917, il passe au 23e régiment d’artillerie coloniale. Le 15 avril 1918, il passe au 4e régiment d’artillerie coloniale. Le 10 août 1918, il passe au 12e bataillon malgache. Le 1er janvier 1919, il passe au 1er régiment de chasseurs malgaches.

Du 11 juin 1919, sans doute lors de sa démobilisation, il est classé dans l’“affectation spéciale” comme ouvrier d’atelier à la Compagnie des chemins de fer du Nord (jusqu’au 22 février 1922). Le 6 octobre 1922, la commission de réforme d’Amiens décidera du versement d’une pension temporaire de 10 % pour des accès de paludisme chaque mois, splénomégalie légère (augmentation anormale du volume de la rate), astigmatisme hypermétropique des deux yeux (non imputable au service), En 1924, la même commission maintiendra cette pension pour « séquelles de paludisme chronique avec accès fébriles se renouvelant tous les mois d’hiver ».

Le 12 juillet 1919 à Notre-Dame-du-Thil, Fernand Maison se marie avec Lucienne Rogeau, née le 29 avril 1901 à Beauvais, fille d’un ouvrier en tapis, elle-même employée de commerce.

Le couple a une fille, Lucienne Victorine, née le 23 juin 1920, dans un hôpital tenu par des religieuses au 63 rue Gambetta à Beauvais (60), en l’absence de son père.

En mars 1922, ils habitent à Abancourt.

Au printemps 1926, la famille est domiciliée au 4 rue Alfred Leblanc à Allonne (60). Fernand Maison est mécanicien chez Lefevre Edmond.

Fin novembre 1928, ils sont retournés habiter avec les parents Maison, au 66 rue de Villers à Notre-Dame-du-Thil. Fernand est mécanicien chez Delachapelle à Froissy, elle est tisseuse chez Lainé et Compagnie, dont l’usine est à Beauvais. Un proche voisin est employé à la Société du gaz de Beauvais…

En octobre 1933, ils sont domiciliés au 12 impasse Sainte-Marguerite à Beauvais. Fernand Maison est mécanicien à la Compagnie du gaz de Beauvais. Au printemps 1936, Lucienne est toujours tisseuse à l’ex-entreprise Lainé, devenue la Manufacture Française de Tapis et Couvertures (MFTC), au 5 boulevard Saint-Jean.

Beauvais. Usine Lainé, nouage d’une chaîne de couverture. Carte postale non datée. Coll. Mémoire Vive.

Beauvais. Usine Lainé, nouage d’une chaîne de couverture. Carte postale non datée. Coll. Mémoire Vive.

Au moment du Front populaire, militant au Parti communiste – comme son épouse -, Fernand Maison est secrétaire d’une cellule.

Avant-guerre, leur fille Fernande milite de son côté aux Jeunesses communistes.

Le 6 juin 1940, Lucienne et Fernande Maison sont tuées lors du bombardement de Beauvais par l’aviation de guerre allemande (Luftwaffe).

Beauvais. Vue générale sur la ville déblayée après les bombardements du 5 au ! juin 1940. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Beauvais. Vue générale sur la ville déblayée après les bombardements du 5 au 8 juin 1940.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 30, rue Victor-Hugo à Marissel [1]), agglomération de Beauvais. Il est déclaré comme mécanicien (cheminot ?).

Le 20 octobre 1941, le commissaire de police spécial de Beauvais remet une liste des communistes de l’arrondissement à la Kreiskommandantur. Parmi neuf habitants de Beauvais, un dénommé Maison (sans prénom) y est inscrit comme militant.

Avant la fin octobre, Fernand Maison est arrêté par la Feldgendarmerie, puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le 20 février 1942, le chef de la Feldkommandantur 580 à Amiens – ayant autorité sur les départements de la Somme et de l’Oise – insiste auprès du préfet de l’Oise, Paul Vacquier [2], afin que la fiche de chaque interné du Frontstalag 122 pour activité communiste demandée à l’administration préfectorale indique « son activité politique antérieure (très détaillée si possible), ainsi que les raisons qui militent pour ou contre sa prompte libération du camp d’internement ».

Le 10 mars, le préfet de l’Oise écrit au Ministre secrétaire d’État à l’Intérieur pour lui transmettre ses inquiétudes quant à cette demande : « Étant donné que parmi les internés du camp de Compiègne une vingtaine déjà ont été fusillés en représailles d’attentats commis contre les membres de l’armée d’occupation, il est à craindre que ces autorités aient l’intention de se servir de mon avis pour désigner de nouveaux otages parmi ceux pour lesquels j’aurais émis un avis défavorable à la libération. Me référant au procès-verbal de la conférence des préfets régionaux du 4 février 1942, qui précise “qu’en aucun cas les autorités françaises ne doivent, à la demande des autorités allemandes, procéder à des désignations d’otages”, j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me donner vos directives sur la suite qu’il convient de réserver à la demande dont je suis saisi… »

Le 13 avril, le commissaire principal aux renseignements généraux de Beauvais transmet au préfet de l’Oise soixante-six notices individuelles concernant des individus internés au Frontstalag 122 à Compiègne, dont dix-neuf futurs “45000”. Sur la notice qui le concerne – à la rubrique « Renseignements divers » -, Fernand Maison est qualifié de « Militant communiste. Peu avant son arrestation par la gendarmerie allemande, distribuait des tracts communistes à l’intérieur de l’usine à gaz. Assez dangereux ».

Le 24 avril, Paul Vacquier transmet à la Feldkommandantur 580 les notices individuelles concernant les « personnes internées au camp de Compiègne, figurant sur la liste [qui lui a été] communiquée et domiciliées dans le département de l’Oise » qui mentionnent uniquement « des renseignements concernant l’état civil, la parenté et la situation matérielle »

Enfin, le 29 juin, le préfet de l’Oise écrit à la Feldkommandantur 580 pour essayer d’obtenir la sortie du Frontstalag 122 de soixante-quatre ressortissants de son département – dont Fernand Maison – au motif « qu’aucun fait matériel d’activité communiste n’a été relevé à leur encontre depuis l’arrivée des forces allemandes dans la région », envisageant la possibilité d’interner certains d’entre eux « dans un camp de concentration français ». Sa démarche ne reçoit pas de réponse.

Le mal est probablement déjà fait : quand elles ont procédé à des arrestations dans l’Oise entre juillet et septembre 1941, les forces d’occupation ne disposaient-elles pas déjà d’informations et d’appréciations transmises par certains services de la police française ? N’en ont-elles pas obtenu d’autres par la suite ? Le préfet craignait la fusillade. Ce sera la déportation.

Entre fin avril et fin juin 1942, Fernand Maison est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Fernand Maison est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45816 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Fernand Maison se déclare alors sans religion (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Fernand Maison est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

À une date restant à préciser, il est admis au Block 28 de l’hôpital des détenus.

Fernand Maison meurt à Auschwitz le 27 janvier 1943, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [3].

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 17-08-1994).

Notes :

[1] Notre-Dame-du-Thil et Marissel : ces villages sont intégrés à la commune de Beauvais le 19 février 1943, devenant des quartiers de la ville.

[2] Paul Vacquier, nommé préfet de l’Oise le 22 mai 1940, au début de l’offensive allemande, cherche ensuite à maintenir un semblant de souveraineté française à l’échelon local, ce qui lui vaut son départ le 30 octobre 1942.

[3] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de Fernand Maison, c’est 15 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 369 et 412.
- Archives de la Ville d’Amiens, site internet : registre des naissances de l’année 1894 (2E960), acte 1877 (vue 479/603).
- Hervé Barthélémy, association Rail & Mémoire.
- ANACR de l’Oise, Ils ont fait le sacrifice de leur vie, 2003.
- Jean-Pierre Besse, notice in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (DBMOF), site du Maitron en ligne, Université Paris 1.
- Archives départementales de l’Oise, Beauvais ; Exécutions d’internés, camp de Royallieu, mesures contre les communistes (33W 8253/1) ; Internement administratif (141w 1162).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 760 (4005/1943).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 27-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Émile MAILLARD – (45815 ?)

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Émile, Charles, Maillard naît le 25 janvier 1905 à Venizel (Aisne – 02), fils de Julien Maillard, 46 ans, sommelier, et de Marie Valentine Jourden, 30 ans, son épouse.

Le 26 septembre 1931, à Soissons, Émile Maillard se marie avec Andréa Tugant (ou Tugaut), née le 14 janvier 1914 à Pont-Saint-Mard (02). Ils ont une fille : Yolande, née le 19 juin 1932. Mais le couple divorce le 21 février 1939.

Au moment de son arrestation, Émile Maillard est domicilié au 41 bis, cité du Bois-des-Sapins à Soissons (02). Il héberge ses parents.

Il est ouvrier boulanger (commis), peut-être sur la route de Paris (E.V. ?).

Le 31 août 1941, le commissaire de police de la ville de Soissons écrit au préfet de l’Aisne, à Laon, pour lui transmettre « la liste de communistes notoires qui seront pris comme otages, par la Kreiskommandantur de Soissons, au cas où des incidents surviendraient dans la Ville ». Émile Maillard est le huitième desneuf hommes désignés, dont trois autres futurs “45000” : Léon Busarello, Jean Guier et Charles Del-Nero.

Le 19 septembre, le commissaire de Soissons transmet au préfet une liste de 240 « individus ayant appartenu comme militants ou sympathisants à l’ex-parti communiste de Soissons et de la région. Les plus mauvais sont marqués DANGEREUX ». Émile Maillard y est inscrit, mais sans cette mention.

Le lendemain, 20 septembre, le commissaire principal des Renseignements généraux de Laon transmet au préfet une liste des « communistes notoires » des plusieurs localités du département « qui semblent continuer leurs agissements anti-nationaux ». Émile Maillard semble avoir été oublié (?) parmi les dix-neuf hommes désignés pour Soissons et sa région.

Le 29 septembre, à Courmelles, « banlieue de Soissons », une sentinelle allemande de garde à la porte de la Standortkommandantur est attaquée.

Dans la nuit du 29 au 30 septembre, vers une heure du matin, Émile Maillard est arrêté à son domicile par la Feldgendarmerie, pris comme otage en représailles avec 17 autres militants communistes du secteur dont Léon Durville, qui sera fusillé le 21 février suivant, Gabriel Duponchelle, de Villeneuve-Saint-Germain, serrurier, Henry Malheurty, gérant des bains municipaux de Soissons, Léon Busarello, Charles Del Nero et Jean Guier ; une arme a été trouvée chez un militant communiste de Courmelles, Gaston Pinot 

[1]. Les 18 hommes sont d’abord conduits à la caserne Charpentier de Soissons.

Tous sont rapidement internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Émile Maillard y est enregistré sous le matricule n° 1606.

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de marchandises de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons à bestiaux. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Émile Maillard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), peut-être sous le numéro 45815 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Émile Maillard est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I, selon un témoignage ultérieur d’André Faudry, de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Émile Maillard meurt – à Birkenau – le 20 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [2] ; un mois et demi après l’arrivée du convoi. La cause mensongère indiquée pour sa mort est  « insuffisance du muscle cardiaque » (Herzmuskelinsuffizienz).Vers janvier 1947, afin que la mère d’Émile Maillard puisse faire établir un acte de décès au nom de son fils, Henry Malheurty, alors à Belloy, est le premier témoin à attester de la déportation de celui-ci, qu’il a vu partir du camp de Royallieu.

Le 20 septembre 1947 (?), Yolande Maillard, fille d’Émile, mineure, vivant avec sa mère – elle-même remariée et sa tutrice légale – au 16 rue Clanzy à Paris 11e, remplit un formulaire de demande d’inscription de la mention “Mort pour la France” sur l’acte de décès d’un déporté politique, son père. Le 12 avril 1948, Marie Maillard, mère d’Émile, alors veuve, remplit la même demande. Fin septembre suivant, la mention “Mort pour la France” est inscrite sur l’acte de décès d’Émile Maillard.

Le 3 octobre 1951, Louis R. ex-secrétaire de police de Soissons et Ernest R., ancien brigadier de police, signent des attestations certifiant sur l’honneur qu’Émile Maillard a été arrêté par des gendarmes allemands et déporté en Allemagne. Ils renouvellent ces certificats en février 1953. Albert B., pâtissier-confiseur au 10, rue Porte-Crouy à Soissons, signe deux attestations semblables.

Le 31 octobre 1953 à Paris, Yolande – désormais mariée – remplit un formulaire de demande du titre de Déporté politique au nom de son père. Ce titre est accordé par le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre le 24 février 1954, et Yolande Brucelle reçoit la carte n° 1159.00557.

Le nom d’Émile Maillard est inscrit sur le monument aux morts de Soissons, près de la cathédrale, œuvre du sculpteur Raoul Lamourdedieu offerte à sa ville natale par Hélène Pétrot : « A Soissons immortelle – a ses enfants tombés glorieusement pour la Patrie ».

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. 16-07-1994).

Notes :

[1] Gaston Pinot : le 9 octobre 1941, un avis (Bekanntmachung – texte noir sur fond jaune) de l’armée d’occupation informe la population du Soissonnais que ce forgeron (ou cantonnier) de Courmelles a été fusillé à Laon (02) pour détention d’armes. Après la Libération, le Conseil municipal de Courmelles donne son nom à la place de l’Hôtel de Ville.

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant d’Émile Maillard, c’est le 6 juillet 1942 « en déportation » qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 360 et 412.
- Alain Nice, La guerre des partisans, Histoire des Francs-tireurs partisans français, Histoire de la Résistance ouvrière et populaire du département de l’Aisne, édition à compte d’auteur, janvier 2012, pages 34-36, 39-42 (commande à adresser à Alain NICE – 9 rue de la Tour du Pin – 02250 BOSMONT-SERRE).
- Archives départementales de l’Aisne, site internet, archives en ligne, registre d’état civil de Venizel pour l’année 1905, acte, n° 2 (vue 2/10).
- Archives départementales de l’Aisne (AD 02), Laon, dossiers du commissariat régional aux Renseignements généraux, surveillance des communistes (cote SC11276).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC)s, doc. XLIV-25 (lettre de la Feldkommandantur 527 de Soissons).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 760.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; acte de décès du camp (n° 23112/1942).
- Site Mémorial GenWeb, Soissons-02, relevé de Bernard Roucoulet (2000-2002).
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen : dossier d’Émile Maillard (21 P 511 221), recherches de Ginette Petiot (message 01-2014).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 15-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

René MAILLARD – 45814

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

René, André, Maillard naît le 15 mars 1896 à Notre-Dame-de-Bondeville, agglomération de Rouen (Seine-Inférieure / Seine-Maritime 

[1] – 76), chez ses parents, Émile Maillard, 35 ans, journalier, et Eugénie Aufray, 35 ans, demeurant au 37, impasse de la Paix.

Pendant un temps, il travaille comme ouvrier d’usine.

De la classe 1916, il s’engage volontairement pour quatre ans le 13 août 1914 à la mairie de Rouen. Le lendemain, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 24e régiment d’infanterie. Le 10 mars 1915, il passe au 119e R.I. Le 21 mars, il passe au 405e R.I.

Le 22 septembre 1917, à Notre-Dame-de-Bondeville, René Maillard se marie avec Adrienne Tassery, née le 12 février 1897 à Saint-Jean-du-Cardonnay.

Le 2 novembre 1917, René Maillard est porté disparu au bois Derlhy, secteur de Vaucresson (Aisne). Fait prisonnier par l’armée allemande, il est interné. Le 13 décembre 1918, il est rapatrié. Le 27 mars 1919, il passe au 39e R.I.  Le 19 septembre 1919, il est « mis en congé illimité de démobilisation » et se retire au 94, rue Berrubé, à Maromme (76), titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Les Maillard ont deux filles : Renée, née en 1920, et Antoinette, née en 1924, toutes deux à Notre-Dame-de-Bondeville (peut-être chez leurs grands-parents paternels ?).

En 1921, René Maillard est ouvrier de filature chez Gresland, usine locale. Adrienne est alors journalière chez Lombard (?).

En juin 1923 et jusqu’au moment de son arrestation, René Maillard est domicilié au 102, route de Dieppe à Notre-Dame-de-Bondeville. En 1926, il est journalier au Linoléum (entreprise étendant ses ateliers sur la commune du Houlme)… et c’est Adrienne qui est devenue ouvrière de filature chez Gresland !

René Maillard sera également terrassier.  Avant-guerre, il est employé par les établissements Van Leer, à Auffay (76).Il est adhérent de la CGT et du Parti communiste, à la cellule locale de Notre-Dame-de-Bondeville..

Il n’est pas mobilisé en 1939.

À partir de mars 1941, René Maillard est employé aux Ponts et Chaussées. Sa femme est alors ouvrière d’usine aux aciéries de Maromme et une de ses filles travaille aux Établissements Anceaume à Bapeaume-les-Rouen (76).

Le 22 octobre 1941, René Maillard est arrêté lors de la grande rafle de Rouen et de sa banlieue [2]. Plus tard, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3] (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Maillard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45814. Sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté René Maillard.

Il meurt à Auschwitz le 17 août 1942, selon le registre d’appel des détenus et l’acte de décès établis par l’administration SS du camp.

Il est homologué comme “Déporté politique”.

Ernestine décède à Houppeville (76) le 6 mars 1969.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de René Maillard (J.O. du 21-06-1994).

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] Le “brûlot de Rouen” et la rafle d’octobre 1941 : L’arrestation massive de plusieurs dizaines (*) de militants politiques et syndicaux – ou soupçonnés tels – a suivi de peu le déraillement d’un train de matériel militaire allemand sur la ligne Rouen-Le Havre, dans le tunnel de Pavilly, à 1500 m de la gare de Malaunay, le 19 octobre 1941 ; ce sabotage étant l’un des objectifs visés par le “brûlot” de Rouen (groupe mobile de la résistance communiste). Néanmoins, les fiches d’otages des “45000” appréhendés dans cette période mentionnent que ces arrestations mettaient en application un ordre du Commandant de la région militaire “A”, daté du 14 octobre 1941. Ainsi, entre le 17 et le 25 octobre, il y eut le même type de rafles de “communistes” dans sept autres départements de la zone occupée. Il est probable que ces arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. En effet, tousles hommes appréhendés furent remis aux allemands qui les transférèrent à Compiègne entre le 19 et le 30 octobre 1941. 44 des otages arrêtés ces jours-là dans le secteur de Rouen furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942. Beaucoup furent fusillés au titre de représailles dans les semaines qui suivirent.

(*) 150 selon “30 ans de luttes“, brochure éditée en 1964 par la fédération du Parti Communiste de Seine-Maritime.

[3] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 376 et 412.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : Liste établie par la CGT, p. 7 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Louis Eudier (45523), listes à la fin de son livre Notre combat de classe et de patriotes (1939-1945), imprimerie Duboc, Le Havre, sans date (2-1973 ?).
- Alain Alexandre et Stéphane Cauchois, Résistance(s), Rouen, sa région, la vallée du Cailly entre histoire et mémoire, 1940-1944, éditions L’écho des vagues, avril 2015, pages 23 et de 26 à 28.
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’Hôtel du Département : cabinet du préfet 1940-1946 ; individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels de Lh à Q (51 W 419), recherches conduites avec Catherine Voranger, petite-fille de Louis jouvin (“45697”).
- Archives départementales de Seine-Maritime (AD 76), site internet du conseil général, archives en ligne : registre matricule du recrutement militaire, bureau de Rouen, classe 1916 (cote 1 R 3435), matricule 2862.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 760 (21145/1942).
- Danièle Gillé, née Tassery, petite-nièce d’Adrienne Tassery et René Maillard (message 08-2015).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 21-08-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Jean MAHON – 45813

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Jean, Alfred, Désiré, Mahon naît le 9 mai 1905 à Bar-sur-Aube (Aube – 10), de Raoul Mahon, 25 ans, maréchal-ferrant, et de son épouse Blanche Blavoyer, 26 ans, ouvrière en robes, domiciliés au 2, rue Gambetta. Le 8 octobre 1908, naît Marthe Marie Joséphine, sœur cadette de Jean.

Mobilisé dans l’artillerie en août 1914, leur père est détaché le 26 juillet 1917 (sans doute comme “affecté spécial” dans sa profession) à la Maison Thuillier-Lefrant à Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne), entreprise de taillanderie, coutellerie et cisèlerie, spécialisée dans la fabrication de sécateurs et de cisailles. Il décède de maladie dans cette commune le 4 novembre 1918 . Il est déclaré « mort pour la France ».

Le 7 juillet 1919, les enfants Jean et Marthe sont adoptés en qualité de pupilles de la Nation en vertu d’un jugement du Tribunal civil de Dijon (Côte-d’Or – 21).Dès qu’il le peut, il travaille pour aider sa mère, laquelle a également sa jeune sœur à charge.

Le 27 octobre 1919, âgé de 14 ans, il entre comme ajusteur à la compagnie de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938

[1]. Il est affecté comme apprenti au dépôt de Dijon-Perrigny (21).

Perrigny-les-Dijon, le Triage. Carte postale “voyagée” après la guerre. Collection Mémoire Vive.

Perrigny-les-Dijon, le Triage.
Carte postale “voyagée” après la guerre. Collection Mémoire Vive.

Au printemps 1921, la petite famille habite rue Berthelot à Longvic, commune limitrophe au sud-est de Dijon.

Le 5 février 1927, à Dijon, Jean Mahon se marie avec Henriette Marie Louise Belin, née le 25 septembre 1905 dans cette ville, employée de bureau.

Début 1931, ils habitent au 5 rue de l’Espérance à Dijon.

Le 27 février 1931, leur fils, Pierre Raoul François, naît à leur domicile.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci habite au 12, rue des Moulins à Dijon.
Il est alors sous-chef de brigade d’ouvriers au dépôt SNCF de Dijon-Perrigny.Militant communiste, il est membre de la cellule communiste du dépôt et également membre du bureau régional du PCF (Côte-d’Or et Yonne), aux côtés de Jean Bouscand (45292). Il publie de nombreux articles dans « Le Travailleur ».À l’automne 1939, plusieurs cadres communistes de la région dijonnaise étant mobilisés, un bureau est formé avec les cheminots (qui restent en poste), dont Jean Bouscand et Jean Mahon.

Le 11 décembre 1940, les premiers groupes de l’O.S. [2] dirigés par Jean Mahon, Chalon et Grillot, font dérailler un train de marchandise entre le poste 2 de Perrigny et le poste 2 de Longvic, détruisant quatre citernes de vin destiné aux Allemands et coupant la voie pendant 14 heures. Dans « Les bataillons de la jeunesse, les jeunes dans la résistance », Albert Ouzoulias mentionne encore deux autres déraillements, les 3 et 13 janvier 1941, puis, « de janvier à juin 1941, ces mêmes groupes (réalisent) des récupérations d’armes et d’explosifs, la remise en état des armes et la fabrication d’engins dans les ateliers du dépôt ».

La police militaire allemande soupçonne Jean Mahon, Jean Bouscand et Gabriel Lejard (45772) de coordonner les opérations de sabotage au dépôt de Perrigny, mais n’en possède pas de preuves.

À la fin juin 1941, tous les responsables communistes Côte-d’Oriens connus sont arrêtés.

Le 22 ou 26 juin, Jean Mahon est arrêté à Dijon par les Autorités allemandes, puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 24 janvier 1942, suite à une requête de son épouse auprès du Préfet de la Côte d’Or, un rapport du service des renseignements généraux (R.G.) indique qu’il est connu comme militant communiste, qu’il était « collecteur, propagandiste pour le parti », que « depuis la dissolution du parti communiste, cet agent n’a fait preuve d’aucune activité politique », mais l’ inspecteur principal de police émet toutefois un « avis très réservé à une intervention en sa faveur », « vu l’ancienne activité politique du sieur Mahon ».

Le 22 mars, Mme Mahon écrit au Maréchal Pétain. Elle lui fait part de ses demandes de libération de son mari auprès des autorités allemandes et françaises et précise qu’elle a demandé un soutien financier pour lequel elle n’a pas obtenu de réponse.

Entre fin avril et fin juin 1942, Jean Mahon est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Les 14 déportés de la Côte-d’Or ont pu se sont regrouper dans le même wagon.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Jean Mahon est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45813 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Jean Mahon est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est assigné au Block 4, avec Gustave Martin, Charles Mary, Emmanuel Michel etRaymond Monnot.

Le 21 juillet, Jean Mahon est admis à l’hôpital des détenus du camp (Krakenbau, KB).

Le même jour, en France, la lettre que son épouse a adressée au Maréchal Pétain est transmise au Préfet de la Côte-d’Or par Fernand de Brinon [3], Ambassadeur de France, secrétaire général du Gouvernement français dans les territoires occupés.

Le 30 juillet, le Préfet de la Côte-d’Or demande une enquête auprès du service des renseignements généraux.

Le 24 août 1942, Jean Mahon meurt dans le bâtiment de chirurgie (Block 21a) de l’hôpital des détenus, selon plusieurs registres tenus par l’administration SS du camp.

Le 9 octobre, dans sa réponse à M. De Brinon, le Préfet précise que Jean Mahon militait activement avant son arrestation (contrairement à ce qu’indique le rapport des R.G. du 24/01/42), que les Autorités allemandes ne l’ont pas saisi du cas de Jean Mahon en vue d’une éventuelle libération et qu’il juge donc inopportune une intervention en sa faveur, « compte-tenu de ses antécédents politiques ».

Le 22 octobre suivant, dans un courrier à caractère urgent, le Préfet de la Côte- d’Or demande au Commissaire central de Dijon que celui-ci lui fasse connaître si l’intéressé a été libéré et, dans la négative, de lui préciser quelles sont les personnes à charge, leur situation matérielle et son avis sur l’opportunité de leur attribuer une aide financière.

Après guerre, le nom de Jean Mahon est inscrit sur la stèle « À la mémoire de nos camarades de dépôt » située à l’entrée du dépôt SNCF de Dijon-Perrigny, rue Jean-Baptiste Peincédé.

Le 15 janvier 1947, la mention « Mort pour la France » est apposée sur son acte de décès.

Sa sœur Marthe décède à Longvic le 6 novembre 1956, âgée de 48 ans.

Sa veuve, Henriette Mahon, décède à Talant (21) le 25 mai 1972.

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[2] O.S. : organisation spéciale armée du Parti communiste clandestin créée à partir de septembre 1940, à l’origine pour protéger les militant(e)s prenant la parole en public, les distributeurs de tracts et les colleurs d’affiches, elle est devenue le premier cadre de la résistance armée.

[3] (De) Brinon : ancien journaliste et “ultra” de la collaboration, Fernand (de) Brinon était Délégué général du gouvernement de Vichy auprès des autorités militaires allemandes d’occupation. Quand des requêtes étaient formulées par les familles des détenus auprès de l’administration française, la Délégation générale les transmettait à la Commission d’armistice (bipartite), après enquête de la police ou de la gendarmerie pour s’assurer des conditions d’arrestation et de l’honorabilité du détenu. Une lettre était ensuite adressée aux familles sous couvert de l’organisme qui en avait fait la demande : elle leur annonçait que l’intervention avait eu lieu et leur faisait part de la réponse fournie par les autorités allemandes.

Ainsi, un très grand nombre de fiches de la Délégation générale portent le nom de “45000” ; surtout après le départ du convoi, le 6 juillet 1942, et l’absence de nouvelles résultant de leur statut “NN”.

La plupart de ces fiches se trouvent dans les dossiers d’état civil des déportés conservés au Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (anciennement archives du secrétariat d’État aux Anciens Combattants).

 

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 11, 363 et 412.
- Albert Ouzoulias, Les bataillons de la jeunesse, les jeunes dans la résistance, Editions sociales, Paris 1972, réédition juillet 1990, pages 218 et 219, « De septembre au 15 octobre, avec un effectif de 24 hommes, le groupe O.S. FTPF s’attaque aux locomotives par sablage des boîtes à huile ».
- Etat civil de la mairie de Bar-sur-Aube (10).
- Les communistes dans la Résistance en Côte-d’Or, édité par le PCF de Côte d’Or, 1996, pages 82 et 111 (« Après la libération – Morts pour la France »).
- Fabrice Perron, Les cheminots dans la Résistance en Côte-d’Or pendant la Seconde Guerre mondiale, 1940-1944, mémoire de maîtrise, Dijon, 1991, pages 45 et 58, annexe N° 19 « Le Souvenir ».
- Archives départementales de Côte-d’Or, cote 1630 W, articles 244 et 252 « arrestations par les autorités d’occupation en raison de leur passé et activité politique », article 94 : « propagande communiste », et cotes 6J61 à 63 : fiches individuelles des déportés de Côte-d’Or, don de Pierre Gounand, historien.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué).
- Service d’information sur les anciens détenus, Biuro Informacji o Byłych Więźniach, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne ; page 77 du registre du Block 4.
- Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 960-961.
- Didier Callabre, site internet Mémorial GenWeb, 2007.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 23-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Augustin MAHILLON – (45812 ?)

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Augustin, Célestin, Mahillon naît le 9 décembre 1902 à Audun-le-Tiche (Moselle).

Le 25 juin 1926, à à Audun-le-Tiche, il se marie avec Gilberte, née en 1909 à Thil. Ils auront quatre enfants : dont Christian Joseph Jean, né le 10 mai 1928, Marceau Nicolas, né le 24 juin 1932, tous deux à Audun-le-Tiche, et Claude, né le 4 août 1940.

Au printemps 1936 et jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au village de Bréhain-la-Ville, à 5 km de Villerupt (Meurthe-et-Moselle – 54) ; 200 habitants pour l’ensemble de la commune.

Il est électricien dans l’usine (laquelle : la C.A.V. ?) de cette ville.
On ignore ses activités politiques ou syndicales antérieures à 1939.

Selon une attestation du Front national 

[1], il est actif dans la Résistance à partir du 15 mars 1941 et « dénoncé pour cette raison ».

Le 10 août 1941, Augustin Mahillon est arrêté à Bréhain par des gendarmes français de Villerupt. À une date restant à préciser, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) ; enregistré sous le matricule n° 1530, il est assigné au bâtiment A 4.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Augustin Mahillon est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45812, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Augustin Mahillon est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp, si l’on considère le matricule hypothétiquement attribué (voir ci-dessus). Il serait alors admis pendant un temps au Block 18a du camp souche.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Il meurt à Auschwitz le 18 novembre 1942, si l’on considère le matricule hypothétiquement attribué, lequel est inscrit à cette date sur une copie clandestine du registre de la morgue (Lechenhalle), relevée par la résistance intérieure du camp (n°1)

Une plaque commémorative porte son nom au four crématoire de Thill, monument du Souvenir.

Augustin Mahillon est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. 16-07-1994).

Notes :

[1] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civi en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant d’Augustin Mahillon, c’est le 15 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 367 et 412.
- Cl. Cardon-Hamet, notice biographique, citant : Témoignage de Monsieur Pilarczyk, FNDIRP, juin 1989 – Questionnaire rempli par son fils Claude, le 3 juillet 1989 – Archives du secrétariat d’État aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre ; recherches de juillet 1992 – Archives de Behain-la-Ville ; communication de 1989.
- Registre de la morgue (Leichenhalle), Archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, bureau d’information sur les anciens prisonniers.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 1-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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