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Georges, Julien, Camille, Schoumann naît le 29 août 1902 à Paris 20e (75), fils de Jean Schoumann et d’Hélène Augendre. Il a – au moins – une sœur, Jeanne.

Au cours de son service militaire probablement, il se fait tatouer sur le bras gauche « Pas de chance », ainsi qu’un bracelet surmonté d’un demi soleil au poignet.

Le 23 mars 1935, à Paris 11e, il se marie avec Georgette Boisgontier, née le 13 septembre 1907 à Paris 18e, divorcée et déjà mère d’une fille née vers 1928.

Au moment de son arrestation, Georges Schoumann est domicilié au 8, rue des Montiboeufs à Paris 20e, vers la rue du capitaine Ferber.

Il est mouleur-tôlier (chaudronnier ?). En dernier lieu, il travaille pendant deux ans aux Établissements Carimantrand, sis au 69, boulevard de la Liberté, aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Pendant six ans, son épouse est employée comme concierge au 29, rue Bonaparte.

Georges Schoumann adhère au Parti communiste en juin 1936, mais déclarera le quitter à la fin 1937, « n’étant plus d’accord avec la ligne… ».

Sous l’occupation, la police française le considère comme un « militant communiste de très longue date, meneur très actif de la propagande clandestine ».

En mars 1940, son domicile est perquisitionné par la police. Deux jours plus tard, il se rend spontanément au commissariat de son quartier, Saint-Fargeau, où le commissaire lui assure qu’il a été victime d’une dénonciation par lettre anonyme, « donc sans valeur ».

Le 9 janvier 1941, à 7 heures du matin, Georges Schoumann est arrêté à son domicile : le préfet de police signe le même jour un arrêté d’internement administratif à son nom. Après être passé par la « sureté générale » [sic] – plutôt les Renseignements Généraux – où il est « gardé pendant trois heures et demi, sans le moindre interrogatoire, même pas d’identité », Georges Schoumann est conduit au dépôt de la préfecture (la Conciergerie, sous le Palais de Justice, île de la Cité) où il reste neuf jours.

Le 17 janvier, il est parmi les 24 militants communistes conduits au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

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Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

À deux reprises, le 6 février, puis le 22 juin, il écrit au préfet pour solliciter sa libération, proposant dans son deuxième courrier qu’une enquête soit menée à son sujet.

Le 26 avril 1942, Georges Schoumann fait partie d’un groupe de détenus transférés au camp français(CSS) de Voves (Eure-et-Loir), où il est enregistré sous le matricule n° 254.

Le 10 mai, il est parmi les 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Schoumann est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Georges Schoumann est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46117 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Georges Schoumann.

On ignore la date exacte de son décès à Auschwitz, très probablement avant la mi-mars 1943.

Le 16 juillet 1942, Georgette Schoumann a reçu de l’administration militaire allemande la carte-formulaire adressée à de nombreuses familles : « (…) le détenu (…) a été transféré dans un autre camp pour travailler. Le lieu de destination ne nous est pas connu, de sorte que vous devez attendre des nouvelles ultérieures… » ; puis, plus aucune nouvelle. En octobre suivant, elle aurait reçu ses effets personnels…

Le 19 octobre 1945, Madame Schoumann remplit un formulaire de demande de recherche pour déporté établi par la direction de la captivité au sein du ministère des prisonniers, déportés et réfugiés.

Le 25 février 1947, un acte de disparition est établi au nom de Georges Schoumann par le 2e bureau du ministère des Anciens combattants et victimes de guerre (ACVG).

Le 10 décembre 1961, sa veuve remplit un formulaire de demande d’attribution du titre de déporté politique à titre posthume ; la carte n° 1175 16240, lui est attribuée le 8 avril 1963.

Le 1er juillet 1969, le tribunal de grande instance de Compiègne – « lieu du dernier domicile en France » – rend enfin un jugement déclaratif de décès, fixant la date de celui-ci au 31 juillet 1942 pour l’état civil.

Le 16 août 1972, le ministère des ACVG décide l’inscription de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès.

Le 15 juillet 2001, le ministère de la Défense, sous-direction des archives et des bibliothèques, bureau des mentions, décide l’inscription de la mention « Mort en déportation » sur l’acte de décès, toujours avec la date du 31 juillet 1942 « (sans autre renseignement) ».
Sources :
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 381 et 419 ; notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen ; dossier de Georges Schoumann (21 p 537 132).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1w74, 1w76, 1w80, 1w153 (chemise vide…).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “Occupation allemande” : BA 2397 (liste des internés communistes, 1939-1941).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 31-05-2016)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.