Francine Rondeaux de Montbray est née le 27 décembre 1901 à La Turbie. Elle passe son enfance entre le château de Montbray en Normandie, berceau de la famille depuis 1753, l’appartement du boulevard Malesherbes à Paris et une propriété au Cap d’Ail. Son père est rédacteur à Paris-Courses. Francine Rondeaux est élève en internat chez les Dames de l’Assomption. Francine de Rondeaux se marie en 1921, a une fille et divorce en 1925. Elle fréquente les artistes et le « monde ». Elle écrit des poèmes et des nouvelles. Elle est la cousine d’André Gide, dont la mère est née Rondeaux et qui a épousé Madeleine Rondeaux, cousine de Francine.

La Résistance

En 1940, dès l’arrivée des Allemands à Paris, Francine Rondeaux cherche à rentrer dans la Résistance. Elle apporte des aides ponctuelles. Puis elle devient membre du réseau Shelburn qui organise des filières d’évasion des aviateurs britanniques. Elle transforme les sous-sols de l’hôtel particulier du boulevard Bessières en infirmerie où sont soignés les aviateurs blessés. Elle organise le ravitaillement depuis la Normandie et donne notamment à ses amis et aux orphelins d’Auteuil. Elle s’occupe également du passage des Juifs en zone sud par un chemin que lui a indiqué sa sœur à Droux, en Saône-et-Loire.

L’arrestation après une altercation avec un officier allemand

Un jour de septembre 1942, Francine Rondeaux et son amie Maggie Speed, au volant de leur automobile, ont un accrochage sur le boulevard Saint-Michel avec une voiture de la Wehrmarcht. Une altercation a lieu. Malgré la prudence que devrait dicter ses activités clandestines, Francine Rondeaux invective un officier allemand. Les soldats allemands procèdent à un contrôle d’identité.

Une semaine plus tard, les deux amies reçoivent une convocation à se présenter à la Santé. Leurs amis leur conseillent de ne pas obtempérer. Par défi, les deux femmes passent outre, pour Francine Rondeaux : « Avoir peur d’eux ? Jamais de la vie ! Nous y allons ! »

En arrivant à la Santé, un feldwebel bouscule Francine Rondeaux, elle le gifle.

Déportée à Auschwitz pour avoir aidé les Juifs

Pendant la quinzaine de jours qu’elles passent à la Santé, la Gestapo établit le lien entre les deux amies et la chaîne constituée pour l’évasion des juifs. Toutes deux sont transférées au fort de Romainville le 10 octobre 1942.

Le 21 janvier 1943, Maggie Speed, de nationalité britannique, est dirigée vers le camp de Vittel où son internés les Britanniques. Francine Rondeaux est désignée pour être déportée à Auschwitz.

Auschwitz

Francine Rondeaux est morte du typhus au début de mai 1943.

D’après Charlotte Delbo, Gilberte la vue au Revier le 1er mai, lors d’une « désinfection » : « C’est France, décharnée, longue, longue, car elle était grande, qui est passée la première au bain ».

Jusqu’à ce moment, Francine Rondeaux avait tenu de manière admirable. Croyante, elle priait pendant les appels. Ses prières finies, elle donnait des recettes de cuisine.

Sa fille Anette est morte tragiquement à la même époque.

Sa sœur a appris sa mort par l’Amicale d’Auschwitz en 1946.

Francine Rondeaux est homologuée sous-lieutenant dans la R.I.F.

Source

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier – pages 251-252