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Collection de Mme Marcelle Gousset, fille d’Yvonne Noutari.
Sans date. Droits réservés.

Yvonne Moudoulaud naît le 5 mai 1915 à Bègles (Gironde – 33), dans une famille ouvrière dont le père est mort jeune. Elle a (au moins) une sœur plus jeune, Marcelle, surnommée « Mimi ».

Après avoir suivi l’école communale à Bègles, Yvonne Moudoulaud est ouvrière dans une fabrique de bottes métalliques.

Elle se marie jeune avec Robert Noutari, né le 29 mai 1912 à Bordeaux (33) mouleur sur fonte à l’usine SNCASO (Société nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest) de Bègles.

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Robert et Yvonne.
Collection de Marcelle Gousset.
Droits réservés.

Ils ont deux enfants (les « Bicous ») : Robert, surnommé « Robinot », et Marcelle, surnommée « Moustic » parce que jugée trop maigre. Ils habitent un logement au 5 cité Brulatour (une impasse) à Bordeaux.

Avant guerre, Robert Noutari est un militant actif.

Le 4 septembre 1939, il est appelé sous les drapeaux, au 344e RI, puis démobilisé le 9 août 1940.

Sous l’occupation, il reprend son activité au sein du Parti communiste, interdit depuis près d’un an.

Sa mère, Marie Louise, s’étant marié en secondes noces avec un citoyen britannique (Cecil ? Jibson), est considérée comme anglaise par l’occupant et internée au Frontstalag 121 à Vittel (Vosges).

À une date restant à préciser, Robert Noutari est arrêté une première fois et interné administrativement dans un camp français (à Mérignac ?). Il finit par s’en évader. C’est probablement à ce moment qu’il participe à la résistance armée, organisant des sabotages sur des voies ferrées selon une enquête de police (voir note).

Il est repris en juin 1942 et emprisonné au Fort du Hâ, 11 rue du Maréchal-Joffre, dans le quartier français de la prison.

La police perquisitionne au domicile du couple et saisi les économies familiales.

Affiliée au Front national, Yvonne héberge des résistants. Le dernier d’entre eux est Jean Dancla, militant évadé depuis trois mois (« un petit brun avec une petite moustache et un blouson de cuir »). Dans un courrier ultérieur, Robert Noutari dira ne pas le connaître, mais peut-être s’agit-il d’une dénégation indirectement adressée à la censure policière. Toujours est-il que Dancla est l’objet d’une filature menée par la police française.

Le 7 ou 8 juillet 1942, vers deux heures du matin, quand la police vient frapper à la porte d’Yvonne Noutari, son hôte – qui vient peut-être juste d’arriver – parvient à s’enfuir et à se rendre chez Georgette Lacabanne où tous les deux seront finalement arrêtés. La police revient chez Yvonne vers 4 heures du matin pour l’emmener. Le même jour, Marcelle Bastien [1] est également interpellée ; dans quelles conditions ?

Robert et Marcelle, les enfants Noutari, sont recueillis par leur grand-mère et Mimi, sœur d’Yvonne, qui habitent ensemble au numéro 1 de l’impasse Brulatour. Ensuite, pendant la durée de la guerre, ils seront envoyés avec leur grand-mère chez une tante, Henriette et son mari Charles Dayres (?), habitant la campagne à Bergerac ou à Livry (lequel ?). Ensuite, vers février 1944, ils sont envoyés en Ariège.

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Moustic et Robinot.
Collection de Marcelle Gousset.
Droits réservés.

Yvonne Noutari est immédiatement emprisonnée au Fort du Hâ ; le 18 juillet, elle est au quartier allemand, au secret, interdite de visite et de colis. Instruisant l’affaire, la police lie le cas du mari à celui de la femme. Le 30 juillet, Robert Noutari est également transféré au quartier allemand de la prison. Il obtient de nettoyer la cellule de la bibliothèque, ce qui lui permet de gagner son café du matin. Un avocat suit son affaire et il attend son procès, d’abord pour le 21 août puis pour le 4 septembre, espérant être renvoyé en camp à l’issue de celui-ci. Il demande à sa belle-sœur d’engager les démarches nécessaires pour que son nom n’apparaisse pas dans la presse locale à cette occasion. Devant le tribunal, il compte justifier son évasion en déclarant qu’il voulait voir sa mère « enfermée par les Allemands » depuis « bientôt deux ans ». Le 11 septembre, Robert adresse à Mimi sa dernière lettre connue, écrivant : « Et les Bierge, qu’est-ce qu’ils racontent. Ils doivent trouver le temps long. »

À cause de la santé fragile de la mère de Robert, Mimi – qui est au centre de la correspondance familiale – retient le moment de lui révéler l’arrestation de son fils.

Le 21 septembre 1942, Robert Noutari est un des soixante-dix otages fusillés au camp militaire de Souge, commune de Martignas-sur-Jalle, avec Jean Dancla, mais aussi Raymond Bierge, Gabriel et René Castéra, employés à la CNASO de Bègles avec lui, et d’autres époux de futurs “31000” arrêtés dans d’autres circonstances. Ces représailles massives touchent des détenus placés sous l’autorité de la Feldkommandantur 529 de Bordeaux bien que les actions de la résistance armée qui les déclenchent aient essentiellement été menées à Paris ; comme la dernière, frappant le grand cinéma Rex réservé aux troupes d’occupation (Deutsches Soldatenkino) le 17 septembre à 21h55 et faisant deux morts et dix-neuf blessés. [2]

À aucun moment, ni sa mère ni sa sœur n’informeront Yvonne Noutari de l’exécution de son mari.

Le 16 octobre 1942, Yvonne Noutari est parmi les 70 hommes et femmes – dont 33 futures “31000” (les “Bordelaises” et les Charentaises) – transférés depuis le Fort du Hâ et la caserne Boudet de Bordeaux au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas [3] (Seine-Saint-Denis – 93), premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122. Yvonne y est enregistrée sous le matricule n° 941. Selon Annette Épaud, les nouveaux arrivants sont isolés pendant trois semaines, sans avoir le droit d’écrire, puis ils rejoignent les autres internés ; hommes et femmes étant séparés mais trouvant le moyen de communiquer. Pour les “anciennes” détenues du Fort, Yvonne Noutari devient “Yvonne de Bordeaux”.

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Au Haftlager 122.
Collection numérique Mémoire Vive.
Droits réservés.

Dans un courrier daté du 19 novembre (posté le 24), celle-ci indique « nous sommes neuf qui nous entendons bien » (groupe de partage de colis), puis précise qu’elle est « avec la grand-mère à Casera et Mme Lacabanne ». Dans chaque courrier, elle demande des nouvelles de Robert, sans obtenir de réponse satisfaisante.

Le 22 janvier 1943, elle fait partie des cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »). Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police de Paris). À ce jour, aucun témoignage de rescapée du premier transfert n’a été publié concernant les deux nuits et la journée passées à Royallieu, et le récit éponyme de Charlotte Delbo ne commence qu’au jour de la déportation… Mais Betty Jégouzo confirme ce départ en deux convois séparés, partis un jour après l’autre du Fort de Romainville. Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, Yvonne Noutari jette sur les voies un message à destination de sa mère, Madame Moudoulaud. Rédigé sur un papier d’emballage de biscuits (« Le Gouter Damoiseau »), celui-ci a été récupéré en gare de Compiègne. Soucieuse que ses enfants ne l’oublient pas, elle et son mari, elle demande aussi de prévenir la famille Castéra de ce départ « destination Allemagne ».

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Message trouvé en gare de Compiègne le 24 janvier 1943.
Collection de Madame Marcelle Gousset.
Droits réservés.

En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.

Yvonne Noutari y est enregistrée sous le matricule 31718. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.

Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail.

Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quart, de face et de profil (la photo d’immatriculation de Yvonne Noutari a été retrouvée).

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Auschwitz, le 3 février 1943
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du camp des femmes où se trouvent des compagnes prises à la “course” du 10 février. Les “31000” commencent à partir dans les Kommandos de travail.

Dans cette période, comme beaucoup de ses compagnes Yvonne Noutari est frappée par typhus exanthématique, de manière très violente.

Le 3 août, elle est parmi les survivantes – exceptées celles du Kommando de Raïsko – placées en quarantaine, dans une baraque en bois située en face de l’entrée du camp des femmes ; le Block 31a (?).

Charlotte Delbo précise : « La quarantaine, c’était le salut. Plus d’appel, plus de travail, plus de marche, un quart de litre de lait par jour, la possibilité de se laver, d’écrire une fois par mois, de recevoir des colis et des lettres. » Néanmoins, cinq Françaises, trop épuisées, y succombent encore. Pour les “31000”, cette période dure dix mois.

Au même moment, les détenus politiques français d’Auschwitz et Birkenau obtiennent le droit d’écrire, malgré leur enregistrement au camp sous le statut “NN”.

Yvonne Noutari est punie d’un mois de Strafkommando (commando disciplinaire) pour avoir écrit dans une lettre à sa mère (peut-être la première) : « Les beaux jours refleuriront ». Seule Française dans ce Kommando de punition qui part au travail à 4 heures du matin, rentre à 10 heures du soir, devant marcher au pas en chantant « alli-allo », elle tient. Ses camarades donnent chacune une petite part de leur pain pour lui faire une ration supplémentaire pendant tout le temps de sa punition.

La première lettre d’Yvonne Noutari parvenue à sa famille (Mimi) est datée du 8 août 1943 (postée à Auschwitz le 24 !), tardivement par rapport à ses compagnes. Elle est alors au Block 15.

Le 3 janvier 1944, elle écrit : « Tu ne me donne jamais de nouvelles de Robert et de sa mère, je veux savoir exactement comment ils vont, même si c’était une mauvaise nouvelle. » Mimi – très embarrassée – lui répond : « Au sujet de Robert, je ne peux rien te dire, que lorsque tu seras parmi nous… », puis « Ne me demande plus de nouvelles de ton mari, il m’est tout à fait impossible de t’en donner. »

Le premier mai, Yvonne adresse encore ses « meilleurs souhaits de fête à mes deux Robert » (père et fils).

La mère de Robert Noutari, Marie Louise Jibson, semble perdre la raison au cours de sa détention à Vittel. En avril 1944, Mimi précise à Yvonne que celle-ci « est en traitement dans une maison de santé aux environs de Nancy ».

Début juin 1944, les “31000” de la quarantaine sont renvoyées au travail, mais affectées dans un atelier de couture moins épuisant où elles ravaudent les vêtements laissés par les Juifs « à l’entrée de la douche » (Ch. Delbo). Des fenêtres de cet atelier, elles voient l’arrivée des convois de Juifs de Hongrie, débarqués sur une dérivation de la voie de chemin de fer qui se prolonge désormais à l’intérieur du camp ; Yvonne Noutari est alors au Block 8b.

La dernière lettre envoyée à sa famille depuis Birkenau est datée du 1er juillet (postée à Auschwitz le 11). Après le débarquement allié, un niveau front s’est créé en France que le courrier ne franchit plus.

Le 2 août 1944, Yvonne Noutari fait partie des trente-cinq “31000” transférées au KL Ravensbrück où elles arrivent le 4 août ; la plupart étant enregistrée comme détenues “NN” (pas de travail hors du camp, pas de transfert dans un sous-camp extérieur).

Le 2 mars 1945, Yvonne est parmi les trente-trois “31000” transférées au KL Mauthausen où elle arrivent le 5 mars après un voyage très pénible.

En les transportant de nuit, on envoie la plupart d’entre-elles à la gare de triage d’Amstetten pour boucher les trous d’obus et déblayer les voies quotidiennement bombardées par l’aviation américaine. Yvonne est tuée par un bombardement en même temps que ses amies Olga Melin et Charlotte Decock.

Yvonne Noutari meurt à Mauthausen (ramenée au KL ?) le 22 mars 1945 après une nuit d’agonie. Le camp est libéré un mois plus tard.

À l’arrivée des déportés, Madame Moudoulaud, la mère d’Yvonne va attendre en gare de Bordeaux, espérant chaque jour voir revenir sa fille, puisqu’elle a eu des nouvelles d’Auschwitz et sait qu’Yvonne y a survécu. C’est Félicienne Bierge – dont le mari travaillait dans la même usine et avait été fusillé en même temps que Robert – qui lui annonce la mort de sa fille.

Robinot et Moustic, les deux enfants Noutari, ont été élevés par leur grand-mère et Mimi, sœur d’Yvonne.

Robert Noutari a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume par décret du 5 janvier 1959, et de la Médaille de la Résistance française.

À une date restant à préciser, le conseil municipal de Bègles donne le nom de Robert et Yvonne Noutari à une rue de la commune.

Sources :

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 216-217.
- Documents familiaux provisoirement confiés par Madame Marcelle Gousset, fille d’Yvonne Noutari (Moustic).
- Marion Queny, Un cas d’exception : (…) le convoi du 24 janvier, mémoire de maîtrise d’Histoire, Université Lille 3-Charles de Gaulle, juin 2004, notamment une liste réalisée à partir du registre de Romainville (copie transmise par Thomas Fontaine), pp. 197-204, et p. 114.
- Serge Klarsfeld, Le livre des otages, Les éditeurs français réunis, Paris 1979, Les otages de Bordeaux (20.9.1942), pages 174 à 179, et 233 à 246, fiche allemande, page 245-246.
- La commission d’Histoire du Comité du Souvenir des Fusillés de Souge.
- Liste des photos d’Auschwitz « identifiées de camarades non rentrées », Après Auschwitz, bulletin de l’Amicale, n°17 septembre-octobre 1947, page 3.

MÉMOIRE VIVE

(dernière modification, le 7-06-2010)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

[1] Marcelle Bastien, née le 25 septembre à 1922 Reims (Marne – 51), est la compagne du jeune résistant communiste Lucien Dupont. Arrêtée le 8 juillet 1942 à Bordeaux, elle est mise au secret au Fort du Hâ, puis transférée au Fort de Romainville. Christiane Dupont Lauthelier, fille de Marcelle et Lucien, a raconté : « De Romainville, où elle était donc internée depuis la fin octobre 1942, Marcelle Bastien, enceinte, devait faire partie du convoi de la fin janvier 1943, en partance pour… Auschwitz ! Sans l’intervention de Danielle Casanova – qui demanda aux femmes rassemblées de ne pas monter dans les camions tant que Marcelle serait dans la colonne – et de Marie-Claude Vaillant-Couturier (qui faisait l’interprète), nous ne serions plus là pour témoigner de leur barbarie… Quel courage, quelle conscience politique, quelle abnégation chez ces femmes communistes engagées dans la Résistance. Devant leur détermination, le commandant retira violemment ma mère enceinte de la colonne ! ». Marcelle Bastien accouche le 16 avril 1943 au Val-de-Grâce. Elle et sa fille Christiane reviennent au fort de Romainville en août 1943. Puis la Croix-Rouge vient chercher le bébé qui est confié à ses grands-parents paternel à côté de Dijon. Marcelle Bastien est déportée dans le transport parti de Paris le 29 août 1943 et arrivé au KL Ravensbrück le 2 septembre (matr. 22337). Après deux années sans aucune nouvelle de sa fille et de Lucien Dupont (fusillé le 26 février 1943 au Mont-Valérien), elle est libérée à Neubrandenburg.

[2] La fusillade du 21 septembre 1942. Le 16 septembre, la Sipo-Sd (Gestapo) – qui a pris en charge de la politique des otages initiée par le haut commandement militaire – décide d’organiser des fusillades massives en représailles de plusieurs attentats organisés par la résistance armée contre les forces d’occupation depuis le 11 août précédent, date des dernières exécutions. Au moment de la décision, le nombre de « victimes expiatoires » (Sühnepersonen) est fixé à quatre-vingt-quatre selon un barême multipliant par deux le nombre des militaires allemands tués ou blessés lors de ces actions. La région parisienne ne disposant pas d’autant d’otages fusillables, il est décidé de prendre des hommes détenus à Bordeaux (deuxième grande ville de la zone occupée) soit pour les conduire au Fort de Romainville, camp d’otages, soit pour les exécuter au camp de Souge ; c’est la deuxième solution qui sera retenue pour des raisons de “sécurité”. Avant même les exécutions, le Docteur Horst Laube, responsable de la section II-Ju de la Sipo-SD en France, considère qu’il « ne serait pas recommandé de fusiller tout de suite tous les otages disponibles à Paris, afin qu’à l’avenir dans les cas imprévus, on puisse trouver à Paris des otages à tout moment »

Dans la mesure où le principe en avait déjà été fixé, la fusillade de Souge n’est pas une conséquence directe de l’attentat du Rex, mais celui-ci augmente le nombre d’otages désignés et c’est surtout à Bordeaux qu’est trouvé le complément. Le 18 septembre, Karl Oberg, chef supérieur des SS et de la police allemande en France depuis mai 1942, entérine les propositions : « J’ordonne en représailles l’exécution de 116 Français dont 70 à Bordeaux et 46 à Paris. » L’avis affiché précise : « …lesquels ont été trouvés coupables d’activités antiallemandes ou communistes ».

Fiche allemande :

66. NOUTARI Robert, 29.4.1912 Bordeaux, Bordeaux.

 

N. est un vieux communiste, en fuite d’un camp de concentration, était en liaison avec des groupes de terroristes dans -le département de Charente, vivait dans des quartiers illégaux et organisait des attentats et attaques de voies ferrées.

Selon la terminologie allemande, il est évident que « vieux communiste » veut dire « communiste de longue date ».

[3] Les Lilas. Jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine (transfert administratif effectif en janvier 1968).