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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

André, Ferdinand, Amiard naît le 30 mai 1903 à Pontoise [1] (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), chez ses parents, Adrien Amiard, 46 ans, menuisier, et Eugénie Dubois, 40 ans, son épouse, alors domiciliés au 2 bis, rue de l’Éperon (tous deux seront décédés au moment de son arrestation). André a deux frères et trois sœurs (à vérifier), dont Valentine, née le 18 février 1898.

À partir de 1935 et jusqu’au moment de son arrestation, André Amiard est domicilié au 44, rue de la Rochelle à Mitry-le-Neuf [2], quartier de Mitry-Mory (Seine-et-Marne – 77), dans un pavillon dont il est propriétaire et où il vit avec sa sœur et le mari de celle-ci, Maurice L., André lui-même étant célibataire.

Carte militaire éditée en 1920 (reprise d’une édition antérieure), avant le développement des lotissements. Collection Mémoire Vive.

Carte militaire éditée en 1920 (reprise d’une édition antérieure), avant le développement des lotissements. Collection Mémoire Vive.

Les deux beaux-frères sont des militants actifs au Parti communiste. André Amiard est secrétaire d’une cellule de Mitry-Mory (n° 234 ou 235), son beau-frère en étant le trésorier.

André Amiard est employé de bureau (inspecteur d’assurance), travaillant à la Garantie mutuelle des fonctionnaires, au 7bis, rue de Téhéran, Paris 8e, à la veille de son arrestation.

Le 3 septembre 1939, il est mobilisé à la 16e batterie de repérage. Un an plus tard, le 3 septembre 1940, il est renvoyé dans ses foyers par le centre de démobilisation de Tarbes.

Après son retour, il reste actif au sein du PCF clandestin.

Le 20 octobre, André Amiard est arrêté avec son beau-frère par les services de la police d’État de Seine-et-Marne pour distribution de tracts. Le 31 octobre, le Tribunal correctionnel de Meaux les condamne tous les deux à trois mois d’emprisonnement. Le 25 janvier, 1942, à l’expiration de leur peine, ils sont remis en liberté.

Par la suite et selon la police, André Amiard ne se fait plus remarquer par son activité politique.

Le dimanche 19 octobre 1941, il est appréhendé lors d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département.

André Amiard est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (42 d’entre eux seront des “45000”). Il y est enregistré sous le matricule n° 1823 et assigné au bâtiment A1.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, André Amiard est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures et repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André Amiard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45169 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [3]).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté André Amiard.Il meurt à Auschwitz le 15 août 1942,, selon le registre d’appel quotidien (Stärkebuch) et l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [4].

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Mitry-Mory, dans le cimetière. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 11-03-1988).

Notes :

[1] Pontoise : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Mitry-le-Neuf : quartier de lotissements bâtit après la première guerre mondiale, au sud-ouest de Mitry-Mory, vers la voie ferrée et le canal de l’Ourcq (sur la carte, entre Bois-le-Vicomte, la Fringale et la limite de la commune), secteur desservit par la halte de Villeparisis, à hauteur du pont de Mitry.

[3] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).

[4] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant André Amiard, c’est le 10 octobre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Son nom et son matricule figurent sur la Liste officielle n°3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 378 et 393.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; arrestations allemandes, dossier individuel (SC51227) ; notes (SC51241).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 25 (20501/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 77-Mitry-Mory, relevé de Gilles Gaudou (2004).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 19-01-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.