François BURESI – 45313

François Buresi, né le 10 mai 1896 à Petreto-Bicchisano (Corse-du-Sud), domicilié à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), mort à Auschwitz-I le 18 août 1942.

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Collection familiale. Droits réservés.

Collection familiale. Droits réservés.

François Buresi naît le 10 mai 1896 à Petreto-Bicchisano (Corse-du-Sud – 2A), chez ses parents, Jacques François Buresi, 26 ans (né le 9 novembre 1869 à Ciamannace), propriétaire, laboureur, et Marie Thérèse Vellutini, 27 ans, son épouse. Les témoins pour l’enregistrement du nouveau-né à l’état civil sont Jean Vellutini, 50 ans, laboureur, et Joseph Vellutini, 30 ans, journalier.

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Petreto-Bicchisano au début du 20e siècle. Carte Postale. Collection Mémoire Vive.

Petreto-Bicchisano au début du 20e siècle. Carte Postale. Collection Mémoire Vive.

François a plusieurs frères et sœurs, dont Marie Charlotte, née le 28 juin 1894 (qui décèdera à Saint-Ouen), Anne Marie Antoinette, né le 23 mars 1899, Toussaint, né le 1er novembre 1902 (marié à Paris en 1926), Jean, né le 8 juin 1905, mais décédé en 1906, Jean(-Baptiste), né le 1er janvier 1908, Jéromine, née le 12 juillet 1910 au lieu-dit Valle. Selon la mémoire familiale, le père de famille est de conviction socialiste, qu’il s’est formée en autodidacte.

Pendant un temps, François Buresi travaille comme cordonnier. Il s’occupe aussi « à extraire des souches de bruyère ».

De la classe 1916, il est mobilisé dès le 19 avril 1915 au 81e régiment d’infanterie. Le 15 août suivant, il passe au 420e R.I., le 11 septembre 1916 au 66e R.I. et, le 27 septembre suivant au 33e R.I. Un an plus tard, le 22 septembre 1917, il est porté déserteur, puis rayé des contrôles de la désertion quatre jours plus tard. Le 28 février 1918, il est de nouveau porté déserteur, mais rayé des contrôles le 15 mai suivant, s’étant constitué prisonnier à la gendarmerie de Petreto-Bicchisano. Le 12 août, il passe au 73e R.I. par mesure disciplinaire, puis au 89 R.I. le 9 mars 1919. Il est mis en congé illimité de démobilisation le 20 novembre 1919 et se retire à Petreto-Bicchisano, le certificat de bonne conduite lui ayant été refusé. Une enquête ultérieure de gendarmerie dira qu’il est « signalé comme étant de mentalité mauvaise, communiste et révoltée ».

Peu après, à une date restant à préciser, François Buresi quitte la Corse pour le continent et s’installe aux Pavillons-sous-Bois (Seine / Seine-Saint-Denis). Pendant un temps, il héberge son frère, Toussaint, qui entre comme homme d’équipe à l’essai au dépôt de Pantin de la Compagnie des chemins de fer de l’Est en septembre 1921.

Le 1er décembre 1920, l’administration militaire classe François Buresi comme “affecté spécial” dans l’administration des Postes de la Seine en qualité de facteur à Paris ; probablement son cadre d’emploi.

Le 30 juin 1923, à la mairie de Saint-Ouen-sur-Seine [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis), François Buresi épouse Marguerite, Louise, Albertine Boulay, née le 11 octobre 1885 à Alençon (Orne).

Saint-Ouen. La place de la mairie dans les années 1920-1930. Carte postale. Coll. Mémoire Vive

Saint-Ouen. La place de la mairie dans les années 1920-1930. Carte postale. Coll. Mémoire Vive

Le 21 septembre 1924, ils ont une fille, Isabelle, née à Paris 18e.

Le 25 septembre 1923, sa sœur Anne Marie, 23 ans, s’est mariée à Saint-Ouen avec Paul Henry, 31 ans, lui aussi agent des PTT ; ils s’installeront ensuite aux Pavillons-sous-Bois, d’abord en 1929 au 31, allée Maurice, puis, en juillet 1933, dans une petite maison au 23, allée du Chevalier-de-la-Barre.

Au recensement de 1926, une grande partie de la famille est domiciliée au 6, rue Ardouin (à son débouché sur le quai de Seine) à Saint-Ouen : le père, Jacques Buresi, journalier, la mère, Isabelle, une sœur, Charlotte, 30 ans, journalière, Marguerite, épouse de François, François lui-même, Toussaint, 23 ans, employé des chemins de fer, Baptiste, 18 ans, journalier, et Jéromine, 15 ans, alors sans emploi.

En janvier 1928, François, Marguerite et Isabelle habitent toujours à cette adresse. L’année suivante, ils sont domiciliés au 3, rue des Docks.

Le 22 avril 1929, Marguerite Buresi décède prématurément, âgée de 44 ans, à l’hôpital de Port-Royal (Paris 14e). Leur fille Isabelle n’a que 4 ans et demi.

Le 29 avril 1933, à Saint-Ouen, François Buresi épouse Maria Élisabeth Mennel, 37 ans, née le 4 septembre 1895 à Diffembach-les-Hellimer (en Moselle annexée par l’Allemagne, Landkreis de Mörschingen).

En juin de cette année, le couple est domicilié au 70, boulevard Jean-Jaurès, à Saint-Ouen. Comme fonctionnaire des Postes, télégraphes et téléphones (PTT), François est « excellemment noté ».

Mais son caractère impulsif l’amène jusqu’au drame. En mai 1934, il achète le mobilier du gardien du garage-dépôt d’essence de la Coopérative des chauffeurs, à Saint-Denis, un Espagnol qui doit rentrer dans son pays (expulsé ?). Le 7 mai, François Buresi pénètre à plusieurs reprises avec son vendeur dans le dépôt pour déménager les meubles qui s’y trouvent, peut-être dans un logement de fonction. Vers huit heures du soir, ils reviennent pour enlever les derniers objets. Sans chercher à comprendre la situation, le gérant du garage s’interpose alors, et repousse François Buresi  : « Tu n’as rien à faire là ! ». Alors qu’il se dirige vers la porte, François Buresi sent qu’il est frappé dans le dos, se retourne et croit voir un objet brillant dans la main du gérant. Lui-même sort alors un pistolet d’ordonnance et fait feu sur celui qu’il estime être un agresseur, le blessant à la poitrine. Le gérant succombe, après avoir reconnu devant témoins avoir cherché la querelle.

À l’instruction, il est question pendant un temps que cet acte de violence ait pu résulter d’un différent politique, suggérant une forme de préméditation.

Le 20 février 1935, la chambre des mises en accusation de la Cour d’appel de Paris renvoie François Buresi devant la Cour d’assise du département de la Seine. Défendu par Maître Moro-Gaffieri, spécialiste des causes difficiles et par ailleurs député de Corse, l’inculpé comparaît le 18 juillet, et déclare : « Je regrette infiniment d’avoir donné la mort à un homme que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu. Je me suis senti en danger : je me suis dégagé. À ma place, qu’auriez-vous fait ? ». Le président rétorque : « Je pourrais ne rien vous répondre. Mais, à  votre place, je n’aurais porté aucune arme sur moi. » Le tribunal condamne François Buresi à cinq ans de prison pour meurtre, le jury ayant admis des circonstances atténuantes. Le lendemain, l’audience est résumée dans plusieurs journaux : Le Petit Parisien, L’Écho de Paris et L’Humanité.

François Buresi. Croquis d’audience paru dans Le Petit Parisien du 19 juillet 1935. © Site Gallica de la BnF.

François Buresi. Croquis d’audience
paru dans Le Petit Parisien
du 19 juillet 1935.
© Site Gallica de la BnF.

Son père, Jacques, décède dans cette période (il n’est plus inscrit sur les listes électorales en 1936).

Le 17 juin 1936, l’armée  classe François Buresi comme “exclu métropolitain” dans la réserve, affecté à la 15e section.

Le 3 juin 1937, le Tribunal, civil de la Seine prononce le divorce d’avec sa seconde épouse. Sa fille Isabelle est sans doute prise en charge par la famille paternelle.

Le 8 avril 1939, François Buresi est admis au bénéfice de la libération conditionnelle, sans interdiction de séjour.

En mai suivant et jusqu’au moment de son arrestation, il est de nouveau domicilié dans sa famille au 6, rue Ardouin à Saint-Ouen.

François Buresi est rappelé à l’activité militaire par le décret de mobilisation générale du 2 septembre 1939, et rejoint cinq jours plus tard le C.M.I. (centre mobilisateur de l’infanterie ?) 156, infanterie légère ; à moins qu’il y ait confusion avec un autre soldat. Mais, le 16 octobre, il rejoint la 15e section d’exclus métropolitains. Le 3 décembre, il arrive au camp de Chibron, terrain militaire près de Signes (Var). Le 16 avril 1940, après la dissolution de cette section, il passe à la 7e compagnie de travailleurs. Le 15 juillet, il est démobilisé et dirigé sur Beausset, commune voisine, puis revient à Saint-Ouen.

Il habite alors avec sa mère, sa sœur Jéromine, 29 ans, qui s’occupe de sa fille, et un frère plus jeune.

Sous l’Occupation, la police française considère François Buresi comme un « anarchiste dangereux ».

Le 4 novembre 1940, il est convoqué dans le bureau du commissaire de la circonscription de Saint-Ouen avec son frère Jean et cinq militant.e.s ex-communistes de la commune pour un recevoir un avertissement : « Je vous ai convoqués pour vous dire, en fonction d’un arrêté préfectoral de telle date, que je vous préviens que, si la propagande communiste continue dans la localité, c’est vous qui serez arrêtés, internés administrativement et portés sur les listes de suspects ». Selon certains témoignages, le commissaire se montre alors particulièrement agressif à l’égard de François Buresi, menaçant « de l’abattre comme un chien » si celui-ci réagit.

Le 27 juin 1941, à 5 h 30, il est appréhendé à son domicile par des inspecteurs et policiers français dans le cadre d’une vague d’arrestations visant des militants ouvriers du département de la Seine (Paris et la “petite couronne” de banlieue). Parmi les personnes arrêtées et d’abord conduites au commissariat de Saint-Ouen, seul François Buresi est dépossédé de sa cravate et de ses lacets et consigné au “violon”.  Le préfet de police a signé les arrêtés ordonnant leur internement administratif, en application du décret-loi du 18 novembre 1939 organisant « les mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la défense nationale ou pour la sécurité publique » en situation d’état de siège, mais les opérations sont menées en concertation avec l’occupant. En effet, depuis le 22 juin, des militants arrêtés dans les mêmes conditions sont conduits à l’hôtel Matignon pour être livrés aux « autorités d’occupation » qui les rassemblent ensuite au Fort de Romainville (HL 122), sur la commune des Lilas (Seine-Saint-Denis) [2], sur le registre d’écrou duquel ils ne sont pas inscrits parce que considérés en transit.

La plupart est transférée – le jour-même ou dans les jours suivants [3] – jusqu’à Compiègne (Oise) dans des trains partant de la gare du Bourget. Ceux arrêtés les 27 juin partent le 30 juin. Tous sont internés au camp allemand de Royallieu, administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Immatriculé sous le n° 746, François Buresi y restera un an.

Peu après son arrestation, sa mère tombe malade, « de chagrin », puis décède rapidement (date restant à préciser).

Sa sœur Jéromine peut lui rendre une seule visite au camp.

Entre fin avril et fin juin 1942, François Buresi est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, François Buresi est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45313 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [4]).

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne. Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire – au cours duquel François Buresi se déclare typographe (Schriftsetzer) et sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – François Buresi est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Il est assigné au Block 23a.

Le 6 août, il est admis à l’ “hôpital” (Block 20, celui des « contagieux ») d’Auschwitz-I.

Le Block 20 en 1962. © archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.

Le Block 20 en 1962. © archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.

François Buresi y meurt le 18 août 1942, d’après les registres du camp. La cause inscrite sur l’acte de décès par l’administration SS est cachexie (épuisement) par entérite (diarrhée…)  (Kachexie bei Darmakatarrh). Cependant, ce jour-là, 29 autres “45000” sont portés décédés ; probablement à la suite d’une séance de désinfection à Auschwitz-I (coups, manque de sommeil…).

Surveillé comme ancien membre du Parti communiste, son frère Toussaint est arrêté le 24 septembre 1942 et interné au camp de Pithiviers (Loiret). Libéré le 31 juillet 1943, il peut reprendre son service en gare de Paris-La Villette cinq jours plus tard. Il reprend son activité clandestine au sein des “comités populaires”.

Le 2 mai, puis le 29 juin 1945, leur sœur Jéromina – épouse Evrard, mais en instance de divorce – témoigne dans la procédure d’épuration visant le commissaire de police en poste à Saint-Ouen au moment des arrestations du 27 juin 1941.

Le 26 décembre 1946, à la mairie de Saint-Ouen, Isabelle Buresi, sa fille, se marie avec Joseph Thomas, avec qui elle semble être déjà en couple.

Le 24 juin 1947, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) dresse l’acte de décès officiel de François Buresi « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (probablement certaines copies d’archives rapatriées d’Auschwitz) et en fixant la date officielle au 17 août 1942 ; avec un jour de décalage (?).

Le 9 février 1962, Isabelle Thomas, sa fille, complète et signe un formulaire du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre pour demander l’attribution du titre de Déporté politique à son père à titre posthume.

Le 19 février 1962, Camille Nivault, rescapé de Saint-Ouen, rédige et signe une attestation certifiant que « pendant toute sa détention, François Buresi a eu une conduite digne d’un bon patriote ».

Le 7 février 1964, le ministère décide de l’attribution du titre de Déporté politique et envoie à Isabelle Thomas la carte de DP n° 1175.17544.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de François Buresi (J.O. du 3-11-1987).

À Saint-Ouen, son nom est inscrit sur la stèle érigée en « Hommage aux résistants, femmes, hommes, déportés à Auschwitz-Birkenau ».

Le monument dédié aux dix-sept “45000” de Saint-Ouen et à Marie-Jeanne Bauer, “31000”, inauguré le 24 avril 2005 dans le square des 45000 et des 31000. © Mémoire Vive.

Le monument dédié aux dix-sept “45000” de Saint-Ouen et à Marie-Jeanne Bauer, “31000”, inauguré le 24 avril 2005
dans le square des 45000 et des 31000. © Mémoire Vive.

Notes :

[1] Seine : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, Saint-Ouen fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre.

Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.

Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. 131 d’entre eux, arrêtés entre le 21 et le 30 juin, font partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

[3] Une autre arrestation du 27 juin 1942 – Henri Rollin : « …, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention « communiste », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[4] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n° 21 de mai-juin 1948).

 

Sources :

V Son nom (son prénom orthographié « Franz ») et son matricule figurent sur la Liste officielle n° 3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60.
V Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 148, 386 et 397.
V Mairie de Petreto-Bicchisano, registres d’état civil, recherches de Paul Filippi préalables à la réalisation son film documentaire Ce qu’il en restera, diffusé le 25 mars 2016 dans l’émission Ghjenti sur France 3 Corse ViaStella.
V Archives départementales de Corse-du-Sud, site internet du conseil général, archives en ligne : registres du recrutement militaire, classe 1916, matricule n° 402 (recherche directe par patronyme « B », Buresi = 96 résultats, n° 29 ; son père, n° 35, classe 1889, matr. 1721).
V Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes (BA 2397) ; dossier d’épuration de Marcel Dufailly, commissaire de police de la circonscription de Saint-Ouen (K B 48).
V Archives de Paris, registre de la Cour d’assises (recherches de Paul Filippi).
V Gallica, site internet de la Bibliothèque Nationale, journaux et périodiques (recherches de Paul Filippi).
V Gérard Bouaziz, La France torturée, collection L’enfer nazi, édité par la FNDIRP, avril 1979, page 262 (sur les arrestations du 27 juin 1941).
V Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 150 (22295/1942).
V Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; relevé dans les archives (01-2009).
V Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, DMPA, Caen : dossier de Buresi François (21 P XXX), recherches de Ginette Petiot (message 05-2016).
V Messages de Véronique Henry Kagan, petite-fille d’Anne Marie Buresi, sœur de François (12-2019).
V Véronique Henry Kagan, Les Gênants, récit, L’Ire de l’Ours éditions, 63120 Courpière, mai 2023.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 2-06-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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René BOULANGER – 45285

René, Georges, Fernand, Boulanger, né le 25 février 1897 à Saint-Sauveur-lès-Amiens (Somme), domicilié à Abbeville (Somme), mort à Auschwitz le 3 octobre 1942.

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Collection Nicole Dilly. Droits réservés.

René, Georges, Fernand, Boulanger naît le 25 février 1897 à Saint-Sauveur-lès-Amiens (Somme – 80), fils d’Édouard Boulanger, chauffeur aux Chemins de fer du Nord, 30 ans, et d’Isabelle Carpentier, son épouse, 22 ans, couturière, tous deux domiciliés à Amiens (80) ; il semble que l’enfant naisse chez un parent : Wulphy Carpentier, « maréchal » (-ferrant ?). René a – au moins – une sœur, Roberte, née vers 1905.

Le 8 janvier 1916, René Boulanger est mobilisé comme soldat de 2e classe au 120e régiment d’infanterie. Le 13 mai 1916, la commission de réforme d’Ancenis le classe au service auxiliaire pour une très forte myopie des deux yeux. Le 30 mai 1916, il est détaché « jusqu’à nouvel ordre » comme tourneur à la Manufacture d’armes de Châtellerault (Vienne). Le 8 septembre 1916, la commission de réforme de Châtellerault le maintien dans le service auxiliaire.

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René Boulanger dans une automobile le Zèbre. © Collection Emmanuelle Lebeau.

René Boulanger dans une automobile Le Zèbre type A. © Collection Emmanuelle Lebeau.

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© Collection Emmanuelle Lebeau.

© Collection Emmanuelle Lebeau.

Le 9 novembre, il est affecté au service auto du 13e R.I. Le 30 décembre 1916, il passe au 20e escadron du train des équipages. Le 5 septembre 1918, il passe au 16e escadron du train. Le 2 mars 1918, il passe au 4e train. Le 8 septembre 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation et se retire à Abbeville, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Le 22 janvier 1921, il est embauché comme employé à la Compagnie des chemins de fer du Nord, affecté à Abbeville.

Le 23 juillet de la même année, à Abbeville (80), il se marie avec Victorine Deloubrière, née le 29 mai 1903 à Wathiéhurt, sur la commune de Lanchères (80). Ils ont une fille, Ginette, née le 17 avril 1924 à Étaples (Pas-de-Calais).

En 1931 et jusqu’au moment de son arrestation, René Boulanger est domicilié avec sa famille au 11 bis, grande rue du Faubourg-Thuison (en 1936, grande rue Thuison) à Abbeville(-Nord). En 1931, Victorine est modiste chez Borey.

René Boulanger est devenu facteur aux écritures à la gare SNCF d’Abbeville.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

La gare d’Abbeville dans les années 1930. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La gare d’Abbeville dans les années 1930.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 4 mars 1940, rayé de l’affectation spéciale, René Boulanger est réintégré au recrutement d’Amiens et affecté au dépôt du 19e train.

Le 23 octobre 1941, il est arrêté comme otage communiste par les autorités d’occupation, parmi vingt-quatre personnes de l’arrondissement d’Abbeville. Celles-ci sont conduites à la Kommandantur d’Abbeville où elles sont interrogées.

Le 24 octobre 1941, le surveillant chef de la Maison d’arrêt d’Abbeville écrit au sous-préfet : « 26 hommes ont occupé hier [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][23 octobre] mon établissement, sans que mes agents ni moi aient eu à s’en intéresser. Ces hommes arrivés en deux contingents, le premier le matin, le deuxième à dix heures du soir, passèrent toute la nuit dans un atelier gardés par des sentinelles allemandes se relayant toutes les deux heures. Ce matin, vers huit heures, ils repartirent vers une destination qui m’est inconnue. Je présume, d’après certaines informations que j’ai pu recueillir que ces hommes sont des opposants communistes de la région. »

Le lendemain, peut-être après avoir été d’abord rassemblés à la citadelle d’Amiens, ils sont trente-huit du département à être internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) ; René Boulanger y est enregistré sous le matricule 1929.

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le 26 décembre 1941, le préfet de la Somme répond à François de Brinon, Délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés, sur les conditions dans lesquelles des habitants du département ont été arrêtés en octobre et internés à Compiègne. Il dresse une liste de treize « personnes qui, en raison des renseignements défavorables recueillis au cours de l’enquête (ex-militants communistes), n’ont pas fait l’objet d’une demande de libération » à la Feldkommandantur 580 d’Amiens ; René Boulanger est du nombre.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Boulanger est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), très probablement sous le numéro 45286, selon les listes reconstituées et par comparaison de son portrait civil avec la photo d’immatriculation retrouvée du détenu portant ce matricule.

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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; René Boulanger se déclare comme cheminot (Eisenbahner). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté  René Boulanger.

Il meurt à Auschwitz le 3 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp [1], qui indique pour cause mensongère de sa mort « insuffisance (du muscle) cardiaque » (Myocardinsuffizienz).

Le nom de René Boulanger est inscrit sur le monument commémoratif de l’école des Poulies et du Pilori d’Abbeville, et sur les plaques commémoratives de la gare d’Abbeville.

Sa sœur Roberte met trente ans à retrouver sa trace. Décédée en 2010 à l’âge de 105 ans, elle est inhumée – sur sa demande – avec un échantillon de terre d’Auschwitz issu d’un voyage effectué avec son neveu, Jacques Dilly, frère de Nicole Dilly, peu de temps auparavant.

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de René Boulanger, c’est le 27 septembre 1942 qui a été initialement retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 379 et 396.
- Archives départementales de la Somme, Amiens, site internet du conseil général, archives en ligne : correspondance de la préfecture sous l’occupation (26w809) ; état civil de la commune de Saint-Sauveur, année 1897 (2E 718/15, acte n°6, vue 35/275) ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement d’Amiens, classe 1917 (1R1118), n° 1176 (trois vues).
- Message de Nicole Dilly, nièce de René Boulanger (05-2006).
- Message d’Emmanuelle Lebeau, petite-nièce par alliance de René Boulanger, avec sa photo en soldat conduisant une auto (11-2018).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 123 (34132/1942).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; copie de l’acte de décès du camp.
- Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne, de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 241-242.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 18-02-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité àcorriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Fernand BOULANGER – 45282

Fernand, Édouard, Théophile, Boulanger, né le 22 février 1905 à Amiens (Somme), domicilié à Amiens, mort à Auschwitz le 6 janvier 1943.

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Vers 1942 ; extrait de la photo ci-dessous.
Collection Claude Léraillé. D.R.

Fernand, Édouard, Théophile, Boulanger naît le 22 février 1905 à Amiens (Somme – 80), fils de Gaspard Boulanger, plombier, et de Céline Lourdel. Plus tard, ceux-ci habitent Montreuil-sous-Bois (93).

Pendant un temps, Fernand Boulanger travaille comme émailleur.

Le 15 décembre 1928, il se marie avec Yvonne, Camille, Roger, née à Amiens le 14 février 1907, émailleuse. Tous deux sont employés par les établissements René Gaillard (Usine de Traitement de Surface des Métaux), entreprise d’émaillage fabriquant des panneaux et signaux pour travaux publics, dont l’usine est installée au coin des rues de la Boutillerie et René Boileau (aujourd’hui transformée en supérette).

Le couple a une fille, Fernande, Céline, née le 21 mai 1930.

Le 15 octobre 1929, Fernand Boulanger est embauché par la Compagnie des chemins de fer du Nord.

Yvonne Boulanger décède de maladie le 27 juillet 1931.

Le 29 septembre 1934 à Amiens, Fernand Boulanger épouse en secondes noces Fernande, Malvina, Guelque, née le 30 mai 1912 à Éperlecque (Pas-de-Calais), femme de chambre. Ensemble, ils ont un fils, Daniel, né le 19 septembre 1937.

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Vers 1942, Fernande et Fernand Boulanger,
et leurs enfants, Daniel et… Fernande.
Collection Claude Léraillé. Droits réservés.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 179, rue de Boutillerie à Amiens (dans la portion de rue rebaptisée Raymond Gourdain [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]).

Cheminot, Fernand Boulanger est alors chauffeur de manœuvre au dépôt SNCF d’Amiens.

Façade de la gare d’Amiens dans les années 1920. Carte Postale. Collection Mémoire Vive.

Façade de la gare d’Amiens dans les années 1920.
Carte Postale. Collection Mémoire Vive.

Avant guerre, sa hiérarchie, qui ne l’apprécie guère, « signale » (à qui ?) Fernand Boulanger comme communiste militant.

Le 15 mars 1940, il est mobilisé comme soldat après avoir été rayé de l’Affectation spéciale par l’autorité militaire.

Le 8 mai 1942, Fernand Boulanger est arrêté par la police allemande à la suite d’un double sabotage effectué le 30 avril ayant notamment immobilisé la grue de relevage (32 tonnes) du dépôt [2]. Fernand Boulanger est écroué à la Maison d’arrêt d’Amiens « à la disposition des autorités allemandes » et fait partie des quatorze cheminots du dépôt SNCF gardés en représailles.

Dans une notice individuelle rédigée ultérieurement, la police française indique : « N’a jamais attiré sur lui l’attention (…) du point de vue politique ; aurait manifesté des sentiments front populaire » (sic).

Le 10 juin, ils sont dix cheminots (dont neuf futurs “45000”) [3] à être transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Au cours du mois de juin 1942, Fernand Boulanger est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Fernand Boulanger est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), sous le numéro matricule 45284 d’après les listes reconstituées et par comparaison avec un portrait civil.

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À Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Fernand Boulanger est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp, selon le témoignage d’un rescapé non identifié.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Il meurt à Auschwitz le 6 janvier 1943 [4], d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique pour cause, très probablement mensongère, de sa mort « arrêt du cœur par pneumonie » (Herzschwäche bei pneumonie).

La mention « Mort pour la France » est portée en marge de son acte de décès par une lettre du ministère des Anciens combattants datée du 19 juin 1947.

La mention « Mort en déportation » est portée en marge de son acte de décès par l’arrêté du secrétariat d’État chargé des Anciens combattants et Victimes de guerre daté du 17 septembre 1987.

Son fils Daniel décède à Amiens le 16 mars 2016, ayant demandé à ce que son corps soit incinéré.

Notes :

[1] Rue Raymond Gourdain : partie haute de l’ancienne rue de Boutillerie, vers la rue de Cagny, renommée par délibération du Conseil municipal du 26 octobre 1956 en vue de perpétuer le souvenir du jeune résistant Raymond Gourdain, fusillé au Mont Valérien le 21 mars 1942 (?) à l’âge de 21 ans (source : Arch. municipales d’Amiens).

[2] Le sabotage du 1er mai 1942 (fête du travail) : dans la nuit du 30 avril au 1er mai, vers 23h50, à l’occasion d’un retrait aux abris du personnel lors d’une alerte aérienne, la chaudière de la grue de secours a été endommagée par un explosif (cheddite) et une locomotive a été mise en marche dans la rotonde des machines afin que sa partie avant vienne bloquer le chemin de roulement (un courrier allemand dramatise en rapportant qu’elle est « tombée dans la fosse tournante ». Des tracts communistes ont été trouvés éparpillés autour de la machine et dans d’autres parties des ateliers : « 1er Mai 1942, contre les oppresseurs, contre la politique de fascisme, de trahison et de misère du Gouvernement de traîtres de Vichy, en souvenir de nos héros, Jean Catelas et Semard, morts pour que la France vive, ne travaillez pas de 9 heures à 9 h.15 ». Ces tracts ont été remis aux autorités allemandes arrivées sur les lieux quelques instants après qu’ait été constaté le sabotage.

Le matin suivant, une mine antichar reliée à une pile électrique est découverte par un cantonnier sur la voie entre Amiens et Tergnier près de la gare de Longueau, placé dans une courbe à proximité d’un pont. Le dispositif n’a pas fonctionné et la circulation des trains est poursuivie par les voies de garage. L’engin est enlevé dans l’après-midi par les services allemands,

Le commandant de la Feldkommandantur 580 d’Amiens précisera ultérieurement (8 mai) au préfet de la Somme que l’ordre d’arrestation des premiers otages ne provient pas de lui, mais a été exécuté « sur ordre d’un service supérieur ».

[3] Les neuf futurs “45000” transférés à Royallieu sont : Roger Allou et Clovis Dehorter, de Camon ; Émile Poyen, de Longeau ; Paul Baheu, Fernand Boulanger, Fernand Charlot, Albert Morin, Georges Poiret et François Viaud, d’Amiens (ce dernier étant le seul rescapé des “45000” d’Amiens, Camon et Longueau).

Le dixième cheminot interné à Compiègne est Joseph Bourrel, mécanicien de manœuvre, domicilié au 102 rue Richard-de-Fournival à Amiens. Son sort en détention reste à préciser (il n’est pas déporté, selon le mémorial FMD)…

Un onzième cheminot reste à la prison d’Amiens, Jean Mayer, ouvrier au dépôt, domicilié au 36 rue Capperonnier à Amiens, arrêté la nuit même de l’attentat. Il est probablement condamné par un tribunal militaire allemand. Le 26 avril 1943, il est transféré dans une prison du Reich à Fribourg-en-Brisgau. Il est libéré à Creussen le 11 mai 1945.

[4] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de Fernand Boulanger, c’est le 15 décembre 1942 qui a été initialement retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 369 et 396.
- Archives départementales de la Somme, Amiens : correspondance de la préfecture sous l’occupation (26w592).
- Discussion avec Claude Leleu (Fargniers le 1-03-2014).
- Messages de Claude Léraillé, petit-fils de Fernand et Yvonne Boulanger, fils de Fernande (3-2014, 04-2016).
- Jehan Sauval, site internet Amiens, historique de notre ville, index des rues.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 123.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) : copie de l’acte de décès du camp (625/1943).
- Base de données des archives historiques SNCF : service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne, de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 241-242.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]

Lucien BONHOMME – (45269 ?)

Lucien Bonhomme, né le 9 décembre 1906 à Bar-le-Duc (Meuse), domicilié à Bar-le-Duc, mort à Auschwitz le 19 septembre 1942 (sélectionné, gazé ?)

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IDENTIFICATION INCERTAINE
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Lucien Bonhomme naît le 9 décembre 1906 à Bar-le-Duc (Meuse – 55).

Le 2 février 1930, il est embauché par une compagnie de chemin de fer qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1].

En 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, Lucien Bonhomme est domicilié au 17, rue de l’Horloge à Bar-le-Duc. Marié avec Berthe Dombal, née en 1908, il a six enfants, dont Odette, née en 1924, Yvette, née en 1925, Geneviève, née en 1926, René, né en 1930, Claudine, née en 1934.

Il est alors cantonnier auxiliaire SNCF à Bar-le-Duc.

Bar-le-Duc. Intérieur de la gare dans les années 1900. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Bar-le-Duc. Intérieur de la gare dans les années 1900.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 23 juin 1941, Lucien Bonhomme est arrêté, probablement dans le cadre de l’Aktion Theoderich [2], et interné dans les jours suivants au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

 

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Dans un des wagons, les détenus de la Meuse se sont rassemblés autour de Charles Dugny.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Lucien Bonhomme est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45269 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Lucien Bonhomme.

Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), alors qu’a lieu une grande sélection des inaptes au travail à la suite de laquelle 146 des 45000 sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [3]) ; la cause mensongère indiquée pour sa mort est « cachexie par gastrite et entérite ».

Son nom est inscrit sur le monument à la mémoire des agents de la SNCF tués par faits de guerre 1939-1945 de la gare de Bar-le-Duc, avec deux autres cheminots nommés Bonhomme : Marcel (man. s.) et Roger (chauffeur) ; des parents ? (à vérifier…).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 9-09-1987).

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[2] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante.

En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.

Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. 131 d’entre eux, arrêtés entre le 21 et le 30 juin, font partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

[3] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

 

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 369 et 414.
- Hervé Barthélémy, association Rail & Mémoire (message 5-12-2006), et site Mémorial GenWeb, relevé de Jean-Pierre Leisen, n°1169.
- Base de données des archives historiques SNCF : service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne, de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 213-214.
- Archives départementales de la Côte-d’Or, Dijon : (1630, article 252).
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué) ; 31879/1942, page 116.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : liste de détenus français morts au camp de concentration d’Auschwitz relevée par le S.I.R. d’Arlosen (26 P 821 – Auch. 1/7).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Émile BILLOQUET – 46218

Émile, Charles, Billoquet, né le 13 novembre 1908 à Oissel (Seine-Maritime), domicilié à Oissel, mort à Auschwitz le 15 septembre 1942.

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Émile, Charles, Billoquet naît le 13 novembre 1908 à Oissel (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]), fils de Georges Billoquet, 33 ans, frappeur à la Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest, et de Louise Augustine Lebourg, 30 ans, son épouse, parents d’une nombreuse famille, dont Génius, né en 1902, Louise Eugénie, née en 1906, Georgette, née en 1911. Le 29 mars 1916, leur père décède prématurément, âgé de 41 ans, et ses enfants deviennent pupilles de la Nation.

En 1921, âgé de 14 ans et demi, Émile Billoquet est apprenti ajusteur chez un serrurier.

De la classe 1928, il devrait commencer son service militaire à la fin de cette année, et la terminer l’année suivante (à vérifier…).

Le 17 novembre 1930, il est embauché comme ajusteur par la Compagnie de chemin de fer de l’État qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [2]. Il a un cousin également cheminot : Maurice Billoquet, né en 1893 à Orléans.

En 1931, Émile Billoquet vit encore chez sa mère au 5, grande rue de l’Église, à Oissel, avec sa sœur Georgette, chapelière, leur grand-mère maternelle Augustine, 77 ans, et une petite « pensionnaire » de 3 ans.

Au moment de son arrestation, Émile Billoquet habite toujours à cette adresse. Il est alors marié avec Noélie, Clémence, Brémond, et ils ont un enfant.

Oissel. L’église. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Oissel. L’église. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Émile Billoquet est serrurier-ajusteur aux ateliers SNCF des Quatre-Mares à Sotteville-les-Rouen, où travaille également Gérard Marti.

Sotteville-les-Rouen, sortie des ateliers SNCF. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Sotteville-les-Rouen, sortie des ateliers SNCF.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 10 janvier 1938, le préfet de Seine-Inférieure demande au commissaire spécial de police de Rouen de faire procéder à une enquête discrète sur le Parti communiste dans l’arrondissement de Rouen, en vue de le renseigner exactement sur le siège des sections et des cellules, leurs dirigeants et leurs principaux membres (enquête qui compléterait celle de 1934-1935). Quatre jours plus tard, le commissaire de police de Sotteville rend son rapport au commissaire spécial : la cellule des ateliers des Quatre Mares, qui se trouve plutôt sur le territoire de Saint-Étienne-du-Rouvray, réunit 183 adhérents. Maurice Billoquet en est le secrétaire et Auguste Lépine le trésorier.

Avant la guerre, Émile Billoquet est trésorier de la section locale des Amis de l’Union Soviétique (A.U.S.), également actif au sein du Secours rouge international.

Après l’interdiction du Parti communiste, trois perquisitions successives opérées par la police française à son domicile amènent la découverte de tracts de l’A.U.S.

Le 7 octobre 1939, le commissaire spécial de Rouen transmet à tous les commissaires de Seine-Inférieure, et à certains maires, une circulaire leur demandant de lui « fournir, dès que possible, la liste des principaux militants du Parti communiste qui faisaient partie des cellules de (leur) ville ou circonscription » en indiquant, nom, prénoms, âge si possible, profession, domicile et « situation actuelle (présent ou mobilisé) ». Sur la liste de sept militants qu’il renvoie, le commissaire de police de la circonscription de Saint-Étienne-du-Rouvray inscrit Émile Billoquet, « employé de la SNCF mobilisé à Petit-Quevilly ».

Lors de l’exode de juin 1940, Émile Billoquet reste à son poste professionnel dans l’atelier des Quatre-Mares.

À une date restant à préciser, un inspecteur de police spéciale rédige un rapport selon lequel « Billoquet Émile […] doit toujours être considéré comme étant capable, le cas échéant, de prendre la tête d’un mouvement en vue d’associations susceptibles de s’affilier au parti dissous. […] C’est lui qui aurait reçu l’ordre de se rendre périodiquement à Paris pour aller chercher les tracts qui sont distribués à Oissel et région… ».

Le 4 août 1941, répondant à une note du préfet de Seine-Inférieure datée du 22 juillet, le commissaire principal de police spéciale de Rouen transmet à celui-ci une liste nominative de 159 militants et militantes communistes de son secteur dont il préconise de prononcer l’internement administratif dans un camp de séjour surveillé, tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et « par tous les moyens ». Parmi eux, Émile Billoquet. Ces informations parviennent au service de renseignement de la SS [3] (fiche d’otage)…

Le 22 octobre 1941, Émile Billoquet est arrêté dans le cadre d’une vague d’arrestations.

À une date restant à préciser, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne [4] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) avant le 29 octobre, selon une liste d’otages établie par la Feldkommantantur 517 de Rouen. Enregistré sous le matricule n° 1889, il est affecté pendant un temps (en avril) au bâtiment A3, chambrée 10.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 8 décembre 1941, il figure sur une liste de 28 communistes à « transférer vers l’Est », établie par la Felkommandantur de Rouen. Le 9 février 1942, il est inscrit sur une liste d’otages pouvant être fusillés en représailles d’attentats commis à Elbeuf et à Rouen.

D’après une signature portée sur un menu du repas de Noël 1941, Émile Billoquet serait alors assigné au bâtiment A2, chambre 8, avec Jean Binard, Michel Bouchard, Honoré Brieu, Albert Champin, Émile Fromentin, Marcel Le Dret et Julien Villette.

Entre fin avril et fin juin 1942, Émile Billoquet est définitivement sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Émile Billoquet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46218. Aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Émile Billoquet est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Pendant un temps, il est assigné au Block 4 du “camp souche”.

Il meurt à Auschwitz le 15 septembre 1942, d’après deux registres du camp tenus par l’administration SS.

Il est déclaré “Mort pour la France” (18/7/1947). La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 10-09-1987).

À une date restant à préciser, le Conseil municipal d’Oissel donne le nom d’Émile Billoquet à une rue de la commune.

Son nom est également inscrit sur le monument aux morts SNCF des ateliers des Quatre-Mares de Sotteville-les-Rouen.

Son nom est également parmi ceux des 218 militant.e.s inscrit.e.s sur plusieurs plaques apposées dans la cour du siège de la fédération du PCF, 33 place du Général-de-Gaulle à Rouen, avec un extrait d’un poème de Paul Éluard (Enterrar y callar) : « Frères, nous tenons à vous. Nous voulons éterniser cette aurore qui partage votre tombe blanche et noire, l’espoir et le désespoir. », et sous une statue en haut-relief dont l’auteur reste à préciser.

Monument dédié aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre dans la cour du siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive (2014).

Monument dédié aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre dans la cour du siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive (2014).

Au siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen, la première des six plaques dédiées aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre. Significativement, les noms de Georges Déziré et d’André Pican sont placés en exergue. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive.

Au siège de la Fédération du PCF de Seine-Maritime à Rouen, la première des six plaques dédiées aux militant.e.s mort.e.s au cours de la guerre.
Significativement, les noms de Georges Déziré et d’André Pican sont placés en exergue. © Claudine Ducastel pour Mémoire Vive.

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[3] SD : Sichereitsdienst, service de renseignement de la SS, travaillant avec la Gestapo (police de sécurité).

[4] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 395.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : Archives de la Mairie d’Oissel (1/6/1992) – Liste de Louis Eudier (45523), annexes p. 56 – Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), Paris ; liste d’otages – Fernand Grenier, Ce bonheur-là, éditions sociales, 2e trim. 1974, page 340.
- Paul Le Goupil, du convoi des tatoués (matricule 185899), Mémorial des Français non-juifs déportés à Auschwitz, Birkenau et Monowitz, ces 4500 tatoués oubliés de l’Histoire, page 15.
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : cabinet du préfet 1940-1946, individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels de Aa à Bl (51 W 410), recherches conduites avec Catherine Voranger, petite-fille de Louis Jouvin (“45697”).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; doc. XLIII-56 et XLIII-66.
- Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine : Archives restituées par la Russie, commissariat spécial de Rouen 1920-1940 (20010223/2, doc. 96-98).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 92 (30657/1942).
- Site du Groupe Archives Quatre-Mares (GAQM).
- Base de données des archives historiques SNCF : service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 184-185.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 24-12-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Georges Léon BIGOT – (46220 ?)

Georges Léon Bigot, né 16 juillet 1904 à Flers (Orne), domicilié à à Bayeux (Calvados), mort à Auschwitz le 18 septembre 1942.


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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Georges, Léon, Victor, Bigot, naît 16 juillet 1904 à Flers (Orne).

Le 6 avril 1925, il entre aux Chemins de fer de l’État comme ajusteur à l’essai au dépôt des Batignolles (Paris 17e).
Le 27 juin suivant, à Bayeux (Calvados), il se marie avec Yvonne Vassal, née dans cette ville le 7 décembre 1901. Le couple s’installe rue de la Gare à Sainte-Marguerite-d’Elle (14), où Georges est employé au dépôt ferroviaire (gare de Lison, sur la ligne Paris-Cherbourg), et où leur premier enfant, Jacqueline, naît le 8 février 1926.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Sainte-Marguerite-d’Elle, Lison-gare. Carte postale éditée après guerre, collection Mémoire Vive.

Sainte-Marguerite-d’Elle, Lison-gare.
Carte postale éditée après guerre, collection Mémoire Vive.

En juin 1929, Georges Bigot, toujours cheminot, devient ajusteur-monteur, puis, en août 1930, ouvrier ajusteur de 1re classe à Bayeux.

En 1931 et jusqu’au moment de son arrestation, Georges Bigot et sa famille sont domiciliés au 19, cité Bellevue, ouvrant sur la rue Cremel, à Bayeux. Bernard naît le 23 janvier 1931 et Nicole le 22 mars 1934.

En 1935, Georges Bigot est secrétaire du Syndicat des cheminots bayeusains formé après la réunification des deux sections syndicales, et secrétaire de l’Union locale de 1935 à 1937 (au moins).

Il fait partie de la délégation de quatre cheminots qui remet au Préfet une protestation contre les décrets-lois de novembre 1938 et demande le respect des conventions collectives des chemins de fer.
Il est membre du Parti communiste.Son dernier enfant, Gérard, naît en 1939.« Il travaillait pour la Résistance » selon Yvonne Lerouge, de Bayeux (déportée le 16 décembre 1943 vers les prisons d’Aix-la-Chapelle et Breslau, puis détenue en KL à Ravensbrück et à Mauthausen).
Dans la nuit du 1er au 2 mai 1942, Georges Bigot est arrêté à son domicile par la police française. Figurant comme communiste sur une liste d’arrestations exigées par la Kommandantur de Caen, à la suite du déraillement de Moult-Argences (Airan) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], il est conduit à la gendarmerie de Bayeux avec 17 autres habitants de la ville (selon le Comité local de Libération).

La gendarmerie et la  prison de Bayeux dans les années 1900, ancienne chapelle de la Charité. Carte postale, collection Mémoire Vive.

La gendarmerie et la prison de Bayeux dans les années 1900, ancienne chapelle de la Charité.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, remis aux autorités d’occupation, il est au “petit lycée” de Caen où sont rassemblés les otages du Calvados. Dans l’après-midi, il fait partie du groupe de détenus conduits à la gare de marchandise de Caen pour être transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Bigot est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Sa famille ne recevra ni message jeté du train, ni la carte-formulaire envoyée à certaines familles par l’administration militaire du Frontstalag 122.
Le 8 juillet 1942, Georges Léon Bigot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), peut-être sous le numéro 46220, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.Le 13 juillet, après l’appel du soir, Georges Bigot est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Avec Étienne Cardin, Marcel Cimier et Roger Pourvendier, il est assigné au Block 17-A et d’abord affecté comme mécanicien dans un garage de voitures personnelles des SS. Ne sachant pas parler allemand, ils en sont rapidement évincés par des détenus polonais et envoyés vers des Kommandos plus difficiles (témoignage de Marcel Cimier).
Georges Léon Bigot meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à l’intérieur du camp au cours de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [2]).
En juillet 1945, ayant appris le retour d’André Montagne, de Caen, le Comité de libération de Bayeux le sollicite pour connaître le sort de Georges Bigot et celui de six autres Bayeusains.
À l’intérieur de la cathédrale de Bayeux, le nom de Georges Bigot est inscrit sur la plaque dédiée aux Morts pour la France 1939-1945, parmi les déportés, ainsi que sur le monument aux déportés et fusillés de la ville, apposé sur l’ancien évêché, rue Larcher.
Bayeux, monument de la déportation, façade du palais épiscopal, Georges et Gilbert Hallier, architectes, bas-relief d’Ulysse Gemignani, sculpteur, 1906-1973. Qu’importe comment s’appelle Cette clarté sur leurs pas Que l’un fut de la chapelle Et l’autre s’y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du cœur des bras Et tous les deux disaient qu’elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au cœur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas (La rose et le réséda, extraits, Louis Aragon)

Bayeux, monument de la déportation,
façade du palais épiscopal,
Georges et Gilbert Hallier, architectes,
bas-relief d’Ulysse Gemignani, sculpteur, 1906-1973.
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leurs pas
Que l’un fut de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
(La rose et le réséda, extraits, Louis Aragon)

Photos : Daniel Mougin, 2024.

Photos : Daniel Mougin, 2024.

Son nom est également inscrit sur une plaque apposée sur le mur extérieur de la gare de Caen à la mémoire des agents SNCF de l’arrondissement de Caen « tués par faits de guerre », et fusillés ou morts en déportation.
© Cliché Mémoire Vive.

© Cliché Mémoire Vive, 2016.

© Cliché Mémoire Vive, 2016.

© Cliché Mémoire Vive, 2016.

Le 26 août 1987, à Caen, suite aux démarches de David Badache, rescapé caennais du convoi (matr. 46267), est inaugurée une stèle apposée par la municipalité sur la façade de l’ex-Petit Lycée, côté esplanade Jean-Marie Louvel, en hommage aux otages déportés le 6 juillet 1942.

Le nom de Georges Bigot est inscrit sur la plaque commémorative dévoilée le 19 décembre 2008 sur le pignon de l’ex-Petit Lycée de Caen, côté avenue Albert Sorel, afin de rendre hommage à tous les otages calvadosiens déportés suite à la répression de mai 1942.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. n°184 du 8-08-2008).

Notes :

[1] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats.
Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.
Au soir de l’attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage.
Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht.
Au total plus de la moitié des détenus sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste.
Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités).
Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.
Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe, alors siège de la Feldkommandantur 723 (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).
Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés au fort du Mont-Valérien, sur la commune de Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont  encore fusillés à Caen.
La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).

[2] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

Sources :

-  Archives départementales du Calvados, site internet, archives en ligne : recensements de populations par commune, Sainte-Marguerite-d’Elle, 1921-1946, année 1926 (vue 21/61) ; Bayeux, année 1931 (vue 41/123), année 1936 (45/123).
- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, pages 70, 91 et 121.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 360 et 395.
- Gabriel Désert, notice in Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, citant : Arch. Dép. Calvados, M. 520, Z. Bayeux, 321 – J. Roquebert, Les Cheminots du Calvados, 1891-1939, Mémoire de Maîtrise, Caen, 1973 – Jean Quellien, Résistance et sabotages en Normandie, Éditions Charles Corlet, 1992.
- Jean Quellien, Résistance et sabotages en Normandie, Le Maastricht-Chebourg déraille à Airan, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, réédition 2004, pages 131 (n° 12) et 138.
- Claude Doktor, Le Calvados et Dives-sur-Mer sous l’Occupation, 1940-1944, La répression, éditions Charles Corlet, novembre 2000, Condé-sur-Noireau, page 206.
- Fondation pour la mémoire de la Déportation, Livre-mémorial, I.163, tome 2, page 1334.
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 181-182.
- Béatrice Poulle, conservateur aux Archives départementales du Calvados, Les cahiers de Mémoire : déportés du Calvados, textes publiés par le Conseil Général du Calvados, 1995, notes sur les souvenirs de Marcel Cimier, Les incompris, p. 93.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 91 (31464/1942), avec le prénom « Léon ».
- Site Les plaques commémoratives, photo de Jean-Jacques Guilloteau (ne fonctionne plus).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-11-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Paul BAHEU – 45189

Paul, Gustave, Baheu, né le 12 septembre 1899 à Beaurainville (Pas-de-Calais), domicilié à Amiens (Somme), mort à Birkenau le 18 septembre 1942.

[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Entre 1940 et 1942. Droits réservés.

Entre 1940 et 1942.
Droits réservés.

Paul, Gustave, Baheu naît le 12 septembre 1899 à Beaurainville (Pas-de-Calais – 62), chez ses parents, Gustave Baheu, 28 ans, ébéniste, et Célinie Magniez, 29 ans, son épouse, habitants au hameau du Petit Beaurain. Sa mère décède deux semaines après sa naissance, le 4 octobre, âgée de 29 ans.Par la suite, Paul Baheu loge à Hesmond, où habitent deux familles Baheu en 1911 (des charpentiers). Il commence à travailler comme ouvrier agricole.
Le 23 avril 1918, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 1er régiment d’infanterie ; considéré comme étant « en campagne contre l’Allemagne ». Le 28 août suivant, il passe au 63e RI, avec lequel il part « aux armées ». Le 24 avril 1919, il passe au 171e RI. Il est aux armées jusqu’au 23 octobre suivant. Le lendemain, il participe à l’occupation de la rive gauche du Rhin, jusqu’à sa démobilisation. Le 21 mars 1921, il est « renvoyé dans ses foyers », titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Le 5 novembre 1921 à la mairie du petit village de Boubers-lès-Hesmond (62), Paul Baheu épouse Maria, Philomène, Léonie, Coquet, née 19 décembre 1898 à Hesmond, fille de “journaliers” agricoles. Leur premier fils, Noël, naît à Boubers le 26 décembre suivant.

Le 20 février 1922, Paul Baheu est embauché par la Compagnie des chemins de fer du Nord qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]. À la même date, l’armée le classe en tant que réserviste dans l’« affectation spéciale », comme cantonnier dans les « chemins de fer de campagne » à Longueau, commune “ferroviaire” de l’agglomération d’Amiens (Somme). Aux recensements de 1926 et 1931, la famille habite rue du Maréchal Foch.

Paul et Maria Baheu ont encore cinq autres enfants : Émile (Paul, Joseph), né le 17 octobre 1923, Marcel, né en 1925, tous deux à Longueau, puis Marcelle, née le 7 février 1929, Guy, né le 21 mars 1933 et Jean, né le 14 octobre 1940.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 47, rue Vion à Amiens (Somme).
Paul Baheu est alors manœuvre (ou menuisier, service de la Voie et des Bâtiments) à la gare SNCF d’Amiens, sur le réseau de la région Nord.

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Façade de la gare d’Amiens dans les années 1920.
Carte Postale. Collection Mémoire Vive.

Paul Baheu est secrétaire du syndicat des cheminots d’Amiens.

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.  Collection Mémoire Vive.

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.
Collection Mémoire Vive.

À partir de l’été 1940, Amiens est limitrophe de la ligne de démarcation de la “zone rouge” (ou “zone interdite”) de la région Nord instaurée par l’occupant et où l’on n’accède qu’avec un Ausweis.

Paul Baheu est actif au sein de l’O.S. [2] Le 24 octobre 1941, une perquisition opérée à son domicile par le commissaire central de police d’Amiens confirme son orientation politique (documents trouvés ?).

Le 7 mai 1942 à 22 h 10, Paul Baheu est arrêté par la police allemande à la suite d’un double sabotage effectué dans la nuit du 30 avril au 1er mai ayant notamment immobilisé la grue de relevage (32 tonnes) du dépôt. Il est écroué à la Maison d’arrêt d’Amiens « à la disposition des autorités allemandes » et fait partie des treize cheminots du dépôt SNCF gardés en représailles.

Le 10 juin, ils sont dix cheminots (dont neuf futurs “45000”) [3] à être transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Maria Baheu, l’épouse de Paul obtient une intervention de François (de) Brinon, Délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés, auprès du préfet de la Somme (lettre du 13 juin 1942) ; démarche infructueuse.

Au cours du mois de juin 1942, Paul Baheu est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Paul Baheu est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45189 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel Paul Baheu se déclare comme cheminot (Eisenbahner). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Paul Baheu est dans la moitié des membres du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, les autres étant ramenés à Auschwitz-I.
Il meurt le 18 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) – qui indique pour cause mensongère de sa mort « insuffisance (du muscle) cardiaque » (Myocardinsuffizienz) – alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à l’intérieur du camp à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement gazés [4]).

Paul Baheu est déclaré “Mort en déportation” (J.O. du 27-06-1987).

Membre des Jeunesses communistes de Longueau avant-guerre, Émile, son fils (18 ans en mai 1942), menuisier, est actif dans la Résistance. Dans la nuit du 26 octobre 1942, avec son groupe FTP, il dérobe 30 000 tickets de rationnement à la mairie d’Amiens. Le 24 décembre, avec huit membres de son groupe, dont son ami Jules Bridoux – alias “Michel” -, il pose des bombes contre Le Royal, restaurant huppé de la rue Ernest-Cauvin à Amiens, transformé en foyer du soldat allemand, causant la mort de 33 militaires.

En janvier 1943, Émile Baheu est arrêté par la police française pour « réorganisation d’association dissoute ». Le 3 avril, la section spéciale de la Cour d’Appel d’Amiens le condamne à un an de prison pour « propagande communiste ». Émile Baheu est écroué à la Maison d’arrêt d’Amiens. Libérable le 9 novembre, le Préfet de la Somme demande au préfet régional son internement administratif. Il est transféré dans un centre de séjour surveillé (Doullens ?). En novembre 1943, remis aux autorités allemandes à leur demande, il est transféré à son tour au camp de Royallieu à Compiègne, avant d’être déporté au KL Buchenwald le 17 janvier 1944. Affecté ensuite aux camps de Weimar et Billroda, il est libéré à Buchenwald le 11 avril 1945.

Émile Baheu rentre le 1er mai 1945.

Il est élu maire de Camon en mars 1971, sur la liste du Parti communiste. Il décède le 2 décembre 1982, avant la fin de son deuxième mandat.

Le 29 janvier 1991, le centre médico-social de Camon prend le nom d’Émile Baheu en hommage à l’activité de son ancien maire.

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[2] O.S. : organisation spéciale armée du Parti communiste clandestin créée à partir de septembre 1940, à l’origine pour protéger les militant(e)s prenant la parole en public, les distributeurs de tracts et les colleurs d’affiches, elle est devenue le premier cadre de la résistance armée.

[3] Les neuf futurs “45000” transférés à Royallieu sont : Roger Allou et Clovis Dehorter, de Camon ; Émile Poyen, de Longeau ; Paul Baheu, Fernand Boulanger, Fernand Charlot, Albert Morin, Georges Poiret et François Viaud, d’Amiens (ce dernier étant le seul rescapé des “45000” d’Amiens, Camon et Longueau).

Le dixième cheminot interné à Compiègne est Joseph Bourrel, mécanicien de manœuvre, domicilié au 102 rue Richard-de-Fournival à Amiens. Son sort en détention reste à préciser (il n’est pas déporté, selon le mémorial FMD)…

Un onzième cheminot reste à la prison d’Amiens, Jean Mayer, ouvrier au dépôt, domicilié au 36 rue Capperonnier à Amiens, arrêté la nuit même de l’attentat. Il est probablement condamné par un tribunal militaire allemand. Le 26 avril 1943, il est transféré dans une prison du Reich à Fribourg-en-Brisgau. Il est libéré à Creussen le 11 mai 1945.

[4] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code “14 f 13”). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 63 et 74, 150 et 153, 379 et 394.
- Archives départementales du Pas-de-Calais, site internet, archives en ligne : registres matricules du recrutement militaire, classe 1919, bureau de Saint-Omer (1r-9374), numéro 494 (vue 538/544).
- Archives départementales de la Somme, Amiens : correspondance de la préfecture sous l’occupation (26w592).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 40 (31637/1942).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; copie de l’acte de décès du camp.
- Hervé Barthélémy, association Rail et Mémoire, relevé de… ? (10-2006).
- Base de données des archives historiques SNCF : service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 103-104.
- Site internet de la Ville de Camon : 50e anniversaire de la libération des camps (2005).
- Site internet de Gabriel Devianne, Camon passionnément, les célébrités.
- Site internet Les Morts pour la France – Somme.
- Page Généalogique sur internet.
- Stéphanie Baheu, sa petit-fille (fille d’Émile Baheu) : message de rectification.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-09-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Félix ASSIÉ – (45180 ?)

Félix Assié, né le 11 août 1909 à Rohan (Morbihan), domicilié à Bayeux (Calvados), mort à Auschwitz le 20 octobre 1942.

JPEG - 80.4 ko
IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Félix Assié naît le 11 août 1909 à Rohan (Morbihan – 56), fils de Marius René Assié, voyageur/employé de commerce, 41 ans, et de Louise Anne Marie Audrain, 38 ans, son épouse, native de cette ville. À sa naissance, il a – au moins – trois frères et une sœur plus âgés, nés à Rohan.

En 1936, Félix Assié habite – seul – au 24, rue des Chanoines, à Bayeux (Calvados – 14).

Célibataire, il est employé comme agent de ligne aux Postes, télégraphes et téléphones (PTT).

Lors des élections cantonales d’octobre 1937, le Parti communiste le présente comme candidat dans le canton rural de Trévières, dans le Bessin, 16 km à l’ouest de Bayeux.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 63, rue Saint-Patrice à Bayeux.

Dès le 28 août 1941, son nom figure sur une liste d’otages juifs et communistes établie par la Feldkommandantur 723 de Caen.

Dans la nuit du 1er au 2 mai 1942, Félix Assié est arrêté à son domicile par la police française. Figurant comme communiste sur une liste d’arrestations exigées par la Feldkommandantur de Caen, à la suite du déraillement de Moult-Argences (Airan) [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], il est conduit à la gendarmerie de Bayeux avec 17 autres habitants de la ville (selon le Comité local de Libération).

Le 3 mai, remis aux autorités d’occupation, il est conduit au “petit lycée” de Caen où sont rassemblés les otages du Calvados. Le 4 mai au soir, il fait partie du groupe de détenus conduits à la gare de marchandise de Caen pour être transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Ils y arrivent le lendemain, 5 mai.

Entre fin avril et fin juin 1942, Félix Assié est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Félix Assié est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45180, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Félix Assié.

Il meurt à Auschwitz le 20 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp du camp (Sterbebücher).

En juillet 1945, ayant appris le retour d’André Montagne, de Caen, le Comité de libération de Bayeux le sollicite pour connaître le sort de Félix Assié et celui de six autres Bayeusains (aucun n’est revenu).

Le nom de Félix Assié est inscrit sur la plaque apposée à l’intérieur de la cathédrale de Bayeux et dédiée à soixante-et-un morts pour la France au cours de la guerre 1939-1945, ainsi que sur le monument aux déportés et fusillés de Bayeux, apposé sur l’ancien évêché, rue Larcher.

Bayeux, monument de la déportation, façade du palais épiscopal, Georges et Gilbert Hallier, architectes, bas-relief d’Ulysse Gemignani, sculpteur, 1906-1973. Qu’importe comment s’appelle Cette clarté sur leurs pas Que l’un fut de la chapelle Et l’autre s’y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du cœur des bras Et tous les deux disaient qu’elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au cœur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas (La rose et le réséda, extraits, Louis Aragon)

Bayeux, monument de la déportation,
façade du palais épiscopal,
Georges et Gilbert Hallier, architectes,
bas-relief d’Ulysse Gemignani, sculpteur, 1906-1973.
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leurs pas
Que l’un fut de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
(La rose et le réséda, extraits, Louis Aragon)

Photos : Daniel Mougin, 2024.

Photos : Daniel Mougin, 2024.

Le 26 août 1987, à Caen, à la demande de David Badache, rescapé caennais du convoi (matr. 46267), est inaugurée une stèle apposée par la municipalité sur la façade de l’ex-Petit Lycée, côté esplanade Jean-Marie Louvel, en hommage aux otages déportés le 6 juillet 1942.Le nom de Félix Assié est inscrit en début de liste sur la plaque commémorative dévoilée le 19 décembre 2008 sur le pignon de l’ex-Petit Lycée de Caen, côté avenue Albert Sorel, afin de rendre hommage à tous les otages calvadosiens déportés suite à la répression de mai 1942.

© Photo Mémoire Vive.

© Photo Mémoire Vive.

Notes :

[1] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.

Au soir du deuxième attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage.

Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet du Calvados ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht (Feldgendarmes).

Au total plus de la moitié des détenus de ce début mai sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste. Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités). Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.

Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe de Caen, alors siège de la Feldkommandantur 723 (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).

Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés au Mont-Valérien, sur la commune de Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont encore fusillés à Caen.

 La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, Éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, page 91, notice par Claudine Cardon-Hamet page 121.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74 et 75, 360 et 393.
- Jean Quellien, Résistance et sabotages en Normandie, Le Maastricht-Chebourg déraille à Airan, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, réédition 2004, pages 131 et 138.
- Site Gallica, Bibliothèque Nationale de France, L’Humanité n° 14146 du 11 septembre 1937, page 4, “dix-huitième liste…”.
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; doc. LXXV-190.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 34 (36742/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 14-Bayeux, relevé de Christophe Delasalle (06/2009).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-11-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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