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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

, fils de Louis Émile Bourdin, né en 1883 à Chartres, et d’Églantine Lemaitre, née en 1887 à Sandouville (Seine-Inférieure / Seine-Maritime). Il a un frère, Henri, né en 1907 à Chartres.

Leur père avait commencé à travailler comme imprimeur. Lors de son conseil de révision (classe 1903), il avait été ajourné et classé service auxiliaire pour « genu valgum double » (jambes en “X”).

À l’été 1914, la famille est domiciliée au 14 rue aux Juifs à Chartres.

Le 2 août, lors de la mobilisation générale, son père rejoint la 4e section de Commis et ouvriers militaires d’administration, mais il est renvoyé dans ses foyers (« mission terminée » !) une semaine plus tard. Un an après, le 26 juillet 1915, il est rappelé dans la même unité. Le 24 février 1926, la commission de réforme de Chartres le classe “service armé” dans l’artillerie, le maintenant provisoirement dans son corps. Le 18 juin 1916, il rejoint le front au sein du 36e régiment d’artillerie. Le 22 mai 1917, il est évacué sur une ambulance pour gale, rejoignant son corps le 5 juin suivant. Le 10 mars 1919, il est mis en congé de démobilisation et retrouve le 14 rue aux Juifs.

Plus tard, Louis Bourdin est employé au service du départ de l’imprimerie de La Dépêche d’Eure-et-Loir.

En 1921 et jusqu’au moment de son arrestation, André Bourdin est domicilié chez ses parents au 10, rue Perrault à Chartres.

En 1936, son père est journalier pour la ville de Chartres, sa mère est journalière à La Dépêche et lui-même est manœuvre chez Gourdin (?).

En 1939, André Bourdin est mécanicien. Il est célibataire.

À des dates et pour un motif restant à préciser, André Bourdin est arrêté puis finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André, Lucien Bourdin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45288 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Lucien Bourdin est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

À une date restant à préciser, son nom est inscrit sur un registre de l’infirmerie de Birkenau (détenus recevant des médicaments).

On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz [1] ; avant le 29 décembre 1942.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 28-10-1987).

Notes :

[1] La date de décès inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant André Bourdin, c’est le 31 octobre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 363 et 396.
- ARMREL/Sentinelles de la Mémoire, informations tirées du fonds déposé aux Archives Départementales par la FNDIRP (27J2), transmises avec l’autorisation de Roger Pinot, président de la FNDIRP 28.
- Bureau d’information sur les anciens prisonniers, relevé dans les archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau (communication 23-01-2009).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 29-08-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.