Raoul, Émile, Louis, MARY naît le 4 septembre 1913 à Petit-Quevilly, agglomération de Rouen (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [1] – 76).
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 64, rue des Capucins, à Rouen.
Marié avec Suzanne, ils ont une fille. Il est le beau-frère de Jean Creignou et Raymond Mouret.
De 1935 à 1937, Raoul Mary est employé de bureau, aux Service régional des Assurances Sociales pendant deux ans et demi, puis, de 1937 à 1939, à la direction du Port de Rouen (Ponts-et-Chaussées).
Membre des Jeunesses communistes, il est aussi secrétaire de l’Association des Amis de l’URSS.
Lors des élections cantonales d’octobre 1937, le Parti communiste le présente comme candidat au Conseil d’arrondissement dans la circonscription de Bellencombre.
À la suite de la mobilisation de septembre 1939, Raoul Mary est affecté comme brigadier chef comptable dans un état-major militaire.
Son domicile est perquisitionné au moins une fois par la police française.
Arrêté et inculpé en octobre 1940 pour activité communiste, il est acquitté « faute de preuve matérielle de son activité » et libéré le 26 novembre.
Le 21 juin 1941 – comme Raymond Mouret – Raoul Mary est arrêté [2], puis interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il figure sur la liste des Jeunes communistes de ce camp (n° 1414).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.
Entre fin avril et fin juin 1942, Raoul Mary est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Raoul Mary est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45855 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Raoul Mary.
Il meurt à Auschwitz le 25 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Il est homologué comme “Déporté politique” en 1955.
Notes :
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 413.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie (2000), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen – Dossier de Brinon [4].
Site Gallica, Bibliothèque Nationale de France, L’Humanité n° 14164 du mercredi 29 septembre 1937, page 4, “vingtième liste (suite)…”.
Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’Hôtel du Département, cabinet du préfet 1940-1946, individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels de Lh à Q (cote 51 W 419), recherches conduites avec Catherine Voranger, petite-fille de Louis Jouvin (“45697”).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 785 (24683/1942).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 24-08-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.