Henri RIOCHET – 46059

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Henri, Yves, Généreux, Marie, Riochet naît le 6 mai 1903 à Troyon (Meuse), fils de Pierre Riochet et d’Alphonsine, née Hillion.

Le 6 août 1932, à Paris 7e, Henri Riochet, électricien, se marie avec Raymonde Cantagrel, née le 8 février 1911 à Bordeaux (Gironde), brocheuse, tous deux domiciliés au 166, rue de Grenelle. Ils ont deux enfants : Christian, né le 23 avril 1932, et Bernard, né le 5 mai 1933, tous deux à Paris 18e.

Au moment de son arrestation, Henri Riochet est domicilié au 3, avenue Albert-Thomas à Châtenay-Malabry [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92).

Henri Riochet est monteur téléphoniste. De décembre 1934 à novembre 1936, il est employé aux établissements Clémençon, à Paris 9e. De janvier 1937 à mars 1938, il travaille au Téléphone privé national (Téprinal), à Paris 14e, d’avril à septembre 1939, à la piscine municipale de Chatenay-Malabry, du 26 septembre au 6 décembre, à l’arsenal d’aviation de Villacoublay, et enfin de nouveau à la piscine de Chatenay.

Il est adhérent au Syndicat des Métaux (cartes 1936, 1937 et 1938).

Militant communiste, il est secrétaire du comité de Chatenay-Malabry du Comité de défense de L’Humanité (CDH) et adhérent au Secours populaire de France.

Le 24 mars 1940, « signalé comme militant communiste dangereux », il subit une perquisition domiciliaire conduite par le commissaire de police de la circonscription de Sceaux, au cours de laquelle ne sont trouvés chez lui que des documents militants datant d’avant l’interdiction du Parti communiste.

Le 20 avril suivant, il est arrêté par la gendarmerie de Paris-Exelmans pour propos anti-nationaux (défaitistes).

Le 22 avril 1940, la 4e chambre du Tribunal de police correctionnelle de la Seine le condamne à deux ans de prison en application des décrets-lois des 1-9-39 et 20-1-40 pour « propos défaitistes » tenus à Paris les 7 et 8 février 1940 (?). Il est écroué à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne) ; n° d’écrou 4510. Il fait appel, mais, le 7 juin, la Cour d’appel de Paris élève sa condamnation à quatre ans de prison. Il se pourvoit alors en cassation.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Henri Riochet est remis en liberté par les “autorités allemandes” le 24 juin.

Sous l’occupation, la police française (Renseignements généraux) le considère comme un « communiste très actif », ajoutant qu’il a repris « son activité clandestine » après sa libération.

Le 20 janvier 1941, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant l’internement administratif d’Henri Riochet, en application du décret du 18 novembre 1940, en même temps que celui de 65 autres militants communistes de la Seine, probablement tous arrêtés ce jour-là. Le jour-même, ils sont 69 à être « dirigés directement » à la Maison centrale de Clairvaux (Aube), dans le quartier 3, à l’ouest du grand cloître, qui leur a été réservé : 223 détenus politiques s’y trouvent rassemblés au 30 mars.

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Le 12 juillet, il écrit une lettre de protestation : « Ayant reçu ce matin un colis, j’ai eu la surprise de constater que l’on me saisissait trois paquets de tabac qui s’y trouvaient. Veuillez avoir, M. Le directeur, l’amabilité de bien vouloir m’indiquer quelles sont les raisons de cette saisie que rien ne justifie, d’autant plus que ce tabac ne gêne aucunement la consommation extérieure. »

Le 23 septembre, Jean-Pierre Ingrand, préfet délégué du ministre de l’Intérieur dans les Territoires occupés (à Paris), demande au préfet de l’Aube de retirer de Clairvaux les internés administratifs qui y sont « hébergés » (sic !) ; ordre rapidement exécuté.

Les 26 et 27 septembre 1941, Henri Riochet fait partie d’une centaine d’internés administratifs de la Maison centrale de Clairvaux transférés en train, via Paris, au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Riochet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Riochet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46059 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Henri Riochet est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

À une date restant à préciser, il est admis dans la chambrée 7 du Block 28 (médecine interne) de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.

Henri Riochet meurt à Auschwitz le 26 novembre 1942, selon un relevé clandestin du registre de la morgue d’Auschwitz-I (Leichenhalle) réalisé par le groupe de résistance polonais des détenus [2].

Son nom est inscrit parmi les déportés sur le Monument aux morts de Châtenay-Malabry, situé dans l’ancien cimetière communal, 260 av. de la division-Leclerc.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 28-07-95).

Notes :

[1] Châtenay-Malabry : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Henri Riochet, c’est le 31 décembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 381 et 419.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dissolution du PC (BA 2447).
- Archives Départementales du Val-de-Marne, Créteil : archives de la Maison d’arrêt de Fresnes, dossiers individuels des détenus (2Y5 753),: libérés par l’autorité allemande en juin 1940 (mandat de dépôt/ordre d’écrou ; extrait des minutes du greffe de la Cour d’appel).
- Dominique Fey et Lydie Herbelot, Clairvaux en guerre, Chronique d’une prison (1937-1953), éditions Imago, Paris, décembre 2018, chapitre II, Une centrale dans la tourmente, pages 45 à 106, notamment la page 67.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Site Mémorial GenWeb, 92-Châtenay-Malabry, relevé de François Le Plus (12-2003).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-10-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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René RIGAUD – (46058 ?)

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Auschwitz-I, Block 16, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

René Rigaud naît le 27 janvier 1914 à Paris 14e, fils de Jean Rigaud, 28 ans, livreur, et de Renée Marie Cochet, 22 ans, couturière, son épouse, domiciliés au 4 rue Réaumur (Paris 3e).

À partir de 1919, la famille habite au 14 bis rue du Colonel Oudot (Paris 12e).

De 1927 à 1928, René Rigaud est en apprentissage dans une imprimerie. En 1928, il travaille comme lithographe-margeur à la maison Robert et Compagnie, sise 22 rue Michel Lecomte.

Au printemps 1932, il postule à un emploi à l’Imprimerie Nationale. Début juin, la police remet un rapport favorable à son embauche.

René Rigaud est célibataire.

En dernier lieu, René Rigaud est infirmier à l’assistance publique, au chômage. Adhérent au syndicat de sa profession.

Avant guerre, il tient une « librairie communiste » installée au 7 rue du Docteur Émile Roux à Asnières.

Après son arrestation, la police indique comme domicile le 3, rue Charles-Robin – ou le 39, rue du Bac d’Asnières – ou en hôtel au 22 route d‘Asnières – à Clichy-la-Garenne [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92).

Le 30 août 1939, René Rigaud est arrêté, dans des circonstances restant à préciser.

Le 3 janvier 1940, la cour d’appel de Paris confirme une condamnation précédente à 15 mois de prison et 1000 francs d’amende pour détention de tracts. Il est libéré le 7 août suivant.

Le 23 octobre 1940, René Rigaud est arrêté par les agents du commissariat de police de la circonscription de Clichy pour détention de tracts. Lors de la perquisition effectuée à son domicile, les inspecteurs découvrent « une importante quantité de tracts, du papier gommé pour la composition de papillons, et des crayons et des morceaux de craie avec lesquels in effectuait des inscriptions ». Inculpé pour infraction aux « D.L. 24-8-39, 27-8-39 et 28-7-39 », « détention de tracts de propagande communiste non-visé par la censure », il est conduit au dépôt de la préfecture (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité).

Le 25 octobre, la 12e chambre le condamne à 13 mois de prison. Le jour même, il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Le 9 décembre 1940, la cour d’appel de Paris porte sa peine à 18 mois. Le 16 décembre, il est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes [1] (Seine / Val-de-Marne), puis à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines).

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 26 mars 1942, la préfecture de police ordonne son internement administratif. Pendant un temps, il est détenu au dépôt.

Le 16 avril, il fait partie d’un groupe de 60 détenus enregistrés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir), où il reçoit le matricule n° 103.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943. © Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943.
© Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Le 10 mai, il fait partie des 81 internés (dont 70 futurs “45000”) « remis aux mains des autorités d’occupation » à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

.Entre fin avril et fin juin 1942, René Rigaud est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, René Rigaud est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46058, selon les listes reconstituées (la photo d’immatriculation correspondant à ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté René Rigaud.

Il meurt à Auschwitz le 22 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
On ne trouve aucune trace de lui dans les archives de Clichy (?).

Notes :

[1] Clichy-la-Garenne : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 381 et 419.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central, dossier statut).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
-  Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Parti communiste”, chemise “1939, liste des personnes arrêtées” (BA 2447) ; dossier individuel du cabinet du préfet (11w1361-72426).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1007 (32217/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 1-10-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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André RIDEL – (46057 ?)

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IDENTIFICATION INCERTAINE Auschwitz, le 8 juillet 1942. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

IDENTIFICATION INCERTAINE
Auschwitz, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

André, Octave, Armand, Ridel naît le 27 mars 1905 à Mézidon (Calvados – 14), chez ses parents, Auguste Ridel, 42 ans, maçon, et Blanche Carel, 34 ans, son épouse.

Le 15 février 1936, à Paris 14e, André Ridel se marie avec Madeleine Duchêne alors domicilié au 42, rue de la Santé, se marie avec Madeleine Georgette Duchêne, née à Pantin le 24 juin 1907, sans profession, domiciliée au 3, avenue de Versailles à Viroflay (Seine-et-Oise), fille de cultivateurs.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 6, rue Émile-Zola à Mézidon.

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Mézidon. La rue Émile Zola et l’église. Carte postale “voyagée” après guerre. collection Mémoire Vive.

Mézidon. La rue Émile Zola et l’église.
Carte postale “voyagée” après guerre. collection Mémoire Vive.

André Ridel est mécanicien automobile (dans quelle entreprise ?).

Dans la nuit du 1er au 2 mai 1942, il est arrêté par la police française (des gendarmes de la brigade de Lisieux ?) en même temps que Marcel Nonnet, de Bretteville-sur-Dives ; inscrit comme “communiste” sur une liste d’arrestations exigées par la Feldkommandantur 723 de Caen à la suite du deuxième déraillement d’un train de permissionnaires allemands à Moult-Argences (Airan) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], il est conduit à la gendarmerie de Lisieux.

Lisieux, la gendarmerie dans les années 1900 (longue façade blanche), boulevard Duchesne-Fournet. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Lisieux, la gendarmerie dans les années 1900 (longue façade blanche), boulevard Duchesne-Fournet.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, remis aux autorités d’occupation, il est emmené au “petit lycée” de Caen où sont rassemblés les otages du Calvados. Le soir même, il fait partie du groupe de détenus transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Ils y arrivent le lendemain, 5 mai, en soirée.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, André Ridel est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André Ridel est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46057, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté André Ridel.

André Ridel meurt à Auschwitz le 20 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « insuffisance (du muscle) cardiaque » (Herzmuskelinsuffizienz) pour cause mensongère de sa mort.

Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 14-12-1997).

Notes :

[1] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.

Au soir du deuxième attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage.

Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet du Calvados ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht (Feldgendarmes).

Au total plus de la moitié des détenus de ce début mai sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste. Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités). Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.

Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).

Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés, au Mont-Valérien (Seine / Hauts-de-Seine) pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont encore fusillés à Caen.

La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, notice par Claudine Cardon-Hamet page 127.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74 et 75, 362 et 419.
- Jean Quellien (1992), sur le site non officiel de Beaucoudray, peut-être extrait de son livre Résistance et sabotages en Normandie, publié pour la première fois en 1992 aux éditions Corlet.
- Archives départementales du Calvados, archives en ligne : état civil de Mézidon N.M.D. 1904-1905 (AE 17147), registre des naissances, année 1905, acte n° 13 (vue 110/209).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1006 (23154/1942).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de L à R (26 p 842), acte n° 23154/1942.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Maurice RIDEAU – 46056

Maurice, René, Rideau naît le 10 septembre 1910 à Châtellerault (Vienne), chez ses parents, Émile Rideau, 35 ans, charpentier, et Isabelle Herminie Audigué, 33 ans, son épouse, domiciliés au 31, rue du Crédit. Le nouveau-né est présenté à l’état civil par son père avec pour témoin son oncle, Jean-Baptiste Rideau, 38 ans, mouleur.

Le 1er août 1914, son père est rappelé à l’activité militaire par le décret de mobilisation générale, rejoignant cinq jours plus tard le 69e régiment territorial d’infanterie (RTI). Le 7 août 1915, il est blessé au bras gauche par un éclat de grenade. Le 18 juin 1916, il passe au 68e RTI. Le 23 avril 1917, il passe au 1er groupe d’aérostation. Mais, le 12 février 1918, la commission de réforme de Poitiers le propose pour la réforme n° 1 pour « sténose du pylône néoplasique, infirmité aggravée par les fatigues du service ». Quatre mois et demi plus tard, le 26 mai 1918, Émile Rideau décède au domicile familial (déclaré “Mort pour la France” le 8 septembre 1919). Le 2 février 1920, Maurice Rideau est adopté par la Nation en vertu d’un jugement rendu par le tribunal civil de Châtellerault.

Le 29 octobre 1932, dans cette ville, il se marie avec Olga Huberte Désirée Ceveau. Ils auront une fille, Nicole, née le 7 juin 1936.

Au moment de son arrestation, Maurice Rideau est domicilié au 29, rue Sully à Châtellerault. Il est marié et père d’un enfant.

Ajusteur, fraiseur-outilleur, il travaille à la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault (« la Manu »), comme Charles Limousin.

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Châtellerault, Manufacture nationale des armes de Vienne. Carte postale envoyée en 1943. Collection Mémoire Vive.

Châtellerault, Manufacture nationale des armes de la Vienne.
Carte postale envoyée en 1943. Collection Mémoire Vive.

 

Militant communiste, Maurice Rideau est l’un des dirigeants du syndicat CGT des métaux de  l’usine.

Fin août 1939, il est mobilisé comme “affecté spécial” dans son entreprise, produisant pour la Défense nationale. Après la dissolution du Parti communiste, il doit signer une attestation par laquelle il s’engage sur l’honneur à ne plus y adhérer et à ne se livrer à aucune propagande en faveur de ce parti, condition probable pour conserver son emploi.

Néanmoins, sous l’occupation, avec Charles Limousin, Alfred Quinquenneau, et en contact avec Camille Blanzat, futur capitaine des Forces françaises de l’Intérieur, il participe à la diffusion de tracts et de journaux clandestins, lacère des affiches de l’occupant et sort des ateliers des armes en pièces détachées.

Le 6 mai 1941, la police effectue une perquisition à son domicile, qui reste infructueuse.

Le 23 juin 1941, dans la matinée, un agent subalterne du commissaire de police spéciale de la Sûreté nationale à Châtellerault reçoit du capitaine de la Kommandantur dans cette ville l’ordre de lui communiquer une liste de membres connus du parti communiste local. Il refuse et en informe le sous-préfet de Châtellerault. Au début de l’après-midi, le commissaire spécial lui-même reçoit cet ordre par écrit. Il en réfère à son tour au sous-préfet, qui se met immédiatement en communication avec le préfet de la Vienne, lui indiquant les noms de dirigeants du PC avant l’interdiction, lesquels figurent sur une liste établie quatre semaines plus tôt par un inspecteur de la Sûreté. Le préfet autorise finalement communication de ces noms aux autorités occupantes. Le commandant de la section de gendarmerie de Châtellerault est alors impliqué dans les opérations : « … à 15 h 30, les autorités allemandes, par l’intermédiaire du commissaire de police, donnent l’ordre de mettre à leur disposition, et pour 16 h 15, sept gendarmes. La mission donnée était d’inviter (sic) des personnes dont les autorités d’occupation avaient la liste à se présenter à la Feldgendarmerie. »

Dans la soirée, Maurice Rideau est arrêté à son usine par des Feldgendarmes. Le commandant français de gendarmerie rendra compte : « À 22 h 30, une quinzaine de personnes retenues parmi celles qui s’étaient présentées (re-sic) à la Feldgendarmerie étaient transportées dans deux voitures cellulaires vers un destination inconnue. » En fait, ils sont conduits au camp de la Chauvinerie, à Poitiers, une caserne réquisitionnée par l’occupant. Selon Maurice Rideau, de Châtellerault, rescapé, 33 communistes sont arrêtés ce jour-là dans la Vienne [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] ; 28 sont conduits à la Chauvinerie, 14 seront des “45000”.

Poitiers. L’entrée du quartier (caserne) de la Chauvinerie dans les années 1900. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Poitiers. L’entrée du quartier (caserne) de la Chauvinerie dans les années 1900.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 12 (ou le 14 juillet) à midi, à la gare de Poitiers, une trentaine de détenus de la Vienne sont embarqués dans un wagon, seuls avec leur escorte. Les soldats allemands repoussent brutalement certains parents et amis accourus sur place après avoir été alertés.

Les Viennois sont ainsi transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il semble que tous soient assignés au bâtiment A4 de l’ancienne caserne. Maurice Rideau y est enregistré sous le matricule n° 1190.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 13 septembre 1941, considérant que six internés, dont Charles Limousin, Raymond Montégut et Maurice Rideau, travaillaient à la Manufacture d’armes, la Feldkommandantur demande à la préfecture à « être renseignée le plus possible sur ces ouvriers ». Le jour même, répondant à un appel téléphonique du secrétaire général de la préfecture de la Vienne, le commissaire principal de police nationale à Poitiers écrit à propos de cinq ex-militants communistes, dont Charles Limousin et Maurice Rideau : « … arrêtés en juin 1941 par ordre des autorités allemandes, n’avaient pas spécialement attiré l’attention de mon service depuis la dissolution du Parti communiste. Il est vraisemblable que la plupart d’entre eux n’ont pas abdiqué leurs convictions (…). Mais aucun fait précis de propagande n’a pu être établi à leur encontre. » Le 16 septembre, l’inspecteur principal de police nationale à Châtellerault transmet au sous-préfet son propre rapport, avec les mêmes conclusions.

Dans cette période, à la Chauvinerie puis à Compiègne, Maurice Rideau et Alfred Quinqueneau subissent plusieurs interrogatoires par la « Gestapo » qui les accuse « d’avoir procuré des armes à une organisation de résistants ». Devant les dénégations de Maurice Rideau, il lui est donné connaissance d’une lettre anonyme dénonçant cette activité.

Le 5 mars 1942, le “conseiller d’administration de guerre” de la Feldkommandantur 677 écrit au préfet de la Vienne en lui envoyant une liste des internés originaires de son département : « La question du maintien de ces personnes au camp doit être mise à l’étude. Dans ce but, je vous prie de bien vouloir m’informer jusqu’à quel point le maintien dans le camp de chaque intéressé s’avère nécessaire. » Le 12 mars, le cabinet du préfet note : « Copie à M. le sous-préfet de Châtellerault pour fournir les éléments de réponse en ce qui concerne les onze internés domiciliés à Châtellerault et les neuf autres (domiciliés dans cet arrondissement). Copie à M. Le commissaire central de Poitiers pour enquêter et fournir d’urgence les éléments de réponse en ce qui concerne les quatre internés domiciliés à Poitiers. Copie à M. le maire de Saint-Cyr et à M. le maire de Linazay pour enquêter et fournir d’urgence les éléments de réponse en ce qui concerne les internés domiciliés dans leurs communes. »

Le 1er avril 1942, le préfet délégué de la Vienne signe une « liste nominative des personnes originaires du département de la Vienne internées au camp de Compiègne » – soit vingt-six militants communistes repérés par la police avant-guerre – et portant avis sur leur maintien ou non en internement au Frontstalag 122. Pour vingt-deux d’entre eux, la conclusion est : « Son maintien au camp ne semble pas nécessaire ». Concernant Maurice Rideau, et reprenant une courte note du commissaire de police de Châtellerault, cet avis est motivé comme suit : « Depuis la dissolution du parti, il ne s’est livré à aucune activité politique. »

Avant ou après son arrestation, « son épouse travaille comme femme de ménage pour les autorités d’occupation ».

Entre fin avril et fin juin 1942, Maurice Rideau est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Maurice Rideau est enregistré à Auschwitz sous le numéro 46056 (ce matricule sera tatoué sur son bras gauche quelques mois plus tard).

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Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Maurice Rideau est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Là, il est affecté au Kommando de la DAW (Deutsche AusrüstungsWerke, société SS, usine d’armement entre autres), où il est avec Gabriel Torralba.

Le 4 juillet 1943, comme les autres “politiques” français (essentiellement des “45000” rescapés), il reçoit l’autorisation d’écrire à sa famille (en allemand et sous la censure) et d’annoncer qu’il peut recevoir des colis.

À la mi-août 1943, il est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage duBlock 11, la prison du camp, pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Auschwitz-I.
Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blockset Kommandos d’origine.

Le 3 août 1944, Maurice Rideau est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus dont vingt-neuf “45000” transférés au KL Flossenbürg [2] (Haut-Palatinat Bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août (matricule n° 19 888).

Maurice Rideau survit en troquant, contre du pain et de la margarine, des objets pris dans le “Canada” (baraques où sont entassés les objets et les vêtements des déportés saisis par les SS à leur arrivée au camp).

Dans l’usine souterraine, où il est affecté comme régleur sur une vingtaine de machines à fileter, il organise le sabotage de celles-ci sans être inquiété.

Le 29 octobre, il est parmi les onze “45000” transféré à Wansleben (Kommando du KL Buchenwald), une usine de potasse (matr. n° 93 421).

Le 12 avril 1945, Wansleben est évacué à marche forcée par les SS. Maurice Rideau s’évade le 13 en compagnie d’André Gaullier (46238), mais il est repris, et de nouveau interné dans un camp proche de Halle.

Libéré le 14 avril 1945 par les troupes américaines, il rentre en France par avion, via Bruxelles, le 9 juin.

Très vite, il reprend le travail, réintégré à la Manufacture d’armes de Châtellerault. Le 24 juin 1946, il est “rayé des contrôles”, ayant obtenu sa mutation dans un établissement d’Issy-les-Moulineaux (une usine d’armement ?), puis à Vanves (Seine / Seine-Saint-Denis) où il retrouve Lucien Penner [3].

Le 15 octobre 1946, le divorce d’avec son épouse est prononcé suivant un jugement rendu par le tribunal civil de Châtellerault.

Pendant un temps, il habite au 9, rue Eugène-Varlin à Paris 10e.

Le 3 octobre 1959, à Paris 19e, il se marie avec Simone Quilleré.

Homologué comme Déporté résistant, officier de la Légion d’Honneur, Maurice Rideau décède le 2 ou le 20 février 1984 à Saint-Avertin (Indre-et-Loire).

Notes :

[1] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – arrestations et perquisitions à leur domicile – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht et réservé à la détention des “ennemis actifs du Reich”. Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Fin août, 200 d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

[2] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

[3] Vanves : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 97, 151 et 152, 261, 268 et 269, 346 et 347, 359, 379 et 419.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 431, 463.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Deux-Sèvres et de la Vienne (2001), citant : Maurice Rideau a entretenu une correspondance suivie avec Roger Arnould entre 1971 et 1982, et lui a donné témoignages et photos – Récit d’André Gaullier : l’évasion de 1945 – Article du Patriote Résistant, mensuel de la FNDIRP, signé par Floréal Barrier.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier de Maurice Rideau (21 p 652 395), consulté par Ginette Petiot (message 11-2015).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 28-08-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Robert RICHE – 46055

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Robert Riche naît le 21 octobre 1893 à Saint-Mards-en-Othe (Aube – 10), chez ses parents Cyrille Émile Riche, 45 ans, manouvrier, et Alix Thierry, 41 ans, son épouse, domiciliés au hameau de Vaucouard. La famille compte déjà – au moins – deux frères, Émile, né vers 1873, Eugène, né vers 1876, et une sœur, Berthe Marthe, née en 1883. Leur foyer héberge également un petit-fils (?), Louis Camille Graupner, né en 1892.

En 1911, Robert Riche est “domestique de culture” chez Hippolyte Charles, marchand de graines à Saint-Mards, qui l’héberge.

De la classe 1913, Robert Riche est d’abord ajourné de service militaire pour « insuffisance de développement ». Incorporé à compter du 2 septembre 1914, il arrive au 8e régiment d’artillerie le lendemain comme soldat de 2e classe. Dès le 11 octobre, il passe au 29e régiment d’infanterie. Le 23 avril 1915, dans le secteur du Bois d’Ailly (Meuse), au cours d’une contre attaque, un éclat d’obus lui occasionne un arrachement des testicules avec plaie à la cuisse gauche et à la verge. Lors de cette attaque, le régiment compte 57 tués, 189 blessés et 69 disparus parmi les hommes de troupe. Considéré comme un « très bon soldat qui a toujours servi d’une façon parfaite », Robert Riche est décoré de la Médaille militaire à compter du 13 mars 1916.

Le 23 juillet 1918, à la mairie de Saint-Mards, Robert Riche épouse Marie Lucienne Gris, née en 1896 à Saint-Mards, veuve d’Aramis Dardelut, “mort pour la France” en juin 1917 [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], dont elle a eu deux filles : Yvette Dardelut, née le 4 décembre 1913, et Marie-Louise, née le 20 avril 1916. Tous habitent alors au hameau de Vaucouard. Le 7 septembre 1918, le tribunal civil de Troyes (10) décide par jugement que les deux orphelines Dardelut sont adoptées par la Nation.

En 1921, la famille recomposée habite au bourg, rue de l’Église. Robert Riche est alors établi comme artisan cordonnier. En 1926, il est marchand de peaux et chiffons. En 1931, il est redevenu manouvrier. En 1937, il est de nouveau marchand de peaux.

Saint-Mards-en-Othe dans les années 1900. Au premier plan, la Grande-Rue, au fond, la rue de l’Église. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Saint-Mards-en-Othe dans les années 1900. Au premier plan, la Grande-Rue, au fond, la rue de l’Église.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 9 novembre 1936, à Saint-Mards, sa belle-fille, Marie-Louise Dardelut épouse Émile Duru.

Au moment de son arrestation, Robert Riche est toujours domicilié à Saint-Mards-en-Othe. Il est redevenu manouvrier.

Le 23 octobre 1941, à la suite d’une dénonciation (?) pour détention d’arme prohibée (un pistolet ?), Robert Riche est arrêté à son domicile par la Gestapo de Troyes (10) et conduit à la Maison d’arrêt de la ville. Le 6 décembre suivant, le tribunal militaire de la Feldkommandantur 531 le condamne deux ans d’emprisonnement pour « propos germanophobes ». Mais il est bientôt gracié (?) et libéré le 31 décembre.

Le 25 février 1942, dénoncé de nouveau, peut-être pour des « propos anarchistes » à la Feldgendarmerie d’Aix-en-Othe, il est arrêté à son domicile le lendemain, 26 février, à 5 h du matin – le même jour qu’Émile Andrès, de Troyes -, et conduit à la Maison d’arrêt.

Robert Riche est finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Robert Riche est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46055 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Robert Riche est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

À une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies contagieuses (Block 20) de l’hôpital du camp souche (Auschwitz-I).

Il meurt à Auschwitz le 25 août 1942, d’après plusieurs registres du camp [2].

Le 10 mai 1946, Marie Lucienne Gris (sic), en qualité d’épouse, complète et signe un formulaire du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) pour demander la régularisation de l’état civil d’un « non-rentré ».

Le 21 juillet 1948, le tribunal civil de Troyes décide par jugement de fixer le décès de Robert Riche à Auschwitz à la date du 6 juillet 1942, jugement transcrit sur les registres d’état civil de sa commune de naissance (et de domicile), en marge de son acte de naissance [2].

Le 5 décembre 1953, Marie Riche – en qualité de conjointe – complète et signe un formulaire du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre (ACVG) pour demander l’attribution du titre de Déporté politique à son mari à titre posthume.

Le 12 août 1954, la commission départementale de la Seine prononce un avis favorable à la demande, suivie en cela par le directeur interdépartemental, puis par la commission nationale. Le 3 septembre 1954, le ministère des ACVG décide de l’attribution du titre de déporté politique à Robert Riche. Le 20 septembre, la carte DP n° 1116.12607 est envoyée à Marie Riche.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Saint-Mards-en-Othe.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 14-12-1997).

Notes :

[1] Aramis Bénoni Dardelut, né le 12 décembre 1885 à Saint-Mards-en-Othe, manouvrier, rappelé à l’activité militaire par le décret de mobilisation générale du 1er août 1914, rejoint le 156e régiment d’infanterie dix jours plus tard comme soldat de deuxième classe. Le 1er juin 1917, dans le secteur de Braye-en-Laonnaois (Ostel), il est tué à l’ennemi. Il est inhumé dans le cimetière militaire de la ferme “Lacour-Soupir” (Aisne). Son décès est transmis à l’état civil de Saint-Mards-en-Othe le 4 novembre suivant.

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Ainsi, concernant Robert Riche, c’est le 6 juillet 1942 qui a été retenu pour certifier son décès, mais « à Auschwitz ». Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 65, 360 et 419.
- Rémi Dauphinot et Sébastien Touffu, La déportation de répression dans l’Aube, fichier ressource pour le Concours national de la Résistance et de la Déportation, www.crdp-reims.fr
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1005 (24702/1942).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossiers individuels (21 P 269 588 et 21 P 530 936.
- Site MemorialGenWeb, relevé de Dominique Dumont (8/2006).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-04-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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René RICHARD – 46054

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

René, Joseph, RICHARD naît le 24 juillet 1906 à Saint-Didier-d’Allier (Haute-Loire), chez ses parents, Joseph Richard, 35 ans, cultivateur, et Marie Léonie Coubladou, 37 ans, son épouse, native de la commune. Les témoins pour l’enregistrement du nouveau-né à l’état civil sont deux autres agriculteurs.

En 1926, René Richard, inscrit au bureau de recrutement d’Alençon (Orne), effectue son service militaire.

Il est célibataire.

Il est soudeur à l’arc. Pendant un temps, il travaille à la “maison” Vigor, rue Anatole-France à Levallois-Perret [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Hauts-de-Seine). Le 13 octobre 1938, il entre aux établissements Monthéry et Gaillardet, 16 rue des Petites-Murailles à Gennevilliers (92).

Adhérent au Parti communiste, il devient trésorier de la cellule 720 bis de la section de Gennevilliers de la région Paris-Nord.

Le 10 septembre 1939, mobilisé, il est incorporé au 271e régiment d’infanterie stationné au Mans (Sarthe). Deux mois plus tard, le 17 novembre, il est classé affecté spécial dans l’entreprise où il travaillait. Au début juin 1940, il suit son usine évacuée en province. Il est réembauché le 3 septembre.

Pendant un temps, il vit chez Germaine B., concierge au 47, rue d’Angoulême à Paris 11e.

À partir du 2 octobre 1940 et jusqu’au moment de son arrestation, il habite une chambre d’hôtel au 61, boulevard circulaire d’Épinay à Gennevilliers (nom originel du boulevard Camélinat, alors débaptisé).

Peut-être s’est-il disputé avec sa compagne, car la police judiciaire l’appréhende le 8 octobre en raison d’une valise « abandonnée » chez elle et contenant : dix tracts communistes, vingt-cinq brochures de tracts de propagande (sic), onze cartes d’adhésion à l’ex-PC portant divers noms, un dossier de la cellule 720 bis, un paquet de journaux L’Humanité et Regards, une carte d’électeur au nom de Raymond Antoine, deux matraques, un revolver à barillet de 6 mm et dix cartouches. Il est néanmoins remis en liberté provisoire.

Dix mois plus tard, un employé de l’entreprise où il travaille de dénonce à la police française :
« Paris 21 juillet 1941
Monsieur le Préfet de Police
Veuillez excuser mon anonymat, mais nous avons dans notre entourage deux personnes qui sont communistes jusqu’au bout des ongles. Ils ne parlent pas beaucoup, mais je souhaiterais que vous entendiez une de leur conversations, vous seriez édifié.
Il s’agit de René Richard, qui travaille avec nous chez Montery [sic], 16 rue des Petites-Murailles à Gennevilliers, et Émile Natioux [ou Matioux], rue Émile-Mareuil [?] à Gennevilliers.
Vous pouvez les faire suivre de près et vous serez convaincu.
Je vous pris de croire, Monsieur le Préfet, à mon profond respect, et, encore une fois, excusez mon anonymat.
Le guetteur »

Début août, les autorités d’occupation opèrent au domicile de René Richard une perquisition qui ne donne aucun résultat.

Le 4 novembre, une nouvelle « visite domiciliaire » par la brigade spéciale anticommuniste des renseignements généraux (RG) de la préfecture de police se révèle également infructueuse. Cependant, les inspecteurs soupçonnent René Richard de mener une activité clandestine « sournoise » par propagande verbale, notamment en direction des jeunes ouvriers. Le 7 novembre, le directeur des RG décide de son envoi en camp.

Le 13 novembre, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, en application du décret du 18 novembre 1939 ; le même jour, à 6 heures du matin, René Richard est arrêté à son domicile par deux inspecteurs des RG et conduit au dépôt de la préfecture, en attendant son transfert dans un camp.

Le 22 décembre, un télégramme envoyé de L’Aigle parvient au dépôt : « Père gravement malade venir de suite ».

Le 3 janvier 1942, René Richard fait partie d’un groupe de 38 internés politiques (parmi eux, 16 futurs “45000”) et 12 “indésirables” (droit commun) extraits du dépôt et transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé (Vienne). Ils sont conduits en car, sous escorte, jusqu’à la gare d’Austerlitz où les attend un wagon de voyageurs réservé (10 compartiments ; départ 7h55 – arrivée 18h51).

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 14 janvier, la préfecture de police reçoit une note du Comité d’action Anti-bolchevique (14, avenue de l’Opéra) : « On nous signale un individu […] dangereux meneur communiste. La jeunesse de la région travaille avec lui. À surveiller. »

Le 22 mai 1942, René Richard fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Richard est enregistré à Auschwitz sous le numéro 46054 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [2]).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté René Richard.

Il meurt à Auschwitz le 6 août 1942, selon plusieurs registres tenus par l’administration SS du camp ; moins d’un mois après son arrivée.

Notes :

[1] Levallois-Perret et Gennevilliers : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes industrielles de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2]  Ce qui explique sans doute qu’il soit inconnu à la Maison du Combattant et aux Archives de Gennevilliers

[3] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin « Après Auschwitz« , n°21 de mai-juin 1948).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 382 et 418.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Eugène Kerbaul (auteur de biographies de résistants).
- Daniel Grason, site du Maitron en ligne.
- Archives départementales de Haute-Loire, archives en ligne : registre d’état civil de Saint-Didier-d’Allier, années 1903-1912 (1925 W 706), naissances 1906, acte n° 4 (vue 36/17).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel des Renseignement généraux (77 W 125-108588).
- Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), Paris ; liste XLI-42, n° 157.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1005 (18443/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 24-05-2018)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]

Louis RICHARD – 46053

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oświęcim, Pologne. 
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Louis, Auguste, Joseph, Richard naît le 12 décembre 1900 à Cherbourg (Manche – 50), chez ses parents, Louis Richard, 25 ans, charpentier, et Joséphine Hamel, son épouse, 25 ans, domiciliés au 61, rue des Carrières.

Le 12 avril 1926 à Brest (Finistère – 29), Louis Richard épouse Marie Le Gueriq (ou Le Guerin).

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 76, boulevard Sadi-Carnot, à Graville-Sainte-Honorine [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine-Maritime [2] – 76), dans la cité des Tréfileries ? (ou a-t-il été arrêté sur son lieu de travail ?).

Louis Richard est métallurgiste, monteur à l’usine des Tréfileries et Laminoirs du Havre (TLH ; les “Tréfils”, située boulevard S.-Carnot)). Il fait partie de la Commission exécutive du Syndicat des Métaux du Havre. Il est communiste.

Pendant l’occupation, il tente de reconstituer le syndicat en se servant de sa couverture “légale” et fait partie des francs-tireurs.

Le 9 (ou le 12) juillet 1941, la Gestapo l’arrête en même temps que plusieurs responsables du Syndicat des Métaux (dont Louis Eudier et Eugène Thépot) et le conduit à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen.

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Rouen, la prison Bonne-Nouvelle. 
Carte postale des années 1900.

Il est transféré le même mois au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3] (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Là, Georges Cogniot, dirigeant du parti communiste clandestin, mais également premier interlocuteur de la direction allemande du camp, le fait désigner aux cuisines pour contribuer à distribuer des portions équitables.

Dès le 8 décembre 1941, Louis Richard figure sur une liste de 28 communistes à « transférer vers l’Est », établie par la Feldkommandantur de Rouen.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux 
du Mémorial de Margny-les-Compiègne, 
installés sur une voie de la gare de marchandise 
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Louis Richard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46053. Sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [4]. Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartisdans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire – au cours duquel Louis Richard se déclare sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différentsKommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Louis Richard est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Plus tard, il est admis au Block 21a de l’hôpital d’Auschwitz [5].

Louis Richard meurt à Auschwitz le 8 août 1942, d’après les registres du camp ; un mois après l’arrivée de son convoi.

Le 9 juillet 1956, le Conseil municipal du Havre donne son nom à l’ancienne rue Claude-Bernard, dans le quartier de Graville-Sainte-Honorine.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (14-12-1997).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 376 et 418. 
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie, réalisée à Rouen en 2000, citant : Archives municipales du Havre (Madame S. Barot, conservateur) : listes électorales. 
- Louis Eudier (45523), Notre combat de classe et de patriotes (1939-1945), imprimerie Duboc, Le Havre, sans date (1977 ?), rappelle qu’en août 1940 ils furent reçus ensemble par le Préfet du Havre, et il décrit leur incarcération à Rouen, pages 70 et 82 ; listes à la fin du livre. 
- Archives départementales de la Manche, archives en ligne, état civil de Cherbourg, registre des naissances de l’année 1900, acte n°870 (5 Mi 2142, vue 239/265). 
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; doc. XLIII-56. 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1005 (18757/1942). 
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre de la morgue (microfilm n° 741/195).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-06-2011)

Cette notice biographique doit- être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Graville-Sainte-Honorine : cette commune est rattachée au Havre en 1953.

[2] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[3] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller.

À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis – 93).

[4] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n° 21 de mai-juin 1948).

[5] En Allemand, Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”. Mais les « 31000 » et Charlotte Delbo ont connu et utilisé le terme « Revier » : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.

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Gabriel REY – 46052

JPEG - 76 ko
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Gabriel, Henri, Rey naît le 22 mars 1891 à Paris 18e, chez ses parents, Jean Rey, 53 ans, compositeur typographe, et Aline Dupont, son épouse, 43 ans, domiciliés au 66, rue Myrha (tous deux seront décédés au moment de l’arrestation de leur fils).

Ayant accomplit son service militaire en 1911, Gabriel Rey est mobilisé au cours de la guerre 1914-1918. Le 17 avril 1917, il est blessé à l’ennemi dans le secteur de Moronvilliers (Marne), au début de la bataille des monts de Champagne, ce qui lui vaut la citation suivante (n° 736) : « Caporal énergique et brave, a entraîné ses hommes à l’assaut des troupes ennemies ». Il est titulaire de la Croix de guerre.

Le 10 février 1917 à Thiais (Val-de-Marne), Gabriel Rey se marie avec Yvonne Beaumain, née le 27 mai 1895 à Paris 18e. Ils n’ont pas d’enfant.

Au moment de l’arrestation de Gabriel, le couple est domicilié au 21, rue de la République à Villeparisis (Seine-et-Marne – 77) – dans le « Vieux pays » -, locataire d’un appartement de quatre pièces.

[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Carte militaire éditée en 1920 (reprise d’une édition antérieure), avant le développement des lotissements. Collection Mémoire Vive.

Carte militaire éditée en 1920 (reprise d’une édition antérieure), avant le développement des lotissements.
Collection Mémoire Vive.

Ayant probablement une formation de comptable, Gabriel Rey est – à partir de 1924 – enquêteur commercial pour le compte de plusieurs établissements, notamment le Crédit du commerce, 129, boulevard de Sébastopol, à Paris, et la Maison Piquet, 70, boulevard de Sébastopol.

Gabriel Rey adhère au Parti communiste en janvier 1937. Avant-guerre, il est considéré comme un militant par la police française. Pourtant, lui-même (relayé par son épouse) déclarera n’avoir aucune activité notable.

Au début juin 1940, convoqué dans le bureau du commissaire de police de la circonscription de Villeparisis, Gabriel Rey déclare ne se livrer à aucune propagande active, mais avoir conservé « ses anciennes idées », si l’on en croit le rapport de ce fonctionnaire.

Au retour de l’Exode, Gabriel Rey reste six mois au chômage. À la veille de son arrestation, il n’est employé que quatre après-midi par semaine. Il a trouvé une place de comptable dans une coopérative agricole de l’Yonne, mais n’aura pas le temps de déménager pour rejoindre cet emploi.

Dans la nuit du 19 au 20 octobre 1941, Gabriel Rey est appréhendé à son domicile par des Feldgendarmes, en même temps qu’Albert Bonvalet et Antoine Carrier (qui seront déportés avec lui et mourront à Auschwitz), au cours d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant à l’encontre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – meules, hangars – ayant eu lieu dans le département.

Gabriel Rey est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”). Immatriculé sous le n° 1808, il est assigné au bâtiment A3.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 4 novembre, Gabriel Rey adresse une lettre au préfet de Seine-et-Marne, dans lequel il reconnaît avoir été adhérent du PCF : « …mais, depuis la guerre, je me suis désolidarisé avec la Russie soviétique et, depuis juin 1940, à la lumière des évènements, j’ai compris la situation tragique de mon pays et suis devenu, comme ancien combattant et blessé de la guerre 1914-1918, partisan de la politique du Maréchal Pétain… ». De son côté, son épouse multiplie les démarches et les courriers auprès des autorités compétentes afin d’obtenir sa libération.

Le 28 novembre, la Feldkommandantur 680 de Melun adresse au chef du district militaire “A” à Saint-Germain-[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][en-Laye] une liste de 79 otages communistes seine-et-marnais pouvant être proposés pour une exécution de représailles, parmi lesquels Gabriel Rey.

Entre fin avril et fin juin 1942, celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). Fin juin, quelques Seine-et-Marnais sont libérés après examen de leur situation par une commission militaire allemande, tel Antony Lefèvre, ancien maire communiste de Courtry.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Gabriel Rey est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), sous le numéro 46052 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Gabriel Rey.

Il meurt à Auschwitz le 6 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Dès le 14 septembre 1942, dans une lettre prémonitoire adressée au préfet de Seine-et-Marne, Yvonne Rey avait écrit : « … maintenant, ces malheureux sont voués à la mort puisque mon mari avec d’autres est parti de Compiègne depuis le 4 juillet pour une destination inconnue. Depuis, je suis sans nouvelles et perd espoir de ne jamais revoir mon mari. […] qu’importe qu’un ancien combattant aille mourir dans un camp quelconque en Pologne, en Silésie ou ailleurs ».

Le nom de Gabriel Rey est inscrit sur une stèle commémorative déposée devant le Musée d’Histoire locale, dans le parc Honoré de Balzac, à Villeparisis, en hommage à deux Villeparisiens morts en camp de déportation et à un Villeparisien fusillé (plaque inaugurée le 27 avril 2003 en remplacement d’une plaque apposée initialement sur un arbre ramené du camp de Mauthausen et planté place Henri-Barbusse, puis abattu suite à la tempête de décembre 1999).

La mention “Mort en déportation” est apposée en marge de l’acte de décès de Gabriel Rey (J.O. du 14-12-1997).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 378 et 418.
- Archives départementales de Paris, site internet, archives en ligne : extrait du registre des naissances du 18e arrondissement à la date du 25-03-1891 (registre V4E 7566, acte n° 1371, vue 14/31).
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; arrestations allemandes, secteur de Meaux, dossiers individuels M-Z (Sc51228).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : liste d’otages, document allemand, cote XLIV-60.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1004 (34635/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 77-Villeparisis, relevé de Claude Richard (08-2013).
- Site Villeparisis Histoire.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]

Ernest REPIQUET – 46051

JPEG - 73.2 ko
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Ernest Repiquet naît le 21 novembre 1896 à Saussey (Côte-d’Or – 21), de Jacques Repiquet, 34 ans, cultivateur maréchal-ferrant, socialiste, et de Marie Bussière, 29 ans, native de Saussey, son épouse, catholique pratiquante, épicière. Il a une sœur Marie, née en 1888, et deux frères, Marius, né en 1890, Claude Alfred, né en 1892.

Il poursuit ses études jusqu’à l’âge de dix-sept ans.

Pendant un temps, il travaille comme cultivateur, peut-être avec son père. Il a l’intention d’entrer à l’école des Beaux-Arts, mais la guerre éclate.

Le 13 avril 1915, il est incorporé au 56e régiment d’infanterie. Le 7 décembre suivant, il passe au 29e R.I. Le 24 juillet 1916, nommé soldat de 1ère classe, il passe au 167e R.I.  Le 28 août suivant, au bois Mullot ou au bois d’Ailly, il est blessé par balle à la paupière droite et perd la vision de cet œil. Le 4 décembre 1916, la commission de réforme de Bézier le propose pour une pension de retraite n° 5. Par décret du 22 juin 1917, il est admis à une pension de 637 F. Par arrêté ministériel du 26 septembre 1918, il reçoit la Médaille militaire : « Jeune soldat courageux et dévoué ayant toujours fait son devoir ». Il est également titulaire de la Croix de guerre avec palme.

CroixDeGuerre-etoile

La perte de son œil met fin à son projet de carrière artistique.

Il entre dans l’administration des contributions indirectes et devient receveur.
Le 29 février 1920, à à Abergement-Saint-Jean [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Jura), Ernest Repiquet épouse Marie-Louise Rabut, dite Léa, née en 1895. Ils ont un fils Jacques né le 1er septembre 1920 à Saussey, et deux filles : Jacqueline, née en 1923 et Huguette, née en 1925.
En 1923, Ernest Repiquet adhère au Parti communiste et milite à Dijon (21) où il rédige des articles pour l’hebdomadaire Le Travailleur, participant aux grèves et aux manifestations et complétant sa formation politique par la lecture. Membre du Secours rouge en 1936, il organise des soupes populaires puis s’occupe de l’hébergement des réfugiés espagnols.
En 1939 (septembre ?), il rompt avec le Parti communiste, mais il participe à la Résistance à partir d’avril 1941.
Début 1941, son fils Jacques souhaitant s’inscrire au concours pour l’admission au surnumérariat de l’Enregistrement, le directeur de l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre demande son avis au Préfet de Côte d’Or. Le rapport du 15 mars 1941 résultant de l’enquête de Police stipule que son père, Ernest Repiquet, a déjà fait l’objet de plusieurs rapports pour son activité communiste et précise que Jacques Repiquet, alors étudiant à Dijon, est « intelligent, travailleur et de bonne conduite », qu’« il est toutefois connu des étudiants pour ses idées politiques communistes », et que « depuis la dissolution de ce parti, il se fait moins remarquer, mais aurait conservé ses opinions ».
Le 21 juin 1941, Ernest Repiquet est arrêté par les Autorités allemandes en tant que communiste [2] ; il est alors domicilié à Saint-Seine-l’Abbaye, à 27 km de Dijon. À une date restant à préciser, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 11 novembre 41, le Préfet de région donne un avis favorable à l’inscription de son fils Jacques au concours pour l’admission au surnumérariat de l’Enregistrement, sous réserve de le surveiller au point de vue de ses opinions politiques.

Entre fin avril et fin juin 1942, Ernest Repiquet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Les 14 déportés de Côte-d’Or se regroupent dans le même wagon. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Ernest Repiquet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46051 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Ernest Repiquet de déclare comme comptable (Finanzbeamte). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Ernest Repiquet.

Il meurt à Auschwitz le 21 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [2], qui indique « hydropisie cardiaque » (Herzwassersucht) pour cause mensongère de sa mort.

Le 22 octobre, dans un courrier à caractère urgent adressé au maire de Saint-Seine-l’Abbaye, le Préfet de la Côte-d’Or demande de lui faire connaître si l’intéressé a été libéré et, dans la négative, de lui préciser quelles sont les personnes à charge, leur situation matérielle et son avis sur l’opportunité de leur attribuer une aide financière.

Ernest Repiquet est homologué comme Déporté politique (carte n° 1-116-12167).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 14-12-1997).

Son fils Jacques décède le 17 avril 1948 à Dijon des suites de l’occupation. Son épouse Léa décède en 1993.

Notes :

[1] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme «  l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht. Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. 131 d’entre eux, arrêtés entre le 21 et le 30 juin, font partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Abergement-Saint-Jean : commune fusionnée depuis 1976 avec celle de Neublans pour former Neublans-Abergement. Le nom d’« Abergement Saint Jean » viendrait de propriétés ou d’un établissement autrefois installé par les Templiers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem. Une partie de la forêt porte encore l’appellation de « Bois du Temple » (source Wikipedia).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Ernest Repiquet, c’est le 15 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Éditions de l’Atelier/ Éditions Ouvrières, version CD-rom 3.61, 1990-1997, citant : Arch. Secrétariat Ministère des Anciens combattants – Rens. de sa veuve et ses deux filles.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 11 (cahier de Gabriel Lejard), 73, 127 et 128, 363 et 398.
- Archives départementales de Côte-d’Or, Dijon : Arrestations par les autorités d’occupation en raison de leur passé et activité politique (1630 W, article 252), et  fiches individuelles des déportés de Côte-d’Or, (6J61 à 62) don de Pierre Gounand, historien.
- Archives départementales de Côte-d’Or (AD 21), site internet, archives en ligne : recensement de 1911 à Saussey ; registres des matricules du recrutement militaire, bureau d’Auxonne, classe 1916 (R2521-0644), n° 367 (vue 644/834).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1003.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de L à R (26 p 842), acte n° 23900/1942..

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la Fédération Nationale des Déportés et Résistants Internés et Patriotes (FNDIRP) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Camille RENAUDIE – 46050

JPEG - 73.7 ko
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Camille, Fernand, Renaudie naît le 23 décembre 1897 à Tonnay-Charente (Charente-Inférieure / Charente-Maritime [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] – 17), chez ses parents, Joseph Renaudie, 42 ans, camionneur, et Augustine Cornet, son épouse, 36 ans, domiciliés rue des Tuyaux.

Sa mère décède à leur domicile le 20 janvier 1900. Le 13 novembre suivant, son père se remarie avec Louise Réaud, 31 ans. L’année suivante, le 23 septembre 1901, celle-ci donne naissance à Georges, demi-frère de Camille.

À l’issue de sa scolarité, Camille Renaudie suit une formation de serrurier.

De la classe 1917, il est appelé au service armé à compter du 8 janvier 1916, au 24e régiment d’artillerie de campagne. Le 24 janvier 1917, il est « aux armées » (sur le front). Après l’armistice du 11 novembre 1918, il se porte volontaire pour l’Armée d’Orient. Le 29 décembre, il est dirigé sur le 38e R.A.C. (régiment d’artillerie de campagne ?), qu’il intègre le 6 janvier 1919. Il est affecté au 5e groupe de l’Armée d’Afrique. En février, il est en Palestine. Il reste mobilisé jusqu’au 6 octobre 1919.

En 1920, il devient cheminot.

Le 16 juillet 1921 à Tonnay-Charente, il épouse Anne Marie Couturon, née le 19 juin 1901 dans la commune. Ils n’auront pas d’enfant.

Le 5 août 1921, l’armée le classe “affecté spécial” aux Chemins de fer de l’État en qualité de nettoyeur aux Batignolles (Paris 17e).

Le 11 août 1927, l’armée enregistre qu’il est nommé serrurier aux ateliers de la Garenne (les Ateliers de la Folie ?), rue des Carrières, à Nanterre [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92). Le couple demeure alors à cette adresse (?).

En 1928 Camille Renaudie est élu trésorier général du syndicat CGTU des cheminots de La Garenne-Colombes.

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.  Collection Mémoire Vive.

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.
Collection Mémoire Vive.

En 1934, il adhère au Parti communiste et en reste membre jusqu’à sa dissolution. En 1939, il appartient à la cellule des Ateliers de la Folie.

En février 1938 et jusqu’à son arrestation, Camille Renaudie est domicilié au 8, rue du Tintoret à Asnières [2].

À l’automne 1939 (?), il refuse de « passer à des camarades qui n’avaient pas été régulièrement élus les fonds et la comptabilité » de son syndicat, jusqu’à ce qu’il reçoive notification de la dissolution de celui-ci « par les autorités compétentes ».

Le 9 avril 1940, il est arrêté, ainsi que son épouse, pour propagande communiste « par » distribution de tracts. À son domicile sont saisis deux machines à écrire, des caractères d’imprimerie et un lot de tracts récemment imprimés. Il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé le même jour. À compter de cette date, il est « suspendu de son emploi » par la direction de la SNCF « pour son activité révolutionnaire ». Son épouse est relaxée un mois plus tard par ordonnance de non lieu.

Le 10 juin, au moment de l’exode, Camille Renaudie fait partie des détenus évacués sur Orléans, puis sur Briare. Entre cette ville et Cosne, leur colonne se disperse à la vue d’avions allemands, les gardes s’étant réfugiés à l’abri. Regagnant Paris par ses propres moyens, Camille Renaudie rentre chez lui. Après quoi, il se présente spontanément au commissariat de Courbevoie, puis à la Santé, où il touche son pécule de prisonnier et en donne décharge.

À partir d’octobre 1940, selon sa déclaration ultérieure, il décide, « de [sa] propre initiative » (ou sollicité pour ce faire, précisément parce qu’il est hors des ateliers……), de demander à d’anciens camarades de travail de la SNCF de bien vouloir verser leur obole en faveur de leurs collègues emprisonnés politiques, le but de ces collectes étant d’apporter un secours en argent à leurs familles, suivant leur situation matérielle et leur charge familiale. Il reçoit ainsi en tout environ 7000 à 7500 francs qu’il remet lui-même par dons de 100 à 300 francs ; versements effectués plusieurs fois à une dizaine de familles, sans en exiger de reçu. Certains de ses anciens collègues se chargent de recueillir les fonds dans les ateliers, puis lui remettent dans la rue. Il affirmera n’en  distraire la moindre part soit pour la propagande, soit pour le Parti communiste avec lequel il a cessé toute relation depuis son arrestation. Son épouse est au courant de son activité, mais sans en connaître le détail.

Le 13 janvier 1941, Camille Renaudie est embauché comme ajusteur à l’usine des Établissements Willems (camions), à Nanterre. Plus tard, il préparera un courrier adressé à un chef de bureau de la SNCF pour demander sa réintégration et envisagera simultanément, par le biais d’une amie de sa famille, de trouver un emploi chez Nattford, à Poissy.

Le même jour (13 janvier), le Tribunal de Périgueux (Dordogne) – ayant poursuivi la procédure de sa première inculpation –  le condamne, par défaut (considéré comme « évadé » ?), à deux ans de prison et 1000 francs d’amende.

En février suivant, deux inspecteurs de brigade spéciale des renseignements généraux de la préfecture de police commencent à mener une série d’enquêtes et de surveillances dans le but d’identifier les auteurs de la propagande communiste s’exerçant à Asnières. Connaissant Camille Renaudie comme un ancien militant très actif, ils surveillent plus particulièrement les abords de son domicile. Les nombreuses allées et venues qu’ils remarquent, les visites qu’il reçoit, leurs donnent la certitude que Camille Renaudie participe à l’activité communiste clandestine. Le 22 février, venus l’interpeller à son domicile, ils le trouvent porteur de deux feuillets portant des comptes relatifs à ses collectes, ainsi que d’une somme de 347 francs destinée à la famille d’un ouvrier de la SNCF détenu à Fort Barraux (Isère), qu’il leur remet « spontanément ». La perquisition de son appartement n’amène « la découverte d’aucun document intéressant l’enquête en cours ».

Le 23 février, au vu du rapport des inspecteurs et après l’interrogatoire de Camille Renaudie, André Cougoule, directeur de la BS des RG, commissaire et officier de police judiciaire, l’inculpe d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26 septembre 1939 et le fait conduire au Dépôt à disposition du procureur de la République. Alors que le « résumé des faits et circonstances » ayant motivé l’inculpation se limite au « recueil de fonds en faveur des emprisonnés communistes », le commissaire ne présente cette activité que comme un prétexte pour « la diffusion des mots d’ordre de la IIIe Internationale communistes ou d’organismes s’y rattachant ».

Se ravisant sans doute concernant la suite de la procédure, un responsable ajoute « camp » au crayon sur le procès verbal et une petite feuille volante porte la mention : « Je propose le camp ». Le 24 février, le préfet de police signe un arrêté ordonnant l’internement administratif de Camille Renaudie en application du décret du 18 novembre 1939.

Le 27 février suivant, celui-ci fait partie d’un groupe de 48 internés administratifs – dont Guy Môquet, Maurice Ténine et seize futurs “45000” – transférés à la Maison centrale de Clairvaux (Aube) où ils en rejoignent d’autres : 187 détenus politiques s’y trouvent alors rassemblés.

Clairvaux. La Maison centrale après-guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Clairvaux. La Maison centrale après-guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 27 septembre 1941, Camille Renaudie est fait partie d’un groupe d’internés transférés au “centre de séjour surveillé” de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés de Rouillé – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Camille Renaudie est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Le 8 juillet 1942, Camille Renaudie est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46050 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [3]).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Camille Renaudie est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

À une date restant à préciser, il est admis au Block 20 de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.

Le Block 20 en 1962. © archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.

Le Block 20 en 1962. © archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.

Il meurt à Auschwitz le 13 janvier 1943, selon plusieurs registres tenus par l’administration SS du camp.

Anne-Marie décède à Rochefort le 2 septembre 1988.

La mention “Mort en déportation” est portée sur les actes de décès de Camille Ranaudie (J.O. du 14-12-1997).

Notes :

[1] Charente-Maritime : département dénommé “Charente-Inférieure” jusqu’en septembre 1941.

[2] AsnièresNanterre et la Garenne-Colombes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes industrielles de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[3] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).

Sources :

- Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, tome 40, page 52.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 380 et 418.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Archives départementales de la Charente Maritime, archives en ligne : état civil de Tonnay-Charente, registre des naissances 1896-1900 (2E 472/38), année 1897, acte n°103 (vue 59/150) ; registre des matricules militaires, bureau de La Rochelle, classe 1917 (1 R 455), n° 718 (vue 336/754.
- Archives de la préfecture de police (Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “Occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374), liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; dossiers de la BS1 (GB 52), n° 157, « affaire Renaudie », 23-02-1941.
- Henri Hannart, Un épisode des années 40, Matricule : F 45652 (les intérêts de certains ont fait le malheur des autres), trois cahiers (1941-1942) dactylographiés par son fils Claude.
- Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), Paris ; liste XLI-42, n° 155.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1002 (1719/1943).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 1260-1261.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-10-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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