André, Robert, David, naît le 20 juillet 1890 à Rouen (Seine-Inférieure / Seine-Maritime – 76), chez ses parents, Bernard David, 26 ans, artiste dramatique, et Joséphine Duperrey, 29 ans, repasseuse, mariés à Elbeuf le 10 octobre 1889, domiciliés au 13, rue de Barcelone. Ils sont de religion catholique.

En septembre 1911, il habite au 1, avenue François-1er au Havre (76).

Le 28 septembre de cette année, la Cour d’assises de l’Oise le condamne à cinq ans de réclusion et cinq ans d’interdiction de séjour pour vol qualifié (?). Il est écroué à la Maison centrale de la Maladrerie, à Beaulieu, quartier de Caen (à vérifier…). Le 7 octobre 1912, l’armée l’immatricule aux “sections métropolitaines d’exclus”. Le 28 avril 1916, André David est « mis en route » sur le petit dépôt des exclus à Montpellier (Hérault). Le 18 mai, il est embarqué à destination du dépôt des sections métropolitaines d’exclus au pénitencier d’Aïn el Hadjar (wilaya de Saïda ?, en Algérie). Certains détenus militaires sont affectés à des travaux civils dans la base navale de Mers el-Kébir, limitrophe d’Oran. Le 28 avril 1918, André David passe dans les sections de mobilisation (?). Le 17 septembre 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation et se retire au 1, avenue François-1er au Havre.

En mai 1923, André David habite au 4, rue Lamauve à Rouen.

Selon le témoignage d’un ami rouennais, André David aurait pu faire un ou plusieurs voyages en Union Soviétique.

Le 11 avril 1925 au Houlme (76), André David se marie avec Charlotte Aimée Delahaye. Ils ont une fille, Fernande, née le 15 février 1926, et un fils, Albert Léonard, né à Rouen le 24 janvier 1927. Mais le couple se séparera (en 1928 ?).

À partir de la fin août 1939 et jusqu’au moment de son arrestation, André David vit seul avec son fils au 57, rue (de la) Ganterie à Rouen, où il tient boutique.

André David est libraire, mais il vend occasionnellement des tableaux, étant en relation avec certains artistes-peintres locaux.

Le 6 septembre 1939, il est rappelé à l’activité militaire et affecté à la 3e section d’exclus. Mais, le 17 novembre suivant, il est réhabilité de droit par le tribunal de 1re instance de Rouen, et « rayé des contrôles » le 28 novembre, sans doute comme père de deux enfants.

Le 21 octobre 1941, il est arrêté à son domicile, en présence de son fils, « en raison de ses opinions politiques (membre du Parti communiste) » ; du moins, ne cachait-il pas son hostilité à l’armée d’occupation. « Vers une heure du matin, deux policiers en civil ont sonné à la maison en disant à mon père de bien vouloir les suivre pour contrôle, en disant qu’il reviendrait le lendemain. Nous ne devions plus jamais le revoir. » (témoignage d’Albert David en février 1962).

André David est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André David est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I). À ce jour, aucun document établi au camp ne permet de préciser ne numéro matricule qui lui a alors été attribué.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté André David.

Il meurt à Auschwitz le 15 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Le 8 janvier 1945 (sic, erreur d’une année ?), Madeleine Dechavassine, secrétaire générale de l’Amicale d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie signe une attestation certifiant qu’André, Robert, David, « déporté le 22 septembre 1942 » (sic), est présumé décédé à ce camp.

Le 21 février 1946, la sous-direction de l’état-civil du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre remet à Madame Charlotte David, domiciliée 9 rue des Gravilliers (Paris 3e), une copie du certificat établissant sa « décision de présomption » du décès d’André David à Auschwitz le « 11.9.1942 » ; document qui doit également être transmis au tribunal civil compétent afin que celui-ci prononce un jugement déclaratif de décès. Le lendemain, 22 février, la demandeuse remplit un formulaire du ministère des ACVG pour solliciter l’ouverture d’un dossier en vue d’établir l’acte de décès de son mari, ainsi que pour l’ajout de la mention “mort pour la France”. Dans la rubrique permettant d’indiquer les renseignements fournis, elle cite un témoin : Daniel Nagliouck, de Rouen, rescapé du convoi.

Le 5 septembre 1946, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) dresse l’acte de décès officiel d’André David « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (probablement le témoignage de Daniel Nagliouck) et en fixant la date au 11 septembre 1942.

Le 15 février 1962, Albert David, alors domicilié à Châteaubriant (Loire-Atlantique), complète et signe, en qualité de descendant, un formulaire du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre (ACVG) pour demander l’attribution du titre de Déporté politique à son père à titre posthume. À la rubrique V, “Renseignements relatifs au motif de l’exécution, de l’internement ou de la déportation”, le demandeur inscrit « À l’époque, je n’avais que 13 ans 1/2. Je ne puis donner les causes exactes de son arrestation. Et, en plus, le quartier où nous habitions a été complètement détruit en mai 1944, et les personnes qui auraient pu donner des renseignements au sujet de l‘arrestation de mon père se sont dispersées après ces évènements. » Décision 20 juin 1963. Envoi de la carte DP n° 1144.00555 à Albert David.

Le 10 novembre 1989, sur les registres d’état civil de Rouen, la mention “Mort en déportation” est inscrite en marge de l’acte de décès d’André David (JORF du 2-03-1988).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 377 et 400.
- Archives départementales de Seine-Maritime, site internet, archives en ligne : registre des naissances de Rouen du 1er juillet au 21 août 1890 (4E 11432), acte 1225 (vue 65/167).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 446 (35994/1942).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel (21 P 440 996).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 19-04-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.