Christ VANNIER – 46172

Christ, Eugène, Vannier, né le 26 janvier 1902 à Saint-Christophe-du-Jambet (Sarthe), domicilié à Almenêches (Orne), mort à Auschwitz à une date inconnue.

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Collection de Patrick Dauty. Droits réservés.

Christ, Eugène, Michel, Vannier naît le 26 janvier 1902 à Saint-Christophe-du-Jambet (Sarthe – 72), fils de Christophe Vannier, né en 1852 à Ségrie (72), cultivateur, et d’Eugénie Narbonne, son épouse, née en 1861 à Saint-Christophe-du-Jambet, domiciliés à la Mare à Feu lors du recensement de 1906. Christ a – au moins – une sœur aînée, Alice, née en 1894.

Christ Vannier commence à travailler comme « aide de culture », demeurant alors à Ségrie.

Il est de la classe 1922, mais le conseil de révision ajourne son service militaire d’un an pour adénite (inflammation des ganglions lymphatiques). Le 28 mai 1923, il est incorporé comme zouave de 2e classe au 1er régiment de zouaves, arrivant au corps le 5 juin, au Maroc, « en territoire civil ». Le 11 août suivant 1924, il passe au 64e régiment de tirailleurs marocains, en territoire militaire jusqu’au 17 février 1924. Le 5 mars suivant, il passe au 64e régiment de tirailleurs marocains. Une semaine plus tard, il participe à l’occupation des pays rhénans. Le 2 mai, il est envoyé dans la disponibilité, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En mars 1928 et jusqu’au moment de son arrestation, Christ Vannier est domicilié à Almenêches, près d’Argentan (Orne).

À une date restant à préciser, il se marie avec Yvonne Lefraut, née en 1907 dans cette commune, fille de journaliers domiciliés à La Cour-Pallière. Ils ont cinq enfants, dont Denise, née en 1923, Roger, né en 1927, tous deux à Almenêches, Marcel, né en 1930, et Yvette, née en 1934, tous deux sur la commune du Château-d’Almenêches.

Entre avril 1929 et novembre 1933, la famille habite au lieu-dit L’Orée du Bois, au Château-d’Almenêches. En 1936, la famille habite route du Pin-au-Haras à Almenêches et héberge deux enfants pris en nourrice : André, né en 1934 à Paris, et Madeleine, née en 1935 à A.P.Orne (Assistance publique ?).

Cheminot, Christ Vannier est ouvrier de deuxième classe aux ateliers des Chemins de fer de l’État (qui fusionneront au sein de la SNCF) à la gare de Surdon, sur la commune du Château-d’Almenêches, dans une usine de créosotage des traverses (traitement chimique au Crésyl ; très odorant). En octobre 1931, l’armée le classe “affecté spécial” sur ce poste.

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Surdon, le chantier. Carte postale, sans date (années 1900 ?). Collection Mémoire-Vive.

Surdon, le chantier. Carte postale, sans date (années 1900 ?). Collection Mémoire-Vive.

Responsable CGT, Christ Vannier est aussi adhérent du Parti communiste depuis 1938, trésorier de la cellule d’Almenêches.

Sous l’occupation, il est signalé à la Préfecture « comme agent surveillé » (par son employeur ?).

Le 18 octobre 1941, il est arrêté dans le cadre d’une vague d’arrestations collective qui touche le département, puis interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il entre dans l’organisation clandestine du camp.

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Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Christ Vannier est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Christ Vannier est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46172 (sa photo d’immatriculation [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] est la dernière retrouvée dans l’ordre croissant des numéros).

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive 2015.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Christ Vannier est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

Le 27 novembre 1942, dans la chambrée (Stube) n° 7 du “Revier” de Birkenau, il reçoit un comprimé de charbon (Kohle), remède contre la dysenterie.
Christ Vannier meurt à Auschwitz à une date inconnue, probablement avant la mi-mars 1943.
Le 20 juillet 1946, Eugène Garnier, de Flers (61), signe une attestation de décès pour Christ Vannier, estimant que sa mort est survenue en septembre 1942 après que celui-ci ait contracté le typhus, précisant « qu’il a été incinéré dans ce même camp ».Christ Vannier est homologué comme “Déporté politique”.La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).
Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Almenêche, place de l’église, et sur la plaque « À la mémoire des agents de la SNCF tués par faits de guerre » dans la gare de Surdon.

Dans la gare de Surdon… Photographie : Patrick Dauty. Octobre 2019.

Dans la gare de Surdon…
Photographie : Patrick Dauty. Octobre 2019.

Notes :

[1] Sa photo d’immatriculation à Auschwitz a été identifiée par sa famille (Patrick Dauty) en 2006, par comparaison avec un portrait civil ; voir en haut de page.

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, notice par Claudine Cardon-Hamet page 131.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 370 et 422.
- Patrick Dauty, petit-fils de Christ Vannier (messages juin 2006, mai 2011).
- Archives départementales de la Sarthe (AD 72), site internet du conseil général, archives en ligne ; recensement de population de la Ferté-Bernard, année 1886 (2Mi 289, vue 6/62) ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement de Mamers, classe 1922, matricules de 1 à 500 (1 R 1331), matricule n° 37 (vue 41/527).
- Site Mémorial GenWeb, 61-Almenêche, relevé de Laurent Corbin (2004).
- Registre de délivrance de médicaments de l’infirmerie de Birkenau, archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau (Archiwum Państwowego Muzeum Auschwitz-Birkenau – APMAB), Oświęcim, Pologne ; Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 10-03-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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X. THOMAS – (46146 ?)

 

Sources :

- Questionnement sur le patronyme.
MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 3-10-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

Léon MICHAUD – 45876

Léon Michaud, né le 25 février 1921 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), domicilié à Chalon-sur-Saône, mort à Auschwitz, probablement avant la mi-mars 1943.

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Léon Michaud naît le 25 février 1921 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire – 71).

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Chalon-sur-Saône ; son adresse reste à préciser.

Sa profession reste à préciser.

À des dates et pour un motif restant à préciser, Léon Michaud est arrêté. Avec un statut restant à préciser, il est écroué à la Maison d’arrêt de Beaune (Côte-d’Or), probablement en secteur allemand.

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Beaune, la prison (à gauche) et le Palais de Justice dans les années 1900. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Beaune, la prison (à gauche) et le Palais de Justice dans les années 1900.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 25 mai 1942, avec Pierre Vendroux, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

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La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Léon Michaud est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

TransportAquarelle

Le 8 juillet, Léon Michaud est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45876 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

[/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »]

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Léon Michaud est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

En effet, à une date restant à  préciser, il est admis au Block de chirurgie, puis au Block 20 de l’hôpital des détenus.

On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz ; très probablement avant la mi-mars 1943.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 370 et 414.
- Alphonse Mérot, chronique de son cahier d’algèbre de Compiègne-Royallieu.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 30/11/2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Alphonse MEROT – 45875

Alphonse Mérot, né le 1er mars 1905 au Grand Cerisier à Simard (Saône-et-Loire), domicilié à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), mort à Auschwitz le 19 septembre 1942.

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Alphonse Mérot naît le 1er mars 1905 au Grand Cerisier à Simard (Saône-et-Loire – 71), dans une famille d’agriculteurs, fils de Marie Mérot, 42 ans, et de père inconnu.

Le 1er mai 1925, Alphonse Mérot est appelé pour accomplir son service militaire ; il habite alors encore à Simard et se déclare comme cultivateur. Incorporé le 15 mai comme soldat de 2e classe au 134e Régiment d’Infanterie à Mâcon, il est décrit comme mesurant 1 mètre 56, ayant les yeux gris, les cheveux blonds.

Rendu à la vie civile le 10 mai 1926, il retourne à Simard, puis s’installe presque aussitôt au hameau du Chapot à Verdun-sur-le-Doubs, peut-être avec sa future épouse. Fin 1926, il emménage au 3, rue du Blé à Chalon-sur-Saône (71), puis, à l’été 1929, rue du Sergent-Bobillot dans la même ville.

Le 25 mai 1929, à Chalon-sur-Saône, Alphonse Mérot épouse Jeanne (« Jeannette ») Thibert, sans profession, née le 21 septembre 1908 à Saint-Martin-en-Bresse (71). Ils ont deux filles (les « Chipettes ») : Geneviève (« Ginette »), née le 22 mars 1930, et Andrée (« Dédée »), née le 28 janvier 1932.

Au moment de son arrestation, la famille est domiciliée au 4, avenue Victor-Hugo à Chalon-sur-Saône (71).

Alphonse Mérot cultive un jardin potager et joue aux boules à la Boule d’Or et « aux Platanes ». À un certain moment, il étudie l’Anglais en autodidacte, utilisant un manuel.

Il est ouvrier maçon. Du 15 mars 1935 au 26 décembre 1936, il travaille chez Taillandier & Vallot, entrepreneurs de maçonnerie à Chalon. En juin 1937, il travaille chez J. Varenne, constructeur de four à Macon, et chez Moliné et Cie à Dijon.

À partir de novembre 1937, il est salarié comme permanent de l’Union locale des syndicats confédérés de Chalon-sur-Saône.

Ayant adhéré au Parti communiste en 1930, Alphonse Mérot devient secrétaire adjoint du rayon de Chalon en 1932.

Secrétaire de l’Union locale unitaire (CGTU) de Chalon en 1933, il est l’un des artisans de la réunification syndicale (CGTC-GTU) comme secrétaire adjoint de la commission exécutive mise en place en 1935 et présentée au congrès de réunification du 12 janvier 1936.

En 1938, il est secrétaire de la Bourse du Travail de Chalon. Il succède à Jean Damichel [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] comme secrétaire de l’Union départementale des syndicats CGT de Saône-et-Loire.

Mobilisé à Mâcon le 4 septembre 1939, Alphonse Mérot n’est pas fait prisonnier et est renvoyé dans ses foyers le 26 juillet 1940. Chalon-sur-Saône est alors devenue ville frontière.

Il reprend son travail de maçon sur les chantiers (Taillandier…) ; lors de sa détention, son épouse recevra avec retard le versement de ses congés payés dus par les Ponts-et-Chaussées.

Il participe à la Résistance aux côtés de Marcel Chauville. Dès 1940, il participe à la rédaction, confection et distribution de tracts et à la constitution du premier groupe armé (futurs FTP) de la région chalonnaise (attestation de M. Chauville).

Le 5 juin 1941, l’inspecteur principal de Police mobile B. transmet au commissaire divisionnaire, chef de la 11e brigade de Police mobile à Dijon (Côte-d’Or – 21) une liste de 28 «  individus signalés comme militants de l’ex-parti communiste dans le département de Saône et Loire » : Alphonse Mérot figure sur cette liste, ainsi que Pierre Vendroux et Paul Girard.

Le 23 ou 24 juillet 1941, le domicile d’Alphonse Mérot est perquisitionné et il est arrêté (par les Allemands ?) et mis au secret dans une cellule de la prison de Chalon. Il n’est soumis à aucun interrogatoire. Le 2 août, il est conduit en automobile à la prison départementale de Dijon, où il arrive dans l’après-midi sans « avoir vu personne de connaissance ».

Dans une lettre écrite le lendemain, il préconise à son épouse de trouver du travail en usine, se demandant si elle pourra passer l’hiver en gardant leur deux filles avec elle (en octobre, Jeanne Mérot fera les vendanges à Saint-Mond [?] ).

Le jour-même où il rédige cette lettre, Alphonse Mérot fait partie d’un groupe de détenus escortés par des Feldgendarmes – en train, via Paris – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Pendant le trajet, il trouve le moyen de jeter une carte sur la voie à « Laroche » (après Berzé-la-Ville, ou à la Roche-Vineuse, avant Berzé-la-Ville ?).

Arrivé le lundi 4 août au soir à Compiègne (matricule 1499), il rejoint Claude Chassepot, Charles Renaud, de Montceau-les-Mines, et Paul Girard, de Montchanin, avec lesquels il constitue un groupe de partage des colis (bâtiment A5, entre autres). Il retrouve également son ami, l’instituteur Jean Damichel [1] (« le Jean »).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Dans sa première lettre autorisée, datée du 6 août, Alphonse Mérot écrit à son épouse : « Ce qu’il me faudrait, […] un crayon et un bloc-notes (pas de papier à lettres) car il y a des cours d’allemand, d’anglais, etc. » Le 16 août, il écrit : « Des libérations ont eu lieu, et j’en ai profité pour aller avec Jean et des Montcelliens », ce qui semble signifier qu’il peut changer de bâtiment ou de chambrée. Le 30 août : « Je n’ai pas encore été interrogé et je commence à croire que je ne le serai pas. » Le 14 septembre : « Mardi, nous allons enfin être interrogés ! Une commission fonctionne. Elle est venue à mon arrivée au camp : 300 libérations [illisible]. Il y en aura sûrement encore cette fois,… […] Il y a là de bons camarades, députés, avocats, professeurs, etc., qui font ce qu’ils peuvent pour que le temps paraisse moins long. Ainsi, aujourd’hui il y a une exposition d’objets fabriqués par les internés, et ce soir, une petit concert composé de saynètes et de chants. Malgré cela, ma pensée s’en va au-delà des barbelés vers toi, vers vous mes chéries si lointaines. »

Le 19 septembre : « Il y a ici un remue ménage affreux […] Aujourd’hui, nous avons également changé de bâtiment et nous sommes en pleine réinstallation ». «  J’ai passé à l’interrogatoire qui a surtout porté sur mon activité syndicale. »

Alphonse Mérot souffre du manque de courrier et de la lenteur de son acheminement. Entre le 5 août 1941 et le 18 juin 1942, lui-même peut envoyer à son épouse une cinquantaine de lettres et de cartes de correspondance, qu’il numérote à partir du 7 janvier afin de vérifier que toutes parviennent à leur destinataire. Il reçoit de ses proches plusieurs colis dont il partage les vivres avec ses compagnons.

Le 26 septembre 1941, il écrit : « Tu ne reçois rien de moi. Et pourtant, depuis mon arrivée ici, je t’ai envoyé 4 lettres et 5 cartes ; ce qu’on me donne. ». Le 26 septembre encore, il demande « une valise pour ranger mes affaires, mon livre d’anglais car j’en fais avec le Jean, ainsi que de l’allemand… » Le 3 octobre : « Je continue à étudier avec le Jean, car il n’y a plus de cours, et à bricoler des sous-mains pour les petites pour faire passer le temps. »

À la mi-octobre, il reçoit de l’administration du camp une « paire de gros sabots qui font au moins 5 kg pièce ». Le 17 octobre, il demande, entre autres : « …un cahier, car mes cours me bouffent du papier. Je commence à baragouiner un peu d’allemand, d’anglais et d’espéranto. » Il apprécie ces cours dispensés par l’organisation des détenus : « Si les chipettes souffrent des événements dans leur fréquentation scolaire, tu verras que je suis à même de la compléter ».

Le 31 octobre : « Je suis revenu à mon ancienne adresse, A5 : il y a eu déménagement car il y a du renfort. »

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 11 novembre : « Il ne faut pas compter sur des libérations maintenant. Nous n’avons plus de journaux. Heureusement, que les cours ont repris – hélas, il manque des maîtres – car cela passe mieux le temps. »

Le 21 novembre 1941, il expose son emploi du temps. « Lundi : à 9h30, Allemand ; à 10h30, Français supérieur ; à 14h, Anglais ; à 15h, Arithmétique – Mardi : à 14h, Littérature ; à 15h, Géographie – Mercredi : à 9h30, Allemand ; à 15h, Sciences – Jeudi : à 9h30, Français ; à 14h, Littérature – Vendredi : à 10h, Allemand ; à 15h, Géométrie – Samedi : à 9h30, Anglais ; à 15h, Algèbre. En plus, de 13h à 14h, tous les jours : Espéranto. »

Le 30 décembre : « Ici rien de nouveau, sauf que le froid est plus vif et qu’on la saute de plus en plus. ».

L’hiver est très froid : le 22 janvier 1942, il fait moins 20°. Faute de chauffage, les détenus passent une grande partie de leurs journées au lit, sous leurs couvertures. Alphonse Mérot a des engelures aux mains.

Dans les périodes plus clémentes, pour passer le temps, il fabrique de petits objets destinés d’abord à ses fillettes : cadres photos, portes-lettres, protèges-cahiers…

Il fait souvent allusion à l’arrivée de groupes d’internés. Le 10 février : « Pour le moment, il vient toujours ici de nouveaux pensionnaires » ; le 26 avril : « nous attendons un grand nombre d’ “invités” » (allusion à la rafle parisienne du 28 avril ?) ; le 10 mai : « De nombreux nouveaux sont arrivés », parmi lesquels les otages du Calvados.

Dans son cahier d’algèbre, Alphonse Mérot consigne – peut-être pour les dissimuler – d’autres informations sur son expérience du camp : le quotidien, la faim, le froid, les sanctions collectives, les exécutions d’otages… À la date du 19 septembre, il note : « Je passe à l’interrogatoire : identité, profession, date d’entrée et de sortie du parti, fonctions occupées, etc. Les premiers attentats ont lieu, nous sommes otages. » ; « Dans le courant octobre, 600 nouveaux arrivent au camp » ; début mars 1942 : « J’apprends les attentats de Montceau, Montchanin et Chalon ! Cette fois, est-ce que notre tour est venu ? » ; le 8 mai : « Je maigris toujours. Il faudra pourtant bien que cela s’arrête, car il n’en reste pas épais de ce qui fut moi. » ; le 20 mai : « Aujourd’hui, sont arrivés ici Polo V. (Pierre Vendroux) et d’autres Chalonnais : Rosier, Michaud, venant de Beaune. […] J’ai appris le sort de ce pauvre Paul, que Jean  [1] avait pu écrire une dernière lettre. » ; s’adressant à son épouse Jeanne : « Le 26 (juin], j’ai causé longtemps avec toi en rêve, j’étais libéré. Pourquoi le réveil vient-il ? »

Dans une lettre du 7 juin, il fait dire à son ami Kinou qu’il a « gagné en 15 jours deux concours de boules ici, et quel prix : un demi-paquet de tabac. »

Entre fin avril et fin juin 1942, Alphonse Mérot est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée, suivant un ordre de Hitler, en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande.

Le 1er juillet, son épouse lui écrit une lettre qui lui revient avec la mention (tamponnée) « Retour à l’envoyeur ».

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sélectionnés sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne – sur la commune de Margny – et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Alphonse Mérot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45875 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Alphonse Mérot se déclare alors comme maçon (“Maurer”). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Alphonse Mérot est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Il est assigné au Block 16A avec d’autres “45000”.

Le 15 juillet, l’administration du Frontstalag de Royallieu envoie à son épouse une carte-formulaire en allemand reçue également par d’autres familles : « (…) le détenu (…) a été transféré dans un autre camp pour travailler. Le lieu de destination ne nous est pas connu, de sorte que vous devez attendre des nouvelles ultérieures… ».

Le 12 août, Alphonse Mérot est signalé comme travaillant à la construction (ou à l’élévation d’un étage ?) du Block 23.

Alphonse Mérot meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [2]). Le registre indique pour cause – mensongère – de sa mort : « œdème péricardiaque » (Herzwassersucht).

Fin février et début mars 1946, Pierre Vendroux, de Chalon-sur-Saône, et Gabriel Lejard, de Dijon, rédigent et signent chacun une attestation de décès (G. Lejard estime qu’Alphonse Mérot est mort le 28 septembre…).

L’armée française le considère comme sergent au titre de la Résistance intérieure française (RIF) (20-03-1950) ; sa veuve touche un arriéré de solde à compter de la date de son arrestation (« 1 an 1 mois 27 jours de détention ».

Le nom d’Alphonse Mérot est inscrit sur le monument de la déportation de Chalon-sur-Saône, placé sur le mur du cimetière ouest, avenue Boucicaud.

Notes :

[1] Jean Damichel, instituteur à Saint-Jean-des-Vignes (muté à Cressy-sur-Somme en 1940), militant communiste et syndicaliste. Il est arrêté par la police allemande le 27 juillet 1941. Dans une lettre de Compiègne, Alphonse Mérot écrit de son ami : « … nous causons souvent de vous avec le Jean aux heures sombres et nous étudions… ». Jean Damichel est extrait de Compiègne-Royallieu le 9 décembre 1941 et fusillé le 15, au Mont-Valérien, comme otage. Une cotisation de solidarité sera versée à son épouse, notamment par l’intermédiaire de Jeanne Mérot.

[2] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

Sources :

- Documents de famille fournis par sa petite-fille, Sylvie Muller (08, 10 et 12-2007).
- P. Goujon, notice in Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron (aujourd’hui Claude Pennetier), citant : Arch. Nat. F7/13130. 13256 – Arch. Dép. Saône-et-Loire, série M, police politique – La Voix du peuple, janvier 1936 – Notes de H. Louis.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 370 et 413.
- Cl. Cardon-Hamet, notice (12-03-2006) pour la présentation de son livre à Chalon-sur-Marne, citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (liste des déportés de France morts entre le 18 septembre au 29 septembre 1942).
- État civil de la mairie de Simard (71).
- Archives départementales de la Côte-d’Or, Dion : cote 1072 W, article 1.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 801 (31805/1942).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, copie partielle d’un registre des détenus du Block 16, acte de décès du camp, transmis par Sylvie Muller.
- Site internet Mémorial GenWeb, relevé de Éric Blanchais (2003).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 10-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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André MARATRAT – (45827 ?)

André, Georges, Maratrat, né le 15 mars 1888 à Montreuillon (Nièvre), domicilié à Niort (Deux-Sèvres), mort à Birkenau (?) le 26 août 1942.

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

André, Georges, Maratrat naît le 15 mars 1888 à Montreuillon (Nièvre), fils de Jean Maratrat, 27 ans, facteur rural, et de Marie Simon, 21 ans, domiciliés à Myennes (Nièvre). Le nouveau-né est présenté à l’état civil par son grand-père maternel, Martin Simon, 47 ans, journalier, chez lequel sa mère a accouché. Les témoins sont deux instituteurs du village.

André Maratrat obtient le Brevet d’étude primaire (permettant un accès éventuel au lycée). Pendant un temps, il habite à Paris 17e et travaille comme commis des Postes, téléphone et télégraphe (PTT). C’est un homme assez grand pour l’époque : 1,77 m.

Dès 1906, il s’engage dans le mouvement syndicaliste et socialiste. Animant la grève des postiers en 1909, est révoqué à deux reprises.

Le 8 octobre 1909, il est incorporé au 8e bataillon d’artillerie comme 2e canonnier. Le 24 septembre 1911, il est envoyé dans la disponibilité, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En décembre 1911, il est commis des Télégraphes de la Seine à Corbeil (Seine).

Le 13 mai 1912, en la mairie de cette commune, André Maratrat se marie avec Marie Lebeau.

Le 2 août 1914, il est rappelé à l’activité par l’ordre de mobilisation générale et maintenu provisoirement à la disposition des télégraphes de la Seine. Le 6 décembre 1915, il est remis à disposition de l’autorité militaire et affecté au 8e régiment du Génie. Le 1er février 1916, il passe au détachement des sapeurs manipulants, groupe B, et part « aux armées », dans la zone du front. Il passe ensuite de groupe en groupe (C, D) jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918. Le 6 février 1919, il est affecté au poste central de Paris. Le 21 mars suivant, il est envoyé en congé illimité de démobilisation et se retire à Montreuillon. Selon un témoignage, « au régiment comme pendant la guerre, sa lutte contre le militarisme lui vaut de nombreuses sanctions » (?).

Démobilisé, Georges Maratrat devient secrétaire de la Section syndicale au central télégraphique de Paris, et adhère au parti communiste dès le Congrès de Tours (1920).

Le 4 août 1919, l’armée l’a classé dans l’affectation spéciale comme commis des PTT à Paris, puis, le 17 septembre 1920, dans l’affectation spéciale à Gien (Loiret).

En février 1922, il est domicilié à La Bussière, 11 km au nord-est de Gien.

Par la suite, il s’installe à Poilly-lez-Gien.

À partir de 1923, il assure le secrétariat de l’Union locale CGTU – puis CGT – de Gien. Il devient membre du Comité régional du Parti communiste en 1926. En 1928, il devient le secrétaire du sous-rayon de Gien, puis, en 1932, du rayon de Gien regroupant sept cellules. Il est le candidat du Parti communiste aux élections législatives de 1928, de 1932, et de 1936, et aux cantonales de 1937.

Le 16 janvier 1933, à Poilly, André Maratrat épouse en seconde noces Cécile Mallet.

André Maratrat devient commis principal, puis Contrôleur des Postes.

En octobre 1939, André Maratrat est mis en demeure par son administration de condamner le pacte germano-soviétique. Suite à son refus, il doit choisir entre une mise à la retraite ou une mutation. Ayant à élever seul (?) sa petite fille après le décès de sa première épouse en 1930, il opte pour cette dernière solution. Il est muté à Niort (Deux-Sèvres) en décembre 1939.

En juillet 1941, André Maratrat est arrêté comme communiste, puis libéré au bout de trois semaines. Son directeur lui conseille de demander à être nommé en zone libre.

Le 5 février 1942, il est de nouveau arrêté à Niort, par la police française, et gardé au commissariat quelques jours. D’abord interné au camp de Mérignac (Gironde – 33) durant un mois, puis au fort du Hâ à Bordeaux, pendant un mois également, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60) en mai 1942. Très peu de temps avant son départ pour Auschwitz, son avis de mutation pour Limoges lui est adressé à Compiègne pour signature.

Entre fin avril et fin juin 1942, André Maratrat est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André Maratrat est enregistré à Auschwitz, peut-être sous le numéro 45827 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, André Maratrat est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

Il meurt à Auschwitz-Birkenau le 26 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher). Il a 54 ans.La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-10-1994).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 84, 379 et 412.
- Témoignage de sa fille, Madame Lépicier, rencontrée par André Montagne (fév. 1985).
- Archives municipales de Niort.
- Archives départementales de la Nièvre (AD 56), site internet du Conseil départemental, archives en ligne ; registre d’état civil de Montreuillon, années 1880-1888 (2 MI EC 332), année 1888, naissances, acte n° 8 (vues 457-458 / 518) ; registres matricules du recrutement militaire, bureau de Nevers, classe 1908, fiches de 689 à 1142 (1 R 364), n° 993 (vue 489-490/753).
-  Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, tome 35, page 258.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 776 (25438/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 4-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Pierre LEROY – 45787

 Pierre, Alfred, Leroy, né le 26 novembre 1895 à Villaudric (Haute-Garonne), domicilié à Niort (Deux-Sèvres), mort à Auschwitz le 11 août 1942.

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Pierre LEROY. © FNDIRP

Pierre LEROY.
© FNDIRP

Pierre, Alfred, Leroy naît le 26 novembre 1895 à Villaudric (Haute-Garonne), fils de Pierre – dit Adolphe – Leroy, 23 ans, forgeron, et de Marie Tournier, son épouse, 24 ans. Les témoins pour l’inscription du nouveau-né à l’état civil sont un garde-champêtre et un instituteur. Plus tard, ses parents partent s’installer à Cognac (Charente).

Pendant un temps, Pierre Leroy travaille comme serrurier. Pour l’époque, c’est un homme de bonne taille : 1 m 73.

Le 17 décembre 1914, il est incorporé au 17e régiment d’infanterie coloniale (à Bordeaux ?). Il rejoint le front le 30 septembre 1915 (aux armées, unité combattante). Le 18 mars 1917, il retourne à l’arrière (motif ?). Le 12 mars 1918, il est dirigé sur le dépôt des isolés coloniaux. Le 29 mars, il passe au 27e bataillon sénégalais, unité alors cantonnée à l’arrière du front, à Théry-Chartreuse, dans des baraques Adrian. Le 21 avril, il passe au 94e bataillon (?). Le 18 juillet 1918, au ravin du Quesnoy (Aisne) – près de Dommiers ? -, il est blessé à la cuisse gauche par des éclats de grenade. Il recevra la Croix de guerre. Le 21 septembre 1919, Pierre Leroy est mis en congé illimité de démobilisation et se retire chez ses parents, alors domiciliés rue de Rochefort à Cognac (Charente). Le 29 septembre suivant, la commission de réforme de Bayonne le propose pour un changement d’arme (l’artillerie de campagne) et pour une pension temporaire de 10 % pour hernie musculaire. Le 3 mars 1931, la commission de réforme de Poitiers le proposera pour une pension permanente de 30 % pour une première invalidité – cicatrice de 18 cm à la cuisse gauche – et de 10 % pour une deuxième invalidité – cicatrice à la cuisse droite, « peu adhérente ».

Le 3 juillet 1920 à Cognac, Pierre Leroy se marie avec Jeanne Odette Thibaudeau, 25 ans, née le 19 juin 1895 à Cognac, couturière, vivant jusque-là avec sa mère veuve au 122 rue de Pons. Les témoins sont deux tonneliers, dont Maximilien Leroy, domicilié aux Métairies (Charente). Le couple n’aura pas d’enfant.

Le 21 octobre suivant, Pierre Leroy est embauché par la Compagnie des chemins de fer de l’État qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1]. Le 5 juillet 1921, l’armée le classe affecté spécial comme serrurier à Sotteville (Seine-Maritime) dans la section des chemins de fer de campagne. En février 1927, l’armée enregistre son changement de domicile dans la subdivision de Parthenay en qualité de serrurier à Niort (Deux-Sèvres).

En novembre 1929, il est domicilié au chemin de Souché, à Niort.

En 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 32, rue Émile-Zola, dans cette ville. Cette année-là, il héberge son père, Pierre, âgé de 64 ans.

Il est alors ouvrier qualifié (toujours serrurier) dans un atelier SNCF de Niort.

Niort. Intérieur de la gare. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Niort. Intérieur de la gare.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Adhérent de la section de Niort du Syndicat unitaire des cheminots en 1925 (CGTU), Pierre Leroy en devient le secrétaire général en 1934 (250 adhérents). En 1935, il est secrétaire adjoint de l’Union départementale des Deux-Sèvres.

Carte syndicale CGT, Fédération des chemins de fer.  Collection Mémoire Vive.

Carte syndicale CGT,
Fédération des chemins de fer.
Collection Mémoire Vive.

Il est aussi militant communiste.

Sportif, il pratique le rugby et la boxe.

Le 3 juillet 1941, Pierre Leroy est arrêté à son domicile par des policiers français pour activités communistes. Il est détenu à la prison de Niort, puis au château de Vaudeurs dans l’Yonne (à 20 km de Sens), où sa femme est autorisée à le voir en septembre 1941.

Vaudeurs. Le château. Carte postale oblitérée en avril 1938. Collection Mémoire Vive.

Vaudeurs. Le château. Carte postale oblitérée en avril 1938.
Collection Mémoire Vive.

Le 26 mai 1942, remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Entre fin avril et fin juin 1942, Pierre Leroy est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Pierre Leroy est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45787 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Pierre Leroy est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En effet, à une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies internes (Block 28) de l’hôpital des détenus du camp souche (Auschwitz-I).

Il meurt à Auschwitz le 11 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; cinq semaines après l’arrivée de son convoi.

En France, l’état civil a enregistré la date du 30 décembre 1942.

Déclaré “mort pour la France”, Pierre Leroy est homologué comme “Déporté résistant” ; reconnaissance plutôt rare concernant les “45000”.

Une stèle de granit gris a été érigée en son hommage à la gare SNCF de Niort, en bordure de la ligne de Paris, en tête du quai A (déplacée depuis ?) : « SNCF 1939-1945, À la mémoire de Leroy Pierre, secrétaire général du syndicat des cheminots de Niort, mort en déportation ».

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-10-1994).

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 379 et 411.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : Témoignage de sa veuve (05-1973) – Article du Patriote Résistant, mensuel de la FNDIRP (1973) – Article du journal local relatant la cérémonie d’inauguration de la stèle en présence du Préfet, du Conseiller de la République, de la Municipalité et de très nombreux cheminots – Archives municipales de Niort.
- Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, tome 43, p. 310.
- Archives départementales de la Haute-Garonne (AD 31), site internet du conseil général, archives en ligne : état civil de Villaudric, registre des naissances-mariages-décès 1893-1899 (1 E 15), année 1895, acte n° 21 (document 55/141).
- Archives départementales des Deux-Sèvres (AD 79), site internet du conseil général, archives en ligne : registre matricule du recrutement militaire, bureau de Niort, classe 1915, liste des engagés volontaires et réservistes étrangers à la subdivision de Niort, 1 à 179 (R702), n° de liste 108 (vues 148-159/274).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 712 (19468/1942).
- Base de données des archives historiques SNCF : service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 927-928.
- Site Les plaques commémoratives, sources de mémoire (aujourd’hui désactivé), photo de Jean-Jacques Guilloteau.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 23-02-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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André LECOMPTE – 45750

 André Lecompte, né le 20 janvier 1910 à Paris 6e, domicilié à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), mort à Auschwitz le 25 août 1942.

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

André Levillain naît le 20 janvier 1910 à l’hôpital Garnier, au 89, rue d’Assas à Paris 6e, fils de Juliette Levillain, 24 ans, domiciliée au 10, avenue de Chevreuil à Bécon-les-Bruyères, lieu-dit entre Courbevoie et le quartier des Bruyères, sur les communes d’Asnières-sur-Seine et de Bois-Colombes (Seine / Hauts-de-Seine – 92), et de père non dénommé. Le 14 septembre 1912, l’enfant est légitimé par le mariage de sa mère avec René Victor Lecompte, cordonnier, alors âgé de 27 ans, tous deux étant domiciliés au 8, rue des Cormonds (?) à Bois-Colombes. Le famille comptera neuf enfants (?), parmi lesquels Nicolas, né en 1918, Roger, né en 1920, tous deux en Seine-Maritime, puis Paulette, née en 1922, Jacqueline, née en 1925, et Paul, né en 1926.

Puis ses parents s’installent au 315, avenue d’Argenteuil à Colombes (92). André Lecompte commence à travailler comme ouvrier mécanicien.

Il est adhérent de la Fédération Sportive du Travail, organisation que la police française considère en 1931 comme « placée sous le contrôle du Parti communiste et qui, sous couvert de sport, cherche à faire partager à la jeunesse ouvrière les doctrines de ce parti ».

André Lecompte adhère au Parti communiste de 1936 à 1938.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 36, rue du Gros-Orme à Gennevilliers [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (92).

André Lecompte est métallurgiste (fraiseur).

Le 2 décembre 1939, à Gennevilliers, il se marie avec Renée Paule Appel (?). Ils n’auront pas d’enfant.

À l’automne 1940, il accepte une activité de diffusion de propagande communiste clandestine, dans un groupe dont l’imprimerie, constituée de deux machines à ronéotyper était installée au domicile des époux Lerigoleur, 36 rue du Gros-Orme à Gennevilliers ; la perquisition qui y est opérée permettant également de saisir plusieurs milliers de tracts prêts à être distribués, ainsi qu’un stock important de papier d’impression.

Le 11 ou 12 décembre 1940, André Lecompte est arrêté par la police française pour “propagande communiste” parmi treize militants. Au cours de son interrogatoire devant le commissaire de police, André Lecompte reconnait les faits. Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939, il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Le 12 mars 1941, il est inculpé pour escroquerie.

Le 28 avril, la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine condamne André Lecompte à dix mois de prison pour infraction au décret du 29-09-1939 et, le 18 juillet, la 13e chambre le condamne à six mois de prison et 25 francs d’amende pour escroquerie. Le 1er août, il est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne) ; matr. 9612. Il abandonne un recours en appel, mais, à sa demande, ses peines sont confondues.

À l’expiration de sa peine, le 12 décembre 1941, André Lecompte n’est pas libéré : le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif.

Après son arrestation, il est possible que son épouse ait emménagé au 67, rue du Ménil, à Asnières [1] (92) ; commune mentionnée sur son acte de décès.

Le 3 janvier 1942, André Lecompte fait partie d’un groupe de 50 détenus – 38 internés politiques et 12 “indésirables” (droit commun) – extraits du dépôt et transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé (Vienne). Ils sont conduits en car, sous escorte, jusqu’à la gare d’Austerlitz où les attend un wagon de voyageurs réservé (10 compartiments ; départ 7h55 – arrivée 18h51).

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – il est remis aux autorités d’occupation à leur demande et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, André Lecompte est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

JPEG - 128.9 ko

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André Lecompte est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45750 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté André Lecompte.

Il meurt à Auschwitz le 25 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [2].

Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est portée sur les actes de décès (J.O. du 23-03-1994).

Notes :

[1] Gennevilliers et Asnières : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant d’André Lecompte, son acte de disparition par jugement déclaratif de décès (13-7-1950) indique le 31 juillet 1942, voire le 6 juillet à Compiègne (à vérifier…). Leur publication à l’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 380 et 410.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national).
- Archives Départementales du Val-de-Marne, Créteil : prison de Fresnes, dossier des détenus “libérés” du 1er au 19-12-1941 (511w27).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 854-35939).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : liste XLI-42, n° 111.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 702 (24686/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 15-06-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Marcel LECLERCQ – (45749 ?)

Marcel Leclercq, né le 26 janvier 1901 au Cateau-Cambraisis (Nord), domicilié à Romainville (Seine-Saint-Denis), mort à Auschwitz le 25 septembre 1942.

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Marcel Leclercq naît le 26 janvier 1901 au Cateau [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (Nord), chez ses parents, Antoine Leclerq, 27 ans, fileur, et Élina Amélie Demon, 26 ans, couturière, son épouse, domiciliés au 7, rue Saint-Anne ; sa mère sera décédée avant l’an 1921 (date inconnue).

En avril 1921, il est incorporé au 20e bataillon de chasseurs à pied afin d’y accomplir son service militaire. Le 16 avril 1922, il est nommé chasseur de 1ère classe. Le 15 avril 1923, il est renvoyé dans ses foyers.

En mai 1923, il habite au 26, rue Vercingetorix à Paris 14e. En février 1924, il demeure au 80, rue de Vesle à Reims (Marne).

Le 11 mai 1924 à Reims, Marcel Leclercq se marie avec Anna (Anne) Seyler, née le 16 mai 1906 à Wahl (Luxembourg), qui acquiert la nationalité française par ce mariage. Leur fille, Marcelle, naît le 1er juin suivant, à Reims (Marne).

En décembre 1925, la famille est installée au 4, rue Morch à Saint-Ouen [2] (Seine / Seine-Saint-Denis – 93).

En mars 1927 et jusqu’au moment de son arrestation, Marcel Leclercq est locataire d’un logement de deux pièces au troisième étage de l’immeuble du 33, rue de Paris à Romainville (93). Au rez-de-chaussée, le couple Leclercq exploite un salon de coiffure pour hommes et dames.

    Romainville. La rue de Paris. La boucherie visible à droite est située au n° 21.     Carte postale oblitérée en 1947. Collection Mémoire Vive.

Romainville. La rue de Paris. La boucherie visible à droite est située au n° 21.
Carte postale oblitérée en 1947. Collection Mémoire Vive.

Chef d’orchestre amateur, Marcel Leclercq apporterait son concours à toutes les œuvres communales de Romainville.

C’est un militant communiste connu de la police ; catholique pratiquante, son épouse ne partage pas ses convictions.

Néanmoins, il est possible qu’en 1939 il ait été désigné par le Conseil de Préfecture de la Seine pour faire partie de la Délégation spéciale remplaçant la municipalité élue de Romainville (à vérifier…).

Le 27 janvier 1940, Marcel Leclercq est rappelé à l’activité militaire et affecté au dépôt d’infanterie n° 13 ; le côté salon pour hommes est alors temporairement fermé. Il est démobilisé début juillet 1940.

Le 31 octobre 1940, le commissaire de police de la circonscription des Lilas effectue une perquisition à son domicile, qui n’amène la découverte d’aucun matériel compromettant. Néanmoins, désignant Marcel Leclercq comme un « communiste notoire » et un « meneur très actif », le policier préconise son internement.

Le 9 novembre suivant, le préfet de police signe un arrêté ordonnant son internement administratif, par application du décret du 18 novembre 1939 et de la loi du 3 septembre 1940, en même temps que celui de Louis Gouffé, de Romainville. Le même jour, Marcel Leclercq est appréhendé à son domicile et conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Après l’arrestation de son mari, Anna Leclercq travaille seule, comme coiffeuse pour dames, dans leur boutique. Sa fille Marcelle est alors en apprentissage chez L’Oréal, coiffeur, 14 rue Royale à Paris 8e, entre les places de la Concorde et de la Madeleine.

Le 26 février 1941, sur le formulaire de « Révision trimestrielle du dossier » de Marcel Leclercq, à la rubrique « Avis sur l’éventualité d’une mesure de libération », le commissaire spécial, directeur du camp, ne formule pas son avis, constatant seulement que cet interné est « un communiste certain, mais dont l’activité clandestine ne doit pas être grande – contre-enquête nécessaire », ajoutant à sa décharge : « attitude correcte ».

Le 20 mars, puis le 11 avril, son épouse adresse des requêtes (demande de libération ou d’autorisation de visite) au préfet de Seine-et-Oise qui les soumet au préfet de police, responsable de l’internement de son mari. Elle parvient à lui rendre visite à Aincourt

Le 26 avril 1942, seize mois après son internement à Aincourt, Marcel Leclercq fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” de Voves au sud-est de Chartres (Eure-et-Loir), où lui-même est enregistré sous le matricule n° 201.

Le 10 mai 1942, il fait partie des 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Il parvient, au moins une fois, à écrire à son épouse depuis ce camp.

Entre fin avril et fin juin 1942, Marcel Leclercq est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marcel Leclercq est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45749, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Marcel Leclercq.

Il meurt à Auschwitz le 25 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Le 30 octobre 1946, l’officier d’état civil auprès du ministère des Anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) établit l’acte de décès de Marcel Leclercq en en fixant la date au 31 août 1942.

Début 1947, sa veuve dépose auprès du ministère des ACVG une demande de pension au titre de la loi du 20 mai 1946 sur les réparations à accorder aux victimes de la guerre.

Le nom de Marcel Leclercq est inscrit sur une des plaques commémoratives (« mort dans la résistance ») apposées dans le hall de la mairie de Romainville.

La mention “Mort en déportation” est portée sur son acte de décès (J.O. du 23-03-94).

Notes :

[1] Le Cateau prend officiellement le nom de Cateau-Cambraisis en 1977.

[2] Saint-Ouen et Romainville : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 386 et 410.
- Cl. Cardon-Hamet, notice in 60e anniversaire du départ du convoi des 45000, brochure répertoriant les “45000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002.
- Archives départementales du Nord, site internet, archives en ligne : registre d’état civil NMD du Cateau-Cambresis, année 1901 (3 E 6586), acte n° 23 (vue 7/161) ; registres matricules du recrutement militaire, bureau de Cambrai, classe 1921, vol. 3 (1R 3553), n° 1595 (vue 117/201).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 513-13598).
- Archives départementales des Yvelines et de l’ancien département de Seine-et-Oise (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1w74 (révision trimestrielle), 1w76, 1w80, 1w131 (dossier individuel).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 702 (33089/1942).
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.
- Site Mémorial GenWeb, 93-Romainville, relevé de Christiane Level-Debray (06-2004).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 20-13-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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Maurice LECHEVALIER – 45748

Maurice, Louis, Victor, Lechevalier, né le 1er janvier 1902 à Cherbourg (Manche), domicilié à Puteaux (Hauts-de-Seine), mort à Auschwitz le 8 août 1942.

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Maurice, Louis, Victor, Lechevalier naît le 1er janvier 1902 à Cherbourg (Manche), chez ses parents, Alexis Lechevalier, 37 ans, charpentier de marine, et Albertine Joret, 35 ans, son épouse, domiciliés au 27 rue du Faubourg, aujourd’hui rue Charles-Blondeau (tous deux seront décédés au moment de son arrestation). Maurice est le sixième d’une famille de sept enfants (Victor, Marie, Charles, Adrien, Marcel, Maurice et Henri). Leur mère décède le 19 septembre 1915 à Cherbourg. En 1920, quand il a 18 ans, Maurice habite chez son père, au 5 rue des Thins à Saint-Vaast-la-Hougue. Il commence à travailler comme mécanicien.

Le 16 septembre 1921, à Cherbourg, il s’engage volontairement dans l’infanterie coloniale. Le lendemain, il est affecté au 1er RIC comme soldat de 2e classe. Le 26 octobre suivant, il passe au 21e RIC – participant à l’occupation des pays rhénans – et, le 9 mai 1923, il passe au 5e RIC. Le 27 juillet suivant, il passe au 2e RIC par mesure disciplinaire, arrivant au corps quatre jours plus tard. Le 23 décembre, il embarque à destination de l’Indochine, où il passe au 11e RIC. Le 13 octobre 1924, par changement d’arme, il est affecté à la 7e compagnie mixte d’ouvriers d’artillerie coloniale. Le 16 juillet 1926, il passe à la 2e COAC. Le 20 août 1926, il est débarqué à Marseille. Le 16 septembre suivant, il est libéré du service actif et se retire à Saint-Vaast-la-Hougue, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En juin 1931, Maurice Lechevalier habite au 233, rue du Vieux-Pont-de-Sèvres à Boulogne-Billancourt (Seine / Hauts-de-Seine – 92), à proximité des usines Renault. En avril 1937, il demeure au 40, rue des Couvaloux à Suresnes (92).

Au moment de son arrestation, Maurice Lechevalier est domicilié au 74, boulevard Richard-Wallace à Puteaux [/fusion_builder_column][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][1] (92). Il est célibataire, mais vit maritalement avec Marie Ernestine Henriette Farque, sans profession, 47 ans (née le 13 novembre 1894 à Traves en Haute-Saône), veuve et ayant un enfant né vers 1934.

Maurice Lechevalier est outilleur-ajusteur, en dernier lieu chez l’avionneur Morane-Saulnier, au 3, rue Volta, à Puteaux ; peut-être comme « affecté spécial » lors de la mobilisation de 1939 (en février 1937, il avait déjà ce statut militaire dans cette entreprise).

C’est un militant communiste.

Peut-être est-il en contact clandestin avec Jean Nenning, futur maire communiste de Puteaux après la Libération…

Au moment de son arrestation, il est au chômage.

Le 31 août 1940, il est arrêté – probablement chez lui – par les services du commissariat de police de la circonscription de Puteaux pour « infraction à l’ordonnance du 20 juin 1940 [édictée par les] autorités d’occupation ». Interrogé, il reconnait avoir remis à deux camarades des tracts reçus d’une personne dont il ne connaît pas l’identité. La perquisition opérée à son domicile ne donne aucun résultat (le même jour est arrêté Louis Révillon, de Suresnes, apparemment sans lien…).

Maurice Lechevalier est d’abord conduit au dépôt de la préfecture de police, puis écroué le 1er septembre à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e). Il est remis en liberté le 23 octobre, probablement faute de charges suffisantes pour la Justice.

Mais, le 9 novembre 1940, le préfet de police signe un arrêté ordonnant son internement administratif. Le jour même, Maurice Lechevallier est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte montrant les points d’impact après le bombardement par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940. Arch. dép. des Yvelines (1W71).

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte
montrant les points d’impact après le bombardement
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940.
Arch. dép. des Yvelines (1W71).

Le 26 février 1941, sur le formulaire de « Révision trimestrielle du dossier » de Maurice Lechevallier, à la rubrique « Avis sur l’éventualité d’une mesure de libération », le commissaire spécial, directeur du camp, émet un avis défavorable en s’appuyant sur le constat que cet interné « est resté communiste certain », tout en lui reconnaissant une « attitude correcte » .

Les 5 et 9 mars 1941, le frère et la compagne de Maurice Lechevalier adressent au préfet de Seine-et-Oise une requête dont la nature reste à préciser. Cependant…

Le 27 mars, Marie Farque écrit à la préfecture de police afin de solliciter la libération de Maurice Lechevallier qu’elle désigne comme son mari (elle-même se désignant comme Mme Lechevalier), car son « départ » la laisse dans la gêne, ne touchant aucun secours ni chômage et ne pouvant être aidée par son propre fils, malade et père de deux enfants.

À une date restant à préciser, Maurice Lechevalier demande l’autorisation de se marier à la mairie du village sur le territoire duquel se trouve le camp, en même temps que le jeune interné Gabriel Charpentier, de Goussainville (21 ans).

Le 6 novembre, les deux internés se rendent à la mairie d’Aincourt accompagné d’un inspecteur pour accomplir les formalités administratives préalablement nécessaires.

Aincourt. La mairie-école dans les années 1900. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Aincourt. La mairie-école dans les années 1900. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Le 21 novembre, le préfet transmet au chef de camp son autorisation pour le double mariage devant être célébré le lendemain au village d’Aincourt, « toutes dispositions habituelles étant, bien entendu, prises pour la surveillance de ces internés ».

Le 22 novembre 1941, « en la maison commune », Louis Victor Lechevalier (sic), 39 ans, « domicilié à Aincourt », épouse sa compagne, Marie Farque, 47 ans. Son premier prénom, Maurice, n’apparaît pas sur l’acte de mariage : avait-il récusé son usage, refusant la référence à la vedette de music-hall ? Leurs témoins sont Albert Huck, ajusteur, domicilié à Issy-les-Moulineaux, et Paul Jules Pierre Hardy, ajusteur « domicilié à Aincourt », qui sera déporté avec lui.

Le 5 mai 1942, Maurice Lechevalier fait partie d’un groupe de détenus transférés au camp français (CSS) de Voves (Eure-et-Loir – 28). Il est enregistré sous le matricule n° 375 dans ce camp où il ne reste que cinq jours.

Le 10 mai, il fait partie des 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Maurice Lechevalier est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre »).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Le 8 juillet 1942, Maurice Lechevalier est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45748 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Il est probable que Maurice Lechevalier soit affecté à Auschwitz-I ; en effet, son nom est inscrit sur un registre du Block 28 faisant partie de l’hôpital du camp-souche. faisant partie de l’hôpital du camp-souche, arrivant du Block 19.

Le 26 août, il est inscrit sur le registre du Block 21 (diagnostic à décrypter…).

Maurice Lechevalier meurt à Auschwitz le 2 novembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher). Le motif donné pour sa mort est « pneumonie » (Lungenentzündung).

(aucun des douze “45000” de Puteaux n’a survécu)

Notes :

[1] Puteaux : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes industrielles de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 383 et 410.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 513-135901) ; registre de main courante du commissariat de Puteaux du 28 octobre 1939 au 29 septembre 1940 (C B 90-30), acte n° 1407.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1w74 (révision trimestrielle), 1w76, 1w80, 1w99 et 1w131 (dossier individuel).
- Emmanuel Couesnon, maire d’Aincourt (2019), copies du registre d’état civil (actes 18/4 et 18/5 du 22-11-1941), transmises par Philippe Lesieur, de Mémoire d’Aincourt.
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 702.
- Acte de décès à Auschwitz (38546/1942), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Office for information on former prisoners).
- Christian Parent, petit-neveu de Maurice Lechevallier : acte de naissance, matricule militaire et tableau généalogique ; copie du dossier d’homologation dans la Résistance intérieure française (RIF) au Service historique de la Défense (château de Vincennes, Val-de-Marne).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 20-08-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

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