Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Lucien, Ernest, Fernand, Vannier naît le 6 juin 1891 à Loudun (Vienne – 86) chez ses parents, Lucien, Marius, Vannier, 39 ans, cheminot, et Marie Avoine, 33 ans, domiciliés rue du Point-du-Jour.

Employé des Chemins de fer de l’État, son père fait souvent déménager la famille. En 1901, celle-ci est installée à Orléans (Loiret), au 15, rue de Paris (une impasse parallèle à la ligne Orléans-Paris et devenue rue de Lutèce !), dans une maison avec vue sur les ateliers du dépôt de l’État, de l’autre côté des voies ! Les enfants sont : Pierre, 20 ans ; Prudent, 17 ans, peintre en voitures ; Edmond, 15 ans, apprenti ajusteur ; René, 13 ans, apprenti sellier aux Chemins de fer de l’État ; André, 11 ans ; Lucien, 9 ans ; Aline, 8 ans, née aussi à Loudun ; Paul, 6 ans, et Robert Henri, 3 ans (né le 18 janvier 1898 à Orléans).

En 1911, habitant toujours chez ses parents, alors domiciliés au 63, rue du faubourg Bannier, Lucien apprend le métier de plombier. Sa sœur Aline, 18 ans, est alors couturière au Grand Bon Marché (?).

Le 9 octobre 1912, Lucien Vannier est appelé à effectuer son service militaire. Quatre jours plus tard, il rejoint le 1er régiment de zouaves. Il est peut-être affecté en Afrique du Nord (Algérie ?).

Le 8 juin 1914, son jeune frère Robert, 15 ans, apprenti chaudronnier, décède chez leurs parents, alors domiciliés au 11, rue de Limare à Orléans. La déclaration est faite par leur père, alors retraité, et son frère René, 27 ans, cheminot, domicilié au 12, rue Denis Papin.

Le 2 août 1914, Lucien Vannier est « aux armées ». Le 22 août 1914, le 1er régiment de marche de zouaves – est-ce bien son unité ? – reçoit le baptême du feu au Châtelet, près d’Anor, en Belgique, lors de la bataille de Charleroi, où il est confronté à l’efficacité des mitrailleuses allemandes.

Le 24 août, Lucien Vannier est blessé par une balle qui lui fracture la clavicule gauche et lui perfore le poumon. Évacué sur l’hôpital auxiliaire du 6e corps, il est soigné à l’hôpital privé d’Arcachon. Il rejoint les armées le 10 octobre. Le 1er régiment de marche de zouaves est alors sur la ligne de front au plateau de Paissy (Marne), défendant la ferme de la Creute. Le 25 octobre, Lucien Vannier est évacué vers l’hôpital complémentaire n° 37 à Dieppe (peut-être atteint par les gaz de combat). Le 15 novembre, il est dirigé sur un dépôt de convalescents à Rouen. Un mois plus tard, il bénéficie d’un congé de convalescence. Il rejoint son dépôt le 18 mars 1915. Le 29 juillet, la commission spéciale de réforme de la Seine n° 1 le propose pour un changement d’arme justifié par les séquelles de sa blessure. Affecté au 12e régiment d’artillerie, il y est incorporé à partir du 28 avril 1916. Une semaine plus tard, il passe au 13e R.A. Le 16 juin, il rejoint le front. Un an plus tard, le 11 juin 1917, il est évacué jusqu’en août suivant. Entre temps, il est passé au 213e régiment d’artillerie.

Le 6 juillet 1918, alors qu’il est encore soldat, Lucien Vannier se marie avec une voisine de la rue du Faubourg Bannier à Orléans, Jeanne Grajon, née le 31 mars 1893 à Vierzon-Bourgneuf (Cher), mécanicienne (profession qu’elle abandonnera).

Le 15 février 1919, il est évacué vers une ambulance pour grippe et admis dix jours plus tard à l’hôpital complémentaire n° 75 de Lannion (Côtes-du-Nord / Côtes-d’Armor), considéré comme étant en convalescence du 15 mars au 5 mai. Le 12 juillet, il est classé comme affecté spécial mis à disposition du réseau du Paris-Orléans – compagnie de chemin de fer qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [1] -, mais, selon une autre source, il y aurait été embauché comme chaudronnier depuis le 12 janvier 1919.

En 1919, le couple a un fils, Lucien.

En février 1920, la 6e commission de réforme de la Seine propose Lucien Vannier père pour une pension permanente d’invalidité de 15 % pour pachypleurite localisée au niveau d’une plaie cicatricielle de l’hémithorax gauche avec une gêne légère de l’épaule.

Le couple part s’installer à Paris, au 14, rue Christophe-Colomb, dans le 8e arrondissement.

Lucien Vannier devient militant à la CGT et au Parti communiste.
Le 4 février 1923, à la maternité de Port Royal (Paris 14e), nait leur fille “Jacqueline”, Hélène, Berthe.
Moins de deux ans plus tard, la famille déménage à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). En effet Lucien a trouvé un poste au dépôt de Vitry-sur-Seine, commune limitrophe.
En 1931, Lucien Vannier peut se payer une moto. Grâce à celle-ci, tous peuvent se rendre plus facilement dans leur famille du Loiret.
Trois ans plus tard, la maison d’une tante d’Orléans se libère. C’est l’occasion de rejoindre une partie de la famille restée dans cette ville. Lucien demande et obtient sa mutation ; il est affecté à l’entretien dans les ateliers d’Orléans-Les Aubrais. La famille emménage dans petit pavillon au 15, venelle de la Justice, une impasse adossée à la voie ferrée rejoignant Vierzon.
Jacky s’inscrit aux Jeunes Filles de France à 13 ans, elle va bientôt devenir une des plus jeunes responsables de leur section. En 1937, elle aide à la collecte alimentaire pour les familles des Républicains Espagnols. À 16 ans, elle devient secrétaire d’un des foyers des JFF. Elle travaille alors comme couturière. Lulu, son frère, est devenu coiffeur.
Après la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, Lucien Vannier n’est pas mobilisé parce que trop âgé pour combattre et travaillant dans une entreprise stratégique pour la Défense nationale (il ne doit pas changer de lieu ou de poste de travail).
Après l’interdiction du Parti communiste, la famille participe aux activités des organisations communistes clandestines, notamment en distribuant des tracts.
Après la « débâcle », au cours de l’été 1940, ils aident à s’évader des prisonniers de guerre français détenus à la caserne Dunois d’Orléans.
Sous l’occupation, avec d’autres cheminots, Lucien Vannier sabote les machines qu’il a la responsabilité d’entretenir et de réparer.
Le 2 ou 17 avril 1941, Jacky est arrêtée à Orléans à la suite d’une dénonciation. Jugée par un tribunal français, elle est condamnée à douze mois de prison et écrouée à la maison d’arrêt d’Orléans, à l’isolement (elle a 18 ans). À l’expiration de sa peine, elle n’est pas libérée, mais reste en détention sous le statut de l’internement administratif. Le 10 janvier 1942, elle est conduite par un policier en civil au camp français de Choisel à Châteaubriant (Loire-Atlantique). Elle est la dernière et la plus jeune à intégrer le groupe des “Bistouillardes”, auquel appartient déjà Marguerite, dite Margot, fille de Guy Camus, de Créteil. Par-delà les barbelés qui séparent les différentes sections du camp, Jacky se lie également d’amitié avec Rino Scolari (ami de Guy Moquet, fusillé comme otage communiste le 22 octobre 1942).Le 18 octobre 1940, Lucien Vannier est arrêté à son domicile par des Feldgendarmes et conduit  à la prison militaire du 14, rue Eugène-Vignat à Orléans, réquisitionnée par l’occupant, et dans laquelle sont rassemblés – enfermés à plusieurs par cellule – les dizaines d’hommes arrêtés ce jour-là et le lendemain, parmi lesquels Louis Breton, et dix autres Loirétains qui seront déportés avec lui… [1]
En haut à gauche, à côté de la gendarmerie, la maison d’arrêt. En bas à droite, en face de la caserne d’artillerie, la prison militaire. Ville d'Orléans. Plan général de la commune 1/2000e [en 14 feuilles], 1934, feuille n° 3 (1Fi154-5). Extrait.  © Orléans métropole, site internet, archives municipales et communautaires.

En haut à gauche, à côté de la gendarmerie, la maison d’arrêt. En bas à droite, en face de la caserne d’artillerie, la prison militaire.
Ville d’Orléans. Plan général de la commune 1/2000e [en 14 feuilles], 1934, feuille n° 3 (1Fi154-5). Extrait.
© Orléans métropole, site internet, archives municipales et communautaires.

Le vendredi 24 octobre à 8 h 45, Lucien Vannier est parmi les 41 détenus transférés en autocar – via Pithiviers, Fontainebleau, Melun et Crépy-en-Valois – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Arrivés à 15 h, les internés passent par l’anthropométrie et se voient retirer leurs papiers d’identité.
Après plusieurs mois d’internement, Lucien Vannier est conduit à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, réquisitionné par l’armée d’occupation, pour y être soigné des séquelles du gazage qu’il a subi au cours de la Grande Guerre.
Entre fin avril et fin juin 1942, Lucien Vannier est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 au petit matin, un détachement de Feldgendarmes vient chercher quelques détenus de Compiègne provenant de Royallieu et hospitalisés au Val-de-Grâce pour les conduire directement en gare de Compiègne, sur la commune de Margny, où ils les font embarquer en même temps que ceux provenant directement du camp de Royallieu. Tous sont entassés dans des wagons à bestiaux. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Robert Dubois, d’Orléans, laisse tomber un message du convoi, à la hauteur de Châlons, dans lequel il indique que Vannier est parti dans le même convoi, mais dans un autre wagon.

Ayant passé la nouvelle ligne frontière, le train s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée. Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée et annexée (Haute-Silésie). Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Lucien Vannier est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46173 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Lucien Vannier est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).

À la mi-août 1943, Lucien Vannier est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11 – la prison du camp – pour une “quarantaine”. Ce regroupement permet aux survivants de véritablement pouvoir se compter et de prendre acte de la disparition définitive de leurs camarades perdus de vue auparavant. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 - où se pratiquaient les expérimentations “médicales” sur des femmes détenues - et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage de la “quarantaine”. Au fond, le mur des fusillés. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 – où se pratiquaient les expérimentations “médicales” sur
des femmes détenues – et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage de la “quarantaine”.
Au fond, le mur des fusillés. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.

Le 3 août 1944, Lucien Vannier est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus dont vingt-neuf “45000” transférés au KL [2] Flossenbürg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août. Lucien Vannier y reçoit le matricule n° 19903. André Gaullier, d’Ormes, le deuxième Loirétain survivant, est également dans ce transport.

Le 29 octobre, tous deux sont parmi les onze “45000” transféré à Wansleben (Kommando de Buchenwald), une usine de potasse. Lucien Vannier y reçoit le matricule 9342.

Le 12 avril 1945, il est dans une des colonnes de détenus évacués de ce camp à marche forcée vers le Nord de Halle. Lucien Vannier est libéré le 14 ou 15 avril entre les villages de Quellendorf et Hinsdorf, avec neuf autres “45000”.

Pendant plusieurs semaines, Lucien se nourrit dans les fermes du voisinage. Finalement pris en charge par les Américains en même temps que d’autres anciens déportés de la colonne, le 23 ou 24 mai, ils sont rapatriés en France à l’hôtel Lutétia où ils arrivent le 27 mai 1945. Ayant déjà repris des forces, Lucien Vannier regagne très rapidement Orléans où il retrouve sa femme et sa fille.

Après avoir été transférée avec ses compagnes dans les centres d’internement d’Aincourt (11 mai 1942), de Gaillon, Eure (13 septembre 1942), et de la Lande à Monts, Indre-et-Loire (16 février 1943), Jacky s’est évadée seule – avec une aide extérieure – de ce dernier camp le 6 juin 1943 pour rejoindre la résistance dans la région de Châteauroux, puis dans un maquis du Morvan, et enfin à Paris, pour devenir finalement agent de liaison du colonel Rol Tanguy. Parmi les résistants, elle retrouve son ami du camp de Choisel, Rino Scolari, évadé du camp de Voves. Jacky participe aux combats de la Libération. Quelques jours après, épuisée par la vie clandestine et la fatigue des combats, elle perd l’enfant qu’elle attendait de Rino Scolari. Elle ne pourra jamais plus en avoir.

Au retour, Lucien Vannier témoigne de la disparition de Guy Camus auprès de l’épouse de celui-ci.

Pour les familles et les administrations, Lucien Vannier signe de nombreuses attestations dans lesquels il certifie le décès à Auschwitz de ses camarades loirétains, sans généralement pouvoir apporter beaucoup de précision sur les dates et les circonstances de leurs morts respectives, dont il n’a probablement pas été témoin.

Le cheminot d’Orléans reprend quelque temps son métier, le temps d’atteindre l’âge de la retraite. Ensuite, il monte avec sa femme s’installer à Malakoff (Hauts-de-Seine), dans un appartement proche de celui de sa fille et son gendre.

Lucien Vannier décède le 6 mai 1969, dans un hôpital de Paris 14e.

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[2] Les arrestations de la deuxième quinzaine d’octobre 1941 : entre le 17 et le 25 octobre, les “autorités d’occupation” organisent des vagues d’arrestations dans plusieurs départements de la zone occupée. Les fiches d’otages retrouvées des « 45000 » appréhendés à cette occasion indiquent que leur arrestation a été faite en application de l’ordre du commandant de la région militaire A, daté du 14 octobre 1941, accompagnant l’envoi aux Feldkommandant du “Code des otages”. Les départements concernés n’ayant été que très peu touchés (ou pas du tout) par la vague répressive/préventive de l’été 1941, il est probable que ces nouvelles arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. Tous les hommes appréhendés sont, en effet, transférés à Compiègne, entre le 19 et le 30 octobre 1941. Dans certains, ces arrestations frappent plusieurs dizaines d’hommes connus de la police française pour avoir été des adhérents ou militants communistes avant-guerre. Sept Orléanais arrêtés dans ces circonstances seront finalement déportés dans le convoi du 6 juillet 1942 : Marcel Boubou, Marcel Couillon, Robert Dubois, Henri Ferchaud, Raymond Gaudry et Joseph Llorens.

[3] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 346 et 347, 359, 365 et 422.
- Sylvie Levrel, petite-fille de Guy Camus, auteur de plusieurs pages très riches sur le site Généanet où l’on retrouve son grand-père, ainsi que Lucien Vannier, Jacky Vannier et les autres Bistouillardes. http://gw.geneanet.org/levrel?lang=fr&iz=407&m=NOTES&f=Margot_Bistouillardes
- Archives départementales du Loiret (AD 45), Orléans, site internet, archives en ligne : registres des naissances de Loudun 1888-1892 (9E 165/53), années 1891, acte n° 36 (vue 90/136) ; registres des matricules du recrutement militaire, bureau d’Orléans, classe 1911, 3e volume 1001-1500 (1R 75357), n° 1258 (vues 299-300/546).
- Archives départementales du Loiret Centre des archives modernes et contemporaines, cité administrative Coligny, Orléans : arrestations, civils condamnés par les autorités d’occupation, 1941-1944, noms de M à Z (109 W-20808) ; suspects, listes, rapports de police, correspondance, 1940-1943 (138 W-25854) ; Internements administratifs, listes, dossiers (138 W-25856), liste des internés de Compiègne depuis octobre 1941.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-04-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.