Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Kléber, Eugène, Camille, Plisson naît le 16 juillet 1903 à Boiscommun (Loiret), fils d’Eugène Plisson, maçon, et d’Eudoxie Mathomat, couturière.

Le 28 avril 1923, à Paris 11e, il se marie avec Marguerite Le Guiff, née le 26 janvier 1904 à Keryado (Morbihan). Ils ont un fils, Georges, né le 4 novembre 1923.

Au moment de l’arrestation du chef de famille,  celle-ci est domiciliée au 139, rue de Charonne à Paris 11e (75).

Kléber Plisson travaille comme manœuvre et/ou ébardeur.

Sous l’occupation, la police française le considère comme un « agent actif de la propagande clandestine ». Il remet une quinzaine de “papillons” communiste à un camarade d’atelier

Le 8 avril 1941, Kléber Plisson est arrêté par le commissaire de police de Pantin, le même jour que Jean Boisseau, de Drancy. Tous deux inculpés d’infraction au décret de 26 septembre 1939, ils sont conduits au Dépôt, à disposition du procureur de la République. Kléber Plisson est écroué le 10 avril 1941 à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Le 17 avril, les deux hommes comparaissent devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de la Seine. Kleber Plisson est condamné à quatre mois d’emprisonnement. Le 22 juin, il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes (Seine / Val-de-Marne), puis à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines).

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Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 12 juillet, en « exécution de la note préfectorale » du 14 novembre 1940, le directeur de la prison transmet au bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise 21 notices de détenus de la Seine devant être libérés à l’expiration de leur peine au cours du mois suivant. Le 26 juillet, le préfet de Seine-et-Oise transmet le dossier au préfet de police de Paris, direction des services des Renseignements généraux.

Kléber Plisson est probablement relaxé le 1er août.

Le 19 septembre, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif. Pendant un temps, Kléber Plisson est détenu au dépôt de la préfecture de police de Paris (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité).

Le 9 octobre 1941, il est parmi les 60 militants communistes (40 détenus venant du dépôt, 20 venant de la caserne des Tourelles) transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne) ; départ gare d’Austerlitz à 8 h 25, arrivée à Rouillé à 18 h 56.

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Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”,
vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne),
Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le 22 mai 1942, Kléber Plisson fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne – sur la commune de Margny – et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Kléber Plisson est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45993, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Kléber Plisson.

Il meurt à Auschwitz le 29 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Le 1er juin 1946, Camille Nivault, de Paris 18e, signe une déclaration au titre de l’Amicale d’Auschwitz/FNDIRP selon laquelle Kléber Plisson serait mort à la fin de l’année 1942 (selon son souvenir). Deux jours plus tard, Louis Penner, de Vanves, fait de même.

Le 17 septembre 1952, Marguerite Plisson remplit un formulaire de demande d’attribution du titre de “Déporté politique” à son mari à titre posthume. Le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre lui accorde ce statut le 29 novembre 1955 et envoie la carte n° 1101 1175 08021 à sa veuve.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 417 ; notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen, dossier de Kléber Plisson (21 P 526 457).
- Archives de Paris, rôle du greffe du tribunal correctionnel de la Seine (D1u6 5854) ; jugements du tribunal correctionnel de la Seine (D1u6 3739).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt (1W69).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “occupation allemande” : camps d’internement… (BA 2374) ; liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1 w 0654), dossier de Kléber Plisson (28452).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 148.
- Archives départementales de la Vienne, AD86 ; camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 942 (38010/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-10-2012)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.