- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.
Gervais Givaudin naît le le 8 janvier 1913 à Champs-sur-Yonne (Yonne).
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 5, square Albin-Cachot [1] à Paris 13e (75), une cité ouvrant sur la rue Broca (un tronçon dénommé rue Léon-Maurice-Nordmann après la Libération).
Il est mécanicien ajusteur aux usines d’automobiles Delahaye, au 10, rue Oudry (ou du Banquier ?), dans le 13e arrondissement (voitures de prestige et de compétition).
Il est membre du Parti communiste.
Sous l’occupation, il poursuit son activité clandestine dans son entreprise en partie réquisitionnée par l’armée d’occupation, aux côtés de Jeanne Dennevert.
Le 28 juin 1941, il est arrêté par la police française pour propagande communiste.
Remis aux “autorités d’occupation” à leur demande, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il figure sur une liste allemande qui recense les « jeunes communistes », nés de 1912 à 1922 et présents au camp de Compiègne en décembre 1941, susceptibles d’être déportés.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
- Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Gervais Givaudin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45609 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).
Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.
Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire – au cours duquel Gervais Givaudin se déclare sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Gervais Givaudin.
Il meurt à Auschwitz le 9 janvier 1943, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 24-10-1993).
Après la guerre, une plaque commémorative est apposée sur l’immeuble où il habitait au moment de son arrestation, probablement à côté de celle dédiée à Georges Dudach, domicilié à la même adresse.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 372 et 406.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Témoignage d’Auguste Monjauvis – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central) – Liste partielle du convoi établie par le Musée d’Auschwitz.
Comité du 13e arrondissement de l’ANACR, La résistance dans le treizième arrondissement de Paris, imprimé par l’École Estienne en 1977, page 86.
Louis Chaput, Auguste et Lucien Monjauvis (entre autres), Le 13e arrondissement de Paris, du Front Populaire à la Libération, les éditeurs français réunis, Paris 1977, pages 140 et 226.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 786-30846).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 349 (1119/1943).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 18-09-2018)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] Le square Albin-Cachot est en fait une voie privée (impasse) donnant accès aux immeubles construits en 1932 par la mutuelle La France Mutualiste pour faciliter l’hébergement d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale, qui en étaient les principaux bénéficiaires. Elle doit son nom au fondateur de La France mutualiste : Albin Cachot (1865- ?). Source Wikipedia.