
Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Gérard Marti naît le 25 août 1891 à Perpignan (Pyrénées-Orientales – 66), chez ses parents, Jacques Marti, 44 ans, cultivateur, et Catherine Depère, son épouse, 35 ans, domiciliés au 38, rue Dagobert.
Il commence à travailler comme chaudronnier en cuivre.
Le 3 mai 1910, à la mairie de Toulon (Var), il s’engage pour cinq ans au 5e dépôt des équipages de la Flotte comme matelot mécanicien de 2e classe. Il accomplit des « services à la mer » sur le Sidi Abd
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. L’engagement de Marcel Marti n’est pas terminé. À partir de février 1915, la base maritime de Bizerte sert d’escale pour tous les navires en route vers le front des Dardanelles et Salonique. Du 17 septembre au 30 octobre 1915, Marcel Marti est engagé en « campagne de guerre » sur le contre-torpilleur Renaudin, puis sur le vieux croiseur protégé Châteaurenault – alors utilisé comme transport de troupes rapide entre les ports de Tarente (Italie) et Itéa (Grèce). Au matin du 14 décembre 1917, navigant à destination de Patras entre les îles ioniennes de Leucade, Céphalonie et Ithaque, le bâtiment est frappé successivement par deux torpilles du sous-marin allemand UC 38 et sombre. Gérard Marti fait partie des naufragés récupérés par les navires d’escorte : 984 officiers, sous-officiers et soldats de l’Armée d’Orient et 447 hommes d’équipage, l’explosion de la première torpille au niveau des chaudières ayant fait huit victimes parmi les chauffeurs, dont les corps ont disparu avec le navire.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Gérard Marti est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45843. Sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée.
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Gérard Marti meurt au Revier [4] d’Auschwitz le 17 août 1942, d’après les registres du camp.
Un document du ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre indique : « Aurait été vu à Auschwitz par Robert Gaillard », du Petit-Quevilly (45565).
Un acte de décès a été établi le 29 janvier 1947.
Après la guerre, à une date restant à préciser, le Conseil municipal d’Oissel donne son nom à une rue de la commune.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts SNCF des ateliers des Quatre-Mares de Sotteville-les-Rouen.
Notes :
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 413.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : Archives de la Mairie d’Oissel (1/6/1992) – Liste de Louis Eudier (45523), annexes p. 22 – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
Archives départementales des Pyrénées Orientales (AD66), site internet, archives en ligne : registre de naissance de Perpignan, années 1890-1891 (9NUM2E4528-4529), acte n° 630 (vue 237/277) ; registres des matricules militaires, bureau de recrutement de Perpignan, classe 1911, n° 1-500 (13NUM1R505), matricule 385 (vue 755/952).
Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : cabinet du préfet 1940-1946, individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels Lh-Q (51w419), recherches conduites avec Catherine Voranger, petite-fille de Louis Jouvin (“45697”).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 784 (21147/1942).
Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (cote 0110LM0108).
Site du Groupe Archives Quatre-Mares (GAQM).
Site PAGES 14-18 Forum.
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 11-12-2015)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.