Julien BESSEY ou BECET (45…?)
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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Wiktor (Victor) Ziemkiewicz naît le 27 mai 1902 à Aexil Bei Posen ou Kczica (lieu-dit près de Poznan ? – Pologne).
Le 8 janvier 1938, à la mairie d’Homécourt (Meurthe-et-Moselle – 54), Victor Ziemkiewicz, âgé de 35 ans, épouse Marianne Kaczmarek, veuve de 44 ans, née le 31 janvier 1893 à Projawy ou Wroniawy ou Wronawy ou Silz (Pologne). Ils n’auront pas d’enfant.
Tous deux conservent leur nationalité polonaise.
Au moment de son arrestation, Victor Ziemkiewicz est domicilié au 190, rue Émile-Heurteau (aujourd’hui rue des Pommiers), « troisième rangée » de la cité ouvrière de la Petit-Fin, à Homécourt, où il est voisin de Wladyslaw Bigos, Borislaw Ferenc, Jean Krecioch et Jean Trzeciak, qui seront déportés avec lui.
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Homécourt. Cité ouvrière de la Petite Fin et l’usine sidérurgique en arrière plan. Carte postale. Collection particulière. D.R.
À partir de 1926 environ, Victor Ziemkiewicz est machiniste au puits du Fond de la Noue, une mine de fer, à Homécourt.
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Le 2 mars 1942, à 5 heures du matin, Victor Ziemkiewicz est arrêté à son domicile par un Feldgendarme accompagné d’un gendarme de la brigade d’Homécourt. Il est pris comme otage à la suite du sabotage du transformateur électrique de l’usine d’Auboué dans la nuit du 4 au 5 février ; action de résistance qui déclenche une vague d’arrestations dans le département (70, dont plusieurs dizaines de futurs “45000”). Victor Ziemkiewicz est probablement désigné en tant que « nationaliste polonais » ; à vérifier… Avec plusieurs camarades, il est conduit à la prison de Briey, où il reste une journée, puis à celle de Nancy.
Le 7 ou 10 mars 1942, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 3783 et assigné au bâtiment A2, chambrée 9.
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Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne,
futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Depuis le convoi, un codétenu jette une message demandant de prévenir certaines familles, dont l’épouse de Victor Ziemkiewicz
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Victor Ziemkiewicz est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46212 selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
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Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Victor Ziemkiewicz.
Il meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Des treize déportés “45000” de la commune, seul Jacques Jung revient.
En 1945, Marianne Ziemkiewicz apprend par Stanislas Slowinski, rescapé de Mancieulles, le décès de son mari au camp.
Le 10 janvier 1946, Jacques Jung, rescapé d’Homécourt, et Giobbe Passini, rescapé de Droitaumont, signent conjointement un formulaire dactylographié, et probablement polycopié pour attester de la disparition de plusieurs déportés de Meurthe-et-Moselle : « Le déporté – Ziemkiewicz Victor d’Homécourt (manuscrit) – est tombé malade pendant la période 1942-943 en raison de sa faiblesse générale (manque de nourriture) et du typhus. Il est rentré dans le bloc des malades et n’est jamais reparu. Le 14 août 1943, lorsque l’ordre donné par la gestapo de mettre tous les Français en quarantaine a été exécuté, il n’existait déjà plus. Le 4 juillet 1943, nous avons eu l’autorisation d’écrire et ce malheureux, à notre connaissance, n’a jamais écrit. » Le 27 janvier, Maria Ziemkiewicz complète et signe un formulaire de renseignements du ministère des prisonniers, déportés et réfugiés sur le de cujus (son mari) et l’ayant-cause (elle-même), lui permettant de recevoir une prime auprès du percepteur de Jœuf.
Le 25 avril 1946, Marianne Ziemkiewicz complète et signe un formulaire du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) pour demander la régularisation de l’état civil d’un « non-rentré ». Le 18 juillet, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des anciens combattants et victimes de guerre dresse l’acte de décès officiel de Victor Ziemkiewicz « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (probablement le témoignage de ses camarades) et en fixant la date au 15 juillet 1942 [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]. Le 2 août, le service central de l’état civil du ministère demande par courrier au maire d’Homécourt de transcrire cet acte dans les registres de sa commune ; c’est fait une semaine plus tard.
Fin 1948 ou début 1949, à une date restant à préciser, une démarche est engagée afin d’obtenir l’homologation de Victor Ziemkiewicz dans la Résistance intérieure française (RIF). Le 11 février 1949, le général de division commandant la 6e région militaire écrit à la brigade de gendarmerie d’Homécourt afin que celle-ci procède à une enquête relative à l’activité résistante de l’intéressé contre les troupes allemandes d’occupation avant sa déportation.
Le 14 février, deux gendarmes de la brigade d’Homécourt auditionnent Marianna Ziemkiewicz, alors âgée de 55 ans, qui leur déclare : « J’ignore exactement le motif de la déportation de mon époux. J’affirme qu’il n’a jamais fait partie de la résistance en 1942, et il ne faisait aucune propagande communiste. […] Je ne connais aucun des camarades de travail de mon époux ; beaucoup sont d’ailleurs retournés en Pologne, leur pays d’origine. » Le même jour, les gendarmes interrogent également Jacques Jung, 50 ans, plombier, qui leur déclare avoir connu Victor Ziemkiewicz lors de son internement aux camps de Compiègne puis d’Auschwitz. Alors qu’il a eu l’occasion de le questionner, aucune réponse ne pouvait laisser entendre qu’il avait une activité clandestine. Ensuite, les gendarmes auditionnent également le chef du personnel de la mine du fond de la Noue, puis Hélène Treziack, 20, fille Jean Treziack, voisin arrêté le même jour et déporté comme lui : « Nous avons appris quelques jours plus tard par la rumeur publique qu’il aurait été amené comme otage à la suite du sabotage de l’usine d’Auboué. […] Cet homme ne sortait presque jamais et je ne crois pas qu’il était affilié à un parti politique quelconque. » Les gendarmes complètent leur rapport : « Plusieurs personnes dignes de foi entendues verbalement ont fait des déclarations analogues et n’ont pu nous définir l’activité résistante contre les troupes d’occupation de Ziemkiewicz Victor. »
Le 19 février, deux gendarmes de la brigade de Mancieulles recherche Stanislas Slowinski pour l’auditionner comme témoin, mais la secrétaire de mairie leur apprend que celui-ci est retourné en Pologne en octobre 1948. Les enquêteurs transmettent alors l’enquête à la brigade de Jarny. Le 27 février, les gendarmes de cette brigade auditionnent Giobbe Pasini, poudrier à la mine de Droitaumont. Celui-ci leur déclare n’avoir connu Ziemkiewicz qu’à partir de leur internement commun au camp d’Écrouves, et ne l’avoir jamais entendu parler politique. À Auschwitz, il croit se rappeler l’avoir vu être conduit au « Block des malades » lors d’une épidémie de typhus. Le 3 mars, deux gendarmes de la brigade d’Auboué auditionnent Mario Tinelli, maçon. Selon lui, Ziemkiewicz « n’a jamais appartenu au groupe de résistance dont j’étais le chef. » Notamment, il « n’a pas participé au sabotage de la centrale électrique de l’usine d’Auboué au mois de février 1942. Je puis même le certifier, du fait que c’était moi-même qui ai dirigé l’opération. J’ignore le motif de son arrestation au mois de mars 1942. » Le résistant avéré renvoie les gendarmes vers « Vanin », de Valleroy, qu’il sait avoir été déporté avec lui. Le 5 mars, deux gendarmes de la brigade de Briey interrogent Bruno Vanin, mineur, qui leur déclare : « Je n’ai pas connu le nommé Ziemkiewicz Victor, objet de vos démarches, et n’ai jamais entendu ce nom. »
Le 15 janvier 1951, Marie (sic) Ziemkiewicz – en qualité de conjointe – complète et signe un formulaire du ministère des ACVG pour demander l’attribution du titre de Déporté politique à son mari à titre posthume. Le 3 avril 1952, Jean Biz, domicilié au 38 rue Pasteur à Homécourt, certifie que Victor Ziemkiewicz a été arrêté par les Allemands « en raison de l’hostilité qu’avant-guerre et pendant l’occupation, il avait manifesté envers les nazis », opinion qu’il connaissait du fait d’avoir travaillé avec lui à la mine du Fond de la Noue ; arrêté à son tour, il l’avait retrouvé à Compiègne. Le même jour, Ricardo De Togni, lié avec le déporté avant-guerre, signe une déclaration presque identique. Le 27 novembre suivant, le ministère des ACVG décide d’attribuer le titre de Déporté politique à Victor Ziemkiewicz. Le 15 décembre, la carte n° 1119-03177 est envoyée à sa veuve.
Le nom de Victor Ziemkiewicz est inscrit sur le Monument aux morts d’Homécourt (avec la date retenue par l’état civil français).
Le 9 septembre 1992 est promulgué l’arrêté portant apposition de la mention “Mort en déportation” sur l’acte de décès de Victor Ziemkiewicz, avec la date du 15 juillet 1942 (J.O.R.F. du 8 novembre 1992).
[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 127 et 128, 368 et 422.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Raymond Falsetti, amicale des familles de déportés d’Homécourt (dossier de l’exposition de 2005, courrier 03-2009).
Association Mémoire du Pays de l’Orne, bulletin Pagus Orniensis n°10, page 27.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1396 (38762/1942).
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel (21 P 552-237).
Site Mémorial GenWeb, 54-Homécourt, relevé de Philippe Dezerville (01-2005), prénom correctement orthographié « Wiktor ».
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 27-03-2020)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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Il est mineur de fer. Mais, au moment de son arrestation, il est désigné comme « poseur de lignes électriques ». C’est un militant syndical.
Selon une liste manuscrite de quarante-quatre internés établie ultérieurement par le chef du centre de séjour surveillé d’Écrouves, Joseph Zerlia “démissionne” de son syndicat, probablement lors de l’interdiction du Parti communiste à l’automne 1939, accompagnée de scissions au sein de la CGT.
En juillet 1941, Joseph Zerlia subit plusieurs jours d’internement administratif (à vérifier…).
Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-sept mines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.
Le nom de Guiseppe Zerlia figure – n°44 – sur une « liste communiquée le 19 (février ?) au soir à la KK (Kreiskommandantur) de Briey par le sous-préfet » pour préciser la nationalité de cinquante-trois hommes : il est désigné comme français.
Le 22 février 1942, Joseph Zerlia est arrêté par la police française – avec Giobbé Pasini et Antoine Corgiatti, de Droitaumont-Jarny – et remis aux autorités militaires allemandes. Le jour-même, il fait partie d’un groupe de quatorze otages transférés par la police allemande au centre de séjour surveillé d’Écrouves, près de Toul (54), en attente « d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne ». Le lendemain, ils sont rejoints par vingt-cinq autres otages.
Le 27 février, le nom de Joseph Zerlia est inscrit sur un état nominatif des otages transmis par le préfet Jean Schmidt à Fernand (de) Brinon à Vichy ; 35e sur la liste.
Le 5 mars, il est est parmi les trente-neuf (nombre à vérifier…) détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
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Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Joseph Zerlia est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46211 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, il semble que Joseph Zerlia soit dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
En effet, le 27 octobre – en même temps que ceux de Roger Juilland et Paul Monnet -, son nom est inscrit sur le registre des malades admis au Block 20 de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][3] avec la mention « K.L. Birkenau ». Le 5 novembre, il est transféré au Block 28 (convalescents), avec Paul Monnet.
Joseph Zerlia meurt à Auschwitz le 26 novembre 1942, selon une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 46211 (le local en question est situé au sous-sol du Block 28) [2].
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 30-04-1988).
[1] Levallois-Perret : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] Chauffeur de taxi ? : son nom n’est pas relevé sur la stèle funéraire installée dans le cimetière de Levallois-Perret par « La Chambre syndicale des cochers-chauffeurs du département de la Seine – En hommage à ses camarades chauffeurs de taxi parisiens tombés dans les luttes pour l’émancipation des travailleurs pour la liberté, pour la démocratie, pour la France et pour la République ».
[3] L’hôpital d’Auschwitz-I : en allemand Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”.
Mais les “31000” et Charlotte Delbo – qui ont connu l’hôpital de Birkenau – ont utilisé le terme « Revier » : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.
[4] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de Joseph Zerlia, c’est le 15 février 1943 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 127 et 128, 367 et 422.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : W1304/23, 6M623 (dossier de naturalisation) et WM 312 (recherches de Daniel Dusselier).
Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, pages 247, 346.
Archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau (Archiwum Państwowego Muzeum Auschwitz-Birkenau – APMAB), Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach), page 153 du registre du Block 20 de l’hôpital.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 4-12-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]
Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Paul, Marius, Zanzi naît le 5 avril 1906 à Anould (Vosges – 88), fils de Jean Zanzi et de Lucie Combeau.
En 1926, il s’engage ou accomplit son service militaire dans la Marine nationale à Toulon, jusqu’à être nommé quartier-maître.
Le 9 septembre 1929, à Longeville-sur-la-Laines (Haute-Marne – 52), Paul, Marius, Zanzi se marie avec Irène Marie Boucher, née le 22 novembre 1902 à Ville-en-Blaisois (52), fille d’un instituteur public.
Au printemps 1931 et jusqu’au moment de son arrestation, Marius Zanzi est domicilié au 7, rue Dauphine à Saint-Dié (88), où il gère un petit hôtel dont le rez-de-chaussée est aménagé en café-restaurant : le Zanzi-bar. Lui et son épouse y sont aidés par une bonne.
Sous l’occupation, Saint-Dié se trouve à proximité de la nouvelle frontière avec le Reich (l’Alsace étant annexée) ; parallèlement, l’ensemble de la Lorraine est une zone planifiée en recolonisation allemande à terme.
À l’automne 1940, Marius Zanzi est contacté par André Sester, de Sainte-Marguerite, commune limitrophe, responsable des groupes de jeunes du PC interdit, et par Marcel Rogé, ancien conseiller municipal communiste de Saint-Dié, afin de mettre son établissement à la disposition la résistance. Ainsi des prisonniers de guerre français évadés peuvent y faire étape quand ils passent par Saint-Dié. Son hôtel-restaurant abrite également des réunions clandestines de responsables locaux et départementaux du Parti communiste, et sert d’entrepôt de matériel d’impression (machines à polycopier, tracts…) ; sous le pseudonyme de « Paul », lui-même participe à la diffusion de propagande imprimée.
En février 1941, un inspecteur de police venu d’Épinal (Mitxler, Mistler ou Mischler ?) et se faisant passer pour un responsable communiste venu de Nancy réussit à faire bavarder un membre de son groupe…
Le 26 février, Marius Zanzi est arrêté à son domicile pour activité communiste. Il est conduit à la prison de la “Loge Blanche” dans cette ville. Dans la même affaire sont pris – entre autres – Maurice Marchal, de Sainte-Marguerite, qui sera déporté avec lui, André Sester, et Raymond Ruffet, fusillé. Le 10 mai suivant, Marius Zanzi comparaît devant le tribunal correctionnel de Saint-Dié. Le 26 juin, la cour d’appel de Nancy (Meurthe-et-Moselle – 53) le condamne à un an d’emprisonnement. Il est écroué à la Maison d’arrêt Charles III de Nancy.
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Le 21 février 1942, à l’expiration de sa peine, il n’est pas libéré, mais interné le lendemain au camp français d’Écrouves, près de Toul (53), probablement à la demande des autorités d’occupation. En avril, il aide à l’évasion de Marcel Rogé et Raymond Ruffet. Le 21 mai, Marius Zanzi est transféré à Nancy, probablement en transit…
À une date restant à préciser, il est finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 5818.
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La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).
Entre fin avril et fin juin 1942, Marius Zanzi est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Marius Zanzi est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46266 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]
Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Marius Zanzi est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.
À un moment, Marius Zanzi se trouve dans le même Kommando que David Badache, Henri Hannhart et Aimé Oboeuf : ils doivent décharger des sacs de ciment venus de Belgique et les porter jusqu’au sixième étage à l’intérieur d’un bâtiment, sous les coups de kapos polonais qui vont jusqu’à tuer quatre de leurs camarades.
À un autre moment, il a Ernest Pignet, d’Albert (Somme) pour « chef de chantier ». Mais celui-ci contracte le typhus et est gazé.
Le 17 ou 18 mars 1943, Marius Zanzi fait partie des dix-sept “45000” rescapés de Birkenau conduits à Auschwitz-I (en tout, 24 survivants sur 600 !).
En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).
À la mi-août 1943, Marius Zanzi est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11 – la prison du camp – pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.
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Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 – où se pratiquaient les expérimentations “médicales” sur les femmes détenues –
et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage de la “quarantaine”.
Au fond, le mur des fusillés. Carte postale. Collection Mémoire Vive.
Au début d’octobre, Marius Zanzi et Roger Pourvendier, de Caen, déclarent la malaria (ou paludisme), avec de fortes fièvres. Ils sont hospitalisés pendant environ trois semaines avant de revenir au Block 11. Mais, le 25 novembre, le commandant du camp fait recenser les détenus atteints de cette maladie pour les faire transférer au KL Majdanek, près de Lublin : les deux hommes doivent quitter leurs camarades.
Dans cet autre camp, Marius Zanzi est témoin de la mort de Roger Pourvendier le 25 janvier 1944.
Devant l’avancée des troupes soviétiques, les détenus de Majdanek qui ne sont pas massacrés sur place (mesure qui concerne essentiellement les détenus Juifs) sont évacués vers Auschwitz.
Marius Zanzi annonce alors la mort de Roger Pourvendier à l’oncle de celui-ci, Marcel Cimier.
Le 15 août, Marius Zanzi fait partie d’un groupe de détenus transférés au KL [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] Flossenbürg (matr. 17342) ; quinze jours avant que d’autres “45000” y soient conduits à leur tour. Là, il est placé au Block des contagieux. Dans cette période, il est atteint par le typhus. Le 11 octobre, il subit une fracture de la jambe dont il gardera des séquelles.
En avril 1945, il est transféré au KL Dachau.
Le camp est libéré le 29 avril par l’armée américaine. Marius Zanzi est rapatrié par Strasbourg le 17 mai suivant, et se rend d’abord à Longeville (52), où son épouse s’est peut-être réfugiée.
À son retour, il retrouve Saint-Dié « complètement incendiée », et son établissement (fermé après son arrestation) fait partie des bâtiments détruits par l’aviation alliée et la politique nazie de “terre brûlée” lors des combats de la libération à l’automne 1944. Mais ses proches sont en bonne santé. Il se réinstalle à Romilly-sur-Seine (Aube), y recréant le Zanzi-bar dans l’Hôtel central, au 30 rue Gornet-Boivin.
Le 12 mars 1946, il écrit à Flora Pignet, domiciliée à Albert (Somme) pour attester de la mort d’Ernest et René Pignet, respectivement son mari et son fils.
Le 7 septembre 1947, Marius Zanzi certifie sur l’honneur que Maurice Marchal, de Sainte-Marguerite, parti à Auschwitz à la même date que lui, « ne l’ayant pas quitté (…) il y est décédé gazé suite au typhus au commencement de l’année 1943 » ; écart temporel considérable (quatre mois) avec l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) qui a enregistré le décès de celui-ci à la date du 4 septembre 1942.
Le 22 février 1948, Marius Zanzi complète et signe un formulaire du ministère de la Défense nationale afin d’obtenir son homologation au sein de la Résistance intérieure française (RIF) pour son appartenance au mouvement Front national [2] comme agent de liaison. À l’appui de sa démarche de reconnaissance, il cite Léon Thibert, de Saint-Martin-du-Mont (Saône-et-Loire), Roger Debarre, de Quessy (Aisne), déportés avec lui, et deux autres rescapés concentrationnaires. Bien que la commission régionale d’homologation ait prononcé un avis favorable (y compris le préfet des Vosges le 23 mars 1941), la commission départementale (saisie en “appel”) rend un avis négatif le 28 juin suivant : « Non résistant, déporté politique, connu par un membre de la commission (sic) ». Sa demande est définitivement refusée par la commission nationale le 17 octobre 1951.
Le 3 octobre 1950, Marius Zanzi complète et signe un formulaire du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre (ACVG) pour demander que lui soit attribué le titre de déporté politique (il raye de lui-même la mention alternative « résistant »). Le 7 mai 1952, la commission départementale de l’Aube prononce un avis favorable à l’unanimité. Le 6 février 1953, le ministère des ACVG décide de lui attribuer le titre demandé, et la carte DP n° 1116.03767 lui est envoyée le 6 février 1953.
Marius Zanzi décède le 8 août 1971, âgé de 65 ans.
Irène Zanzi décède le 4 décembre 1982 à Reims.
[1] KL : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.
[2] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 89, 192, 252, 318, 346 et 348, 359, 380 et 423.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 460.
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier de ZANZI Marius (21 P 694 167).
Message de François Tomeno (01-2006).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 05-06-2021)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]
Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Camille, Marcel, Yol (surnom ou pseudonyme “Daniel” ? à vérifier) naît le 25 février 1901 à Bois-Colombes [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92), chez ses parents, Camille Yol, 30 ans, mécanicien (absent), et Marie, Alice, Charlet ou Charlot, son épouse, 21 ans, domiciliés au 83, rue des Bourguignons. Dans le courant de l’année, la famille emménage au 14, rue Mertens. Le 9 mars suivant, le père du nouveau-né, alors électricien-wattman, décède prématurément au 1, rue Cabanis (Paris 14e), à « huit heures un quart » (tué dans un accident professionnel ?) ; les témoins pour l’inscription de ce décès à l’état civil sont deux employés demeurant au 1, rue Cabanis. Plus tard, la mère du jeune Camille, remariée le 14 mars 1908 à Paris 10e, habitera au 3, rue du Clos (Paris 20e).
Le 26 août 1920, à la mairie du 15e arrondissement, Camille Yol fils se marie avec Zéline Reiset, née le 20 mars 1898 à Seppois-le-Bas (Bas-Rhin). Ils emménagent peu après dans un immeuble au 32, rue Jullien à Vanves [1] (92), en face du lycée Michelet.
Le 5 avril 1921, afin d’accomplir son service militaire, Camille Yol est incorporé (comme « artilleur » ?) au groupe de repérage du 1er groupe autonome d’artillerie (GAA) en garnison au fort de Montmorency, dans la forêt du même nom (Val-d’Oise), y arrivant quatre jours plus tard. Le 15 mai 1923, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.
En 1922, il a été inscrit sur les listes électorales de Vanves.
Il est électricien. À partir de la fin mars 1938, il est employé aux établissements Ragonot, 13 route de Montrouge à Malakoff.
Le 1er septembre 1939, rappelé à l’activité militaire par le décret de mobilisation générale, il est affecté à la batterie de repérage n° 15 du 6e GAA, basée au quartier Sully, à Saint-Cloud (Seine-et-Oise / Hauts-de-Seine), où il arrive dix jours plus tard. Il part aux armées le 18 septembre. Le 1er février 1940, il est nommé 1re classe, puis brigadier à compter du 16 mai. Il est démobilisé le 24 août suivant.
Sous, l’occupation, il est considéré par les Renseignements Généraux comme un « meneur communiste très actif », « individu dangereux par la propagande sournoise qu’il [mène] au sein de l’usine où il [travaille] ».
Le 4 décembre 1940, une perquisition est effectuée à son domicile par un inspecteur du commissariat de la circonscription de Vanves. Dans le registre de main-courante, Daniel Yol explique : « Le matériel trouvé chez moi m’a été confié vers le milieu de l’année 1937 par l’Union des syndicats dont j’étais le secrétaire pour le centre syndical de Vanves. Les dossier et le papier ont la même provenance. Je n’ai jamais utilisé ce matériel et le papier pour la propagande communiste. » Le policier note : « 3 P.V., 1 rapport B.F. et 4 scellés : n° un, machine à imprimer Ronéo électrique, marque Rotary Gestetner n° 15 avec encre et stencil ; n° deux, une machine à écrire marque Underwood ; n° trois, six tampons à encre de la section syndicale de Vanves ; n° quatre, le papier, les circulaires, les dossiers, les brochures, le tout antérieur au décret du 26 septembre 1939 [réprimant l’activité communiste]. Pas d’inculpation. »
Le 27 juin 1941, Camille Yol est appréhendé à son domicile par les services du commissariat de Vanves dans le cadre d’une vague d’arrestations ciblées visant des militants ouvriers : le préfet de police de Paris a signé l’arrêté ordonnant son internement administratif. Ces opérations sont menées en concertation avec l’occupant. Daniel Yol est conduit à l’hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes qui le transfèrent au camp de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) ; il fait partie des militants qui inaugurent ce camp de police [2].
Le camp vu depuis le mirador central.
Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”)
Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.
Le 30 mai, la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés écrit au préfet de police en lui transmettant une nouvelle lettre d’Hélène Yol relative à l’arrestation de son mari, datée du 12 mai.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises.
Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.
Le 8 juillet 1942, Daniel Yol est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46210 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
Le même jour, à Paris, le préfet de police répond à Fernand (de) Brinon, délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés, qu’il estime la libération de Camille Yol « inopportune, dans les circonstances actuelles ».
À Auschwitz, après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Daniel Yol est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.
Pendant un temps, il est assigné au Block 7a. Le 14 novembre, il est admis au Block 20 de l’hôpital des détenus d’Auschwitz. Le 16, il passe à la chambrée (Stube) n° 8.
Il meurt à Auschwitz le 29 novembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [3].
Son nom est inscrit sur le Monument élevé « en mémoire des victimes vanvéennes du nazisme » dans le square de la place de l’Insurrection.
À une date restant à préciser, le Conseil municipal de Vanves donne son nom à une rue de la commune (r. Marcel-Yol).
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. n° 248 du 24-10-1993).
[1] Bois-Colombes et Vanves : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] L’ “Aktion Theoderich” : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht. Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Fin août, 200 d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.
[3] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Daniel Yol, c’est le 31 octobre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 384 et 423.
Archives départementales des Hauts-de-Seine (AD 92), site internet du conseil général, archives en ligne ; registre des naissances de Bois-Colombes, année 1901 (E NUM BOC N1901), acte n° 33 (vue 11/70).
Archives de Paris : registres des matricules du recrutement militaire, classe 1921, 3e bureau de la Seine, volume 6001-6500 (D4R1 2273), n° 6158.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, liste des internés communistes (BA 2397) ; registre de main courante du commissariat de Vanves, période 28-10-1940/3-4-1941 (CB.102-28) ; dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 724-25688).
Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué).
Site Mémorial GenWeb, 92-Vanves, relevé de Véronique Canova (04-2006).
Archives municipales de Vanves, listes électorales.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 7-10-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Mayer Wyszynski naît le 1er mars 1910 à Varsovie (Pologne), fils de Lajbus Wyszynski et de Pesa Kerszenblat, son épouse, commerçants.
À partir de 1935 et jusqu’au moment de son arrestation, Mayer Wyszynski est domicilié au 31 quai d’Anjou à Paris 4e (75). Il est chapelier. Il a conservé la nationalité polonaise.
Le 31 octobre 1940, à Paris 4e, il se marie avec Bejla Lew, né en 1909 à Sokolw (Pologne), qui habite à la même adresse.
Mayer Wyszynski est père de deux filles : Marie, née le 6 avril 1937, et Liliane, née le 6 janvier 1941, toute deux à Paris.
Le 13 mai 1941, il est reçoit une convocation – le “billet vert” [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] – pour « vérification » de ses papiers, comme Chaïm Blumenfeld de Paris 17e. Le lendemain, il est arrêté sur place, puis interné au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret) où il est enregistré sous le matricule 1984. Transféré ensuite au camp de Drancy [2] (Seine / Seine-Saint-Denis ), il s’en évade le 11 août 1941.
Le 11 novembre, il se présente à la préfecture de police pour faire prolonger sa carte d’identité. Aussitôt arrêté, il est conduit au Dépôt. Deux jours plus tard, le 13 novembre, la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine le condamne à six semaines d’emprisonnement pour évasion.
Le 24 décembre, à l’expiration de sa peine, il est de nouveau interné à Drancy. Le 27 janvier 1942, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 –Polizeihaftlager). En avril, malade, il est provisoirement transféré à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, mais doit réintégrer le camp de Royallieu le 4 juillet.
Entre fin avril et fin juin 1942, il a été sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler) ; Mayer Wyszynski a été sélectionné comme otage juif.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Mayer Wyszynski est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46315, selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz ; probablement avant la mi-mars 1943.
Le 29 février 1952, le tribunal civil de la Seine rend un jugement déclaratif de décès, fixant pour l’état civil la date de celui-ci au « 6 juillet 1942 à Compiègne », bien que le fait soit déjà établi que Mayer Wyszynski était dans le convoi parti ce jour-là à destination d’Auschwitz.
Le 21 janvier 1952, sa veuve remplit un formulaire de demande d’attribution du titre de déporté politique à titre posthume ; la carte n° 1175 01593, lui est attribuée le 5 mars 1954. Elle habite alors à Argenteuil (Seine-et-Oise / Val-d’Oise).
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 423 ; notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002).
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen ; dossier de Mayer Wyszynski (21 P 551 395).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 31-05-2016)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] La rafle du “billet vert” : Dès le 4 octobre 1940, un décret signé par le maréchal Pétain permet d’interner « les ressortissants étrangers de race juive » dans des camps spéciaux, sur simple décision préfectorale et sans motif. À la veille du 14 mai 1941, sur ordre de l’occupant allemand et à partir des recensements effectués depuis septembre 1940 par les autorités françaises, 6694 Juifs étrangers habitant en région parisienne, hommes de 18 à 60 ans, reçoivent une convocation individuelle pour un « examen de situation », dans cinq centres : caserne de Napoléon, caserne des Minimes, rue Edouard-Pailleron, rue de la Grange aux Belles, gymnase Japy. La lettre de convocation précise que chacun doit se présenter en personne, accompagné d’un membre de sa famille ou d’un ami. « La personne qui ne se présenterait pas aux jours et heures fixés, s’exposerait aux sanctions les plus sévères ». Plus de la moitié obéissent, car ils pensent qu’il ne s’agit que d’une formalité administrative. Ceux qui se présentent ne sont pas libérés. L’accompagnateur est chargé de rapporter une valise avec un minimum d’effets personnels et des vivre. 3430 Juifs polonais, 123 Juifs apatrides et 157 Juifs tchèques sont ainsi arrêtés. Ils sont transférés en autobus à la gare d’Austerlitz et déportés le jour-même par quatre trains spéciaux vers les camps d’internement du Loiret, créés à cette occasion dans d’anciens camps de prisonniers de guerre français, transférés depuis en Allemagne (à peu près 1700 à Pithiviers et 2000 à Beaune-la-Rolande). Bien que le terme de “rafle” soit impropre, puisque les victimes ont répondu à une convocation, il a été consacré par l’usage car il s’agit de la première vague d’arrestations massives de Juifs sous le régime de Vichy.
[2] Drancy : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968). Elle est aussi sinistrement connue pour avoir été le lieu d’implantation – dans la cité de la Muette, inachevée – du camp de regroupement des Juifs (familles, vieillards, enfants…) avant leur transport vers les centres de mise à mort du génocide.
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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Marcel, Raphaël, Wolff naît le 9 octobre 1897 à Épinal (Vosges), chez ses parents, Abraham, Alfred, Wolff, 30 ans, négociant (en tissus), et Pauline Moch, son épouse, 32 ans, domiciliés au 4, rue des Halles ; probablement d’une famille d’Alsaciens ayant fuit l’annexion après 1871. Les témoins pour la présentation du nouveau-né à l’état civil sont deux autres négociants.
Son frère Georges Emmanuel Wolff, naît le 7 avril 1899. Les deux témoins pour la présentation du nouveau-né à l’état civil sont des oncles maternel et paternel, eux aussi négociants. Leur sœur Jeanne naît le 9 septembre 1901 ; un des deux témoins est son oncle Charles Wolff, 27 ans, employé de commerce.
Pendant un temps, Marcel Wolff étudie à l’École Industrielle et Commerciale (« l’Indus »), installée en 1910 dans les bâtiments de l’ancienne institution Saint-Joseph, sur le coteau des Corvées, au 44, rue Abel Ferry ; aujourd’hui lycée Claude Gellée (?).
Il n’est pas mobilisé au cours de la Première Guerre mondiale, étant « ajourné » en 1915, 1916, 1917, 1918 et 1919 pour « faiblesse » par la commission de réforme d’Épinal.
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Épinal. La rue des Halles vue depuis la place des Vosges.
À droite, derrière le garçon en noir et le militaire en imperméable,
entre la pâtisserie et la pharmacie, la boutique d’A. Wolff.
Carte postale voyagée en juin 1918. Collection Mémoire Vive.
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De la classe 1919, son frère Georges commence à travailler comme employé de préfecture, habitant alors à Meysieu en Isère. Il est exempté de service militaire pour « infantilisme » (?).
En 1926, Marcel Wolff, célibataire, est installé au 1, rue de Lormont à Épinal, près du quai sur la Moselle, avec sa tante paternelle Élise Wolff, 64 ans, née à Ottrott, laquelle y vivait déjà avec sa propre mère jusqu’au décès de celle-ci. Il habitera à cette adresse jusqu’au moment de son arrestation.
Marcel Wolff est secrétaire général de la Chambre de Commerce d’Épinal.
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Épinal. La bourse de commerce derrière la statue de Jeanne d’Arc.
Aujourd’hui, n’existe plus que le centre de la façade, sur un bâtiment abritant l’espace judiciaire Julie Victoire Daubie.
Carte postale des années 1910, collection Mémoire Vive.
Son frère Georges se marie à Épinal le 7 mai 1928 (il divorcera le 19 décembre 1939).
En 1936, leur sœur, Jeanne Wolff, est installée avec leur père au 15, rue de la Maix à Épinal, toujours en centre-ville.
Sous l’occupation, Marcel Wolff fait partie d’une organisation pour le secours et l’évasion des prisonniers de guerre français.
En mars 1942, des Allemands se présentent à son bureau pour l’arrêter, mais il parvient à fuir.
Appréhendé en tentant de franchir la ligne de démarcation, Marcel Wolff est écroué le 3 avril à la division allemande de la Maison d’arrêt de Besançon (Doubs). Le 10 avril, le tribunal militaire de la Feldkommandantur de Besançon le condamne à trois mois de détention. Il quitte la prison de Besançon le 17 juin. Pendant une période restant à préciser (peut-être auparavant), il passe par la Maison d’arrêt de Dole (Jura).
Son frère Georges est déjà parti en zone libre.
Marcel Wolff est finalement au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). Marcel Wolff est déporté comme otage juif.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Marcel Wolff est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46314 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172, ce qui inclut tous les détenus juifs).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
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Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Marcel Wolff est alors inscrit comme appartenant à la religion mosaïque (Mosaisch). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Marcel Wolff.
Il meurt à Auschwitz le 10 août 1942, d’après plusieurs registres du camp ; un mois après l’arrivée de son convoi, le même jour que dix-neuf autres “45000”.
À une date restant à préciser, sa sœur, Jeanne Wolff, est arrêtée et conduite au camp de Drancy, où elle arrive le 12 octobre 1943 (matricule 6336). Le 28 octobre, elle est déportée dans le convoi n° 61 (1000 personnes) parti de la gare de Bobigny à destination d’Auschwitz, où elle meurt le 2 novembre suivant (à moins qu’elle n’ait été sélectionnée pour être gazée dès l’arrivée, le 30 ou 31 octobre) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1].
Déjà passé en zone sud, son frère Georges rejoint l’armée secrète dans un maquis d’Auvergne. Puis, il s’engage volontairement dans la 1re armée française, débarquée en Provence puis amalgamée aux Forces françaises de l’Intérieur (FFI), au sein du 4e bataillon de chasseurs à pied. Il est démobilisé en août 1945.
Le 5 juin 1946, Georges Wolff, alors domicilié au 49 bis, rue Saint-Michel à Épinal, complète et signe un formulaire du ministère des anciens Combattants et victimes de guerre (ACVG) afin d’obtenir la régularisation de l’état civil d’un « non-rentré ». Ayant reçu le 6 septembre suivant l’acte de disparition demandé, il dépose une requête auprès du parquet d’Épinal afin de faire déclarer judiciairement le décès de Marcel. Le 18 juin 1947, le tribunal civil d’Épinal prononce un jugement déclarant Marcel Wolff “mort pour la France” à Compiègne en avril 1942 (sic).
Le 25 juin 1949, le ministère des ACVG envoie au directeur départemental de Meurthe-et-Moselle, pour une affaire concernant le département des Vosges, une note afin que lui soit précisé les conditions de départ et la catégorie dans laquelle il convient de classer Marcel Wolff. Y sont mentionnés les faits “connus” : « D.C.D. le ? Avril 1942 à Compiègne (Oise) – Interné à Compiègne, Déporté le 6.7.1942 à Auschwitz ». Avec une telle information, les circonstances de sa disparition pourraient être précisées. Mais une main inconnue a biffé cette dernière mention en la remplaçant par « inhumé à Compiègne », sans doute afin de ne pas créer de contradiction avec le jugement déclaratif de décès déjà rendu. Selon l’hypothèse ainsi retenue d’une inhumation à Compiègne, la dernière demande va de soi : « Enquête urgente dont le résultat est indispensable pour statuer sur le droit à la restitution du corps de Monsieur Wolff ». L’erreur ne sera pas relevée…
Le 9 décembre 1957, Georges Wolff – en qualité de frère – complète et signe un formulaire du ministère des ACVG pour demander l’attribution du titre de Déporté politique à Marcel Wolff à titre posthume. Conjointement dans cette période, Georges Wolff demande la carte de Combattant volontaire de la Résistance pour son frère. Le 4 décembre 1958, le ministère des ACVG écrit au directeur interdépartemental siégeant à Nancy (Meurthe-et-Moselle) pour lui faire connaître que la demande d’attribution du titre de déporté politique à Marcel Wolff n’est pas recevable ; en effet, au terme de plusieurs dispositions du code des pensions, les « cartes de l’espèce » ne peuvent être délivrées qu’aux conjoints et descendants (puisqu’elles visent essentiellement à octroyer lesdites pensions).
Les noms de Marcel et de Jeanne Wolff sont inscrits sur le monument dédié Aux Israélites Vosgiens, victimes de la barbarie nazie, placé à l’entrée du cimetière Saint-Michel à Épinal, chef-lieu du département.
Leurs noms sont également inscrits sur le Monument aux morts d’Épinal, face à la préfecture : Marcel Wolff est désigné comme “militaire” sans autre précision, et sa sœur, Jeanne Wolff, comme “victime civile”.
Enfin leurs noms – avec leurs années de naissance – sont également inscrits sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah, 17 rue Geoffroy-l’Asnier à Paris 4e, mais sur des dalles différentes correspondant à l’année de leur déportation (Marcel y est inscrit sous le prénom « Marc »).
Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés
de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005).
De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.
[1] Après trois jours et trois nuits de trajet, le convoi n° 61 arrive à Auschwitz-Birkenau le 30 octobre 1943, où 284 hommes sont sélectionnés pour les travaux forcés et tatoués des numéros 159546 à 159829. Le lendemain, 31 octobre, 103 femmes sont sélectionnées pour les travaux forcés et tatouées des numéros 66451 à 66553. Les 613 déportés restants sont gazés dès leur arrivée.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 380 et 423.
Archives départementales des Vosges, archives en ligne : état civil d’Épinal, registre des naissances de l’année 1897 (10NUM102946/4E162/75), acte 486 (vue 3/30).
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre d’appel avec la liste des détenus décédés (Verstorben Häftlinge).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1361 (19358/1942).
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier de Wolff Marcel (21 P 693 431), recherches de Ginette Petiot (message 02-2017).
Site de Yad Vashem, convoi n° 61 : https://deportation.yadvashem.org/?language=fr&itemId=5092633.
Site Mémorial GenWeb, 88-Épinal : relevé n° 2257 par René Lehimas (2000-2002) relevé n° 33094 par Martine Mangeolle et Jacky Vinière, mis en ligne fin 2006.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 18-06-2020)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]
Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Charles Wingert (ou Winger) naît le 24 décembre 1894 à Athus (Belgique), fils de Charles Winger et de Eugénie Liétard.
En février 1922 à Atlins ou Athus (Belgique), il se marie avec Denise Delphine, née en 1891 à Bouelle (Belgique). Ils n’ont pas d’enfant.
En 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié rue de Lexy à Réhon, au sud de Longwy (Meurthe-et-Moselle – 54) ; au n° 12 en 1936, au n° 53 plus tard.
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Charles Wingert est ajusteur à la Société des Laminoirs, Hauts-Fourneaux, Fonderies et Usines de la Providence (haut fourneau Saint-Eloi).
De 1936 à 1939, il est syndiqué à la Fédération des Métaux.
Dans la nuit du 4 au 5 février 1942, un groupe de résistance communiste mène une action de sabotage contre le transformateur électrique de l’usine sidérurgique d’Auboué qui alimente également dix-sept mines de fer du Pays de Briey. Visant une des sources d’acier de l’industrie de guerre allemande (Hitler lui-même s’en préoccupe), l’opération déclenche dans le département plusieurs vagues d’arrestations pour enquête et représailles qui concerneront des dizaines de futurs “45000”.
Le nom de Charles « Vingert » figure – n°26 – sur une « liste communiquée le 19 (février ?) au soir à la KK (Kreiskommandantur) de Briey par le sous-préfet » pour préciser la nationalité de cinquante-trois hommes du secteur : il est désigné comme belge.
Le 23 février, il fait partie des vingt-cinq otages arrêtés par la police allemande et conduits au centre de séjour surveillé d’Écrouves, près de Toul (54), en attente « d’être dirigés sur un autre camp sous contrôle allemand en France ou en Allemagne » ; ils y rejoignent quatorze autres otages arrivés la veille.
Et, effectivement, le 5 mars, Charles Wingert est parmi les trente-neuf détenus transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
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La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Charles Wingert est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46206 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Charles Wingert est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.
D’après Raymond Montégut, Charles Wingert est effectué avec lui au Kommando Schlosserei (la serrurerie), comme René A(ondetto ?), Roger Bataille, Marcel Boyer, Georges Brumm, Adrien Fontaine, Henri Gorgue, Robert Lambotte (?), Lucien Penner, Jean Romanet, Auguste Taillade, Jean Tarnus, Raymond Walter.
À une date restant à préciser, Charles Wingert est admis au Block 20 de l’hôpital des détenus.
Charles Wingert meurt à Auschwitz le 13 janvier 1943, selon une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 46206 (ce local de regroupement temporaire des cadavres est situé au sous-sol du Block 28).
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Réhon, situé sur la place principale de la ville.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 368 et 423.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : cote W1304/23 et WM 312 ; fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel et Jean-Marie Dusselier.
Raymond Montégut (45892), Arbeit macht Frei, Éditions du Paroi (imprimeur), juin 1973, Recloses, Ury (77), pages 204-205 232.
Site Mémorial GenWeb, relevé de Marc Ephritikhine (06-2005).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 2-01-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]
Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Louis, Maurice, Welscher naît le 10 juin 1900 à Bar-le-Duc (Meuse), fils naturel d’Anne Welscher, 37 ans, veuve.
Dans les années suivantes (accompagnant sa mère ?), Louis Welscher arrive à Noisy-le-Sec [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), habitant au 17, rue de la Madeleine à Noisy-le-Sec (future rue Pierre-Sémard) jusqu’au moment de son arrestation. Il acquiert une formation d’ajusteur mécanicien.
De la classe 1920, il s’engage volontairement pour trois ans le 28 août 1918 à la mairie du 8e arrondissement au titre du 2e dépôt des équipages de la Flotte, à Brest, qu’il rejoint trois jours plus tard (la guerre n’est pas achevée). Le 7 décembre suivant, il est nommé « à la 2e classe mécanicien ». Le 1er septembre 1918, il embarque à bord du cuirassier Jauréguiberry, engagé en 1915 dans les Dardanelles, mais alors désarmé au mouillage à Port-Saïd, en Égypte au débouché du canal de Suez, puis ramené à Toulon le 5 mars 1919. Du 1er avril au 24 juillet suivant, Louis Welscher navigue à bord du croiseur cuirassé Ernest Renan ; les 18 et 19 juin 1919, ce navire, affecté aux côtes du Liban et de Syrie, participe avec la canonière Décidée et le torpilleur Bambara à la défense de Mersina (?). Puis, du 2 mars au 30 juin 1920, Louis Welscher embarque de nouveau sur le Ernest Renan.
Le 8 septembre 1921, il est renvoyé dans ses foyers et se retire à Noisy, titulaire d’un certificat de bonne conduite.
Le 25 septembre 1922, il entre comme ajusteur à la Compagnie des chemins de fer de l’Est. Son dossier d’agent de la SNCF victime de guerre indique que sa résidence de service est « entretien Ourcq », c’est-à-dire l’atelier d’entretien du dépôt-garage de l’Ourcq à Pantin, près du canal ; une courte notice du Maitron concerne un nommé Jean [!] Welscher, délégué CGT de ce dépôt avant la guerre, mort en déportation…
Le 6 octobre 1923 à Noisy-le-Sec [1] (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), Louis Welscher se marie avec Louise Jérôme, née le 26 décembre 1898 dans cette commune. Ils n’ont pas d’enfant.
Au cours des années 1920 et jusqu’au moment de son arrestation, Louis Welscher est domicilié au 17, rue de la Madeleine à Noisy-le-Sec (future rue Pierre-Sémard).
II milite à la Confédération générale du Travail unitaire (CGTU). Le 11 mai 1932, présenté par son syndicat, il est élu délégué titulaire du personnel. En octobre de cette année-là, il fait l’objet d’une note des services de police.
Selon celle-ci, il est membre du rayon communiste de Noisy. Lecteur assidu de L’Humanité, « il assiste régulièrement aux réunions et manifestations organisées par les groupements auxquels il appartient ».
Parmi ses camarades dans l’action militante se trouve le jeune Rolland Delesque (dit “R2L”).
La mobilisation du 2 septembre 1939 le maintient dans l’affectation spéciale sur son poste de travail.
Sous l’occupation, la police française considère Louis Welscher comme un « communiste notoire, propagandiste acharné et dangereux ».
Le 26 octobre 1940, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application des décrets des 18 novembre 1939 et 3 septembre 1940, parmi 38 personnes visées ce jour-là dans le département de la Seine (dont 12 futurs “45000”). Le jour même, Louis Welscher est interpellé par deux inspecteurs de la préfecture, puis conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt, lieu « désigné par le Ministre, secrétaire d’État à l’Intérieur ».
Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.
Son épouse, arrêtée le même jour, est conduite au camp de Vouillé (Vienne) ; à vérifier…
Le 4 décembre 1940, Louis Welscher fait partie d’un groupe d’une centaine d’internés « choisis parmi les plus dangereux » transférés, par mesure préventive ou disciplinaire (?), à la Maison centrale de Fontevraud-L’Abbaye [2], près de Saumur (Maine-et-Loire) ; leur transport s’effectue en car et sous escorte. Les détenus sont enfermés dans une grande salle commune de la Centrale. Ils apprennent que 70 communistes purgent une peine dans le secteur carcéral, dont une vingtaine de jeunes.
Le 20 janvier 1941, sans être informés de leur destination, la même centaine d’internés est conduite à la gare de Saumur où les attentent deux wagons de voyageurs à destination de Paris-Austerlitz. À leur arrivée, ils sont conduits à la gare de l’Est. Ils y rejoignent 69 autres militants communistes en attente de transfert.
Ce nouveau convoi les amène à la gare de Clairvaux (Aube) d’où ils sont conduits – par rotation de vingt détenus dans un unique fourgon cellulaire – à la Maison centrale de Clairvaux.
Une fois arrivés, la direction les contraint à échanger leurs vêtements civils contre la tenue carcérale, dont un tour de cou bleu (“cravate”) et un béret. Ceux qui refusent sont enfermés une nuit en cellule (“mitard”), tandis que la plupart sont assignés à des dortoirs. Rejoints par d’autres, ils sont bientôt 300 internés politiques.
Le 14 mai, 90 d’entre eux sont transférés au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Atlantique), parmi lesquels plusieurs seront fusillés le 22 octobre. Louis Welscher est de ceux qui restent à Clairvaux, et qui doivent bientôt partager les locaux qui leur sont assignés avec quelques “indésirables” (condamnés de droit commun).
Le 26 septembre 1941, Louis Welscher est parmi la centaine d’internés administratifs de Clairvaux transférés en train, via Paris, au “centre de séjour surveillé” de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).
Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-
Entre fin avril et fin juin 1942, Louis Welscher est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.
Le 8 juillet 1942, Louis Welscher est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46208 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Louis Welscher.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Louis Welscher est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.
Pendant un temps, il est assigné au Block 4.
Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp, alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [3]).
Louise, son épouse, a poursuivi le combat clandestin. Le 3 mars 1943, elle est arrêtée par la brigade spéciale des renseignements généraux au 12, rue de Constantinople à Paris 8e où elle vit sous une fausse identité, servant d’agent de liaison entre plusieurs membres du Parti communiste clandestin. À une date restant à préciser, elle est condamnée à deux ans d’emprisonnement par la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine, puis détenue à la Maison d’arrêt de la Petite Roquette, d’où elle est libérée le 17 août 1944.
Après la Libération, Louise Welscher est élue conseillère municipale de Noisy-le-Sec sur la liste du PCF. et désignée comme maire-adjointe. Le 11 novembre 1946, elle est réélue conseillère municipale.
Le 21 octobre 1945, le PCF présente Louise Welscher en sixième position sur sa liste de sept candidats au scrutin de la 6e circonscription de la Seine pour les élections à l’Assemblée nationale constituante, derrière Jacques Duclos, Charles Tillon et Fernand Grenier (élus).
Avant octobre 1961, Madame veuve Welscher dépose une demande au titre la Résistance intérieure française (RIF) pour son mari.
Le nom de Louis Welscher est inscrit sur la plaque commémorative dédiée aux déportés sur le Monument aux morts de Noisy-le-Sec, situé dans l’ancien cimetière, et sur la stèle 1939-1945, place du maréchal-Foch, ainsi que sur la plaque dédiée « À la mémoire des agents SNCF tués par faits de guerre », apposée dans la gare de Pantin, côté quai.
[1] Noisy-le-Sec : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] Fontevraud-L’Abbaye, souvent orthographié Fontevrault-L’Abbaye au 19e siècle.
[3] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 385 et 423.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour 60e anniversaire du départ du convoi des 45000, brochure répertoriant les “45000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, page 35.
Archives départementales de la Meuse, site internet, archives en ligne, registre d’état civil de Bar-le-Duc, cote 2 E 29 (123), année 1900, acte n° 203 (vue 52/414).
Archives de Paris : registres matricules du recrutement militaire, classe 1920, 1er bureau de la Seine, volume 4001-4500 (D4R1 2174), matricule n° 4364.
Hervé Barthélémy / association Rail & Mémoire : fichier des victimes de guerre de la SNCF (Lm ??? p ???).
Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 1501-1502.
Henri Hannart, Un épisode des années 40, Matricule : F 45652 (les intérêts de certains ont fait le malheur des autres), trois cahiers dactylographiés par son fils Claude, notamment une liste page 23.
Message de Claude Delesque, fils de Rolland dit “R2L” (08 et 09-2011) ; texte Les lettres d’Aincourt et les 45000.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris) ; cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397), chemise “liste des personnes se livrant à une activité de propagande” (BA 2447) ; carton “PC” n°VII, A.S. du 20 décembre 1940 sur le CSS d’Aincourt ; cabinet du préfet, dossiers individuels (1w243-74240).
Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 184.
Archives départementales de la Vienne, Poitiers : camp de Rouillé (109W75).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1327 (31746/1942).
Site Mémorial GenWeb, 93-Noisy-le-Sec, relevés de P. Caulé (2000-2002) et de Ch. Level-Debray (10-2003) ; 93-Pantin, relevé de Stéphane Protois (03-2012).
Site Le Maitron en ligne, citant Pantin, éd. Temps actuels, 1982.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 10-12-2023)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]
Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Camille Watremez naît le 19 mars 1907 à Saint-Denis [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), fils de Jules Watremez et de Sélina Deloffre, son épouse.
Le 27 décembre 1930 à Paris 12e, Camille Watremez se marie avec Amélie Frattoni, née le 12 octobre 1912 à Paris 11e, couturière. Le jeune marié habite alors au 16, rue Géroux à Pierrefitte-sur-Seine [1] (93). Ils auront un enfant âgé de huit ans en 1942.
Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 2, rue Maurice-David à Pierrefitte.
Camille Watremez est ajusteur outilleur. Pendant un temps, il travaille à la société de Construction mécanique de Stains [1] (93). À partir de 1928, il est chef d’équipe outilleur d’aviation. De 1936 à 1939, il est adhérent au Syndicat des Techniciens d’aviation.
Il adhère au Parti communiste en 1937, selon sa déclaration ultérieure.
C’est un sportif : coureur cycliste, il est président de l’Étoile sportive de Pierrefitte.
Pendant la guerre 1939-1940, Camille Watremez est mobilisé comme affecté spécial à la Société des Ateliers de mécanique et de chaudronnerie au 5, rue Pleyel à Saint-Denis.
Sous l’occupation, la police française le considère comme un « militant communiste actif », le désignant comme « un des principaux organisateurs de la propagande communiste clandestine parmi les chômeur de Pierrefitte » : membre du comité clandestin des chômeurs, Camille Watremez dépose un cahier de revendications à la mairie.
Le 26 octobre 1940, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, parmi 38 personnes visées ce jour-là dans le département de la Seine (dont 12 futurs “45000”), en application des décrets du 18 novembre 1939 et du 3 septembre 1940. Le jour-même, Camille Watremez est appréhendé à son domicile par la Brigade spéciale des Renseignements généraux et conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.
Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte
montrant les points d’impact après le bombardement
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940.
Arch. dép. des Yvelines (1W71).
Le 7 mars 1941, sur le formulaire de « Révision trimestrielle du dossier » de Camille Watremez, à la rubrique « Avis sur l’éventualité d’une mesure de libération », le commissaire spécial, directeur du camp, n’exprime pas son avis mais constate que cet interné est « resté communiste, mais paraît peu dangereux », ajoutant à sa décharge : « attitude très correcte – travaille régulièrement – excellent esprit – dévoué ».
Pourtant, le 24 juin, Camille Watremez fait partie d’une trentaine de « meneurs indésirables » écroués à la Maison d’arrêt de Rambouillet (Yvelines), à la suite d’ « actes d’indiscipline » collectifs.
Rambouillet. Au premier plan, le Palais de Justice et derrière, à gauche, la Maison d’arrêt.
Carte postale des années 1900. Collection Mémoire Vive.
Le 27 septembre, il est parmi les 23 militants communistes de la Seine transférés au “centre d’internement administratif” (CIA) de Gaillon (Eure), un château Renaissance isolé sur un promontoire surplombant la vallée de la Seine et transformé en centre de détention au 19e siècle, puis en caserne ; il est assigné au bâtiment F (aile Est du pavillon Colbert [2]), 2e étage, chambre 9, lit 83.
Le camp de Gaillon, ancien château de l’évêque de Rouen. Carte postale d’après-guerre. Collection Mémoire Vive.
Le 28 avril 1942, Camille Watremez signe une demande de libération dans laquelle il déclare abandonner son engagement politique antérieur, document que le chef du camp de Gaillon transmet au préfet de l’Eure avec un avis favorable.
Mais, le 4 mai, Camille Watremez fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” de Voves (Eure-et-Loir). Enregistré sous le matricule n° 322, il n’y reste que deux semaines.
Le 20 mai, il fait partie des 28 détenus que viennent chercher des gendarmes français. Pensant qu’on les emmène pour être fusillés, les partants chantent La Marseillaise. En fait, remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci, ils sont conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Camille Watremez est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Camille Watremez est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46207 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Camille Watremez.Il meurt à Auschwitz le 18 août 1942, selon l’acte de décès établi par l‘administration SS du camp (Sterbebücher) ; quarante jours après l’arrivée de son convoi.
Dès la fin de la guerre, la section cycliste de l’Union sportive de Pierrefitte organise un “Grand prix Camille Watremez”.
Le 21 janvier 1946, en s’appuyant sur les témoignages de Fernand Devaux et Camille Nivault, Madeleine Dechavassine (“31639”), secrétaire de l’Amicale d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie signe un certificat attestant du décès de Camille Watremez à Auschwitz. Dans la déclaration qu’il signe le 29 août 1945, Camille Nivault date la mort de son camarade au mois d’octobre.
En novembre 1955, le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre, envoie à sa veuve, comme ayant cause, sa carte de déporté politique (n° 117507979).
Le nom de Camille Watremez est inscrit sur le Monument aux morts de Pierrefitte-sur-Seine, situé dans le cimetière communal.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 24-03-2002).
Roger Arnould, article paru dans le journal de la FNDIRP, Le Patriote Résistant, n° 511, mai 1982.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 386 et 423.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397).
Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, révision trimestrielle (1w74), dossier individuel (1w159).
Archives départementales de l’Eure, Évreux : archives du camp de Gaillon, cotes 89W4, 89W11 et 89W14 ; recherches de Ginette Petiot (message 09-2012).
Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
Témoignage de Dominique Ghelfi (daté 1946), Contre l’oubli, brochure éditée par la mairie de Villejuif en février 1996. D. Ghelfi, n’ayant pas été sélectionné pour le convoi du 6 juillet, a assisté au départ de ses camarades. Lui-même a été déporté à Buchenwald en janvier 1944 (rescapé).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1305 (22298/1942).
Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen, dossier de Camille Watremez, cote 21 P 549.430, recherches de Ginette Petiot (message 10-2012).
Site Mémorial GenWeb, 93-Pierrefitte-sur-Seine, relevé d’Alain Claudeville (10-2002).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 23-02-2013)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine et Stains : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] Château de Gaillon. Le pavillon Colbert, sur la terrasse du jardin haut, a été dessiné par Jules-Hardoin Mansard vers 1700 pour l’archevêque Jacques-Nicolas Colbert, second fils du ministre de Louis XIV.
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