Emmanuel ROSENBLATT – 46306

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Emmanuel Rosenblatt naît le 18 mars 1913 à Dorohoi (Roumanie).

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 4, place Saint-Sauveur à Caen (Calvados).

Emmanuel Rosenblatt est ingénieur chimiste.

Le 27 février 1942, son nom figure sur une liste de 34 Juifs domiciliés dans la région du Calvados et de la Manche transmise par le SS-Hauptsturmführer Müller au SS-Obersturmführer Dannecker, à Paris. La note accompagnant cette liste précise qu’il est prévu d’arrêter 100 hommes juifs âgés entre 18 et 65 ans aux alentours de Caen afin de les interner, sans que la date d’arrestation ni le camp d’internement ne soient mentionnés.

Dans la nuit du 1er au 2 mai 1942, Emmanuel Rosenblatt est arrêté à son domicile par la police française : il figure comme Juif sur une liste d’arrestations demandées par la Feldkommandantur 723 de Caen à la suite du déraillement de Moult-Argences (Airan) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]. Le soir, il est conduit à la Maison centrale de la Maladrerie à Caen.

Caen, la maison centrale de la Maladrerie dans les années 1900. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Caen, la maison centrale de la Maladrerie dans les années 1900.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 3 mai, remis aux autorités d’occupation, il est emmené au “petit lycée” où sont rassemblés les otages du Calvados et où ils passent la nuit.

Le 4 mai, il est relâché.

Puis est arrêté de nouveau le 8, probablement par la police allemande. Il est rapidement transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Entre début mai et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Emmanuel Rosenblatt est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46306 ; les cinquante otages déportés comme Juifs ont reçu les matricules de 46267 à 46316 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le n° 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Emmanuel Rosenblatt.

Il meurt à Auschwitz le 16 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; cinq semaines après l’arrivée de son convoi [2].

Le 26 août 1987, à Caen, suite aux démarches de David Badache, rescapé caennais du convoi (matr. 46267), est inaugurée une stèle apposée par la municipalité sur la façade de l’ex-Petit Lycée, côté esplanade Jean-Marie Louvel, en hommage aux otages déportés le 6 juillet 1942.

Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005). De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés
de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005).
De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

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Inscrit sur le Mur des noms…

Le nom d’Emmanuel Rosenblatt est inscrit sur la plaque commémorative dévoilée le 19 décembre 2008 sur le pignon de l’ex-Petit Lycée de Caen, côté avenue Albert Sorel, afin de rendre hommage à tous les otages calvadosiens déportés suite à la répression de mai 1942.

© Photo Mémoire Vive.

© Photo Mémoire Vive.

Notes :

[1] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.

Au soir du deuxième attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage.

Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet du Calvados ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht (Feldgendarmes).

Au total plus de la moitié des détenus de ce début mai sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste. Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités). Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.

Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe de Caen, alors siège de la Feldkommandantur 723 (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).

Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés au fort du Mont-Valérien, sur la commune de Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont encore fusillés à Caen.

La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).

[2] La surmortalité des détenus juifs ayant intégré le complexe d’Auschwitz-Birkenau : Quarante jours après l’arrivée des “45000” – soit le 18 août 1942 au matin – sur les cinquante déportés juifs enregistrés comme tels dans le camp, 34 ont perdu la vie, soit 68 % de leur groupe. À la même date, les 142 déportés décédés appartenant aux autres catégories d’otages du convoi représentent 13 % de leur effectif. Cette disproportion statistique rend compte de la persécution antisémite interne au camp, notamment sous forme de violences ciblées perpétrées par des cadres détenus polonais ou allemands (kapos, sur les chantiers, chefs de Block).

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001 : notice par Claudine Cardon-Hamet page 125.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74 et 75, 145 et 146, 361 et 419.
- Jean Quellien, Résistance et sabotages en Normandie, Le Maastricht-Chebourg déraille à Airan, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, réédition 2004 ; liste page 137.
- Yves Lecouturier, Shoah en Normandie, 1940-1944, éditions Cheminements, Le-Coudray-Macouard (Maine-et-Loire), mai 2004, pages 115-118, p. 148, liste p. 246.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1021 (21054/1942).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, résultat obtenu avec le moteur de recherche : document LXV-9a.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-09-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Jean ROMANET – 46068

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne. Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Jean Armand Louis Léon Romanet naît le 23 février 1905 à Paris 4e, chez ses parents, Léonard Romanet, 36 ans, facteur des Postes, et Marie Louise Duprat, 27 ans, son épouse, domiciliés au 17 rue de Jouy ; tous deux seront décédés au moment de son arrestation.

De la classe 1925 et du 2e bureau de recrutement de la Seine, il effectue son service militaire au 25e régiment du Train des équipage (transport automobile).

Jean Romanet commence à travailler comme serrurier. Pendant un temps, il habite au 4, rue Sauval à Paris 1er, près des Halles.

Au cours de la guerre d’Espagne, il s’engage dans les Brigades internationales pour défendre la République espagnole contre la rébellion du général Franco soutenue militairement par Hitler et Mussolini. Jean Romanet franchit seul la frontière le 29 novembre 1936. Il est affecté à la 14e brigade.

Il est blessé le 20 février 1937. Il est resté en Espagne pendant deux ans.

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Insigne de l’Association des volontaires pour l’Espagne républicaine, ayant appartenu à Christophe Le Meur. Produit entre la mi-1938 et la mi-1939. Coll. André Le Breton.

Insigne de l’Association des volontaires
pour l’Espagne républicaine,
ayant appartenu à Christophe Le Meur.
Produit entre la mi-1938 et la mi-1939.
Coll. André Le Breton.

Au retour, il est hébergé par Eugène Baudoin, domicilié au 1, rue du chemin de fer à Villiers-sur-Marne [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine-et-Oise / Val-de-Marne). Jean Romanet vit alors de subsides du Comité d’aide aux Anciens combattants d’Espagne.

Pendant une période restant à préciser, il travaille comme chauffeur pour la Centrale Sanitaire Internationale (?).

Mobilisé dès le 3 septembre 1939 comme 2e classe à la 772e compagnie auto du 19e régiment du train, il est affecté comme conducteur à l’ACL 222 (ambulance chirurgicale légère… ou lourde) du Corps d’Armée colonial, engagée du 19 septembre jusqu’à la fin des hostilités (peut-être un véhicule TUB Citroën…).

Le 11 juin 1940, à Verte-Voyes (à Sainte-Menehould ?), lors d’un bombardement aérien, après avoir porté secours à un de ses officiers, il est « enterré vivant » et grièvement blessé à la colonne vertébrale. Il est évacué vers l’arrière. Son supérieur, médecin-commandant, le propose pour la Croix de guerre, avec citation à l’ordre du corps d’armée (« …volontaire durant toute la campagne pour toute mission présentant quelque danger »).

De retour à Villiers le 1er août, après sa démobilisation, Jean Romanet est hébergé au 11, avenue des Luats par Eugénie Pelletier, veuve d’un militant décédé peu avant la guerre et qui était secrétaire de la cellule du quartier (lotissement de petits pavillons). Ils se mettent en ménage. Lui est considéré comme un chauffeur au chômage.

Selon la police française, Jean Romanet va fréquemment à Paris et y séjourne parfois, ce qui rend sa surveillance difficile. Il rend régulièrement visite à Julien Dechambre, cordonnier, autre militant connu de Villiers.

Le 7 novembre 1940, en raison de ses antécédents politiques et de ceux de son amie, Jean Romanet est convoqué au commissariat de circonscription de Chennevières-sur-Marne pour y faire l’objet d’un avertissement officiel : « au cas où il serait procédé sur le territoire de la commune de Villiers-sur-Marne à des distributions ou jets de tracts, à apposition d’affiches ou encore à toute autre propagande clandestine en faveur du parti communiste dissous, il en sera considéré comme responsable et immédiatement appréhendé ». Lecture faite, Jean Romanet refuse de signer le procès-verbal de notification.

Le 12 novembre, le commissaire remplit un formulaire de « notice individuelle à établir au moment de l’arrestation ». Au « résumé des motifs », le fonctionnaire de police écrit : « Sera appréhendé et conduit au centre de séjour surveillé d’Aincourt, conformément aux prescriptions de l’arrêté préfectoral du 19 octobre 1940, à la suite de la distribution de tracts communistes [2].

Le 24 novembre, le préfet de Seine-et-Oise signe un arrêté ordonnant l’assignation à résidence sur le territoire de leur commune de domicile de 1097 « individus dangereux pour la Défense nationale et la sécurité publique », selon les termes du décret du 18 novembre 1939 ; parmi ceux-ci, Jean Romanet, convoqué le lendemain au commissariat de Chennevières pour en prendre connaissance.

Le 30 décembre, il est arrêté par des policiers de Chennevières à la suite d’une nouvelle distribution de tracts dans son quartier.

Le lendemain, 31 décembre, il est conduit au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois d’octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Dès le 7 janvier 1941, Eugénie Pelletier écrit au préfet de Seine-et-Oise pour lui demander « d’examiner de près ce cas et de faire revenir au plus tôt Monsieur Romanet à son foyer », en pointant une contradiction : « Il est assez difficile de comprendre comment on peut être en même temps un individu dangereux pour la défense nationale [selon les termes du décret] et un héros », comme en témoigne sa conduite au combat. Elle utilise les termes d’« arrestation préventive ».

Le 14 janvier, Jean Romanet lui-même écrit commissaire de police spécial qui commande le camp afin de demander sa libération. « Certes, j’ai appartenu au Parti communiste français jusqu’à sa dissolution, c’est-à-dire tout ce qui a été légal. Pendant ce temps, je n’y ai d’ailleurs pas milité, toute mon activité étant réservée à la Centrale sanitaire internationale à laquelle je travaillais comme chauffeur. Depuis, respectueux de la légalité et de ses décrets-lois, aucun acte répréhensible n’a pu m’être reproché ». Et il rappelle ses états de service au cours du dernier conflit militaire.

Le 28 janvier, Jean Romanet signe le procès-verbal de notification de l’arrêté d’internement que lui présente – enfin – le commandant du camp (la préfecture ayant établi ce document le 17 janvier…).

Le 18 mars, Eugénie Pelletier écrit de nouveau au préfet de Seine-et-Oise pour solliciter une demande de libération de son compagnon, formulée à peu près dans les mêmes termes que la précédente.

Selon le commandant du camp : « Romanet est un communiste certain qui [entretient] avec les habitants de Villiers-sur-Marne une correspondance qui ne [laisse] aucun doute sur ses opinions » ; le courrier des internés passe systématiquement à la censure…

Conçus à l’origine pour 150 malades, les locaux du camp sont rapidement surpeuplés : en janvier 1941, on compte 600 présents, et jusqu’à 667 au début de juin.

Le 27 juin, Jean Romanet est inscrit et “pointé” sur une liste de 88 internés communistes de Seine-et-Oise – dont 32 futurs “45000” – remis aux “autorités d’occupation” et conduits à l’Hôtel Matignon, à Paris, – alors siège de la Geheime Feldpolizei – où ils rejoignent des hommes appréhendés le jour même dans les départements de la Seine-et-Oise et de la Seine par la police française en application d’arrêtés d’internement administratifs [3]. Tous sont ensuite menés au Fort de Romainville (sur la commune des Lilas, Seine / Seine-Saint-Denis – 93), alors camp allemand, élément du Frontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp [4].

Le fort de Romainville dans les années 1920. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le fort de Romainville dans les années 1920. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Trois jours plus tard, les hommes rassemblés sont conduits à la gare du Bourget (93) et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Ils sont parmi les premiers détenus qui inaugurent ce camp créé pour les « ennemis actifs du Reich ».

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Cependant, le 11 juillet, le commandant du camp d’Aincourt transmet au cabinet du préfet de Seine-et-Oise « cinq notices individuelles concernant des internés mis à la disposition des autorités allemandes le 29 juillet 1941 » [sic], dont celles d’André Mortureux et Jean Romanet. Concernant le mois, il s’agit d’une faute de saisie, puisqu’un tampon date la réception de ce courrier au 12 juillet. Mais un secrétaire a-t-il également commis une erreur sur la transcription du jour… ?

Neuf mois plus tard, le 25 mars 1942, le préfet de Seine-et-Oise transmet au Conseiller supérieur d’administration de guerre [sic] de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud une liste d’anciens internés d’Aincourt à la libération desquels il oppose un avis défavorable – « renseignements et avis formulés tant par [ses] services de police que par le directeur du centre de séjour surveillé » ; liste accompagnée de « notes » individuelles avec copie traduite en allemand, dont celle concernant Jean Romanet.

Entre fin avril et fin juin 1942, celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Jean Romanet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46068 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Jean Romanet se déclare alors “sans religion” (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Jean Romanet est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Jean Romanet meurt à Auschwitz le 11 février 1943, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) et une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 46068 (ce local de regroupement temporaire des cadavres est situé au sous-sol du Block 28).

Le 20 août 1945, il est porté décédé sur une liste établie pour la municipalité de Villiers-sur-Marne ; le fait est donc connu dès cette date.

Il est le seul “45000” de Villiers-sur-Marne.

Notes :

[1] Villiers-sur-Marne : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] L’arrêté préfectoral du 19 octobre 1940 :


CABINET du PRÉFET de SEINE-et-OISE

Versailles, le 19 octobre 1940

Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, OFFICIER de la LÉGION d’HONNEUR,

Vu le décret-loi du 26 septembre 1939 ;

Vu la loi du 3 septembre 1940 ;

Considérant que la diffusion de tracts est interdite par les ordonnances des autorités d’occupation et par les lois françaises et qu’elle est, à ce double titre, illégale ;

Considérant que ces tracts sont d’inspiration communiste et que leur diffusion ne peut avoir lieu qu’avec la complicité de militants du parti, ainsi que l’ont prouvé de nombreuses perquisitions domiciliaires ;

ARRÊTE :

Article 1er. – Toute découverte de tracts à caractère communiste sur le territoire d’une commune du département de Seine-et-Oise entraînera l’internement administratif immédiat d’un ou de plusieurs militants communistes notoirement connus résidant sur le territoire de cette commune, sans préjudice des poursuites judiciaires dûment engagées.

Article 1er. – MM. le Secrétaire Général de la Préfecture pour la Police, les Sous-Préfets, le Directeur de la Police d’État, le Chef d’Escadron, Commandant la Compagnie de Gendarmerie de Seine-et-Oise, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.

Fait à Versailles, le 19 octobre 1940.

Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, signé : Marc CHEVALIER

Pour ampliation, Le Sous-Préfet, Directeur du Cabinet.


[3] Les 88 internés de Seine-et-Oise. Le 26 juin 1941, la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud transmet au préfet du département de Seine-et-Oise – « police d’État » -, cinq listes pour que celui-ci fasse procéder dès le lendemain à l’arrestation de ressortissants soviétiques ou de nationalité russe ancienne ou actuelle, dont 90 juifs, et de républicains espagnols en exil, soit 154 personnes. La sixième catégorie de personnes à arrêter doit être constituée de « Différents communistes actifs que vous désignerez » (aucune liste n’étant fournie). Tous doivent être remis à la Geheime Feldpolizei, à l’Hôtel Matignon, à Paris.

Si aucun autre document n’atteste du contraire, c’est donc bien la préfecture de Seine-et-Oise qui établit, de sa propre autorité, une liste de 88 militants communistes du département à extraire du camp d’Aincourt.

Le 27 juin, le commandant du camp écrit au préfet de Seine-Et-Oise pour lui « rendre compte que 70 internés[du département] ont été dirigés aujourd’hui dans la matinée sur le commissariat central de Versailles et que 18 autres internés ont été dirigés dans le courant de l’après-midi à l’Hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes d’occupation. Le départ de ces internés s’est déroulé sans incident. » Les listes connues à ce jour ne distinguent pas les deux groupes et réunissent les 88 internés.

Le 29 juin, l’inspecteur de police nationale commandant l’escorte conduisant le contingent de 70 détenus à Versailles, rend compte que le commissaire divisionnaire lui a ordonné de poursuivre son convoyage « jusqu’à l’Hôtel Matignon, à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei. En passant à Billancourt, quelques internés du premier car ont montré le poing et des ouvriers qui allaient prendre leur travail ont répondu par le même geste. J’ai immédiatement donné des ordres aux gardiens pour que les internés rentrent leurs bras.

À mon arrivée à Paris, je me suis trouvé en présence d’une quinzaine de cars remplis de prisonniers ayant la même destination que les internés d’Aincourt et j’ai dû prendre la suite.

Le formalités d’immatriculation étant assez longues, j’ai dû attendre mon tour ; l’opération a commencé à 18 heures et s’est terminée à 19h15 ; je n’ai pu faire la remise que de 38 internés sur 88 venus d’Aincourt. En raison de l’heure, le chef de bureau de la Feldpolizei m’a fait savoir qu’il recommencerait l’immatriculation le lendemain matin à 8h15, d’avoir à revenir à cette heure-là. J’ai rassemblé les 50 internés restant dans les deux cars et ai libéré les camionnettes et les gardiens disponibles.

Je me suis aussitôt mis en rapport avec la préfecture de Seine-et-Oise afin de savoir où je devais conduire, pour passer la nuit, les 50 internés. Une heure après, je recevais l’ordre de les conduire au Dépôt, 4 quai de l’Horloge, et de continuer ma mission le lendemain matin. Cette formalité étant remplie, j’ai renvoyé les cars et le personnel à Versailles.

Le 28 juin, à 7 heures, j’ai continué ma mission qui a pris fin à 11 heures. Cette escorte s’est déroulée sans autre incident. »

[4] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, témoignage d’Henri Rollin : «  Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention «  communiste  », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 389 et 419.
- Raymond Montégut (45892), « Arbeit macht Frei », Éditions du Paroi (imprimeur), juin 1973, Recloses, Ury (77), page 232.
- Archives municipales de Villiers-sur-Marne, recherches conduites par Catherine Bluard.
- Dossiers des brigades internationales dans les archives du Komintern, fonds du Centre russe pour la conservation des archives en histoire politique et sociale (RGASPI), Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), campus de l’Université de Paris X-Nanterre, microfilms acquis par la BDIC et l’AVER-ACER, bobine cote Mfm 880/48 (545.2.292).
- Archives départementales des Yvelines et de l’ancien département de Seine-et-Oise (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt ; bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise (1W69), relations avec les autorités allemandes (1W76, 1W80), notice individuelle (1W150), (1W142, 1W277).
- Liste des 88 internés d’Aincourt (domiciliés dans l’ancien département de Seine-et-Oise) remis les 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation, et liste Internés de Seine-et-Oise à la suite d’une mesure prise par le préfet de ce département, ayant quitté le centre d’Aincourt, copies de documents des AD 78 communiquées par Fernand Devaux (03 et 11-2007).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1013 (6651/1943).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 4-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Henri ROLLAND – 46067

JPEG - 78.2 ko
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Henri, Joseph, Marie, Rolland naît le 18 décembre 1922 à Paris 11e, fils de Joseph Marie Rolland, 22 ans, et d’Agnès Kerguen.

Le 30 janvier 1918 à Lorient (Morbihan), son père s’était engagé volontairement pour trois ans comme apprenti-marin au 3e dépôt des équipages de la Flotte. Le 21 septembre, il passait matelot de 2e classe-gabier, navigant sur les croiseurs cuirassés Le Gueydon et Le Montcalm, puis sur l’aviso Le Duperré. Le 30 janvier 1921, renvoyé dans ses foyers, il se retirait chez ses parents, au lieu-dit Kernantec à Baud (Morbihan).

En décembre 1923, la famille habite au 5, passage Courtois à Paris 11e. En février 1925, elle a déménagé au 25 rue du Four, à Saint-Maur (Seine / Val-de-Marne). En septembre 1930, elle loge au 3, rue des Braves, à Montreuil-sous-Bois (Seine / Seine-Saint-Denis – 93). En juillet 1935, elle demeure au 101, rue Fontaine à Fontenay-sous-Bois (93).

À partir de 1937 et jusqu’au moment de son arrestation, Henri Rolland continue à habiter chez ses parents au 78, rue des Amandiers à Paris 20e, vers la rue Élisa-Borey. Il est célibataire (il a 18 ans…).

Henri Rolland travaille comme jardinier.

Le 1er décembre 1937, âgé de 15 ans, il est appréhendé pour un vol de bicyclette, puis envoyé en “maison de redressement”. Un an plus tard, il est rendu à ses parents à leur demande et ne se fait plus ensuite remarquer par la police.

À partir de janvier 1941, il travaille à Étampes (Seine-et-Oise / Essonne), pour le compte des autorités allemandes, probablement comme  manœuvre.

Il est membre des Jeunesses communistes.

Le 28 juin 1941, il est arrêté par des agents de police du commissariat de quartier de la Folie-Méricourt « en flagrant délit de distribution de tracts » ; accompagné d’un camarade plus jeune, étudiant, il lançait des poignées de tracts communistes sur la voie publique. Le 30 juin, inculpés d’infraction au décret du 26-09-1939 (dissolution et interdiction du PC), ils sont conduits au Dépôt de la préfecture de police (au sous-sol de la Conciergerie, île de la Cité), à disposition du procureur de la République. Puis Henri Rolland est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris 14e.

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Le 21 août, la chambre des mineurs (15e) du Tribunal correctionnel de la Seine le condamne à six mois d’emprisonnement.

Le 30 septembre, il est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne), probablement dans le quartier des mineurs, puis à la Maison centrale de Poissy (Yvelines).

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Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au cours du mois de novembre, en « exécution de la note préfectorale » du 14 novembre 1940, le directeur de la prison transmet au bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise onze notices de détenus de la Seine devant être libérés à l’expiration de leur peine au cours du mois suivant. Le 22 novembre, le préfet de Seine-et-Oise transmet le dossier au préfet de police de Paris, direction des services de Renseignements généraux. Le 1er décembre, le préfet de police demande au directeur de la Maison centrale de maintenir en détention treize prisonniers, dont Henri Rolland (neuf seront déportés le 6 juillet 1942).

À l’expiration de sa peine, le 7 décembre, il n’est pas libéré, mais reste en prison avec un statut de “détenu administratif”.

Le 13 février 1942, Henri Rolland est dans un groupe de vingt-quatre « militants communistes » – composé pour moitié de futurs “45000” – transférés au dépôt de la préfecture de police. Le 26 mars 1942, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, officialisant la situation.

Le 16 avril, Henri Rolland fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir), où il est enregistré sous le matricule n° 95.

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Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943. © Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943.
© Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Le 10 mai 1942, il fait partie des 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

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Le camp vu depuis le mirador central. Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”) Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.

Le camp vu depuis le mirador central.
Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”)
Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.

Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Rolland est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Rolland est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46067 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Henri Rolland se déclare alors sans religion (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau – Henri Rolland est dans la moitié des membres du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

 Pendant un temps, il est assigné au Block 16, avec d’autres “45000”.

À une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies contagieuses (Block 20) de l’hôpital des détenus.

Il meurt à Auschwitz le 28 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) et une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, sur lequel est “listé” le matricule n° 46067 [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]. Il a 19 ans.

Une plaque commémorative a été apposée à sa dernière adresse, rue des Amandiers.

La mention « mort en déportation » a été ajoutée sur les actes d’état civil, avec une date de décès fictive [1] (arrêté du 14-12-2012 paru au JORF du 15-02-2013)

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant d’Henri Rolland, c’est le 12 juillet 1942 qui a été dernièrement retenu pour certifier son décès, résultat d’un simple calcul administratif ajoutant six jours à la date connue du départ de son convoi (arrêté du 14 décembre 2012 paru au JORF du 15/02/2013). Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 374 et 419.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, fichier central, Caen.
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : carton “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel des RG (77 W 1694-89065).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise (1W69).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1013 (25497/1942).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre de détenus du Block 16 (sans date).
- Site Les plaques commémoratives, sources de mémoire (aujourd’hui désactivé – nov. 2013).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Robert ROINÉ – (46066 ?)

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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz, le 8 juillet 1942
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés
Robert, Victor, Jean, Roiné naît le 12 janvier 1906 à Dinard (Ille-et-Vilaine), chez ses parents, Louis Roiné, 22 ans, électricien, et Victoria Laforge, 22 ans, domiciliés au lieu dit Saint-Alexandre.

En 1930, Robert Roiné habite au 22, rue de la Gaffe au Havre (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] – 76), débouchant sur le quai de Southampton, près de la Grande Douane, et travaille alors comme navigateur.

Le 14 novembre 1930 au Havre (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [1] – 76), Robert Roiné se marie avec Julienne Renée Auberville, née le 19 avril 1912 dans cette ville.

Il devient ouvrier métallurgiste.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au Plessis-Brion, au sud de Tourotte (Oise), sur la rive droite de la rivière ; à moins que ce soit l’endroit où se réfugie ensuite sa compagne.
À des dates et pour un motif restant à préciser, il est arrêté puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne [2] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 –Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Robert Roiné est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46066 selon les listes reconstituées ; La photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée avec certitude à ce jour.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Robert Roiné.

Robert Roiné meurt à Auschwitz le 21 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique  « pleurésie » (Rippenfellentzündung) pour cause mensongère de sa mort.

Le 30 mars 1948, la mention décédé à Auschwitz courant octobre 1942 est inscrite en marge de l’acte de naissance,

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 19-05-1998).

Julienne Roiné décède le 12 mai 2000 à Compiègne.

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp C est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis – 93).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 376 et 419.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1012.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministères des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de L à R (26 p 842), acte n° 23321/1942.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-05-2020)

Cette notice biographique doit- être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Édouard, André, ROGUET – (46065 ?)

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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Édouard, André, Louis, Roguet naît le 2 août 1891 à Romorantin (Loir-et-Cher – 41), chez ses parents, Édouard Roguet, 25 ans, ouvrier (tisseur en drap) aux Tissages Normant et libre penseur, et de Marie-Louise Feuillet, 25 ans, confectionneuse, son épouse. Les témoins pour l’inscription du nouveau-né à l’état civil sont deux sabotiers.

André Roguet est élève du collège (?) de Romorantin puis, après avoir obtenu son Certificat d’études, travaille comme rattacheur à la même usine que son père (textile ; chez Normant ?) ; il se déclare également comme cardeur en laine.

À dix-huit ans, il part travailler à Paris où il devient ouvrier paveur, habitant dans le 18e arrondissement.

Il adhère au Parti socialiste ainsi qu’à la CGT.

D’abord classé comme soutien indispensable de famille fin août 1912, André Roguet est incorporé comme soldat de 2e classe au  113e régiment d’infanterie afin d’y accomplir son service militaire. Le 9 novembre 1913, il est nommé soldat de 1ère classe. Le décret de mobilisation générale est promulgué le 1er août 1914. Le 5 août le 113e R.I. part « en campagne ». Le 14 septembre, André Roguet est évacué. Le 22 janvier 1915, il repart au front. Un mois plus tard, le 22 février, en forêt d’Argonne (entre Ardennes, Marne et Meuse) – dans le ravin des Meurissons ? -, il est porté disparu. Fait prisonnier, il est interné à Giessen, en Allemagne. Le 29 décembre 1918, il est rapatrié. Le 14 février 1919, il passe à la 5e section de commis et ouvrier d’administration (C.O.A.). Le 16 août suivant, il est mis en congé illimité de démobilisation et se retire à Romorantin, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Le 26 avril 1919, à Romorantin, Édouard, André, Roguet épouse Marie Rose Couvret, née le 25 juillet 1900, dans cette ville ; ils auront deux fils, Robert et Claude.

Il travaille comme gardien au camp de l’armée de l’Air de Pruniers à Romorantin (?), puis retourne (?) comme ouvrier tisseur (cordier ?) aux Établissements Normant où il reste jusqu’en 1938.

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Carte postale. Collection Mémoire Vive.
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Romorantin. Manufacture Hayem et Normant.
Carte postale non datée. Coll. Mémoire Vive.

Au moment de son arrestation, il est domicilié rue du Progrès à Romorantin : plus tard, son épouse habitera rue des Champs-Ragots (peut-être avec le père d’Édouard).

Responsable, dans les année 1930, du syndicat de son entreprise, André Roguet assure les secrétariats du syndicat CGTU du Textile de Romorantin et de l’Union locale CGTU.

Membre de la section socialiste locale à Romorantin, il se prononce en faveur de l’adhésion à la IIIe Internationale. Sa section rallie la section française de l’internationale communiste (SFIC) à l’unanimité. En 1923, après le départ de Giraudet, André Roguet prend la tête de la section communiste. En 1926, il fait partie du comité fédéral du Loir-et-Cher ainsi que du comité régional du PC. En 1930, la cellule de Romorantin, dont il est alors secrétaire, compterait 35 à 40 cotisants et 100 sympathisants environ. Il est alors signalé comme destinataire de journaux antimilitaristes tels que Le Conscrit ou Le Libéré.

En 1932, secrétaire du rayon de Romorantin, qui regroupe sept cellules et 150 adhérents, et secrétaire trésorier de la cellule des adultes de Romorantin groupant trente adhérents, André Roguet se présente aux élections législatives dans la circonscription de Romorantin, où il obtient 340 voix sur 16 302 votants au 1er tour, 85 au second tour. Candidat aux élections municipales partielles d’avril 1933, il recueille 257 voix sur 1524 suffrages exprimés.

Le 12 février 1934 il est l’organisateur des manifestations antifascistes à Romorantin. En 1935, il est l’animateur de la grève des établissements Normant, où il a su maintenir un noyau syndical CGTU important, et est un des signataires des accords avec la direction. Cette même année, il brigue encore en vain un siège de conseiller municipal.

En mars 1936, délégué au congrès de réunification syndicale de Toulouse, André Roguet est élu, à son retour, secrétaire du syndicat CGT de l’usine Normant et trésorier de l’Union locale, assurant cette dernière fonction jusqu’en 1940. En juin 1936, il organise la lutte revendicative dans son établissement puis signe en octobre un contrat collectif avec la direction.

En avril 1937, il devient secrétaire du syndicat CGT des ouvriers et ouvrières en drap de Romorantin et le demeure jusqu’en avril 1938. En juin 1937, il est délégué au congrès de la Fédération du Textile à Paris.

Candidat au conseil général en octobre 1937 pour le canton de Romorantin, il obtient 254 voix au 1er tour sur 3 789 suffrages exprimés, puis se désiste pour le socialiste Beaugrand.

Le 20 avril 1938, il entre à l’entrepôt de matériel de l’armée de l’Air de Pruniers, et devient secrétaire CGT des ouvriers de l’entrepôt de l’Air, membre du bureau et trésorier de l’Union locale de Romorantin.

Le 23 mai 1940, ne voulant pas se désolidariser de l’action du Parti communiste, André Roguet est licencié du camp de Pruniers. Il est également radié du conseil des Prud’hommes.

En juin 1940, son domicile est perquisitionné, puis il est arrêté comme communiste, emprisonné à Chaon (Loir-et-Cher) puis à Nantua (Ain). Il s’évade et revient à Romorantin en septembre 1940. Il travaille quelque temps aux services municipaux de la ville, comme manœuvre, puis dans deux entreprises romorantinaises. Juste avant son arrestation, il travaille au camp de Pruniers (déclaré comme paveur).

Il s’efforce de reconstituer clandestinement le PC avec Bernard Paumier (le jeune frère de celui-ci, Clotaire, sera arrêté à sa place et déporté lui aussi à Auschwitz). En décembre 1940, André Roguet appartient à la nouvelle direction régionale clandestine du parti et contribue, plus tard, à jeter les bases à Romorantin des premiers groupes armés de FTP.

Le 30 avril 1942, à Romorantin, cinq résistants communistes sont découverts par des soldats allemands alors qu’ils distribuent des tracts à hauteur du 42 rue des Limousins. Armés, ils ne se laissent pas arrêter et blessent les soldats dont un sous-officier qui succombe à ses blessures. Les mesures de représailles prévoient l’exécution immédiate de dix communistes, Juifs et de proches des auteurs présumés. Vingt autres personnes doivent être exécutées si au bout de huit jours les « malfaiteurs » ne sont pas arrêtés. Des rafles ont lieu afin de pouvoir « transférer d’autres personnes vers l’Est, dans les camps de travaux forcés. » Un barrage est érigé autour de la ville.

Le lendemain 1er mai, dans la nuit, André Roguet est arrêté à son domicile par la Feldgendarmerie et la gendarmerie française ; il est pris comme otage avec quatre autres Romorantinais et un habitant de Pruniers qui seront déportés avec lui. Après avoir été conduit à la Maison d’arrêt d’Orléans, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

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La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 16 juillet, sa famille reçoit l’avis imprimé envoyé par l’administration militaire de Royallieu pour l’informer qu’il a été transféré dans un autre camp et qu’elle sera prévenue ultérieurement de sa nouvelle adresse.

Le 8 juillet 1942, André Roguet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46065, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté André Roguet.

Il meurt à Auschwitz le 24 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1].

Le préfet du Loir-et-Cher et le maire de Romorantin tentent en vain d’obtenir la libération des « otages de Romorantin ». Ce n’est que le 20 décembre 1943 qu’ils apprennent que Moïse Bodin, Octave Hervault, Gustave Crochet, Daniel Pesson, Isidore Petat et Edouard Roguet ont été « transférés vers un camp en Allemagne ».

Le 4 octobre 1945, la mairie de Romorantin considère André Roguet comme « présumé mort à Ausswick ».

André Roguet est décoré, à titre posthume, de la Médaille de la Résistance, de la Médaille militaire et de la Croix de guerre avec palme.

Son nom est inscrit sur les Monuments aux morts de Romorantin-Lantenay, situés quai de l’île Marin et dans le vieux cimetière.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 19-05-1998).

Ses deux fils deviennent militants communistes : l’un deux, Robert, est secrétaire de la Fédération communiste du Loir-et-Cher de 1950 à 1957.

Le 28 janvier  2015, La Nouvelle République du Loir-et-Cher, à la rubrique de Romorantin-Lanthenay, publie un article dans lequel Claude Roguet, interviewé et photographié à l’occasion de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz, témoigne du destin de son père.

Sources :

- Thérèse Burel, notice in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières, CD-rom, version 1990-1997, citant : Arch. Dép. Loir-et-Cher, série M, élections – Le Solognot, puis Le Populaire de Loir-et-Cher – L’Avant-garde – Le Travailleur – L. Jardel et R. Casas, La Résistance en Loir-et-Cher, Librairie de la Loire – Rens. fournis par R. Roguet, K. Loustau et G. Larcade.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 364 et 419.
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : XLIII-89 (télégramme non daté du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), signé par Carl Heinrich von Stülpnagel.
- Archives communales de Romorantin (acte de décès, correspondance du maire et du préfet, listes…).
- Archives départementales du Loir-et-Cher (AD 41) : fiche d’arrestation d’André Roguet, dossier 889 (1375 W 64), fichier alphabétique des déportés du CRSGM (56 J 5) ; site internet du conseil général, archives en ligne ; registres des naissances de Romorantin 1884-1896 (1 MIEC 194 R6), année 1891, acte n° 86 (vue 368/622) ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement de Blois, classe 1911 (2 MI 48/R115), matricule 575 (vue 122/731).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1011 (24554/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 41-Romorantin, relevés de Sandrine-Fleur Curtil (2002) et Éric Reimond (08-2006).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant André Roguet, c’est le mois de novembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès.

Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

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René ROBIN – 46064

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Ville d’Ivry-sur-Seine, archives communales.

René, Émile, ROBIN naît le 18 août 1899 à Paris 12e, fils de Jules Robin, 36 ans, vannier, et de Julie Bertrand, son épouse, 35 ans, domiciliés au 9, rue Sepeu (?).

Pendant un temps, René Robin habite chez ses parents passage Stinville à Paris 6e. Il commence à travailler comme ajusteur mécanicien.

Le 15 avril 1918, il est mobilisé comme soldat de 2e classe au 20e bataillon de chasseurs. Le 28 janvier 1919, il passe au 20e escadron du train. Le 12 septembre 1920, il passe à la section de marche d’infanterie et part au Maroc en guerre. Il est rapatrié le 6 février 1921. Le 29 mars suivant, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En 1921 ou 1922, il adhère au Parti communiste. Militant, il vend L’Humanité, assiste aux réunions de cellule, aux conférences politiques, aux fêtes artistiques ou sportives organisées par le PC.
Le 23 décembre 1922, à la mairie du 12e arrondissement de Paris, il épouse Lucienne Pesle, née le 5 avril 1901 à Choisy-le-Roi [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], laquelle se déclare confectionneuse. Ils n’auront pas d’enfant.Le couple s’installe dans le logement du père de Lucienne, qui habite alors au 51, passage Montgallet (Paris 13e).
En 1926, Lucienne est membre de la cellule n° 1143 du 3e rayon de la région parisienne du Parti communiste.Le 20 décembre 1927, René Robin fait l’objet d’un courrier de la police judiciaire le désignant comme suspect en notifiant qu’il est en relation avec Enrico Lundi, dit « Oreste » (?). Le 28 janvier suivant (1928), René Robin fait l’objet d’un rapport des Renseignements généraux de la préfecture de police (RG) indiquant qu’il est membre de l’Union syndicale des travailleurs de la Métallurgie, voiture-aviation et maréchalerie de la région parisienne (section de la Mécanique), affiliée à la Fédération unitaire des Métaux. D’autre part, il appartient au sous-rayon du 12e arrondissement du 3e rayon de la région parisienne du Parti communiste. À son domicile, il reçoit notamment le militant communiste Marc B., inculpé dans une affaire de meurtre puis acquitté en mai 1926, qui a fait partie de la délégation française qui s’est rendue en URSS à l’occasion du 10e anniversaire de la Révolution.

Ajusteur mécanicien, l’engagement militant de René Robin l’oblige à travailler successivement dans différentes entreprises : il est licencié de chez Panhard à la suite d’une action revendicative menée un 1er mai.

Le 5 mai 1930, Lucienne Robin fait l’objet d’un rapport des RG. Habitant toujours chez son père avec René et toujours confectionneuse, elle est adhérente au Syndicat des travailleurs de l’Habillement de la Seine, ainsi qu’à la Fédération des locataires de la Seine.

En juillet 1931, le couple habite au 15, rue Poivez à Créteil (Seine / Val-de-Marne), un quartier de lotissements. Fin 1932, ils emménagent au 2 bis, rue Henri, toujours à Créteil. Cette année-là, Lucienne, qui a suivi une formation de comptable, se retrouve sans travail. Elle est alors trésorière du Comité de maintien et d’entraide aux travailleurs au chômage, siégeant au 41, Grande-Rue à Créteil. Par ailleurs, elle est passée membre du rayon d’Alfortville de la région Paris-Est du PC.

À partir de 1932, René Robin travaille à l’usine SKF d’Ivry (roulements à billes), sise au 37, rue Franklin à Ivry, où il devient secrétaire de la section syndicale CGT. En 1936, au cours des occupations d’usines, il y donne un concert pour les grévistes, déguisé en clown musical. Il possède également des talents de dessinateur.

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René Robin déguisé en clown

Il est un des secrétaires de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) sur la commune et membre du comité de section du Parti communiste, adhérent au Secours populaire de France et aux Amis de l’Union soviétique. Son épouse, Lucienne, qui est devenue assistante sociale, partage ses engagements et est secrétaire du Secours rouge international.

En novembre 1938, après l’échec du mouvement de grèves pour défendre les acquis du Front populaire, René Robin est licencié.

En juin 1939, le couple emménage dans les HBM [2] Parmentier, au 40 rue Marat (logt. 622) à Ivry-sur-Seine [1] (Seine / Val-de-Marne).

Au début de la guerre (septembre 1939), René Robin est brièvement mobilisé dans une section d’infirmiers militaires, à l’hôpital de campagne installé dans l’asile de Moisselles (? – Seine-et-Oise / Val-d’Oise). Le 3 octobre, il passe dans l’affectation spéciale au titre de la SKF, son ancienne entreprise. Le 29 janvier 1940, il est rayé de l’affectation spéciale par le général commandant la région militaire de Paris. Le 3 février, il arrive au dépôt d’artillerie 21, puis est affecté à la 102e batterie.

N’ayant pas été fait prisonnier, René Robin est démobilisé le 13 août 1940.

Il est rappelé à la SKF pendant un certain temps, puis des camarades lui trouvent un emploi dans une entreprise de plomberie (la Compagnie d’applications mécaniques, entreprise mentionnée sur sa fiche de travail d’Auschwitz ? – Arbeitskarte). En dernier lieu, il occupe un emploi d’aide-maçon à la Maison Passavy, rue du Parc à Ivry.

Sous l’Occupation, il est actif dans le Parti communiste clandestin sous le pseudonyme de “Paul” : avec sa femme, il glisse des tracts, la nuit, dans les boîtes aux lettres. Selon les Renseignements généraux, il fait parti du Comité populaire des travailleurs des métaux de la région parisienne.

Le 22 octobre 1940, il est «  signalé par Charenton » (le commissariat ?) « pour activités clandestines ». De son côté, Lucienne est responsable de l’Union des femmes françaises (“UFF”) clandestines pour le canton. Le couple subit au moins une perquisition domiciliaire. En novembre, ils organisent une manifestation entre la Kommandantur et la mairie (“délégation spéciale”) pour exiger du charbon.

Le 26 juin 1941, « à la suite d’informations concernant une reconstitution de comités révolutionnaires dans différentes usines et entreprises d’Ivry », deux inspecteurs de la Brigade spéciale n° 1 des RG se rendent au domicile de René Robin. Ils y sont reçu par Lucienne qui, après avoir d’abord nié toute activité clandestine, leur remet – avant le début d’une perquisition – « trois brochures récentes de propagande révolutionnaire […] dissimulées sous le plateau de la table de la salle à manger, ainsi qu’une feuille de papier gommé » (pouvant servir à confectionner des “papillons” autocollants) ; les brochures sont La Vie du Parti datée d’avril 1941 et Le parti communiste a vingt ans. René est interpellé sur un chantier de Gentilly (Seine / Val-de-Marne). Avant que les inspecteurs puissent intervenir, il réussit à avaler une feuille de papier annotée de très petit format qui se trouvait dans son porte-monnaie. Aux policiers, il déclare : « Vous ne saurez rien. » Néanmoins, fouillé, il est « trouvé en possession de notes manuscrites se rapportant à la propagande illégale ». La perquisition de son domicile effectuée en sa présence n’amène aucune autre découverte compromettante [3].

Il est conduit dans les locaux des RG à la préfecture de police où il est interrogé.

Le lendemain, le commissaire Cougoule des RG « attendu que l’activité du sieur Robin avait directement pour objet de propager les mots d’ordre émanant ou relevant de la IIIe Internationale communiste ou d’organismes contrôlés s’y rattachant », l’inculpe d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26-09-1939 « pour propagande clandestine et détention de matériel communiste destiné à celle-ci ». L’officier de police le fait conduire au dépôt (au sous-sol de la Conciergerie, île de la Cité) à disposition du procureur de la République. Puis René Robin est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé, Paris 14e, 3e division, cellule 53.

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée.
(montage photographique)

Le 20 août 1941, il comparaît – seul – devant la 12e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine qui le condamne à six mois d’emprisonnement.

Le 2 septembre, il est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes [1] (94), puis à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines).

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au cours du mois de novembre, en « exécution de la note préfectorale » du 14 novembre 1940, le directeur de la prison transmet au bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise onze notices de détenus de la Seine devant être libérés à l’expiration de leur peine au cours du mois suivant. Le 22 novembre, le préfet de Seine-et-Oise transmet le dossier au préfet de police de Paris, direction des services de Renseignements généraux.

À l’expiration de sa peine, le 3 décembre, René Robin n’est pas libéré, mais maintenu en prison, probablement avec un statut provisoire de “détenu administratif”.

Le 13 février 1942, René Robin est parmi les vingt-quatre « militants communistes » – pour moitié de futurs “45000” – transférés au dépôt de la préfecture de police. Le 26 mars, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, officialisant la situation.

Le 21 février 1942, la préfecture de police établit une notice dans laquelle il est rappelé qu’« en exécution de la note allemande du 19 septembre 1941 du général Schaumburg, commandant les forces militaires en France, Robin ne peut être remis en liberté qu’avec l’assentiment des Autorités d’occupation », et se concluant par la proposition que René Robin soit « astreint à résider dans un centre de séjour surveillé en application du décret du 18 novembre 1939 », document transmis le 13 mars pour décision au ministère de l’Intérieur qui donne son accord. Le 26 mars, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant l’internement administratif de René Robin, officialisant une situation créée presque quatre mois plus tôt par le refus de le libérer.

Le 16 avril, René Robin fait partie d’un groupe de détenus transférés de Poissy au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir) ; matricule 106.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943. © Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Entrée du camp de Voves. Date inconnue, probablement après mars 1943.
© Musée de la Résistance Nationale, Champigny, fonds de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Le 10 mai, il fait partie des 81 internés remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin, René Robin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée (suivant un ordre de Hitler) en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée d’occupation.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, René Robin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46064 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [3]).

Auschwitz, le 8 juillet 1942. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Auschwitz, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir,  René Robin est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Le 4 novembre, il est admis au Block n° 20 de l’hôpital. Il en sort (?) dix jours plus tard, puis y entre de nouveau le 23. Le 26, il est dirigé sur la chambrée (Stube) n° 8. Le 30 novembre, il y est encore admis, arrivant du Block 18. Le 9 décembre, il retourne à la chambrée n° 8. Le 28 décembre, il y est encore admis, arrivant du Block 18a, probablement plutôt isolé comme détenu français.

René Robin meurt à Auschwitz le 30 janvier 1943, selon une copie du registre de la morgue (Leichenhalle) relevée clandestinement par la résistance polonaise interne du camp, et où est inscrit le matricule n° 46064 (le local en question est situé au sous-sol du Block 28).

(aucun des quatorze “45000” ivryens n’est revenu).

Le 27 juillet 1945, le conseil municipal d’Ivry-sur-Seine donne le nom de René Robin à la rue du Bocage (inaugurée le dimanche 19 août suivant).

En 1942, Lucienne Robin entre en clandestinité et se “planque” d’abord à Alfortville. Devenue agent de liaison inter-régional, elle est hébergée par une famille à Vitry, puis s’installe à Orly. À la fin août 1944, elle siège au Comité local de libération d’Ivry.

Le 5 juin 1945, sur commission rogatoire lors des procédures d’épuration de la police, Lucienne Robin relate les circonstances de l’arrestation de son mari. Elle reconnait le plus acharné des deux inspecteurs. Elle sait alors, selon des témoignages de « camarades de son mari », que celui-ci serait décédé en déportation.

Du 1er janvier 1945 au 7 novembre 1946, elle est “visiteuse sociale” pour le Comité des œuvres sociales des organisations de la Résistance (COSOR). Elle est ensuite assistante sociale à la ville d’Ivry, jusqu’au 30 novembre 1949.

En 1949, Lucienne Robin est secrétaire de la section d’Ivry de la FNDIRP.

En 1950, elle offre un dessin qu’elle a conservé de René Robin à Maurice Thorez, pour le cinquantième anniversaire de celui-ci ; un paysage enneigé avec un personnage faisant un feu près d’une maison.

En 1955, elle dépose auprès du ministère des anciens Combattants et victimes de guerre un dossier de demande d’attribution du titre de déporté résistant à son mari.

Lucienne Robin prend sa retraite en avril 1966. Elle décède le 6 septembre 1989 à Longjumeau (Essonne).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur l’acte de décès de René Robin (J.O. du 27-01-1998).

Notes :

 [1] Choisy-le-Roi et Ivry-sur-Seine : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] HBM : habitations à bon marché, immeubles ancêtres des HLM, construits par les offices publics créés en 1912 par la loi Bonnevay permettant aux pouvoirs publics de prendre le relais de l’initiative privée, caritative ou patronale, pour lancer dans l’entre-deux guerre les premiers grands programmes de logements sociaux.

[3] En 1951, quand cette arrestation est examinée lors de la comparution d’un des deux inspecteurs devant la Commission de révision de sanctions d’épuration, le président de celle-ci déclare en aparté : « J’informe (…) la Commission que nous avons une jurisprudence qui nous permet de considérer les affaires communistes avec une certaine bienveillance dans les deux mois qui suivent le 23 juin 1941, parce que nous avons admis que, du jour au lendemain, les policiers n’ont pas pu être amenés à modifier leurs habitudes vis-à-vis des communistes. Il leur a fallu un certain battement, car les instructions n’ont pas été données, et alors il a fallu que ce soit eux-mêmes, de par leur initiative, qu’ils se soient rendu compte que la situation à l’égard des communistes était changée. Nous avons admis que ce délai d’indulgence était d’autant plus court que les policiers étaient d’un grade plus élevé. Cette affaire est du 26 juin, c’est-à-dire trois jours après. Il est donc explicable que, trois jours après le 23 juin, les inspecteurs aient pu ne pas changer de comportement à l’égard des communistes. »

[4] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la réunion organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin “Après Auschwitz”, n°21 de mai-juin 1948).

 

Sources :

- Ivry, fidèle à la classe ouvrière et à la France, supplément au Travailleur d’Ivry, édité par la section du PCF, à l’occasion du 25e anniversaire de la capitulation allemande ; pages 25, 46-47, 91.
- Michèle Rault, Conservateur du patrimoine, “Des noms qui chantent la liberté”, Ville d’Ivry-sur-Seine, 1994, page 45.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 388 et 419.
- Archives communales d’Ivry-sur-Seine : dossier individuel rassemblé par Michèle Rault, conservatrice, à partir de différentes sources, dont un témoignage de son épouse, Lucienne Robin, et des archives de police.
- Fonds Thorez Vermeersch, Archives communales d’Ivry-sur-Seine : (80 Z 2-252).
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : extrait du registre des naissances du 12e arrondissement à la date du 19-08-1899 (V4E 9420), acte n° 2439 (vue 21/25).
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 31 mai au 3 septembre 1941 (D1u6-5856) ; registres matricules du recrutement militaire, classe 1919, 4e bureau de la Seine (D4R1-2136), n° 2984.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : carton “occupation allemande – camps d’internement…” (BA 2374) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 685-23777) ; dossier individuel des RG (77 W 1578-52083) ; procédure d’épuration concernant l’inspecteur P. Raymond, CS 559 (K B 119).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise (1W69).
- Comité du souvenir du camp de Voves : liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) : registre du Block n° 20 de l’hôpital d’Auschwitz, pp. 71, 97, 115 et 147.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Albert ROBERT – 46063

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Albert, Léon, ROBERT naît le 28 septembre 1900 à Régeat, commune de Saint-Bonnet-de-Condat (Cantal), chez ses parents, Guillaume Robert, menuisier, 37 ans, et Victorine Vigouroux, 36 ans, son épouse. Il a au moins trois sœurs, Marie-Antoinette, née le 6 février 1895, Jeanne, née le 19 août 1898, Antoinette, née le 10 septembre 1899, et un frère, Antoine, né le 24 janvier 1897.

Pendant un temps, il travaille à Saint-Bonnet comme agriculteur.

Le 18 octobre 1920, il arrive au 6e régiment de chasseurs d’Afrique, afin d’y accomplir son service militaire. Il est envoyé en campagne en Algérie jusqu’au 21 juin 1922. Du 16 au 26 janvier 1921, il est soigné dans un hôpital. Du 22 juin 1922 au 3 octobre 1922, il est considéré comme étant en territoire civil, toujours en Algérie. Le 4 novembre 1922, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En février 1926, il habite rue Pinard-Pinon à Valençay (Indre). Il est alors patron d’un atelier de chaudronnerie, et est marié à Renée, née en 1903 à Varennes-sur-Fouzon. Ils ont une fille Lucienne, née en 1924 à Valençay. En janvier 1929, Albert Robert demeure au lieu-dit le Grand Cimetière, toujours dans cette commune.

Du 4 au 28 août 1927, il effectue une période d’exercice de réserve militaire au 3e régiment de chasseurs d’Afrique.

Le 13 août 1938 à Selles-sur-Cher, quinze kilomètres à l’ouest de Romorantin (Loir-et-Cher), Albert Robert – alors âgé de presque 38 ans – épouse Marie Chaput.

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Selles-sur-Cher.

Albert Robert est alors cheminot, auxiliaire (chaudronnier) ; dans quel atelier ?

Le 30 avril 1942, à Romorantin, cinq résistants communistes sont découverts par des soldats allemands alors qu’ils distribuent des tracts. Armés, ils ne se laissent pas arrêter et blessent les soldats dont un sous-officier qui succombe à ses blessures. Les mesures de représailles prévoient l’exécution immédiate de dix communistes, Juifs et de proches des auteurs présumés. Vingt autres personnes doivent être exécutées si au bout de huit jours les « malfaiteurs » ne sont pas arrêtés. Des rafles sont opérées dans la ville et dans le département afin de pouvoir « transférer d’autres personnes vers l’Est, dans les camps de travaux forcés. »

Le lendemain 1er mai, Albert Robert est arrêté comme otage. D’abord détenu à Orléans, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

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La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Albert Robert est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46063 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage connu ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Albert Robert.

Il meurt à Auschwitz le 11 août 1942, selon un registre d’appel (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; un mois après l’arrivée du convoi [2].

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Selles-sur-Cher, devant la Mairie, place du Marché, et sur la plaque apposée dans l’église abbatiale, ainsi que celui de Denis Robert, mort prisonnier : un parent ?

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 14-12-1997).

Notes :

[1] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Ainsi, concernant Albert Robert, c’est le 6 juillet 1942, mais « à Auschwitz », qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 365 et 419.
- Archives départementales du Cantal, site internet du Conseil du département, archives en ligne : registre des naissances de Saint-Bonnet 1868-1906 (5 Mi 313/4), année 1900, acte n° 15 (vue 272/318) ; registres du recrutement militaire, classe 1920, bureau d’Aurillac, matricules de 1001 à 1500 (1 R 1751), n° 1370 (vue 479/640).
- Archives départementales de l’Indre site internet du Conseil du département, archives en ligne : recensement de la population de Valençay en 1926 (M 4989 – vue 11/98).
- Archives départementales du Loir-et-Cher : fiche d’arrestation d’Albert Robert, dossier 889 (1375 W 64), fichier alphabétique des déportés du CRSGM (56 J 5).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : XLIII-89 (télégramme non daté du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), signé par Carl Heinrich von Stülpnagel).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1008 (19558/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 41-Romorantin, relevé de Monique Diot Oury (2007).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, page 1282.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 30-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]

Raymond RIVOAL – (46062 ?)

JPEG - 67 ko
IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Raymond Pierre L. naît le 7 septembre 1920 chez une sage-femme au 7, rue Saint-Laurent à Paris 10e, fils de Julia Anaïs Lebas, 27 ans, née en 1892 (Seine), journalière, mariée avec Henri L., 30 ans, journalier, domiciliés rue des Cités à Aubervilliers [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Seine / Seine-Saint-Denis). Mais, le 4 février précédent, le tribunal civil de la Seine a prononcé le jugement de divorce du couple. Puis, le 19 juin 1922, le même tribunal prononce un jugement selon lequel l’enfant est désavoué par Henri L., « qui n‘est pas son père, dont il ne pourra porter le nom, et à la famille duquel il ne peut appartenir ». Raymond prend alors le nom de famille de sa mère…

En 1936, Raymond Lebas et sa mère habitent au 94, rue de la Goutte-d’Or à Aubervilliers, chez Pierre Marie Rivoal, né le 14 novembre 1897 à Carnoët (Côtes-du-Nord [2]), manœuvre. Celui-ci a deux enfants qui portent son nom : Rolande, née en 1924, et Pierre, né en 1934, tous deux dans le département de la Seine.

Le 2 décembre 1939, à Aubervilliers, Raymond est légitimé par le mariage de sa mère avec Pierre Rivoal, dont il prend le patronyme.

Raymond Rivoal est manœuvre.

Sous l’occupation, il est actif dans le “groupe des jeunes”.

Le 10 janvier 1940, il est arrêté par les services du commissariat de circonscription d’Aubervilliers et conduit à la préfecture de police.

Raymond Rivoal est placé sous mandat de dépôt « pour participation à la reconstitution du groupement des Jeunesses communistes à Aubervilliers » avec sept autres camarades, dont Marceau Lannoy, après qu’une jeune fille de son groupe de Résistance ait parlé.

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Le 19 juin 1941, les huit inculpés comparaissent devant la chambre des mineurs (15e) du Tribunal correctionnel de la Seine ; un père et quatre mères ont été convoqués à l’audience comme civilement responsables, dont la belle-mère de Raymond Rivoal. Celui-ci est condamné à six mois d’emprisonnement, mais fait appel auprès du procureur de la République. Il est écroué successivement dans les maisons d’arrêt de la Santé (Paris 14e) et de Fresnes [1] (Seine / Val-de-marne) ; quartier des mineurs ? (à vérifier…). Il est probablement libéré à l’expiration de sa peine.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

L’établissement pénitentiaire de Fresnes après guerre. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 28 avril 1942, il est arrêté à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine – avec le concours de la police française – et visant majoritairement des militants du Parti communiste. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le 7 mai suivant, une note allemande adressée à la préfecture de police ordonne : « Si les personnes suivantes sont encore en liberté, prière de les interner. Vous me désignerez le camp où elles auront été menées afin que l’on puisse prendre des décisions par la suite. » Parmi les onze hommes désignés figure Raymond Rivoal, ainsi qu’André Duret, de Levallois-Perret, Valentin Garreau, de Bagnolet, et Roland Pannetrat, de Paris 12e, arrêtés en même temps et qui seront déportés avec lui.

Entre fin avril et fin juin 1942, Raymond Rivoal est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Raymond Rivoal est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46062, selon les listes reconstituées (la photo d’immatriculation correspondant à ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Raymond Rivoal.Il meurt à Auschwitz à une date inconnue, probablement avant la mi-mars 1943 (l’état civil français a fixé la date du 15 février 1943 [2]). Il a 22 ans.

Son nom est inscrit sur le Monument aux morts d’Aubervilliers, situé dans le cimetière communal.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 14-12-1997).

Notes :

[1] Aubervilliers et Fresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Aubervilliers et Fresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[3] La date de décès inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 384 et 419.
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 5 juin au 22 septembre 1941 (D1u6-5857) ; jugement du samedi 8 février 1941 (D1u6-3719).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt (1W150), note constatant qu’il n’a pas été interné à Aincourt !
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : carton “Association nationale des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.
- Archives communales d’Aubervilliers : recensement de population de 1936, Pages d’histoire d’Aubervilliers, luttes ouvrières de 1900 à nos jours, brochure éditée par le Comité de ville d’Aubervilliers du PCF.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande” (BA ?) ; archives des Renseignements généraux de la préfecture de police (consultation sur écran), brigade spéciale anticommuniste, registre des affaires traitées 1940-1941 (G B 29) ; dossier individuel des RG (77 W 1575-54890).
- Site Mémorial GenWeb, 93-Aubervilliers, relevé d’Alain Claudeville (2000-2002).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-05-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]

Roger RIVET – (46061 ?)

JPEG - 81.7 ko
IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Roger, Maxime, Rivet naît le 5 février 1905 à Pougny (Nièvre – 58), , chez ses parents, Arthur Rivet, 47 ans, receveur buraliste, et Marie Séron, 37 ans, son épouse. Le même jour naît son frère jumeau : Arthur, Fernand. La famille compte déjà Lucien, né en 1895, les faux jumeaux Marguerite et André, nés en 1898, puis Camille, née en 1900. Après eux, naissent Simone, en 1909, et Marcel, en 1912.

Le 18 avril 1928, à Pougny, Roger Rivet épouse Simone François. Ils ont trois enfants.

Au moment de son arrestation, Roger Rivet est domicilié à Bourges (Cher) ; son adresse reste à préciser.

Roger Rivet est à la fois chauffeur et débitant de boissons.

Dirigeant du syndicat des transports de Bourges, il est élu en 1938 secrétaire permanent de l’Union départementale CGT du Cher, participant à une direction collective avec P. Pichon et Albert Keyser (déporté avec lui).

Pendant l’Occupation, résistant (FFI), Roger Rivet participe à l’impression de tracts et journaux clandestins dans l’arrière-salle de son épicerie-buvette.

Le 30 avril 1942, il est arrêté puis interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Le camp vu depuis le mirador central. Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”) Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.

Le camp vu depuis le mirador central.
Les “politiques français” étaient dans le secteur constitué par la ligne de bâtiments de gauche (“camp communiste”)
Photo Hutin, Compiègne, carte postale. Droits réservés.

Entre fin avril et fin juin 1942, Roger Rivet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Roger Rivet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46061, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Roger Rivet se déclare alors comme mécanicien auto (Automechaniker). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Roger Rivet.

Il meurt à Auschwitz le 20 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1], qui indique  « pleurésie » (Rippenfellentzündung) pour cause mensongère de sa mort.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. 14-12-1997).

Son neveu Jacques, résistant lui, aussi est arrêté et fusillé au champ de tir des Groues à Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret) avec trente-huit camarades.

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans lesannées qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Roger Rivet, c’est le 10 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claude Pennetier, notice in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Editions de l’Atelier/Editions Ouvrières, CD-rom, version 1990-1997, citant :L’Émancipateur, 1938 – Travail, 1937-1939.
- Site GenNievre, acte de naissance, transcrition J. Martin.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 362 et 397.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1008 (23169/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 6-06-2008)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

 

[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]

Mario RIPA – 46060

[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Photo de photo;

Droits réservés.

Mario, Luigi, Raphaele, Ripa naît le 26 janvier 1916 à Pontecorvo (Italie), dans une famille de huit enfants. Le 30 mars 1927, il acquiert la nationalité française par la naturalisation de ses parents sur décret.

Le 1er juin 1929, la famille emménage au 51, rue de l’Ourcq à Paris 19e (département de la Seine).

Le 19 juin 1931, Mario Ripa, âgé de 15 ans, est embauché comme imprimeur à la société Impression des documents multiples (I.D.M.) au 73, rue de l’Ourcq. Il y travaillera jusqu’à son arrestation, avec des interruptions dues au manque d’ouvrage.

Il est célibataire.

En 1938, il adhère au Parti communiste. La police le connaît comme étant militant. Il est chargé du contact avec les Jeunesses communistes et de la propagande en direction des personnes âgées dans le 19e arrondissement. Il est membre de CGT.

Sportif, il est inscrit à la FSGT (Fédération sportive et gymnique du Travail).

Mobilisé ou engagé après la déclaration de guerre, il est blessé au genou en 1940 et hospitalisé à Bordeaux. Apprenant l’envoi des prisonniers en Allemagne, il s’enfuit de l’hôpital et rejoint Paris. Une lettre ultérieure de sa mère indique des soins à l’hôpital du Val-de-Grâce (à vérifier…).

Quand le PCF est interdit et sous l’occupation, Mario Ripa reste actif au sein du parti clandestin (et de la CGT) : responsable de la propagande pour le quartier de la Villette et participant à la récupération d’armes. La police française le considère d’ailleurs comme un « meneur très actif ».

Lui et son groupe sont dénoncés par leur chef, Maurice F., né le 2 septembre 1922, échantillonneur.

Le 23 octobre 1940, à 7 h du matin, Mario Ripa est arrêté à son domicile par des policiers français, en présence de sa famille. En même temps que lui, sont arrêtés pour propagande communiste les frères Mercier, domiciliés au 26, rue Alphonse-Kar, et René Millet, domicilié 3 rue de l’Oise, responsable du PCF clandestin pour l’arrondissement, et les frères Alfred et Henri Varlet.

Mario Ripa est conduit au dépôt de la préfecture de police. Inculpé d’ « infraction au décret du 26 septembre 1939 », il est écroué le jour même à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Après son arrestation, sa domiciliation change pour le 41, rue L(?) à Courbevoie (Hauts-de-Seine – 92) ; à vérifier…

Le 21 décembre 1940, tous les inculpés comparaissent devant la chambre des mineurs (15e) du tribunal correctionnel de la Seine, où ont été convoqués les pères Mercier et Varlet, civilement responsables. Mario Ripa est condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis. Mais il n’est pas libéré : le 22 décembre, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939. Mario Ripa est renvoyé au dépôt.

Le 26 décembre, il est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Mario Ripa a fait appel de sa condamnation : son dossier repasse au Palais de Justice le 8 janvier 1941. Il serait condamné à huit mois d’emprisonnement le 23 avril suivant (à vérifier…).

Le 6 septembre 1941, il fait partie des 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne – 86), pour l’ouverture de celui-ci.Le 27 octobre 1941, Mario Ripa est conduit à la Maison d’arrêt de Loudun ou à Poitiers (motif ? suites : est-il ramené à Rouillé ?).
À une date et dans des conditions à préciser, il est remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).Entre fin avril et fin juin 1942, Mario Ripa est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Mario Ripa est enregistré à Auschwitz sous le numéro 46060 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied à Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, au cours duquel ils déclarent leur profession, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Mario Ripa est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »] Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Là, Mario Ripa est affecté au Kommando de la menuiserie, puis au déchargement des trains.

En juillet 1943, les détenus politiques français d’Auschwitz (essentiellement les quelques 135 à 140 survivants des “45000”), reçoivent l’autorisation d’écrire (en allemand et sous la censure) à leurs familles et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis. Mario Ripa n’écrit pas (cette autorisation ne lui est-elle pas parvenue ?).

À la mi-août 1943, il est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) et mis en “quarantaine” au premier étage du Block 11, la prison du camp, pour une “quarantaine”.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées. Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel – qui découvre leur présence -, et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.

Au début de 1944, Mario Ripa est affecté à la boulangerie du camp. Là, il “organise” du pain pour assurer la solidarité dans le cadre du groupe français de résistance auquel il appartient.

Le 3 août 1944, il est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus dont vingt-neuf “45000” transférés – avec d’autres détenus – au KL [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] Flossenburg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août (matricule 19 884).

Le 12 septembre, Mario Ripa est transféré à Dresden (Dresde) avec Albert Morel.

Le 4 mai 1945, il est libéré par l’Armée Rouge.

Le 28 mai, il rentre à Paris en train (dans un wagon à bestiaux), via Nancy. Il passe par l’hôtel Lutétia.

L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation. Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945. Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation.
Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945.
Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

Rentré de déportation avec la colonne vertébrale fragilisée, il doit se reclasser comme électricien.

À une date restant à préciser, il s’installe à Cagnes-sur-Mer (alpes-Maritimes).

Il est homologué comme Déporté Résistant (24-10-2003).

Par décret du 14 avril 2005, il reçoit la médaille militaire (croix de guerre 1939-1940) avec palme.

Par décret du 21 avril 2006, il est fait chevalier de la légion d’honneur.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 211, 214, 274, 374 et 419 (questionnaire, 19-06-1992).
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Questionnaire rempli par Mario Ripa – Direction des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Archives de Paris, archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941, cote D1u6-5851.
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 159.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0556), n° 14767.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cote 1W76.
- 1940-1945, La Résistance dans le 19e arrondissement de Paris, ANACR, éditions Le temps des cerises, Pantin septembre 2005, pages 102 et 103 (témoignage de Camille Bouvinet).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-12-2015)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

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