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Musée de la Résistance 
de Blois, cliché ARMREL.

Mathieu, Émile, Filloux naît le 21 septembre 1893 à Villefranche-sur-Cher, six kilomètres au sud de Romorantin (Loir-et-Cher – 41), chez ses parents, François Filloux, 31 ans, vigneron, et Marie-Louise Ardoin, 27 ans, vigneronne, son épouse, native de Villefranche et fille de vignerons, habitant au lieu-dit Beauchêne. Les témoins pour l’inscription du nouveau-né à l’état civil sont un instituteur et un sabotier. Sa mère décède le 22 mars 1894, alors qu’il a cinq mois. Son père se remarie. Né le 22 mars 1899, Joseph Filloux est son demi-frère.

Pendant un temps, Mathieu Filloux travaille comme cultivateur (probablement vigneron).

Le 28 novembre 1913, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 31e régiment d’infanterie afin d’accomplir son service militaire. Il est sous les drapeaux lorsque la Première Guerre mondiale est déclarée. Le 2 mars 1915, à Vauquois, il est blessé à la fesse gauche. Sa mobilisation dans la campagne contre l‘Allemagne est comptabilisée jusqu’au 20 septembre 1916 (sortie d’un hôpital militaire ?). Le 10 juillet 1916, la commission de réforme d’Auxerre le propose pour la réforme temporaire « avec gratification 7e catégorie 20 % » pour : « parésie du sciatique poplité externe gauche ». Le 25 juillet 1919 la commission de réforme d’Orléans ajoute au diagnostic : « atrophie musculaire cuisse et jambe ». Treize mois plus tard, la commission spéciale d’Orléans le réforme définitivement et le propose pour une pension permanente de 30 %.

Le 11 septembre 1920, à Romorantin, Mathieu Filloux se marie avec Augusta, Odette, B.

Au moment de son arrestation, Mathieu Filloux est domicilié à Villefranche-sur-Cher.

Il est secrétaire de mairie.

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Villefranche-sur-Cher. La mairie (avant-guerre ?). 
Carte postale colorisée. Collection Mémoire Vive.

Le 30 avril 1942, à Romorantin, cinq résistants communistes sont découverts par des soldats allemands alors qu’ils distribuent des tracts. Armés, ils ne se laissent pas arrêter et blessent les soldats dont un sous-officier qui succombe à ses blessures. Les mesures de représailles prévoient l’exécution immédiate de dix communistes, Juifs et de proches des auteurs présumés. Vingt autres personnes doivent être exécutées si au bout de huit jours les « malfaiteurs » ne sont pas arrêtés. Des rafles sont opérées dans la ville et dans le département afin de pouvoir « transférer d’autres personnes vers l’Est, dans les camps de travaux forcés. »

Le lendemain 1er mai, Mathieu Filloux est arrêté comme otage avec son frère et son neveu. D’abord détenus à Orléans, ils sont transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Mathieu Filloux est sélectionné avec son frère et son neveu, parmi plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Mathieu Filloux est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45540 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [1]).

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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oświęcim, Pologne. 
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Son frère Joseph meurt le 17 août.

Mathieu Filloux meurt à Auschwitz le 21 octobre 1942, selon les registres du camp.

Son neveu André meurt le 4 décembre.

Après la guerre, le Conseil municipal de Villefranche-sur-Cher donne le nom d’Émile (Mathieu) Filloux àune rue de la commune.

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Cliché ARMREL (voir Sources).

Les trois Filloux ont chacun une place dans le carré des « corps restitués aux familles » de Villefranche-sur-Cher.

Leurs noms sont inscrits sur le monument « À la mémoire des victimes civiles de la guerre 1939-1945 »,sur la route nationale n°76, près de la gare, parmi les cinq « Morts à Auschwitz ».

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Cliché ARMREL (voir Sources).

Sources : 
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 365 et 404. 
- Archives départementales du Loir-et-Cher (AD 41), fiche d’arrestation d’Émile, Mathieu, Filloux, dossier 889 (cote 1375 W 64), fichier alphabétique des déportés du CRSGM (cote 56 J 5) ; site internet du conseil général, archives en ligne ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement de Blois, classe 1913 (cote 2 MI 48/R128), matricule 2123 (vue 195/687). 
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : XLIII-89 (télégramme non daté du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), signé par Carl Heinrich von Stülpnagel). 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 287 (36976/1942). 
- Association de Recherche pour la Mémoire de la Résistance en Eure-et-Loir (ARMREL) : photographies. 
- Site Mémorial GenWeb, 41-Villefranche-sur-Cher, relevé Monique Diot Oury (2007). 
- Site Les plaques commémoratives, sources de mémoire (aujourd’hui désactivé – nov. 2013), photographie de Jean-Jacques Guilloteau.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 15-09-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] La photographie d’immatriculation à Auschwitz de Mathieu Filloux a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).