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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Fernand, Lucien, Carteron naît le 18 mai 1914 à Saint-Loup-de-Naud (Seine-et-Marne – 77), fils de Charles Carteron et d’Antoinette Pron, son épouse. Fernand a quatre frères : André, Gabriel, Marcel et Pierre.

De la classe 1934, Fernand Carteron accomplit sur service militaire au 97e R.D. à Melun (77).

Les quatre enfants adhèrent au Parti communiste. André part combattre au sein des brigades internationales en Espagne. Il est porté disparu à Tortosa le 26 juillet 1938 (source : AVER/Maitron).

Au moment de son arrestation, Fernand Carteron est domicilié au lieu-dit La Bretonnière à Rouilly (77), dans le canton de Provins ; son adresse reste à préciser. Il a une amie, Janine Rayé, née le 21 juin 1922 à Lescherolles (77), qui est alors enceinte de lui.

Fernand Carteron est manœuvre (ouvrier non spécialisé), pendant un temps, il est glaisier. Peu avant son arrestation, il est employé par l’entreprise de battage Monchaussé de Saint-Hilliers et considéré comme un bon travailleur.

Militant communiste, il est secrétaire de la cellule de Rouilly de 1937 à 1938. Selon la police, il se fait remarquer comme ardent propagandiste.

Le dimanche 19 octobre 1941, Fernand Carteron est appréhendé à son domicile dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département.

Fernand Carteron est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (42 d’entre eux seront des “45000”). Il y est enregistré sous le matricule n° 1725.

Le 8 mai 1942, à la mairie de Compiègne, Fernand Carteron épouse Janine Rayé. Leur fils, Yves, Jean, naîtra à Rouilly le… 17 juillet suivant.

Entre fin avril et fin juin 1942, Fernand Carteron est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Fernand Carteron est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45336 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [1]).

Le 5 novembre 1942, son nom est inscrit sur un registre de l’infirmerie.

On ignore la date de sa mort à Auschwitz ; probablement avant la mi-mars 1943 [2].

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 7-08-2007).

Notes :

[1] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans lesannées qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

S’agissant de Fernand Carteron, c’est « le 11 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne) et non le 6 juillet 1942 (sans autres renseignements) » qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

 

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 127 et 128, 378 et 398.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 515.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; arrestations allemandes, dossier individuel (SC51231) ; notes (SC51241).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet : archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), doc. IV-198.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-05-2022)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.