JPEG - 174.3 ko
Avec son fils, Pierre.
Collection Pierre Zani. Droits réservés.

Madeleine Davy nait le 8 août 1915 à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle – 54), dans une famille de dix enfants dont sept sont encore vivants en 1942. Son père, métallurgiste, est tué en 1923 dans un accident de travail à l’usine métallurgique de Senelle-Maubeuge à Herserange, près de Longwy (54). La mère élève ses enfants en exploitant une petite ferme à Mont-Saint-Martin.

Madeleine Davy quitte l’école primaire après le certificat d’études et devient sténodactylo à la Société Lorraine-Escaut.

À une date restant à préciser, elle épouse Pierre Zani, ouvrier métallurgiste. Le couple s’installe à Longwy (54).

Militante du parti communiste de Longlaville, Madeleine Zani est responsable des femmes communistes du bassin de Longwy avant-guerre.

En septembre 1939, les populations de la zone frontière sont évacuées sur la Gironde (33). Madeleine Zani, dont le mari est mobilisé, est dirigée sur Libourne, où naît son fils, Pierre, le 13 octobre 1939.

À la fin de 1941, Madeleine Zani reprend une activité politique dans la résistance. Elle héberge des militants recherchés, parmi lesquels Armand Gili, le mari de Yolande.

Le 31 août 1942, elle est arrêtée à Bordeaux par deux policiers (l’un français, l’autre allemand) puis emprisonnée au Fort du Hâ, prison de la ville.

Son fils Pierre, qui n’a pas trois ans, est recueilli par les grands-parents.

Le 16 octobre, Madeleine Zani est parmi les soixante-dix hommes et femmes – dont trente-trois futures “31000” (les “Bordelaises” et les Charentaises) – transférés depuis le Fort du Hâ et la caserne Boudet de Bordeaux au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas [1] (Seine-Saint-Denis – 93), premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122. Madeleine Zani y est enregistrée sous le matricule n° 970. Pendant trois semaines, les nouveaux arrivants sont isolés, sans avoir le droit d’écrire, puis ils rejoignent les autres internés (hommes et femmes étant séparés mais trouvant le moyen de communiquer).

Le 22 janvier 1943, cent premières femmes otages sont transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (selon le registre d’écrou du Fort de Romainville). Madeleine Zani fait partie du deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint le lendemain et auquel s’ajoutent quelques détenues extraites d’autres lieux de détention (Fresnes et dépôt). Toutes passent la nuit au camp, probablement dans un bâtiment du secteur C.

Le lendemain matin, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas toujours parvenus à leur destinataire).

En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit.

Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.

Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail.

Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quart, de face et de profil.

On ignore sous quel numéro matricule Madeleine Zani a été enregistrée à Auschwitz ; plus tard, les rescapées ne l’ont pas reconnue sur les photos d’immatriculation ayant échappé à la destruction par les SS. Selon la correspondance établie avec les matricules du Fort de Romainville, il est possible qu’elle ait été enregistrée à Auschwitz sous le matricule 31744, mais la photo de la détenue portant ce numéro n’a pas été retrouvée.

JPEG - 70.9 ko
Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz avant
l’évacuation du camp en janvier 1945. Réalisé le 3 février 1943,
le portrait d’immatriculation de cette détenue a disparu.

Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du camp des femmes où sont enfermées certaines de leurs compagnes prises à la “course”, sélection punitive. Elles commencent à partir dans les Kommandos de travail.

Madeleine Zani meurt à Birkenau le 19 avril 1943, d’après l’acte de décès du camp [2]. Aucune rescapée n’a pu témoigner des circonstances de sa disparition.

Les parents ont appris sa mort par les rescapées du convoi.

Sources :

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 289-290.
- Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, pages 146, 307, 361, 373 (témoignage d’Antoine Fabrizi, Herserange, 22 avril 1982).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1382 (18857/1943).

MÉMOIRE VIVE

(dernière modification, le 14-01-2012)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

[1] Les Lilas. Jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Date de décès : en France, le jugement rendu le 21 octobre 1949 par le tribunal civil de première instance de Briey a fixé pour date du décès le 16 juin 1943.