JPEG - 78 ko
Photographiée à Auschwitz-I, le 3 février 1943.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Maria, Anna, Gries naît le 13 novembre 1898, à Gougenheim, à 20 km au Nord-Ouest de Strasbourg (Bas-Rhin – 67), en Alsace alors occupée par l’Allemagne.

À une date restant à préciser, elle épouse un nommé Sabot.

Son parcours est inconnu. Après son arrestation, elle se déclare domiciliée à Paris 2e, comme Suzanne Meugnot (ou dans le 11e ; à vérifier…).

Le 8 octobre 1942, elle est internée au camp allemand du Fort de Romainville, sur la commune des Lilas [1] (Seine-Saint-Denis – 93), en même temps que Suzanne Meugnot avec qui elle se chamaille. Les rescapées ne se sont pas rappelées d’où elles venaient, laquelle reprochait à l’autre de l’avoir fait arrêter, et pourquoi ?

JPEG - 167.5 ko
L’unique entrée du Fort de Romainville (Haftlager 122),
surplombée par un mirador.
© Musée de la résistance nationale (MRN),
Champigny-sur-Marne (94).

Anna Sabot y est enregistrée sous le matricule n° 889.

Le 22 janvier 1943, elle est parmi les cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »). Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police de Paris). Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille.

JPEG - 145.8 ko
Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL [2] Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.

JPEG - 142.9 ko
Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II)
par lequel sont passés les “31000”
(accès depuis la rampe de la gare de marchandises
et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…).
© Gilbert Lazaroo, février 2005.

Anna Sabot y est enregistrée sous le matricule 31713. Se revendiquant de son origine alsacienne, elle obtient qu’on ne lui coupe pas les cheveux : faveur réservée aux Allemandes et aux Volksdeutsch.

Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie de la police judicaire allemande : vues de trois-quart, de face et de profil (la photo d’immatriculation d’Anna Sabot a été retrouvée, puis identifiée par des rescapées à l’été 1947).

Anna Sabot meurt à Birkenau le 21 février 1943, selon l’acte de décès du camp.

Aucune rescapée ne se souvient des conditions de sa disparition.

Sources :
- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 259.
- Marion Queny, Un cas d’exception : (…) le convoi du 24 janvier, mémoire de maîtrise d’Histoire, Université Lille 3-Charles de Gaulle, juin 2004, notamment une liste réalisée à partir du registre de Romainville (copie transmise par Thomas Fontaine), pp. 197-204, et p. 114.
- Archives départementales du Bas-Rhin, archives en ligne, tables décennales de Gougenheim 1893-1902 (renvoi à l’acte d’état-civil n°17 de l’année 1898…)
- Liste des photos d’Auschwitz identifiées, Après Auschwitz, bulletin de l’Amicale, n°17 septembre-octobre 1947, page 3.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrit, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1055 (9559/1943).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 28-08-2013)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

[1] Les Lilas : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilise l’abréviation “KZ”.