Simone Eiffes naît le 30 mai 1920 à Paris 10e, fille de Marcel Eiffes cheminot, et de Mathilde Counhaye, son épouse. Sans avoir d’engagement politique avéré, ses parents sont connus pour défendre « la cause des personnes malheureuses ».

Après l’école secondaire, Simone travaille comme couturière (« tailleur pour homme ») à Paris.

Elle donne constamment du souci à ses parents : elle aime s’amuser, elle aime plaire aux garçons et elle leur plait.

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Droits réservés.

En décembre 1939, Simone quitte le domicile de ses parents au 6, rue de La Lanne à Montigny-les-Cormeilles (Val-d’Oise – 95). Sa mère en fait une dépression nerveuse Pendant un temps, Simone habite à l’Hôtel de Paris, au 10, rue Poulet, près du métro Château-Rouge (Paris 18e).

En juin 1940, lors de l’exode des populations civiles déclenché par la progression rapide de l’armée allemande, Simone fait la connaissance d’un jeune militant communiste, Georges Feldmann [1], qui part se réfugier chez des amis à Cognac, en Charente, les autorités françaises ayant ordonné aux jeunes garçons de quitter la capitale pour ne pas tomber aux mains des Allemands qui les feraient prisonniers. Un camarade de Feldman, Georges Grunenberger (ou Grünenberger), part les rejoindre le 10 juin, à bicyclette.

Une fois l’armistice entré en vigueur, Georges Feldmann a hâte de rentrer à Paris pour reprendre contact avec son parti.  Simone le précède [?], allant habiter chez lui au 13, rue Oudinot (Paris 7e), jusqu’à ce qu’il revienne au cours du mois de juillet.

Le 2 octobre, Georges Feldman échappe de peu à une interpellation par des agents du commissariat du Gros-Caillou lors d’un lancer de tracts – « Chômeurs de Paris » – à bicyclette, rue Cler (Paris 7e), alors que son camarade Émile Ch., 19 ans, est arrêté, le mettant rapidement en cause au cours des interrogatoires.

Se devinant recherché – il fera l’objet d’un mandat d’amené délivré le 5 octobre par un juge d’instruction -, Georges Feldman ne revient plus à son domicile de la rue Oudinot, que le commissaire de police du Gros-Caillou perquisitionne le lendemain du flagrant délit, y trouvant une brochure intitulée « Cours de l’école du second degré, Parti communiste, région Paris-Ville section du 7e » et un cahier contenant des directives récentes pour la propagande clandestine.

Le 24 octobre, la direction de la SNCF affecte Marcel Eiffes, le père de Simone, à la gare d’Hirson (Aisne) par mesure disciplinaire. Il y est chef de manœuvre, logeant sur place.

Fin octobre-début novembre, Simone Eiffes parvient à se faire prêter provisoirement une chambre au 10, rue Letort, dans laquelle elle héberge Georges Feldman quand le locataire en est absent.

« À la suite d’une surveillance » (?), des inspecteurs de la brigade spéciale des renseignements généraux apprennent que Georges Feldman est en relation avec Simone Eiffes, et que celle-ci est en pourparler pour la location d’une chambre non meublée au 25, rue Myrrha, dans le 18e. Dès lors, ils surveillent cette adresse, à plusieurs occasions et à des heures différentes.

Le 22 novembre 1940 au matin, Georges Feldman est arrêté au pied de l’immeuble, trouvé porteur d’un carnet contenant des rendez-vous clandestins, d’un tract reproduisant une déclaration du PC à propos de l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, d’un exemplaire du périodique Russie d’aujourd’hui daté d’octobre 1940 et de huit papillons gommés portant les slogans « Thorez au pouvoir –  Vivent les soviets en France ». Simone est arrêtée immédiatement après lui. Elle est trouvée en possession d’un exemplaire ronéotypé de L’Humanité n° 84, datée du 19 octobre 1940, qu’elle déclare d’abord avoir trouvé dans le métro et mis dans son sac à main sans l’avoir encore lu. La perquisition à son nouveau domicile n’amène « la découverte d’aucun document intéressant l’enquête ».

Photo anthropométrique prise le 24 novembre 1940,
après sa première arrestation, par le service de l’identité judiciaire.
© Archives de la Préfecture de Police (APP), Paris.

Interrogée à la préfecture de police, Simone déclare ne rien savoir des activités clandestines de Georges, par exemple, : « à plusieurs reprises, je suis entrée dans sa chambre au moment où ses camarades en sortaient et jamais il n’a consenti à me dire leurs noms ».

Le 23 novembre, André Baillet, commissaire principal, chef de la 1ère section des Renseignement généraux les inculpe tous les deux d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26 septembre 1939 et les fait conduire au Dépôt, à disposition du procureur de la République. Parallèlement, le fonctionnaire de police écrit au « chef des autorités militaires allemandes » afin de lui rendre compte que le « juif » Feldman « n’avait pas souscrit la déclaration prévue par l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 ».

Dans cette période des débuts de l’occupation, la justice fait encore des nuances : Simone, qui n’a personnellement aucune activité communiste, est condamnée à trois mois de prison, effectués à la Maison d’arrêt pour femmes de la Petite Roquette, et elle est relaxée à l’expiration de sa peine.

Georges Feldman, lui, est condamné à mort et exécuté (selon Charlotte Delbo ; à vérifier…).

Entre temps, Georges Grunenberger a été désigné comme permanent dans l’appareil de propagande du Parti communiste et responsable politique des Jeunes communistes (JC) d’un secteur de Paris. Il supervise notamment l’activité du groupe de Guy Môquet, dans le 17e arrondissement.

Dénoncé à la suite de distributions de tracts et pris en filature, Guy Môquet est arrêté le 13 octobre 1940 à la gare de l’Est par trois inspecteurs de la Brigade spéciale de répression anticommuniste des Renseignements généraux. René Pignard qui l’accompagnait est appréhendé avec lui. René Grandjean, leur supérieur hiérarchique, est arrêté le même jour à son domicile. Celui-ci finit par révéler aux policiers son prochain rendez-vous avec la personne qui lui transmet des tracts.

C’est ainsi que Georges Grunenberger est à son tour appréhendé par trois inspecteurs le 15 octobre 1940 à 18 h 30, au métro Villiers.

Conduits au dépôt, Guy Môquet, René Pignard, René Grandjean et Georges Grunenberger sont inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939, puis transférés à la Maison d’arrêt de Fresnes. Le 23 janvier 1941, la 15e chambre du Tribunal correctionnel de Paris condamne les trois plus âgés à des peines de prison, mais « acquitte le jeune Môquet comme ayant agit sans discernement ». Cependant, celui-ci n’est pas libéré mais interné administrativement (il sera parmi les vingt-sept otages sélectionné dans le camp de Choisel à Châteaubriant et fusillés le 22 octobre).

Bien que mineur, Georges Grunenberger est condamné en appel à un an de prison et transféré à la Maison centrale de Poissy.

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Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Sa compagne, Maroussia Naïtchenko (un peu moins de 17 ans), n’a pas les moyens de payer les billets pour le visiter en prison. Simone Eiffes, qui bénéfice de voyages en train à tarif réduit par son père cheminot, accepte de lui prêter sa carte de réduction pour effectuer le trajet Paris-Poissy à moindre frais.

Libéré de prison à l’expiration de sa peine, fin juillet 1941, et rentrant à Paris en faisant des détours pour éviter l’internement administratif, Georges Grunenberger plonge avec Maroussia dans une semi clandestinité. Sous leurs noms propres, ils louent un petit studio-cuisine au 15, rue de la Goutte-d’Or, dans le 18e arrondissement – quartier où ils ne sont pas connus – et se font embaucher tous deux dans l’entreprise Okapo qui fabrique des stores pour la défense passive. Ils y côtoient Blanche Castaing et Sylvia Brodfeld, amie de Maurice Feld. Bientôt, le couple héberge (et nourrit avec ses deux cartes d’alimentation) des camarades clandestins de l’organisation spéciale (O.S.) qui dissimulent leurs vieux revolvers et autres engins derrière un meuble du minuscule appartement : André Biver, ami de Simone Sampaix, et Isidore Grunberg (ou Grinberg), dit « Robert », du 19e arrondissement, puis Joseph Nadan (« Job »), venu de Bretagne.

En octobre, un camarade de Georges Feldmann (le garçon arrêté en novembre 1940) rencontre Simone Eiffes par hasard à l’Uniprix de Barbès. Qu’est-elle devenue entre-temps ? La maîtresse de son patron, un tailleur arménien du Sentier chez qui elle travaille depuis deux ans ; un homme marié. Elle est enceinte.

Selon Charlotte Delbo, toute contente de retrouver un ami de Georges Feldmann, Simone veut avoir des nouvelles et rend visite à Georges Grunenberger et Maroussia. Selon cette dernière, pourtant, c’est accidentellement que Simone Eiffes découvre leur domicile, en la croisant sur le pas de l’immeuble. Maroussia constate alors que Simone est enceinte. Elle s’arrange pour lui fournir un peu de layette, mais lui demande de ne pas venir les voir (toute relation suivie avec cette “non-politique” augmenterait les risques qu’ils courent déjà). Pourtant, peu de temps après, un dimanche matin, Simone se présente chez eux, accompagnée d’un militant du 10e arrondissement mis à l’index par le Parti clandestin et qui veut plaider sa cause auprès de Georges. Le couple prétend qu’il n’a plus aucune activité clandestine et réitère sa demande d’arrêt de tout contact.

Peu après, le 10 novembre, Simone Eiffes accouche d’une petite fille à l’hôpital Tenon. Ses amis ne la revoient plus pendant quelque temps.

Le même jour, le père de Simone, Marcel Eiffes, fait l’objet d’un arrêté d’internement administratif signé par le préfet de l’Aisne, au prétexte que des distributions ou diffusions de tracts sur le territoire d’Hirson ont coïncidé avec ses aller-retour à Paris pour rendre visite à son épouse. Il est conduit au centre de séjour surveillé d’Écrouves, près de Toul (Meurthe-et-Moselle).

En mars 1942 – ayant mis son bébé en nourrice -, Simone reprend ses visites chez ses voisins du 18e arrondissement. À l’occasion, ils lui demandent – car ils ont confiance en elle – d’héberger l’un ou l’autre des hommes du groupe, toujours pourchassés, qui passent rarement deux nuits sous le même toit. Ce rapprochement n’est pas confirmée par Maroussia Naïtchenko, laquelle, tombée malade (hémoptysie), part deux ou trois semaines se “retaper” à la campagne, dans un petit hôtel de la Ferté-Bernard. En son absence, Simone Eiffes revient voir Georges.

À la suite des révélations d’un résistant des Bataillons de la Jeunesse, Georges Tondelier, arrêté le 8 mars 1942 alors qu’il tentait de déposer une bombe dans l’exposition collaborationniste Le bolchévisme contre l’Europe, les policiers établissent une filature autour de Sylvia Brodfeld. « Conformément à une note émanant de la GFP, en date du 25 avril 1942, signalant qu’une nommée Sylvia demeurant 2, rue Oberkampf était l’amie d’un nommé Feld Maurice ». « Après plusieurs jours de surveillance, mademoiselle Brodfeld nous a amené à rencontrer son ami Feld, celui-ci, pris immédiatement en filature, nous a permis de constater qu’il était effectivement en relation avec Feferman. Aujourd’hui [9 mai 1942], Feld et son amie, après avoir passé ensemble plusieurs heures au jardin des Tuileries, ont rencontré à hauteur du ministère des Finances, un individu nommé Grunenberger ou « Roux » [rencontre de vieux amis due au hasard] qui a été immédiatement pris en filature par l’un des nous. » «  Je me suis détaché et j’ai filé à mon tour cet individu qui m’a conduit successivement au domicile de Mlle Brodfeld où celle-ci l’a quitté après s’être serré la main. Continuant son chemin, cet homme a pris le métro à la station République et est descendu, après divers changements de direction, au métro Barbès-Rochechouart. Il a ensuite emprunté le boulevard Barbès vers le square d’Anvers. Il a pris à sa droite la rue de la Goutte-d’Or, où il a rencontré à 19 heures 05 un autre jeune homme, à hauteur du numéro 49 [André Biver] […] Les deux hommes continuant la rue de la Goutte-d’Or, ont été rejoints par deux femmes [Simone Eiffes et Anna Naïtchenko, mère de Maroussia, qui offre le restaurant aux clandestins] et un autre jeune homme [Isidore Grunberg]. »

Le même jour, à 18 h 30, Maurice Feld et Maurice Feferman (ou Fiferman) se sont retrouvés. Devant leur méfiance apparente et craignant sans doute de perdre le contact, les policiers qui les surveillent décident de les appréhender. Après une bousculade et une tentative de fuite, ce sont des passants qui immobilisent les jeunes gens. Coincé, Feferman se suicide en se tirant une balle dans la tête. Blessé, interrogé par la police, Feld donne son rendez-vous suivant avec Isidore Grinberg, fixé vers 21 h 30, Porte de la Chapelle. Celui-ci est également arrêté [2], puis André Biver et Sylvia Brodfield.

Ayant quitté ses amis au restaurant pour visiter une collègue de travail d’avant-guerre et rentrant chez lui juste avant le couvre-feu, Georges Grunenberger voit de la lumière filtrer à travers les volets. Il se réjouit déjà que Maroussia lui ait fait la surprise de revenir de la Ferté-Bernard. Mais, sur un signe de sa concierge, il réalise que son appartement est investi par la police et parvient à prendre la fuite. Il retrouve Maroussia à la gare du Mans [3].

Le dimanche 13 mai, Simone Eiffes, portant une belle tarte aux fraises, va rendre visite à Georges, rue de la Goutte d’Or. Des inconnus lui ouvrent la porte. Les policiers occupent le logement : la souricière classique.

Simone Sampaix, qui vient s’enquérir d’André Biver après deux rendez-vous dans le cimetière du Père Lachaise auxquels il n’est pas venu, arrive à son tour. Les deux Simone, qui ne se connaissaient pas, ne se quitteront plus pendant un an. Simone Eiffes est envoyée au dépôt le jour même.

Le 21 septembre 1942, le préfet de Meurthe-et-Moselle signe un arrêté prononçant la libération de Marcel Eiffes, le père de Simone, du camp d’Écrouve où il était interné.

Le 27 octobre, Simone est transférée au camp allemand du fort de Romainville. Elle y est enregistrée sous le matricule 1106.

Le 22 janvier 1943, cent premières femmes otages sont transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du fort de Romainville indiquent « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »). Le lendemain, Simone Eiffes fait partie du deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police de Paris). À ce jour, aucun témoignage de rescapée du premier transfert n’a été publié concernant les deux nuits et la journée passées à Royallieu, et le récit éponyme de Charlotte Delbo ne commence qu’au jour de la déportation… Mais Betty Jégouzo confirme ce départ en deux convois séparés, partis un jour après l’autre du fort de Romainville. Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas toujours parvenus à leur destinataire).

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En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir.

Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.

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Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II)
par lequel sont passés les “31000”
(accès depuis la rampe de la gare de marchandises
et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…).
© Gilbert Lazaroo, février 2005.

Simone Eiffes y est enregistrée sous le matricule 31764. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.

Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail dans les Kommandos (mais pas de corvées).

Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quart, de face et de profil (la photo d’immatriculation de Simone Eiffes a été retrouvée, puis identifiée par des rescapées à l’été 1947).

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Photographiée à Auschwitz-I, le 3 février 1943.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du camp des femmes où sont enfermées leurs compagnes prises à la “course” du 10 février (une sélection punitive). Les “31000” commencent à partir dans les Kommandos de travail.

Simone Eiffes meurt du typhus en mai 1943, a vingt-deux ans.

Sa fille est élevée par ses parents, lesquels ne sont informés de la mort de Simone qu’au retour des rescapées. Ils n’en ont rien dit à leur petite-fille.

L’enfant a treize ans quand elle apprend que ceux qu’elle croit ses parents sont ses grands-parents, quand elle comprend que le monsieur qui lui apporte quelquefois des friandises et des jouets, qu’elle croit son parrain – un monsieur bien, marié et père de famille – est son père. Celui-ci part sans laisser d’adresse quand il sait que la petite connaît la vérité.

Sources :

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 107.
- Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Automne 1941, Nouvelles études contemporaines, éditions Fayard, février 2004, p. 230-231, 252 et 371.
- Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, L’affaire Guy Môquet…, Larousse, octobre 2009, pages 45-48, 97-99.
- Maroussia Naïtchenko, Une jeune fille en guerre, la lutte antifasciste d’une génération, collection Témoignages, éditions Imago, Paris 2003, pages 162, 201, 242-244, 257, 265-267, 306-309.
- Archives de la préfecture de police (Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; dossiers de la BS1 (GB 52), n° 38, « Affaire Feldman – Melle Eiffes », 23-11-1940.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, la préfecture de Seine-et-Oise sous l’occupation ; cote 1W112 (dossiers des membres de la famille Eiffes).

MÉMOIRE VIVE

(dernière modification, le 14-12-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

[1] L’arrestation de Georges Feldmann : selon Maroussia Naïtchenko, qui militait dans son groupe, Georges Feldmann est appréhendé en flagrant délit.

[2] Isidore Grinberg est condamné à mort par la justice française pour avoir tué – en voulant se dégager – le policier Lécureuil en faction devant un garage allemand au 120, boulevard Magenta, dont il effectuait le “repérage” avec André Biver. Isidore Grinberg est guillotiné à la prison de la Santé le 8 août 1942.

[3] Georges Grunenberger et Maroussia Naïtchenko partent se cacher quelque temps à Cognac puis reviennent à Paris, hébergés par des amis. Ils doivent se séparer. Maroussia, malade, retourne à la Ferté-Bernard, où il se confirme qu’elle est enceinte. Georges est arrêté le 7 juin 1942 à Saint-André-de-Cubzac ou à Souby en tentant de passer la ligne de démarcation pour se réfugier chez des amis à Bergerac en Dordogne. Maroussia, atteinte d’une pleurésie d’origine tuberculeuse, est admise, quasi mourante, à l’hôpital la Ferté-Bernard grâce à l’intervention de sa mère qui est venue la rejoindre. Rétablie, elle revient dans la capitale pour accoucher. Georges est également ramené à Paris pour être interrogé par les Brigades spéciales. Mais, comme rien ne permet d’établir sa participation à la résistance armée, il est interné administrativement, puis livré à l’occupant qui le transfère au camp allemand de Royallieu à Compiègne. C’est de là qu’il adresse une demande en mariage à la mère de Maroussia, celle-ci étant mineure. Célébrée par le maire de Compiègne, la cérémonie a lieu dans le camp le 5 décembre 1942, dans un baraquement en bois. Maroussia et sa mère en profitent pour sortir clandestinement des messages de détenus. Le 30 janvier 1943, Maroussia Grunenberger accouche d’un garçon, Guy, Robert, Georges, à l’hôpital Tenon. Georges Grunenberger vient d’être déporté au KL Sachsenhausen dans le convoi du 24 janvier. Il survivra à 28 mois de camp. Le drame de Georges Grunenberger est que sa mère, Valentine Roux, était la compagne de Maurice Tréand qui – sous l’autorité de Jacques Duclos – négocia avec l’occupant la reparution de L’Humanité, voire d’un autre quotidien communiste, pendant deux mois de l’été 1940. t combattue à la tête du Parti, cette ligne fut abandonnée et ses acteurs définitivement mis à l’index du PCF sans qu’aucune explication ne soit jamais publiquement donnée : il fallait que cet épisode tombe dans l’oubli. Georges Grunenberger mourut en 1981 sans connaître le véritable motif de sa disgrâce, laquelle avait commencée dans la clandestinité. Maroussia subit la même situation, mais  a fini par connaître le fin mot de l’histoire.