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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz. 
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Pierre Lecomte naît le 28 mars 1906 à Moyenmoutier (Vosges – 88).

En 1939 et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 1, rue Henri-Poincaré à Clichy-La-Garenne [1] (Hauts-de-Seine – 92), d’après la liste électorale.

Il est marié, sans enfant.

Pierre Lecomte est cimentier ou monteur (?).

Le 25 octobre 1940, il est arrêté par la police française, à Clichy, pour propagande et détention de tracts communistes. Il est considéré comme un « meneur très actif ».

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. 
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée. 
(montage photographique)

Le 28 octobre, la 12e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine le condamne à six mois de prison pour infraction au décret du 26/09/1939.

À une date restant à préciser, il est transféré à la Maison centrale de Poissy (Yvelines – 78).

À l’expiration de sa peine, il n’est pas libéré : le 19 avril 1941, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif. Le 24 avril, Pierre Lecomte est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé au début du mois d’octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.

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Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte 
montrant les points d’impact après le bombardement 
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940. 
Arch. dép. des Yvelines, cote 1W71.

Le 5 mai 1942, Pierre Lecomte est parmi les 149 internés d’Aincourt transférés au camp français de Voves (Eure-et-Loir – 28).

Le 10 mai, il est parmi les 81 internés (dont 70 futurs “45000”) « remis aux mains des autorités d’occupation » à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

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Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, 
futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; 
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. 
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Pierre Lecomte est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45752, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartisdans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différentsKommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Pierre Lecomte.

Il meurt à Auschwitz à une date inconnue ; probablement avant mars 1943 (il n’est pas mentionné dans lesDeath books from Auschwitz [2]). L’état civil français a fixé la date du 15 août 1942.

Après la guerre, son épouse – qui est alors revenue vivre à Moyenmoutier, rue de la Haute-Pierre – contacte René Petitjean, de Clichy, pour lui demander une attestation de décès.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 23-03-1994).

Il est parmi les derniers trouvés dans la liste des déportés de ce convoi : son nom ne figure pas dansTriangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942 [3].

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, notice pour Mémoire Vive (2006), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen. 
- Archives de Paris, rôle du greffe du tribunal correctionnel de la Seine, 15 mai-15 novembre 1940, D1u6 5849. 
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “Occupation allemande” : BA 2397 (liste des internés communistes, 1939-1941). 
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir. 
- Archives communales de Clichy : listes électorales, archives de la section locale de la FNDIRP.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 27-05-2008)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Clichy-La-Garenne : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp.

[3] Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005.