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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Henri, Yves, Généreux, Marie, Riochet naît le 6 mai 1903 à Troyon (Meuse), fils de Pierre Riochet et d’Alphonsine, née Hillion.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 3, avenue Albert-Thomas à Châtenay-Malabry [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92). Marié, il a deux enfants.

Henri Riochet est monteur téléphoniste. Il est adhérent au Syndicat des Métaux (cartes 1936, 1937 et 1938).

Le 24 mars 1940, « signalé comme militant communiste dangereux », il subit une perquisition domiciliaire conduite par le commissaire de police de la circonscription de Sceaux, laquelle accompagne probablement son arrestation, bien que ne soient trouvés chez lui que des documents militants datant d’avant l’interdiction du Parti communiste.

Le 22 avril 1940, la 4e chambre du Tribunal de police correctionnelle de la Seine le condamne à deux ans de prison en application des décrets-lois des 1-9-39 et 20-1-40 pour « propos défaitistes » tenus à Paris les 7 et 8 février 1940 (?). Il est écroué à la Maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne – 94) ; n° d’écrou 4510. Il fait appel, mais, le 7 juin, la Cour d’appel de Paris élève sa condamnation à quatre ans de prison. Il se pourvoit alors en cassation.

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La maison d’arrêt de Fresnes après guerre.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Henri Riochet est remis en liberté par les “autorités allemandes” le 24 juin.

Sous l’occupation, la police française (RG) le considère comme un « communiste très actif », ajoutant qu’il a repris « son activité clandestine » après sa libération.

Le 20 janvier 1941, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant l’internement administratif d’Henri Riochet, en même temps que celui de 65 autres militants communistes de la Seine, probablement tous arrêtés ce jour-là. Le jour-même, ils sont 69 à être « dirigés directement » à la Maison centrale de Clairvaux (Aube), où sont bientôt regroupés 300 détenus politiques.

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Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Le 23 septembre, Jean-Pierre Ingrand, préfet délégué du ministre de l’Intérieur dans les Territoires occupés (à Paris), demande au préfet de l’Aube de retirer de Clairvaux les internés administratifs qui y sont « hébergés » (sic !) ; ordre rapidement exécuté.

Les 26 et 27 septembre 1941, Henri Riochet fait partie d’une centaine d’internés administratifs de la Maison centrale de Clairvaux transférés en train, via Paris, au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Riochet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Riochet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46059 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Il meurt à Auschwitz le 26 novembre 1942, d’après les registres du camp [2].

Son nom est inscrit parmi les déportés sur le Monument aux morts de Châtenay-Malabry, situé dans l’ancien cimetière communal, 260 av. de la division-Leclerc.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 28-07-95).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 381 et 419.
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA 2374 (camps d’internement…) ; BA 2447 (dissolution du PC).
- Archives Départementales du Val-de-Marne, dossiers individuels des détenus, cote 2Y5 753 : libérés par l’autorité allemande en juin 1940 (mandat de dépôt/ordre d’écrou ; extrait des minutes du greffe de la Cour d’appel).
- Archives départementales de la Vienne, cote 109W75 (camp de Rouillé).
- Site Mémorial GenWeb, 92-Châtenay-Malabry, relevé de François Le Plus (12-2003).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 15-11-2011)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Châtenay-Malabry : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant Henri Riochet, c’est le 31 décembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.