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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Hilaire, Eugène, Seguin naît le 14 août 1901 à Jaunay-Clan (Vienne), fils d’Auguste Seguin, 25 ans, employé de chemin de fer, et d’Aimée Plault, son épouse, 25 ans domiciliés à Saint-Benoît ; l’accouchement a lieu à la Payre, chez la mère de l’épouse.

Pendant un temps, Hilaire Seguin habite rue Couvrat-Desverges, quartier de La Fuye, à Tours (Indre-et-Loire – 37) et travaille comme tourneur.

Le 14 avril 1921, il rejoint le 505e régiment de chars de combat afin d’y commencer son service militaire. Le 15 août 1922, il passe au 512e R.C.C. Le 30 mai 1923, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un “certificat de bonne conduite”.

Le 10 juillet 1923, il entre à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (P.O.) – qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [1] – comme ouvrier tourneur (sur métaux) aux ateliers de Tours.

Hilaire a un fils, Maurice, né le 25 février 1925 à Tours.

Le 20 mars 1926 à Tours, Hilaire Seguin, 24 ans, se marie avec Marie L., 15 ans, née le 30 avril 1910 à Tours, modiste, elle-même fille d’un employé du P.O.

Mais, le 8 février 1927, une ordonnance de non conciliation est prononcée. Un an plus tard, le 28 février 1928, leur mariage est dissous, à la requête et au profit de l’épouse, par jugement de divorce prononcé par le tribunal civil d’Indre-et-Loire. 

Plus tard, Hilaire Seguin habite au 6 bis rue Trousseau à Tours.

Le 9 février 1929 à Joué-lès-Tours (37), il épouse en secondes noces Marie, Anne, Thomasic, née le 24 mai 1899 à Saint-Thuriau (Morbihan). Ils ont une fille, Suzanne, née le 2 février 1931 à Joué.

Au moment de son arrestation, Hilaire Seguin est domicilié au 1 rue Parmentier à Joué-lès-Tours.

Il est alors ouvrier tourneur aux ateliers SNCF de Tours, où Gaston Letondu est chaudronnier.

Syndicaliste à la CGT, ses convictions communistes sont connues : en 1940, il est le principal responsable de la cellule clandestine des cheminots.

Sous l’occupation (décembre 1941), l’ingénieur-chef des ateliers exerce à son sujet « une surveillance particulière au cours de son service afin de déceler tous agissements tendant à une activité antinationale ». Hilaire Seguin est signalé comme semblant « avoir repris une action néfaste ».

Le 10 février 1942, à 6 heures du matin, il est arrêté en même temps que Gaston Letondu par des Feldgendarmes, pris comme otage en représailles de l’exécution d’une sentinelle allemande survenue dans la nuit du 5 au 6 février, rue du Sanitas. Pendant un temps, ils sont détenus au quartier Lassalle à Tours, ancienne caserne du 501e régiment de chars.

Les deux hommes sont rapidement transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Après son arrestation, son fils Maurice est placé au pair, à la campagne.

Entre fin avril et fin juin 1942, Hilaire Seguin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Il semble qu’Hilaire Seguin ait jeté sur la voie, près de Chalon-sur-Marne, un message transmis à sa famille et l’informant de sa déportation

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Hilaire Seguin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46099 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Hilaire Seguin est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Peu de temps avant sa mort, il est assigné au Block 16a.

Il meurt à Auschwitz le 6 novembre 1942, d’après des registres du Block 28 de l’hôpital du camp, et une copie du registre de la morgue relevée par la résistance polonaise (DMPA Caen, 26 P 850).

Le nom d’Hilaire Seguin est inscrit sur le monument aux morts de Joué-lès-Tours, ainsi que sur la stèle « À la mémoire des Jocondiens morts en déportation 1940-1945 » – « Résistants, politiques, juifs déportés au nom des lois de l’Allemagne nazie et de celles de de la France de Vichy », dévoilée le 9 mai 1911 dans le square de la Résistance, à l’angle de la rue des Martyrs et de l’avenue du Général de Gaulle, aux Moriers. Sur cette stèle sont également inscrits les noms de ses compagnons du convoi du 6 juillet 1942 : Roger Legendre et Gaston Letondu.

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

Sources : 
- Roger Arnould, article paru dans le journal de la FNDIRP, Le Patriote Résistant, n° 511, mai 1982.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 364 et 420.
- Archives départementales de la Vienne, archives en ligne : état civil de Jaunay, registre des naissances (5 MI 1191 1893-1902), année 1901, acte n°29 (vue 103/122).
- Base de données des archives historiques SNCF : région Sud-Ouest, agents arrêtés par les autorités allemandes (cote 0303LM0015-001, vue 361-428/449).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, page 1355.

- Site Mémorial GenWeb, 37-Joué-lès-Tours, relevé Thierry Montambaux (2002) et de Claude Richard (06-2011).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 27-10-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.