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Droits réservés.

Gaston, Marcel, Ernest, Mallard naît le 5 janvier 1909 à Bolbec (Seine-Inférieure / Seine-Maritime [1] – 76), 20 km à l’est du Havre, chez ses parents, Paul Mallard, 29 ans, ouvrier de fabrique, et de Marie Vatinet, 27 ans, bobineuse, son épouse, domiciliés au 15, rue du Calvaire. Avant Gaston, sont nés : Marie, en 1903, et Paul, en 1905. Après lui, naîtront : Lucien, en 1911, René, en 1913, Robert, en 1918, Yvonne, en 1920, et Jeannine, en 1923.

Le 13 septembre 1929, à Bolbec, Gaston Mallard, alors lamineur, se marie avec Marguerite Jeanne Victoire Belhache, née le 16 avril 1910 à Sausseuzemare-en-Caux (76), bancbrocheuse. Tous deux mineurs, 20 ans et 19 ans, habitent alors chez les parents du marié, au 13, rue du Calvaire, à Bolbec. Ils auront quatre enfants.

Gaston, X. Maillard et leurs enfants. Droits réservés.

Gaston, Marguerite Maillard et leurs enfants.
Droits réservés.

Au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 174, rue Pierre-Fouquet à Bolbec.

Gaston Mallard est ouvrier métallurgiste à l’usine Tréfilerie et Laminoir du Havre (TLH).

Il est délégué syndical CGT du syndicat des métaux du Havre.

Communiste depuis 1928, il est gérant de La Voix bolbécaise, bulletin mensuel de la section communiste de Bolbec, à partir de son premier numéro en décembre 1937.

Pendant l’occupation, il assure la liaison de la Section de Bolbec avec les responsables régionaux du Parti communiste clandestin : « Toutes les nuits, il est dehors ».

Avant son arrestation, la police le désigne comme « marchand-forain » (?).

Le 22 juin 1941, Gaston Mallard est arrêté par des agents du commissariat de police de Bolbec sur « l’ordre des autorités d’occupation » ; une de ses filles assiste à son arrestation.

Gaston Mallard est emprisonné à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen.

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Rouen, la prison Bonne-Nouvelle.
Carte postale des années 1900.

Le 24 octobre 1941, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 1415. Là, Georges Cogniot – dirigeant du parti communiste clandestin, mais également premier interlocuteur de la direction allemande du camp en tant que “doyen” – le fait désigner aux cuisines pour contribuer à la distribution de portions équitables de nourriture.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Gaston Mallard est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Gaston Mallard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45820. Sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Gaston Mallard.

Il meurt à Auschwitz le 10 août 1942, d’après le registre d’appel (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; un mois après l’arrivée de son convoi, le même jour que dix-neuf autres “45000”.

Le 6 juin 1957, il est déclaré “Mort pour la France” sur avis du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre.

Son nom figure sur le monument “Souviens-toi”, rue des Martyrs de la Résistance à Bolbec.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 29-09-1994).

Notes :

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 375 et 412.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : 30 ans de luttes, brochure éditée par la Fédération du PC, en 1964, p. 59 – Madame Piednoel, fille de Louis Daens, décrit son arrestation (8/2/1992) – Listes de la CGT – Article de L’Avenir du Havre – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Louis Eudier (45523), Notre combat de classe et de patriotes, 1934-1945, au Havre, pages 55 et 56, et listes à la fin de son livre.
- Archives départementales de Seine-Maritime, site internet, archives en ligne : registre d’état civil de Bolbec, année 1909 (4E 19548), acte n° 4 (vue 2/100).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre d’appel avec la liste des détenus décédés.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 770 (19271/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-10-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.