Adrienne Hardenberg, née Coston, dite Linotte, est née le 23 septembre 1906 à Saint-Quentin, d’où sa mère, Angèle, est originaire, puis elle est élevée à Paris (dans le 12e arrondissement)

Adrienne travaille dans la confection pour dames.

En 1927, elle épouse Pierre Hardenberg, né le 11 juillet 1901 à Courbevoie, photograveur ; le ménage s’installe à Bagneux. Ils ont une fille, Yolande, née le 25 juin 1929.

Adrienne Hardenberg est secrétaire du comité de Bagneux de l’Union des femmes françaises et milite au comité de l’Union des femmes contre le fascisme et la guerre.

La Résistance

Lorsque la guerre éclate, Pierre Hardenberg, d’origine italienne, qui n’a fait de service militaire ni en Italie ni en France, est déserteur pour les Italiens, étranger pour les Français. Son patron le licencie. Sa femme, qui avait cessé de travailler à la naissance de l’enfant, doit reprendre son métier.

Au début de 1940, tous deux sont arrêtés comme « défaitistes » : ainsi étaient alors nommés les communistes. Après une perquisition infructueuse à la maison, un interrogatoire de douze heures, rue des Saussaies, auquel on soumet également leur fille, qui a dix ans, ils sont relâchés faute de preuves.

Pierre Hardenberg travaille comme photograveur pour L’Humanité clandestine. En raison de cette activité, Adrienne a l’ordre de ne rien faire.

Les Hardenberg déménagent dans le XIIIe arrondissement et envoient Yolande à la campagne pour être plus libres de se consacrer à leur tâche (peut-être à Coye-la-Forêt, Oise).

L’arrestation

Le 18 juin 1942, Pierre Hardenberg – qui possède une fausse carte d’identité au nom de Renan – est arrêté à son domicile par les brigades spéciales ; les policiers attendent qu’Adrienne revienne du marché.

Après une semaine dans les locaux des Renseignements généraux, Adrienne Hardenberg est transférée au dépôt, puis, le 10 août, au fort de Romainville.

Le lendemain, 11 août 1942, Pierre Hardenberg est fusillé comme otage au Mont-Valérien (Suresnes – 92).

Auschwitz N° 31636

Le 25 juin 1943, son père reçoit un avis du camp d’Auschwitz : « Adrienne Hardenberg morte à l’hôpital d’Auschwitz d’un ulcère à l’estomac le 22 février 1943. »

Adrienne Hardenberg est homologuée adjudant dans la R.I.F.

Le beau frère déporté

Le beau-frère d’Adrienne Hardenberg, Maurice Leblanc, a été arrêté le 27 mai 1942 par la police française après une distribution de tracts. Il appartenait au Front national [1] . Jugé par le tribunal spécial le 9 octobre 1942, condamné à cinq ans de prison, incarcéré à la centrale de Melun, puis transféré à Châlons-sur-Marne, il a été remis aux Allemands le 24 avril 1944. Déporté à Buchenwald le 10 mai 1944, libéré par les Américains le 13 avril 1945, il est rentré à Paris le 9 mai 1945. Très malade.

Il y a une rue Pierre-et-Adrienne-Hardenberg à Bagneux.

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Dans l’escalier d’honneur de la mairie de Bagneux…

Sources :

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 138-140.
- Marion Queny, page 57, citant APP, BS1 carton 2, rapport du 27 juin 1942.
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94), carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.

[1] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN” et toujours existante).