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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oświęcim, Pologne. 
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Maurice, Marcel, Michel, Daudin naît le 14 juin 1906 à Anetz (Loire-Atlantique [1] – 44) ; sur cette commune, en divers lieux-dits, il existe plusieurs familles d’agriculteurs du nom de Daudin.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 107, boulevard de l’Hôpital à Paris 13e (75), près de la station de métro Nationale. Il est marié et père d’une petite fille (Jeanine).

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Entrée de l’immeuble du 107, avenue de l’Hôpital, aujourd’hui 
mitoyen du site Pitié-Salpêtrière de la Faculté de Médecine. 
© Photo Mémoire-Vive 2013.

Il travaille à la SNCF comme homme d’équipe à la gare d’Austerlitz (Paris 13e).

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Paris 13e. Gare d’Austerlitz, la cour des départs. 
Carte postale des années 1940. Collection Mémoire Vive.

Il est membre du Parti communiste.

Le 23 juillet 1941, il est arrêté par la police française pour distribution de tracts communistes parmi le personnel employé et ouvrier de la gare, dans la même affaire que Marius Amiel, cheminot. Des tracts sont également trouvés à son domicile. La 14e Chambre correctionnelle de Paris le condamne immédiatement à huit mois de prison. Le 25 juillet, il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), puis transféré le 8 août 1941 à la Maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne – 94).

À sa levée d’écrou, le 26 mars 1942, la préfecture de police de Paris ordonne son internement administratif. Pendant un temps, il est détenu au dépôt de la préfecture (sous-sol de la Conciergerie, île de la Cité). Le 16 avril, il fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir – 28), où il est enregistré sous le matricule n° 101.

Le 10 mai 1942, il est parmi les 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht(Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux 
du Mémorial de Margny-les-Compiègne, 
installés sur une voie de la gare de marchandise 
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Maurice Daudin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45426, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Il meurt à Auschwitz le 24 août 1942 [2].

Déclaré “Mort pour la France”, il est homologué comme “Déporté résistant” en 1959 grâce à la détermination de sa veuve, Madame Jeanne Gachet. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-11-2007).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 372 et 400. 
- Claudine Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen. 
- Archives départementales de Loire-Atlantique : recensement d’Anetz 1906 et 1911. 
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir. 
- Archives de la préfecture de police de Paris, classeur inventaire BS1. 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 214 (24392/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 30-08-2013)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Loire-Atlantique : département dénommé “Loire-Inférieure” jusqu’en mars 1957.

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France… Dans lesannées qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant Maurice Daudin, c’est « le 10 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne) et non le 10 juillet 1942 à Fresnes (Seine) » qui a été retenu pour certifier son décès ; ce qui semble indiquer que son épouse n’a pas connu tout son parcours en détention. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.