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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz. 
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Léon, Antoine, Vermeersch naît le 3 novembre 1888 à Lille (Nord – 59), chez sa mère, Laure Vermeersch, 27 ans, couturière, native de Saint-Denis (Seine / Seine-Saint-Denis), domiciliée au 23, rue Ratisbonne. Deux jours plus tard, l’enfant est présenté pour son inscription à l’état civil par la sage-femme qui l’a accouché, avec pour témoins deux journaliers âgés qui ne savent signer. L’enfant est reconnu et légitimé par le mariage de Léon, Eugène, Cambillard, avec sa mère, célébré à Lille le 8 septembre (ou novembre) 1892.

En 1904, Léon Cambillard entre comme employé à l’Imprimerie Nationale.

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Le bâtiment de l’Imprimerie Nationale, rue de la Convention
(Paris 15e), l’année de son achèvement. Coll. Mémoire V.

Le 27 janvier 1912, à Paris 15e, Léon Cambillard épouse Jeanne Clément, née le 16 décembre 1889 à Saint-Père(-sur-Yonne – 89), sans profession. Ils ont un fils, né en 1912 à Paris.

Léon Cambillard est mobilisé du 3 août 1914 au 28 juillet 1919 ; sur le front jusqu’au 10 mai 1915, date à laquelle il est blessé au pied par un éclat d’obus au combat de la Targette (bataille d’Artois, village de Neuville-Saint-Vaast), à la suite de quoi il est affecté « à l’Intérieur » (?). À son retour, il est pensionné de guerre avec une invalidité de 40 %.

La seule action politique connue son employeur est sa participation à une journée de grève de solidarité le 12 octobre 1925, période où il s’occupe par ailleurs d’œuvres sociales intéressant la jeunesse (colonies de vacances, sports, etc.).

En 1936, et jusqu’à son arrestation, Léon Cambillard est domicilié au 36, avenue des Tilleuls à Clamart [1] (Hauts-de-Seine).

Il est alors chef-comptable à l’Imprimerie Nationale.

Son fils est relieur, employé chez Magnier, et l’épouse de celui-ci est sténo chez Flammarion. Après avoir vécu un temps au domicile paternel, le jeune couple emménage à Vanves.

Au cours de la guerre, ses collègues placent Léon Cambillard à la tête de la coopérative d’achat du personnel ; activité bénévole pour laquelle il est très apprécié.

Sous l’occupation, la police française (RG) considère celui-ci comme un « meneur communiste actif ».

Le 28 juin 1941, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif. Probablement arrêté le jour même, Léon Cambillard est sans doute rapidement remis aux “autorités d’occupation” à leur demande et transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le 3 décembre 1941, Jeanne Cambillard demande à l’employeur de son mari une attestation sur sa moralité et sa manière de servir. Le directeur de l’Imprimerie Nationale lui renvoie rapidement un courrier très élogieux.

Le 16 mars 1942, une personne influente adresse au maire de Clamart un courrier soutenant une démarche de Madame Cambillard dont le mari « est prisonnier et dans une situation dangereuse ». N’ayant « jamais constaté à Clamart une activité communiste de l’intéressé », le maire se dit « tout disposé à faire » ce qu’il peut.

Entre fin avril et fin juin 1942, Léon Cambillard est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Léon Cambillard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46318, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Il meurt à Auschwitz le 17 septembre 1942, d’après les registres du camp.

Son nom est inscrit (avec seulement l’initiale de son prénom) sur le Monument aux morts de Clamart, situé dans le cimetière communal.

Jeanne, sa veuve, décède le 10 juin 1976 à Clamart.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 381 et 397.
- Archives départementales du Nord (AD 59), site internet du conseil général, archives en ligne ; registre des naissances de Lille 20/10/1888 – 16/01/1889 (cote 1 Mi EC 350 R 056), acte n° 5009 (vue 80/561).
- Archives communales de Clamart, recherches menées par Sonia Lieutier : registre de recensement de 1936 (1F31) ; courrier du directeur de l’Imprimerie Nationale 5-12-1941 (série H). 
- Archives départementales de l’Yonne (AD 89), site internet du conseil général, archives en ligne ; registre des naissances N.M.D. de Saint-Père 1880-1889 (cote 5 MI 802/1), naissances de l’année 1889, acte n° 13 (vue 54/182).
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94), carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes. 
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” BA 2397 (liste des internés communistes, 1939-1941). 
- Site Souterrains et vestigesarticle de JFW. 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 157 (31435/1942). 
- Site Mémorial GenWeb, 92-Clamart, relevé de Jacques Baudot (2000-2002).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-11-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Clamart : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).