William, Elis, Chouraqui naît le 11 avril 1909 à Alger (Algérie), au 8, rue Montaigne, chez ses parents, Moïse Chouraqui, 33 ans, voyageur de commerce, et Camille Aboucaya, son épouse, 28 ans. [1]

Le 12 mai 1921, William Chouraqui est adopté par la Nation par un jugement du Tribunal d’Alger (son père – 38 ans en 1914 – ne semble pas être mort au cours de la Grande guerre).

Au moment de son arrestation, William Chouraqui est domicilié à Paris 8e. On ignore tout de lui.

À des dates restant à préciser, il est arrêté puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, William Chouraqui est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, William Chouraqui est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), parmi les derniers, sous le numéro 46320 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Il y est enregistré comme juif.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté William Chouraqui.Il meurt à Auschwitz le 31 juillet 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; trois semaines après l’arrivée de son convoi.

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Le Mémorial de la Shoah, au 17 rue Geoffroy-l’Asnier à Paris 4e.
À gauche, panneau du Mur des noms pour les déportés
de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés
depuis l’achèvement du mur
 » (janvier 2005).
De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942
y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.
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Inscrit sur le Mur des noms…

Sources :

- Son nom (orthographié « CHORUBUAI Wilam ») et son matricule figurent sur la Liste officielle n°3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 399.
- Archives nationales d’Outre-mer, site internet : registre des naissances d’Alger, année 1909, acte de naissance n° 1238 du 13 avril.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes (BA 2397).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 171 (17689/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 10-12-2012)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Il est sans parenté directe avec Charles Chouraqui, dit “Rainer”, né le 20 février 1903 à Alger, domicilié au 10 rue Rachel (avenue Rachel 18e ?) à Paris, considéré comme « meneur et agitateur communiste très actif », sous arrêté d’internement administratif le 13 novembre 1940 et probablement interpellé le même jour (20.760), interné au centre de séjour surveillé (CSS) d’Aincourt (ce n’est pas son frère).